"Annabelle s’assoit sur le bitume froid, ses collants déchirés, sa crête rose affaissée, elle ressemble à un jouet brisé. Annabelle regarde la blessure infligée aux palmes de sa main gauche, où s’était trouvé son piercing, elle se redresse bientôt
avec beaucoup de mal. Un instant, elle vacille, le sol se meut sous elle, Annabelle à l’impression d’avancer alors qu’elle est debout, immobile et qu’elle tombe lourdement sur les pavés."
"Sa silhouette traversait la ville tranquille, dans une robe longue qui lui collait à la peau, et elle déambulait comme chaque soir dans ces rues sales, les larmes aux yeux et le visage extrêmement cireux. Plus les soirées s’effaçaient, plus son teint prenait un aspect cendré. Ses yeux d’un bleu intense accentuaient ce masque mortuaire qu’elle se plaisait à façonner. Elle semblait haïr la solitude et verser des larmes amères, pleines de regrets, pour de nouvelles soirées d’échecs."
"Ma ravissante mais singulière Milla, qui de ses yeux d’un bleu profond, accuse les faiblesses des hommes. Mon adorable créature perchée sur son balcon comme une figure de théâtre et qui aime se jouer de tous, interpréter son propre
rôle pour s’accommoder de celui de rien. Milla, sur tes bras gisent de minuscules papillons bleutés, qui te font perdre la tête et écumer sans fête alors que dansent les lumières sur le toit de l’ambulance."
"Polly ne jubilait pas lorsque la démence l’avait étreinte, elle haïssait l’amour qui l’avait rendue si pathétique. Elle criait le nom d’Aurélien dans ses cauchemars, elle se cachait pour mouiller son oreiller de larmes, pour mouiller sa culotte quand elle se masturbait pour le remplacer, lui qu’elle avait toujours entre les cuisses, toujours dans le cœur, elle avait Aurélien partout."
"Polly vomissait pour chasser Aurélien de son ventre, elle raclait sa gorge avec son doigt pour faire venir la bile, parce que Polly n’avait plus faim que d’amour, elle croyait faire partir le sperme d’Aurélien qu’elle ressentait encore à l’intérieur d’elle, chasser sa présence définitivement."