Des ailes d'argent

Il y avait certains livres dont je ne me serais jamais défait. Les Filles du Dr March. Tess d’Uberville. Lace. La Diable. Kristin Lavransdatter. Les oiseaux se cachent pour mourir. Les Hauts de Hurlevent. La Petite Princesse. Ce n’étaient pas seulement des livres hérités de maman, mais aussi des souvenirs. Souvenirs d’heures où j’avais pu prendre pied dans un autre monde. Fuir le mien. Devenir une autre.
Là où les murs n’étaient pas couverts de rayonnages, j’avais mis des posters de mes écrivains préférés. Les autres filles de ma classe affichaient Take That, Bon Jovi, Blur ou Boyzone, moi Selma Lagerlöf, Sidney Sheldon, Arthur Conan Doyle, Stephen King et Jackie Collins. Ils avaient autrefois été les idoles de maman. Maintenant c’étaient les miennes. Mes héros. Ils me soustrayaient à la réalité et me transportaient ailleurs. Je savais que c’était un peu naze. Mais personne ne venait jamais à la maison, alors quelle importance ?
Je me suis mise au lit en faisant l’impasse sur le brossage de dents. J’entendais Sebastian faire les cent pas dans sa chambre. En bas, papa criait sur maman, elle se taisait, prenait sur elle. Elle allait sans doute promettre de s’améliorer, dans l’espoir que ça suffirait

C'est typique des femmes, pensa Faye, toujours se déprécier, être incapables de reconnaître leur propre valeur. On nous élève comme ça. C'est ce que le monde nous a appris. Et le monde est dirigé par les hommes, qui ont tout intérêt à ce que nous ne mesurions pas notre valeur par rapport à eux.

Faye alla de l'autre côté regarder la sculpture. Les ailes étaient comme des cornes qui surgissaient du dos de la femme. Un signe de force comme elle n'en avait encore jamais vu. Cela symboliserait le renouveau...
Aujourd'hui elle se sentait capable de voler aussi haut qu'elle voulait. Avec des ailes d'argent.

Si on n'ose pas prendre de risques, on n'ose pas vivre.

Interdisez, réprimez les pensées de quelqu'un, elles se renforceront, lutteront encore plus violemment pour s'exprimer.

En société, les gens se montrent sous leur meilleur jour et préféreraient donner un rein plutôt que laisser voir la moindre fissure sur leur façade parfaite. L'homme est un animal grégaire dont le pire des cauchemars et d'être exclu du groupe.

J’ai vu tellement d’entreprises partir à vau-l’eau, quelle que soit la qualité de leurs produits ou de leurs concepts. Entreprendre est une route semée d’embûches, sans compter les caprices du marché.

S'aimer après 15 ans, avec le quotidien, les enfants ? Est ce que l'un des deux continue ?

J'ai lentement hoché la tête. Tandis que je sentais son haleine qui empestait la bière et la douleur dans mon bras qu'il continuait de pincer, quelque chose s'est produit en moi. Pour la première fois de ma vie, j'ai réalisé qu'il pouvait être nécessaire de tuer.

En bas, papa criait sur maman, elle se taisait, prenait sur elle. Elle allait sans doute promettre de s'améliorer, dans l'espoir que ça suffirait aujourd'hui pour éviter d'être rouée de coups.