Si l'on se demande quelle est la préoccupation fondamentale de la philosophie contemporaine, on la trouve singulièrement accordée avec le problème qu'impose à notre réflexion l'anxiété même où nous vivons. Dans les époques tranquilles et quand l'esprit est de loisir, il s'interroge sur la nature du réel : il tente d'en percer le mystère ; sa curiosité est avant tout une curiosité théorique. De nos jours la pensée philosophique subordonne la considération du réel à celle de la valeur : il n'y a pas de mot qui ait acquis dans ces dernières années plus de prestige que celui-là.
Il n'y a point de problème qui éveille dans la conscience plus de susceptibilité que le problème religieux. Celui qui a la foi engage profondément son être personnel et sa destinée propre dans une relation intime et secrète avec un être invisible : de cette relation dépendent la valeur de chacune de ses actions et la signification de sa vie elle-même.
Ce qui suffit pour montrer que la psychologie ne peut jamais être une science séparée, et que l'étude des moindres manifestations de notre vie subjective évoque le problème de notre propre situation dans l'univers et de la communion qui s'établit entre le réel et nous.