–Vous pleurez parce que vous êtes triste ?
–Non, je pleure parce que c’est beau et que Jacque Rel ne triche pas. Jamais. Quand il est triste, il l’est à crever, et quand il est heureux, il est fou de bonheur. J’adore.
–Ça vous fait ça souvent ?
–À chaque fois que je suis devant quelque chose de sincère, je me mets à pigner. Je suis un vrai cochon truffier. Je rate jamais une pépite, même si elle est cachée sous des charibotées de bouse.
–Vous pleurez en écoutant de la musique?
–Oui.
–Devant un film ?
–Bien sûr.
–Un livre ?
–Évidemment.
Arrivée à destination, elle caresse le chat de son index, tout en effleurant mes doigts.
Je suis électrifié. Cloquez - moi une ampoule dans le bec et j’eclaire tout le bidonville. c’est le premier geste tendre d’Isis. Entre elle et moi, avant de regarder notre aîné partir en échange linguistique au Québec, il va encore se passer quelques lunes, mais c’est un début.
Installer quatre-cent ordis et organiser deux étages ... tout seul... je vois pas.
- T’en as parlé à Perol ?
- Bien sur. Il m’a dit qu’il comprenait mon claim et qu’il allait faire un benchmarking avec les autres filiales du groupe. S’il estimait que j’avais besoin d’helpers il me ferait un feed-back.
- Et donc ?
- J’attends de savoir ce que ça veut dire...
Je ne vais pas vous demander de me faire la planche ou des tractions. Vous êtes tonique et souple comme une prostate de grabataire. Quelle est votre fleur préférée ?
- le myosotis.
- Voyez-vous ça... Et pourquoi donc ?
- Parce que le myosotis est fragile et beau. Et que quand il fleurit au printemps, on dirait que des petits bouts de ciel sont tombés sur la prairie.
Quand je suis face à des gens super sûrs d'eux, j'ai toujours envie de retourner chez moi douter un bon coup.
- Tu me demandes de fermer ma gueule puis d'un coup, tu me flattes : "Muriel, vous êtes merveilleuse. Votre voix, Muriel. On va faire de grandes choses ensemble, Muriel. Muriel ceci. Muriel cela." T'en as plein la bouche de Muriel... On dirait l'aigle dans la fable de La Fontaine...
- C'était un corbeau...
- Dans "Le corbeau et le renard", l'oiseau, c'était pas un aigle ?
L'alcool permet de chercher des réponses à des questions dont on se fout à jeun.
- Ils commencent à me plaire tous ces gugusses...
- Quoi ?
- Les gars en burn-out. Y a une petite contrat pro de l'étage Cinéma qui a essayé de se foutre en l'air en s'encastrant la cerise dans la photocopieuse.
- Et alors ?
- Ben elle est foutue... Qu'est-ce que tu veux que je te dise...
- La contrat pro ?
- Pire ! La photocopieuse !
- T'es une lavette. C'est pas de ta faute. Un lion peut pas demander à un chaton d'avoir le courage d'un lion.
- Tu me compares à un chaton ?
- Oh non... T'es encore plus inoffensif. Un chaton ça a des griffes. Toi tu te ronges les ongles.
– Actuellement on est dans le règne de la médiocrité… C’est une matière indescriptible, la médiocrité. Ce n’est pas chaud, ce n’est pas froid. Pas dur, pas mou. Pas humide, pas sec. C’est un marécage… On ouvre sa télévision, son ordinateur, sa radio et elle est là, elle nous accompagne, elle nous façonne. Nous devenons médiocres à son contact… Chansons médiocres, films médiocres, émissions médiocres nous procurent des émotions moyennes… C’est un régime sans partage la médiocrité, mais ça demeure fragile. Il a fallu éduquer le public pendant des décennies pour l’éloigner à ce point de la passion. Vous voyez ?
– …
– Alimenter cette pauvreté, étriquer les champs de vision, tuer l’esprit critique, c’est notre cœur de métier… Vulcain possède mille canaux de distribution et nous les bourrons de nos contenus étriqués. Devant cette hégémonie, les gens pensent que rien d’autre n’existe. Il est capital que cet état de fait demeure.