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La Terre des Affranchis contée par Liliana Lazar est un petit village de Moldavie roumaine, Slobozia, ployant sous le secrets et légendes les plus sombres , à l'époque de Ceauçescu. Un lac, la fosse aux Turcs – rebaptisé la fosse aux Lions – un lieu des plus mystiques, des meurtres inexpliqués et inquiétants, un pouvoir menteur et répressif, souvent faible face aux forces naturelles de Slobozia.
Les hommes de Liliana Lazar sont attachants, cruels, sensibles, torturés par leur époque et leur environnement, ils sont humains ; et ces quelques 200 pages en leur étrange compagnie ne vous laisseront pas indifférents.
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Si vous aimez les contes, ceux qui laissent la place aux légendes locales, si vous aimez la nature et son emprise sur l'Homme, si vous aimez découvrir quelques traits de l'Histoire d'un pays, si la religion et la politique et leurs emprises respectives vous questionnent, alors il faut lire ce livre.
Et il vous faudra certainement le relire tant chaque mot du texte a son importance dans le récit des événements.

Un style poétique et qui va vous envoûter - les personnages tout autant ! - vous empêchera de quitter ce roman avant son dénouement.

Une peu de la Roumanie à découvrir...
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Le 18 mars 2010, j'ai rencontré à la médiathèque de Plabennec, la romancière Liliana Lazar dans le cadre du Prix Inter-CE. Je venais de finir « Terre des affranchis », un premier roman dont la lecture m'avait enchantée. Je l'ai été tout autant par la rencontre.

Liliana Lazar est née en 1972 en Moldavie roumaine. Son père était garde forestier. Elle a appris le français à l'école et s'est passionnée pour notre langue, dévorant les tous les classiques qu'elle pouvait trouver. Puis elle s'est mariée à un français, s'est installée en France, gardant toutefois un fort attachement à sa terre natale dont elle parle avec passion. Elle vit en France depuis une douzaine d'années, maîtrisant parfaitement notre langue au point d'être capable d'écrire un roman en français. Elle occupe un poste de traductrice dans une administration.

"Terre des affranchis" est l'histoire d'un homme, Victor Luca, qui vit avec sa mère et sa soeur à proximité d'un lac bordé par une forêt. Leur maison se trouve un peu à l'écart du village de Slobozia, en Roumanie Moldave. Victor est un être dérangeant, que certains jugeront méchant, d'autres irresponsable. On le suit de l'enfance à l'âge adulte, mener l'étrange vie qui est la sienne, une vie où il sera question de pêchés et de rédemption…

Les coutumes et légendes populaires de la région sont largement évoquées dans le roman, tout comme la religion, très influente en Roumanie et fortement marquée par la pratique des rites orthodoxes. Il est aussi question de la justice, celle des hommes et celle de dieu. Tout cela donne un roman érudit et très divertissant, à la limite du fantastique. Ce roman est aussi un roman d'ambiance, on découvre un lac aux pouvoirs étranges, on hume les odeurs d'une forêt à la fois protectrice et inquiétante… A noter le rôle d'un monastère se trouvant à proximité du village (la région est truffée de monastères).

Le roman a pour cadre la Roumanie de Ceausescu. Au cours de la soirée, Liliana nous a parlé de la Roumanie d'aujourd'hui, très en retard sur la France et surtout très inégalitaire. Elle nous a parlé aussi de son enfance sous la dictature communiste puis de la révolution, en 1989. C'était passionnant.

Le premier manuscrit n'a été accepté par aucune maison d'édition. Se basant sur les quelques réponses argumentées qu'elle a reçues, elle a retravaillé son texte en l'allégeant, après l'avoir laissé reposer pendant quelques années. La deuxième tentative de publication a été plus ciblée. Entre-temps Liliana s'était documentée afin de sélectionner les maisons d'édition les plus adaptées à son roman. Elle s'est tournée vers Gaia. Elle savait qu'ils publiaient des auteurs balkaniques (la Roumanie à la frontière des Balkans) et imaginait qu'ils pouvaient être intéressés par son manuscrit. Ce fut le cas. Elle n'a pas eu à regretter son choix, les petites structures accompagnent sans doute mieux les auteurs que les grandes et créent avec eux une étroite collaboration.

