On sait combien - du berger au citadin, du nordique au méridional, du travailleur à l'oisif - l'apparition du temps vécu varie d'un homme à l'autre ; pour un même individu elle évolue, en même temps qu'il avance en âge, avec une remarquable élasticité.
Une année d'écolier lui paraît durer un siècle, une année de vieillard, un jour, de sorte que l'on a pu dire qu'un enfant de douze à treize ans a l'impression d'avoir vécu plus longtemps que ses grands-parents.
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Peu d’énigmes sont aussi troublantes que celle du temps.
Il n’en est guère d’aussi dénaturée. Aux immenses difficultés d’appréhender un phénomène qui se présente à la fois comme la trame de tous les changements du monde extérieur et de nos pensées s’ajoutent les déformations de l’anthropomorphisme et les pièges du verbalisme.
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On prétend souvent que la mesure du temps n’en exprime pas la nature intime.
Mais qu’est-ce que la nature intime du temps ? La mesure de n’importe quel phénomène (ou de n’importe quel objet) ne livre pas, et ne prétend pas livrer toute la réalité de ce phénomène.
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Le temps qui dévore tout, dévorera le temps.
Proverbe indien.
Dans "L'annonce de ma mort est très exagérée" (Cherche-Midi, 2021), le journaliste au Monde Denis Cosnard se penche sur ce phénomène littéraire qui aujourd'hui se retrouve sur les réseaux sociaux, fait l'objet de canulars et peut s''écrire avec créativité et poésie.
Le faire-part de décès relève de ce que François le Lionnais- fondateur avec Queneau de l'Oulipo - nomme "troisième secteur", à côté de la littérature et de la paralittérature. le faire-part de décès nous parle de la vie autant que de la mort, portant des histoires d'amour, des combats, des enjeux politiques.
À partir d'exemples réels (Mark Twain, dont une citation célèbre donne son titre à l'essai), de la littérature et du cinéma, Denis Cosnard présente un objet ludique, entre tragique et comique, et guère morbide.
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