Savoir diluer le suspens. C'est à mon sens, le premier devoir d'un roman policier ou thriller. Sans ça, les intrigues tombent à plat et la qualité s'en retrouve gâchée. Et ici, c'est malheureusement le cas.
J'avale les romans de
Camilla Lackberg comme des petits pains et je me suis donc arrêtée sur
la Sirène dans la suite logique des choses. Après
l'Enfant Allemand qui était particulièrement bon, car à la fois bon et cruel, la chute est brutale.
Plusieurs mois après le tome précédent, sort
la Sirène, premier roman du bibliothécaire de Fjällbacka, Christian, l'ami d'Erica, et c'est un succès fulgurant, si bien que la jeune femme a du mal à comprendre pourquoi son ami est à présent aussi nerveux.
Entre temps, Patrick et toute son équipe sont occupée à la recherche jusqu'ici infructueuse d'un homme, Marcus, qui a disparu du jour au lendemain sans laisser de trace et sans aucune raison apparente. du point de vue personnel, Erica est de nouveau enceinte, de jumeaux cette fois, et partage cette joie avec sa soeur Anna qui attend également un heureux événement. Après le baby blues subit lors de la naissance de sa fille, ici, c'est une Erica au top de sa forme qui intervient.
Toujours la même chose, une intrigue du passé et une intrigue du présent qui s'entremêle jusqu'à l'éclatement de la vérité. Mais ici, les choses sont très décousues pour l'intrigue du passé, la chronologie saute selon les envies et besoin de l'auteur et les découvertes faites dans le présent.
L'intrigue du présent elle, est très lente. Mais lente ! Les personnages n'évoluent pas ou peu, tout est tenté de désespoir. Une fois que l'on découvre que l'harceleur est une femme, on ne fait que tourner en rond avec ses victimes qui se térent dans le silence et qui refusent de parler aux policiers qui n'insistent pas, alors qu'ils savent parfaitement que les personnes en face d'eux mentent ! C'est à s'arracher les cheveux !
Et pendant ce temps-là, Erica mène sa propre enquête, cache des choses à son mari, puis se fait pardonner en quelques sourires et regards. Elle voit bien que Patrick est épuisé, tout le monde le voit, mais non, il continue jusqu'à l'entêtement. Et l'effondrement.
J'ai continué à lire car j'aime l'écriture de
Camilla Lackberg et les policiers de Fjällbacka, même leur patron qui est un âne fini auquel on finit par s'attacher, mais l'histoire m'a laissée de bois. Tourner ainsi autour du pot pendant près de deux cent pages est horripilant, surtout que l'auteur ne cesse ses petits tours, comme faire à chaque fois durer le suspens inutilement dès qu'un indice tombe, ne jamais le dévoiler tout de suite et attendre de tout regrouper à la fin, les changements de personnages incessants pour couper tout court aux questionnements logiques du lecteur...non, elle a tiré sur la corde une fois de trop et de manière particulièrement abusée.
Et effectivement, la fin laissée comme une porte ouverte, laisse un goût amer, car rien ne s'arrête.
De toute la série, ce tome est pour l'instant celui qui me déçoit le plus. Bien sûr, il est difficile en tant qu'auteur de garder une qualité constante dans ses romans, et il est facile de critiquer un travail qui peut demander des mois, voir des années d'attention et de labeur. Mais en tant que lectrice, je pense que les effets sont dépassés car sans cesse identiques, et les personnages font du surplace.
Il me reste "
le gardien de phare" que j'ai commencé et qui me laisse pour l'instant un goût étrange, surtout concernant Anna.
Mais ce sera pour la prochaine critique...