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Ayant lu "Le chercheur d'or" il y a bien longtemps, j'ai beaucoup trop tardé à reprendre le chemin, ou plutôt le vol, comme les oiseaux, vers Rodrigues, île sur laquelle JMG vient surtout à la recherche du passé de son grand-père, de la quête de sa vie, ce trésor illusoire, et surtout de ses rêves qu'il fait partager à ses lecteurs, même s'il affirme que "les rêves ne se partagent pas".

D'abord l'écriture de pureté absolue de le Clézio emporte le lecteur dès la première page, le long de la rivière, un oeil sur les nuages, et puis tout au long du livre, c'est un éblouissement perpétuel devant un tel talent littéraire. Ceci avec les nombreuses descriptions allant quelquefois jusqu'à la personnification de la nature, des arbres, des pierres basaltiques, des oiseaux, de la mer, du soleil, du vent, chacun jouant leur rôle d'instruments superbement dirigés par le chef de l'orchestre, l'écrivain, le vrai, celui que l'on ne rencontre presque plus.

L'histoire de ce petit territoire est également contée par l'auteur, avec beaucoup de délicatesse, permettant d'écouter bien au-delà du "langage de la vallée" et d'entendre peut-être les voix presque évanouies de ces gens qui ont survécu sur l'îlot.

Et puis le temps, inexorable, la maison ou plutôt la demeure, les souvenirs, la nostalgie, l'affection pour ce grand-père inconnu mais tellement présent. Une multitude de symboles affleurent sous la plume de l'écrivain, à chacun de les saisir, de les savourer jusqu'à la délectation des dernières pages.

Là, c'est l'apothéose sur le sens de l'être, avec l'océan et les oiseaux, les traces ultimes du grand-père et des questions auxquelles il appartient à chacun de nous de donner une réponse, imprégnés que nous sortons d'une lecture magnifique par l'écriture d'un prince de la littérature.



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Le Clézio vient sur l'île de Rodrigues à la recherche de ses origines. Il suit les traces de son grand-père, à la recherche d'un trésor de pirate. Son grand-père passera trente ans de sa vie à déchiffrer des énigmes illusoires pour trouver le trésor du pirate La Buse. C'est l'occasion pour le narrateur de nous parler de cette île, qui s'est peu à peu transformée au fils du temps. Même la nature n'est plus tout à fait la même. Les rochers se transforment imperceptiblement, les arbres poussent, grandissent puis sont déracinés par les cyclones… le temps passe. Le Clézio revient sur les origines et l'éclatement de sa famille, l'abandon de la maison familiale, maintenant transformée en musée, au milieu de l'île Maurice. C'est un livre sur l'impermanence.
Lorsque l'on arrive à Rodrigues, on a encore le sentiment d'arriver sur une île au milieu de l'océan Indien, en dehors du temps. Tout s'y est un peu arrêté. Peut-être une sorte de naïveté perdue. Un autre espace-temps !
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Pour ceux qui ont aimé « le chercheur d'or », lecture du « voyage à Rodrigues» indispensable. Publié l'année d'après, ce petit roman/journal constitue comme une sorte de grosse apostille au précédent, tout au moins pour sa partie sur l'île de Rodrigues…

L'île de Rodrigues : la plus petite et la plus désertique des îles Mascareignes, auxquelles elle appartient tout en étant rattachée administrativement à l'île Maurice. C'est là que le grand père de l'auteur, un ancien juge banni passera trente ans à la recherche d'un hypothétique trésor de corsaires ; à noter que Maxime, le héros du « Chercheur d'or » n'y passera que quatre ans…

Descendant d'une famille de Bretons émigrés à l'île Maurice au XVIIIe siècle, Jean-Marie le Clézio nous offre un petit (156 pages) roman/journal où il est question de la recherche d'un trésor ; en fait bien plus que ce simple trésor…
Bien entendu, il ne trouvera rien dans l'Anse aux Anglais, si ce n'est bien son grand père, et par là même ses racines…

Comme dit plus haut, ce « Voyage à Rodrigues » constitue un complément indispensable au « Chercheur d'or » : on y observe un parallèle saisissant entre Maxime (le héros du « Chercheur d'or ») et Le Clézio lui-même, dans la mesure où l'un se cherche et l'autre est la recherche de ses origines… mais l'un n'est-il pas consubstantiel à l'autre ?