Un second roman suivra certainement, Liliana a un projet. Mais il lui faudra trouver du temps pour l'écriture. Son petit dernier n'a que quatre mois...

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Slobozia, Roumanie,en 1972.
Dans la forêt qui borde la fosse aux Lions, de drôles de choses se passent. Des personnes disparaissent quand d'autres renaissent sans arrêt comme protégées par la force mystérieuse qui sort du fond des eaux stagnantes. Parmi elles, Victor Luca se lance dans la quête d'une rédemption qui semble toujours se refuser à lui. Mais au fil des pages, le temps se délite, les lieux se teintent d'une aura mystique et le lecteur se retrouve embarqué dans un conte beau et cruel - un "il était une fois" dérangeant, qui aurait mal tourné . La plume de Liliana Lazar, tour à tour crue ou poétique apporte beaucoup à ce récit qui vaut la peine d'être lu, tant pour son réalisme magique maîtrisé que pour les années Ceaucescu évoquées en sous-texte. L'expérience peut être déroutante, mais je suis sûre que vous en resterez marqués.
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Roman à la limite du fantastique tant les coutumes et légendes sont présentes. Surtout ce Lac des turcs, un être de la nature à part. Je vous le dis, j'ai A-do-ré!

« Ces mystiques croient qu'en arrêtant le flot incessant des pensées, l'orant peut entrer dans la plénitude du feu de l'esprit »
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Avez-vous un jour écouté la Moldau (Vltava), superbe poème symphonique tiré de Mà Vlast (Ma Patrie) du compositeur tchèque Bedrich Smetana (1824-1884) ? Toute l'âme de la Mittel Europa y est enfermée, ses croyances et ses traditions.

Terre des affranchis présente des qualités similaires. Mais cela va plus loin car malgré le caractère frustre et primaire de ses habitants, Slobozia, en Moldavie, n'est pas si différent de nos villages français.
Voici donc un mineur du Sud de la Roumanie, Tudo Luca, qui a perdu une jambe en 1955, lors d'un violent coup de grisou dans une mine. Il s'installe avec sa femme, Ana, son fils, Victor et sa fille, Eugénia à Slobozia.
Dix ans plus tard, la Roumanie est toujours sous le joug communiste et à présent, sous la tyrannie de Nicolae Ceausescu.
Tudor, de plus en plus sous l'emprise de l'alcool, bat sa femme et son fils. Un beau jour, Victor en a assez et décide de supprimer son père. Hélas, ce parricide, qui passe aux yeux des villageois pour un simple accident, est le premier d'une longue liste de meurtres.

Pourtant protégé par sa mère, sa soeur, la nature, et bientôt par un prêtre résistant à la dictature communiste et son bras armé, la Securitate, Victor voudrait expier et trouver ainsi le salut...

Voici donc un roman bien malicieux où le mal n'est pas plus jugé que le bien. Un roman bien construit qui entraîne le lecteur aux confins des forêts moldaves, où le merveilleux, le diable et la croyance primitive cohabitent joyeusement.

L'histoire de cette terre des affranchis (Slobozia) se raconte magnifiquement bien, avec en fond de toile, l'Histoire de la Roumanie, de la dictature à la révolution de 1989 et à la nouvelle Roumanie, présidée par les anciens amis de Ceausescu.
Et puis, il y a le poids de la religion, terreau ou ferment de la résistance, comme dans beaucoup d'autres pays. le personnage du père Ilie est vraiment épatant à plus d'un titre. Il y a aussi l'amour d'une mère pour son fils, amour qui accepte tout, même l'impossible. D'autres personnages sont attachants, le héros Victor mais aussi le brigadier Simion Pop.

L'écriture est juste et économe. Les descriptions sont minutieuses, comme réalisées au couteau, le tranchant du côté de la toile. Liliana Lazar sait raconter, une qualité remarquable, surtout pour un premier roman.

