Dans ce second ouvrage des légendes de la table ronde, Ronan le breton adopte une forme narrative différente à celle du premier volume. Si dans "premières prouesses" l'auteur adaptait plus ou moins respectueusement d'anciens romans médiévaux n'ayant aucun lien entre eux, ici il développe un récit unique chapitré en trois parties.
Successivement Gauvain, Perceval et Lancelot, tenteront de s'emparer de la couronne du cerf blanc dont on dit qu'elle peut garantir à son porteur le pouvoir de façonner une nouvelle ère pour les hommes.
Sans le savoir, nos trois héros chevaucheront sur les traces du Dieu Cernnunos dont la course effrénée garantie le renouvellement de la vie.
Dans les anciens mythes celtes, Cernunnos "le Cornu" était connu pour être principalement le dieu de la fertilité et garant du maintien du cycle de la vie.
Il était représenté sous la forme d'un cerf blanc et était paré d'un torque représentant son pouvoir sur le cycle des saisons.
Chaque année Cernunnos renaissait au solstice d'Hiver, se mariait à Beltan (début de l'été), et décédait au solstice d'été.
L'on dit encore que pendant les sept jours de Samain les portes d'Annwvyn (Sidh en irlandais) s'entrouvraient et ainsi permettaient aux créatures de l'autre monde de fouler notre monde et que Cernunnos y livrait chaque année sur cette période une chasse sauvage.
En revisitant librement les mythes antiques gallois (
Mabinogion) tout en les associant à une vision chrétienne, Ronan réussit un pari osé. Au mythe de Cernunnos il ajoute le personnage d'Arawn (Roi D'annwvyn "l'autre monde") auquel il donne la fonction de chasseur inflexible dont l'unique objectif est de tuer le dieu cerf afin d'ouvrir définitivement notre monde à celui des morts (dans une vision symbolique chrétienne).
Nul doute que
Le Breton aura façonné pour l'occasion une nouvelle identité à ce personnage peu connu de la mythologie galloise, en l'associant pour l'occasion à celle de Gwynn ap Nudd qui était chargé dans la mythologie de guider les âmes des morts vers l'Annwvyn aidé de ses meutes de chiens enragés.
Autant le dire de suite, avec cette histoire totalement inédite du cycle arthurien, Ronan le breton rend un bien bel hommage au mythe en signant une épopée qui n'a rien à envier aux véritables légendes médiévales. La forme narrative est toujours aussi poétique et envoûtante, avec toujours cet attachement de l'auteur à conserver cette même justesse de ton que sur les romans courtois dont il s'inspire.
Dans ce volume, Aleski Briclot signe les deux tiers des illustrations et plus que jamais son style s'affirme ici pour nous offrir des planches d'une beauté absolue.
Sans porter atteinte au travail de
Nicolas Demare et
Christi Pacurariu (respectivement sur le prologue et la deuxième partie), on peut véritablement regretter qu'Aleski ne se soit pas chargé de l'intégralité de la conception de ce tome.
On peut noter une amélioration spectaculaire sur la beauté visuelle de ses planches et ce en comparaison avec son implication sur le tome 1.
Le cerf Blanc est une Bd envoûtante, magique, épique, une vraie belle réussite.
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