Bref, un récit d'une grande puissance évocatrice sur fond d'insularité ; vent, embruns, pierres, qui font la spécificité de cette île perdue. le tout porté par le style incomparable de notre dernier prix Nobel de Littérature en date…Superbe.
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" En écrivant cette aventure, en mettant mes mots là où il a mis ses pas, il me semble que je ne fais qu'achever ce qu'il a commencé, boucler une ronde, c'est-à-dire recommencer la possibilité du secret, du mystère"
Ces quelques lignes très émouvantes résume à mon sens cette enquête prodigieuse à laquelle s'est livrée Le Clézio pour parler du trésor que son grand-père a cherché des années dans l'île de Rodrigues.
Ces mots nous transportent dans cet îlot battu par le vent, nous voyons sans peine ces oiseaux survolant la mer.
Quelle écriture, quelle poésie, une alchimie entre la terre et le ciel, le passé et l'avenir, le devenir.
Fascinant petit roman, à lire sans aucun doute.
"La fin de toutes les aventures est là, figée dans l'éternité, et Jason est sans doute le seul qui ait trouvé ce qu'il cherchait, l'or de l'immortalité"

Sublime, non ?
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Une île en chasse une autre. J'ai quitté la minuscule Flattey de l'Islande pour une autre volcanique, Rodrigues. Autre latitude, autre mer, autre climat, mais là aussi une quête, là aussi une énigme non résolue, à la recherche d'un ancêtre jamais côtoyé. La publicité faite au nouveau roman de le Clézio m'a incité à lire un de ses nombreux écrits pour y retrouver sa plume magique. Sur le site internet de la médiathèque locale trois ouvrages semblent disponibles. Un titre m'interpelle "Voyage à Rodrigues", il est relégué au magasin, il n'est pas en rayon, ce qui signifie qu'il est peu demandé. Peut-être sera-t-il victime du désherbage annuel et bientôt mis au rebut, pour laisser place à des nouveautés plus attirantes ? Il est temps de le ressortir de son antre, de le remettre en lumière, afin de sonder l'âme d'un écrivain dont l'immensité du talent n'a d'égal que celle de l'océan.
Un récit d'une centaine de pages, à la recherche du trésor que son grand-père avait espéré trouver dans l'Anse aux Anglais, sur les rives de la rivière Roseaux. Cet ancêtre qu'il n'a pas connu, J.M.G. va tenter d'en percer le mystère sur l'île où son aïeul a échoué, dans un premier temps physiquement, car expulsé de l'île Maurice où il avait été dépouillé par ses proches. Echoué sur un bout de terre en plein Océan Indien, grand comme Belle Ile et Jersey. Dans un second temps psychologiquement, car il a échoué également dans sa quête, à la poursuite des chimères, animaux fabuleux mais monstres à différentes facettes difficiles à cerner. L'île au trésor n'a pas révélé ses secrets. Toutes les explorations maritimes, fussent-elles vécues - Bougainville, Cook, Magellan - ou imaginées - la toison d'or de Jason, la Cocos de Stevenson, la mystérieuse de Verne - procurent plus d'amertume que de thunes dans la mer. La quête du grand-père se transforme en enquête par le petit-fils, retrouvera-t-il l'âme de cet ancêtre qu'il n'a pas connu ? C'est un dilemme cornélien, "Rodrigue(s) as-tu du coeur" ? Mais le sol de cette île reste insondable, même après trente années de recherches faites par le grand-père, le secret ne sera pas révélé. J.M.G. le Clézio se devait de faire ce voyage, le roman qu'il avait écrit dans "Le chercheur d'or" n'était pas suffisant pour comprendre le sens de l'exil de son aïeul. Seules les sensations véritables éprouvées à fouler le sol, à observer les plantes et les oiseaux marins, à sentir les parfums insulaires, peuvent permettre de comprendre le passé en revivant les endroits explorés jadis. Mais un demi-siècle plus tard, le paysage a changé. Les oiseaux ont dû se réfugier sur les îlots, car les humains et les rats apportés par eux ont eu raison des espèces endémiques. La plus emblématique fait "dodo", il reste deux exclusivités, une tortue et une chauve-souris. Et les recherches faites par l'écrivain en retrouvant les mêmes points marqués de repères par son grand-père, notés par des lettres et des chiffres - 29, 33, points R, Y - restent sans réponse. Pas de point G, la jouissance n'apparaît que dans l'âme, le corps est prisonnier de ses pérégrinations futiles.
