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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
JMG le Clézio nous offre une fresque qui va de la Révolution française à la décolonisation : une multitude de personnages attachants et de lieux à travers le monde.

Nous sommes happés par ce récit grâce à l'écriture profonde de l'auteur.

Très belle découverte !
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Roman foisonnant, écrit au gré des souvenirs autobiographiques de JMG le Clézio, « Révolutions » nous offre un voyage dans le temps et l'espace. A travers deux récits qui se chevauchent, l'auteur nous entraîne dans l'histoire de Jean Marro – la sienne -, personnage principal du livre, et dans celle de ses ancêtres.

Jean Maro vit à Nice, dans les années cinquante. de nationalité britannique, il a vécu jusqu'à l'âge de 8 ans en Malaisie et cette nouvelle vie sur Nice est pour lui un changement radical. Chaque jour, après l'école, il rejoint sa tante Catherine, aveugle, dans l'immeuble de la Kataviva. Là, sous les mansardes, la grande tante lui raconte le passé de la famille : l'île Maurice d'avant l'indépendance, la maison de Rozilis, les mots créoles qui reviennent comme une musique, le paradis perdu et Jean-Eudes, l'ancêtre révolutionnaire qui a combattu les Autrichiens à Valmy et s'est exilé à Maurice. Mais si Jean replonge dans la mémoire familiale, il vit également dans son époque. A travers son histoire, nous découvrons le Nice des années cinquante-soixante, une ville qui inspire au personnage des sentiments ambivalents. Nous suivons également avec lui, sur les écrans de cinéma, les événements de la guerre d'Algérie : les attentats, les morts, les atrocités… Nous partons ensuite à Londres où le jeune homme se lance dans des études de médecine, puis direction le Mexique…

Des révolutions, c'est effectivement celles qui ponctuent l'histoire de Jean et de ses ancêtres, et celles que suit le lecteur. Avec ce roman, nous traversons les siècles et les continents, accompagnons la Révolution française jusqu'aux frontières où elle se bat contre les armées prussienne et autrichienne et assistons à la décolonisation. le récit est riche en références et événements historiques et – comme toujours chez Le Clézio – riche en humanité avec des personnages nombreux et variés. Des destins se croisent, certains plus malheureux que d'autres.
Avec ce livre complètement autobiographique nous découvrons la vie de JMG le Clézio. L'histoire de ses ancêtres et la sienne ressemblent à un roman. Pas étonnant qu'il soit devenu écrivain… et heureusement pour nous.
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Deux narrations se mêlent dans un espace-temps qui s'étire de 1792 à nos jours, de la Bretagne du 18ème siècle au Nice des années cinquante en passant par l'Ile Maurice et la Malaisie.
Vieille et aveugle, Catherine, la grand-tante de Jean vit seule dans un appartement niçois, au dernier étage de l'immeuble La Kataviva, souvenir d'un nom russe, entre ses meubles dont elle connaît parfaitement les contours et son “ secret ”: un album-photos hors d'âge et un vieux cahier où le fondateur de lignée à Maurice, Jean-Eudes Marro raconte son histoire, des horreurs de la bataille de l'Argonne en 1792 à son exil à Maurice avec sa jeune femme Marie-Anne et leur bébé. La maison nommée Rozilis, en souvenir du bateau breton qui les a amenés, devient mythique, avec les colonnades de la varangue, son ravenala, arbre en forme d'éventail (l' ”arbre du voyageur ”) ramené de Madagascar et arraché lors de leur départ en 1915, indissociable avec la mort du fils Simon en France dans les tranchées et du grand-père Charles , un mois après, lien mystérieux qui unit les êtres, humains et végétaux.

Plus que les récits de guerre, aussi cruels ou enthousiastes soient-ils, on est sensible à la douceur de cet appartement du souvenir, à la longue interrogation du jeune Jean à sa grand-tante dans un “ Raconte ” insatiable. Et on se prend à rêver à tous les “ Raconte ” qu'on a dits, pas assez pourtant, aux vieillards de notre famille.

Jean, héritier de la terre de Bretagne comme de celle de Maurice mène une quête longue et difficile sur fond de guerre d'Algérie (il tient un relevé quotidien des morts et exécutés), sur fond de films des années 50-60 avec James Dean, au son des chansons de Mariano et de François Deguelt. Il va vivre des amours fugaces avant Mariam, celle qui le décidera finalement à devenir un mari. Nous le suivons au long de cette construction d'une vie d'homme, attachant, sincère, généreux, entre Londres et Mexico, ému par les Indios maltraités au Mexique, témoin de leur mouvements durement réprimés en 1968 avant les JO. Jean, héritier de deux terres, se lance dans la recherche des terres bretonnes de ses ancêtres, dans celle des horizons mauriciens, entre forêts et montagnes, là où des hommes d'affaires ont sacrifié la forêt pour la culture de la canne à sucre, dévastatrice pour l'écosystème, pour la production massive de bois précieux, fortune vite faite, paysages vite dénaturés, populations vite rejetées vers d'autre lieux. le capitalisme furieux du début du XXème siècle.