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Il ne faut pas forcément en savoir trop sur le contenu du roman pour entrer dans Terre des affranchis, et naviguer à vue entre plusieurs genres, chronique villageoise, fantastique, policier ou conte sans savoir vers lequel se tourner est plutôt agréable. de même, voir les personnages entrer en scène sans imaginer aussitôt quel rôle ils auront à jouer fait partie du charme de ce livre, car c'est vraiment de cela qu'il s'agit, d'être sous le charme de l'écriture, de l'ambiance, du talent de raconteuse d'histoire de Liliana Lazar.




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En retrait du village de Slobozia (terre des affranchis), à l'orée de la grande forêt moldave vit la famille Luca composée d'un père violent et ivrogne qui a perdu une jambe suite à une explosion dans la mine, de sa femme Ana et de leurs enfants Victor et Eugénia. Même si les enfants fréquentent l'école, peu de gens montent chez eux, et leur apparition au village se limite souvent au dimanche pour assister à la messe, à l'exception du père qui fréquente le bar.
Pour fuir ce père violent, Victor a pris l'habitude de s'évader dans cette forêt, il y connait le moindre chemin, et son terrain de jeu c'est le lac. Lui ne croit pas à la légende qui prétend qu'au XVIème siècle lors de l'attaque des turcs, l'ennemi s'est retrouvé acculé jusqu'au lac et qu'il s'y est noyé. Depuis le lac, appelé « la fosse aux turc et renommé la fosse aux lions » est maudit car les âmes des noyés remontent en surface, ce sont des moroïs (des morts vivants). le jour où son père se noie en tombant dans le lac, c'est pour lui un signe que cette étendue d'eau le protège. Pourtant c'est à cet endroit, que devenu bûcheron, le destin de Victor va se jouer et que le restant de sa vie sera la quête d'une rédemption.
L'histoire, qui s'étale sur une période peu avant l'arrivée de Ceaucescu au pouvoir jusqu'à sa mort, marque les changements qui s'opèrent dans ses petits villages qui vivent de l'agriculture, et de la sylviculture et de ce que la nature leur offre : totalitarisme, répression, religion mise à mal, prêtres et ennemis du régime déportés, livres brûlés. J'ai beaucoup apprécié cette lecture
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J'ai trouvé ce premier roman fort bien écrit. A la fois mystérieux et passionnant, ce livre m'a emporté dans une contrée inconnue au fin fond de la Roumanie. En suivant la solitude et la folie de Victor, ainsi que ces rencontres avec des personnages aussi intrigants les uns que les autres, je me suis prise au jeu, et c'est avec impatience que j'ai tourné les pages, afin de connaître le dénouement de cette histoire quelque peu intrigante de ce lac maudit. Un très bon moment de lecture.
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Un petit bijou que ce livre très bien écrit et envoûtant. Une écriture empreinte d'un certain classicisme d'autant plus épatante que nous la devons à une jeune femme de 36 ans (au moment de l'écriture) de langue maternelle roumaine, qui l'a rédigé directement en français, sa langue de coeur.
C'est l'histoire de la famille Luka, et particulièrement du fils, Viktor, entre 1970 et 1990 environ. Après deux meurtres (celui de son père, un ivrogne qui bat sa femme et ses enfants, et celui d'une jeune fille qu'il ne voulait qu'étreindre), Viktor est contraint de se cacher pour échapper à la justice des hommes. Mais bien plus que l'histoire de ce jeune géant, un peu simplet et très naïf, c'est une Roumanie étonnante et moyenâgeuse qui est racontée, à travers l'histoire d'un village qui sort de la dictature par procuration, pour s'enfoncer aussitôt dans d'autres pièges tendus par ceux qui ont là un petit pouvoir. Un récit fascinant, envoûtant, engagé, un « conte politique » d'après une formule de le Clézio qui a fait dans Le Point une critique absolument dithyrambique de ce livre que je conseille de toutes mes forces.
Lien : http://www.reseau-colibris.fr
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