Restent les magnifiques descriptions des lieux rencontrés. J'ai mis trois jours à lire les transcriptions des paysages, une lente lecture de peur de quitter cette île, relisant plusieurs fois ces phrases lumineuses.
"Alors le paysage lui-même devient miroir, et je peux entrevoir ici, sur cette terre, sur ces pierres, dans la ligne des collines desséchées, comme le visage et l'ombre de mon grand-père, ineffaçables".
"Je vois les racines des vacoas, des tamariniers accrochés à la terre brûlante, je vois ces feuilles lisses, aiguës comme des lames, et je comprends que ce message que je cherche, qui est écrit au fond de cette vallée, ne peut me parvenir, seulement m'effleurer".
"La mer, le seul lieu du monde où l'on puisse être loin, entouré de ses propres rêves, à la fois perdu et proche de soi-même".
"Dans cette tranchée vide, quand le soleil de l'après-midi brûle mon dos et fait briller mon ombre sur le fond du ravin, jusqu'au cercle noir du puits comblé, peut-être qu'enfin je ne fais qu'un avec mon grand-père, et que nous sommes unis non par le sang ni par la mémoire, mais comme deux hommes qui auraient la même ombre".
Ironie du sort, à l'instant où je lis la dernière phrase, "Le tamarinier est déjà bien vieux, je crois qu'il ne résistera pas au prochain cyclone...", un autre cyclone, dénommé Freddy, vient de passer à 300 km au Nord de Rodrigues.
Celui-ci est monstrueux, mais il a épargné ce qui reste de vacoas, aloès et tamariniers.
Dépêchez-vous de lire ce bijou, avant qu'il ne soit plus qu'un souvenir.
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Est-ce un récit de voyage, une quête, une aventure? Plutôt un parcours initiatique. L'auteur part sur les pas de son grand père, qu'il n'a pas connu mais qui lui laissé des plans aux signes énigmatiques de l'île de Rodrigues au large de l'île Maurice. Ce grand-père obsède l'auteur au point de partir à la recherche de l'interprétation de ces signes sur des pierres volcaniques.
Le grand-père avait acheté au début du 20è siècle deux concessions. iI était persuadé d'y découvrir un trésor. Il y a consacré trente années de sa vie. Ce livre transporte le lecteur dans une sorte de rêve. On accompagne l'auteur dans sa quête obsessionnelle. Pourtant, je me suis lassée des promenades dans les ravins et les blocs de roches volcaniques avec en toile de fond une mer aux couleurs émeraudes paradisiaques. Très, trop lent, trop répétitif. Je ne saurais expliquer. En résumé je n'ai pas accroché au texte malgré une belle plume.
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Le Clézio nous raconte ici l'histoire de son grand-père, un homme qui, après avoir tout perdu, pour se refaire poursuivra pendant des décennies, le rêve de trouver un trésor. Ce trésor, quelques documents lui disent qu'il est sur l'île de Rodrigues. Il s'y rendra depuis Maurice à de multiples reprises, exploitant ces documents sibyllins, creusant, perforant la roche. Inutilement. L'auteur refait le voyage, met ses pas dans les pas de son aïeul, restitue sa quête et le fait revivre, bel hommage.
Il nous fait découvrir Rodrigues, cette île perdue dans l'Océan Indien, à travers de très belles pages. J'avoue que l'exploitation des documents anciens cryptés m'a vite lassé.
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Il est d'usage de diviser l'oeuvre de le Clézio en deux parties : la première sous le signe de l'angoisse et de la violence, la seconde sous le signe de l'apaisement et de la sérénité. Alors que "le procès-verbal" inaugure la première partie en 1963, "Voyage à Rodrigues" fait clairement partie de la seconde période de l'oeuvre.