On se perd un peu quand Le Clézio fait intervenir une jeune Mozambicaine arrachée à sa terre par les esclavagistes pour l'amener à Maurice, au milieu de centaines d'autres Africains, puis quand Jean retourne dans le Morbihan à la recherche de l'Histoire, 1488, guerre entre Français et Bretons soutenus par les Anglais pour le rattachement de la Bretagne à la France, l'une des toutes premières provinces du royaume de France. On passe de la mélopée douce du griot au manuel d'Histoire.

Mais tous les ruisseaux se rejoignent au final dans un continuum, au fil des générations, pour recomposer l'histoire de la famille. “ Raconte ”, “ Raconte encore ”, ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes, héritiers de tous ces gens, de tous ces parcours, de tous ces chagrins et de tous ces espoirs. Raconte...
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Saga familiale sur fond de Révolutions. Celle de l'ancêtre Jean Eudes Marro, un Breton qui s'engage dans les troupes révolutionnaires, celle de Jean Marro en pleine guerre d'Algérie. Des récits qui se croisent, un style à l'ancienne, fluide, documenté, précis, qui emporte. Ce roman raconte la perte et la lutte pour un certain idéal humaniste à deux siècles de distance.
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En 1792, Jean Eudes part de Bretagne pour faire la Révolution. Au moment de la guerre d'indépendance algérienne, et à la veille de Mai 68, un enfant rend visite à sa vieille tante Catherine, née à l'Isle de France (Maurice) en 1890.

J'ai beaucoup aimé l'histoire du révolutionnaire, de son périple et de sa mise en ménage, dans cette ambiance "Paul et Virginie", faussement naïve, mais aussi pleine d'énergie et de grandeur (on se croit parfois aussi dans "Le Comte de Monte Cristo" ou "L'île au trésor", selon les moments, un grand périple, épique et rafraîchissant...), l'attachement à la Bretagne et ce qui ressort de nostalgie de cet ancrage culturel, ainsi que l'enfance de Jean - mais tout s'écrase et devient plat avec le "jean" adulte. La fin part un peu en lambeaux et traîne, à mon avis. Reste un grand récit, ambitieux et enivrant que l'on suit les yeux écarquillés et le plaisir au coeur.
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Ce roman est composé deux récits en un, je rapprocherai d'ailleurs ce livre par sa structure à Desert, c'est un récit polyphonique. D'entrée de jeux, c'est deux récits peuvent dérouter le lecteur. C'est l'une des raisons pour laquelle il y a un S à révolutions, elles sont multiples L Histoire est au coeur de ce roman : politique et familiale.
C'est l'histoire de son aïeul Jean Eude Marro, de la traversée de quatre-vingt-dix-neuf jours de Lorient pour Maurice, qu'on appelait alors île de France, où il débarque en 1798 . Nice dans les années 50, la guerre d'Algérie, c'est l'histoire de Jean Marro de nationalité britannique. Il a passé toute son enfance jusqu'à l'âge de huit ans en Malaisie à Ipoh . Et cela fut une grande douleur pour Jean ce changement de mode de vie. Tous les après-midi, enfant, il se rend à la Kataviva, voir sa vieille tante aveugle Catherine Marro, c'est un magnifique personnage. Elle représente le respect, elle transmet la mémoire familiale. Il l'adore l'entendre parler de Maurice, en particulier de Rozilis et de la demeure perdue, l'Eden dont les siens ont été expulsés en 1910. Jean partira à Londres, pour fuir la guerre d'Algérie. Il pense que l'Angletterre est une terre promise, c'est à Londres qu'il effectuera ses études de médecine.
Personnage féminin marquant de ce roman Jeanne Odile, elle attend un enfant de Santos un ami commun à elle et à Jean. Mais Santos est mort à la guerre d'Algérie. Mais le plus étrange, voir morbide, pour être veuve de guerre et la reconnaissance de son enfant, elle se mariera avec un mort une ombre. C'est le mariage des âmes, magnifique passage avec une écriture très cinématographique. Des personnages marginaux, des personnalités hors norme, et qui m'ont marquée : Conrad un homme que tout le monde voit comme fou, mais non il a été une victime de guerre, fragilisé. Jean a de la sympathie pour cet homme et va le recueillir dans son appartement de fortune à la Jamaïque quartier populaire de Londres.
Aurore, animal sauvage, une sourde ramenée d'Indochine pour être esclavagisée à Nice par un couple de notables. Enfant que lecteur n'oublie pas car elle représente le symbole de ces «Révolutions» multiples à la fois intérieurs et extérieurs. Dans ce roman comme souvent dans les romans de le Clézio, la description des sensations est très présente. C'est un roman sur la mémoire. D'une façon générale j'aime les romans de le Clézio et son univers car c'est une ouverture sur le vaste monde. Roman qui demande un petit effort en tout cas pour moi, mais au final passionnant car avec ce roman interroge le lecteur sur son histoire propre et sa vision du monde. C'est un roman sur la mémoire des hommes, il s'interroge sur nos racines. Il évoque aussi le manque d'attention que la société se soucie en vers les plus démunis, aux inégalités, à la justice, son dégout pour le racisme, la guerre. Je partage son point de vue j'aime son écriture, sa sensibilité à fleur de peau le rend touchant humain. C'est un très grand livre très touchant !
Lien : http://livresdemalice.blogsp..
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