Une quête, comme toujours chez Le Clézio. Dans cette seconde période la simplicité et la sobriété de l'écriture donnent toujours un rendu unique, la voix de le Clézio est reconnaissable entre toutes. Un surdoué de la langue française qui saisit toujours la réalité dans ce qu'elle a d'essentiel.

Ecoutons donc :

"Le paysage est d'une pureté extraordinaire, minéral, métallique, avec les arbres rares d'un vert profond, debout au dessus de leurs flaques d'ombres, et les arbustes aux feuilles piquantes, palmiers nains, aloès, cactus, d'un vert plus aigu, pleins de force et de lumière."
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Le grand père de J.M.G le Clézio, après avoir été ruiné à Maurice, est parti trente années de suite à Rodrigues, la plus petite et la plus sauvage des îles Mascareigne, à la recherche du trésor d'un pirate. Une aventure déjà bien farfelue : pendant que l'Europe était déchirée par la première guerre mondiale, cet ancien juge, abandonnant femme et enfants, passait des mois dans une île presque déserte du bout du monde, à essayer de décripter des plans sibyllins et sans doute apocryphe ! (voir "Le chercheur d'or"). Près de 60 ans plus tard, l'auteur, son petit fils, part essayer de retrouver ses traces, effacées par le temps et les hommes.
Le livre vaut par l'évocation de cette aventure saugrenue et de ce demi fou obstiné à creuser comme les Shadoks pompent, par le respect attendri du petit fils, par ce jeu de piste incroyablement sophistiqué pour déchiffrer un paysage à partir des indications d'un plan, jeu auquel se livrent tant le grand père que son petit fils et bien entendu par la somptueuse description de l'île battue par les vents, présents à chaque page.
"Et le vent qui passe, qui balaie, froid, vent d'outremer, passage du vent dans les herbes et sur les pierres, silence, fraîcheur fugitive de l'océan."
Pour avoir lu le livre sur place, je souscris à cette description et à toutes les autres. Magie de l'écriture de le Clézio.
Mais Dieu que cet homme est froid ! Je ne saurais expliquer d'où vient cette impression minérale que je ressens à chacun de ses livres : Le Clézio, c'est le Ingres de la littérature, beau mais glacial.
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Ce journal de bord, ce Voyage à Rodrigues, éclaire l'oeuvre de le Clezio.
Son obsession des êtres déracinés.
La sensualité de son écriture, tellement poétique.
Sa fascination des départs, forcés ou non. Des ailleurs dont on rêve et que, peut-être, nous n'atteindrons jamais tout à fait. Ou pas exactement.

Dans le Chercheur d'or, si vous avez eu le bonheur de le lire, Le Clezio romançait les aventures de son grand-père. Se permettait de les imaginer, noir sur blanc, de leur donner un relief de contes.

Ici, c'est son voyage à lui. Jean-Marie Gustave le Clezio. Lui et l'île Rodrigues. Une quête presque mystique, celle d'un inconnu, ce grand-père admiré, dont la légende le poursuit.

La quête de l'or.
Pas tant pour devenir riche que pour vivre. Un peu plus fort. Avoir une raison de tout risquer. Intranquille.

Je retrouve sa plume avec le même bonheur. Il s'y mêle une certaine magie, à chaque fois. Je voudrais lire chaque ouvrage de ce Monsieur à voix haute, ses mots sont des notes et sa musique me transporte.
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