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Citations sur Le jour des morts (74)

- Capitaine, je vous présente le lieutenant stagiaire Guillaume Lagnac, votre nouveau stagiaire. Lieutenant, le capitaine Daniel Mehrlicht, un pilier de notre grande maison.
Le lieutenant stagiaire examina le petit homme qui se tenait devant lui ; il portait un costume marron certainement volé dans les années 70 à l'un des Bee Gees ou, à voir son aspect défraîchi et ses taches, dans les années 2000 à l'un de leurs cadavres. Son visage anormalement vert lui donnait un air de batracien, que renforçaient ses deux gros yeux gonflés et noirs. Quelques fils s'échappaient de son crâne en guise de chevelure et achevaient d'en faire une grenouille à cheveux, comme dans un conte qu'on lui lisait, enfant.
(p. 46)
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- Chaque cigarette que vous fumez avec lui en cachette, chaque verre de vin que vous lui versez... sont autant de coups que vous portez à sa santé. Votre ami n'a plus la condition qu'il avait il y a dix ans. Il est très malade. Vous devez l'accepter. Si vous l'aimez, vous devez cesser tout cela. Sinon, il mourra.
Mehrlicht releva tout à coup la tête, piqué au vif.
- Mais on s'en fout de ça ! grogna-t-il. Vous avez rien compris !
Le médecin sembla soudainement désarçonné.
- Jacques est condamné, on le sait, lui et moi. Vous lui repassez le même disque tous les jours : les 'carcinomes', les 'biopsies', les 'métastases'. On a compris ; il finira ici, entre ces quatre murs. Y a pas de suspense dans cette histoire. Alors c'est quoi, ses choix ? Je vous écoute. Rester au pieu en attendant de caner avec la peur d'éternuer des fois que le palpitant lâcherait, ou se marrer un dernier coup avec les potes, en se grillant une dernière clope et en se sifflant une Côte-rotie ?
Le capitaine le regardait et semblait attendre une réponse. Le médecin ne dit rien. Après un instant, Mehrlicht reprit :
- Votre job, c'est de le guérir... Et c'est pas possible. Moi, mon job...
Sa voix se brisa dans un coassement grave.
- C'est d'être son ami... jusqu'au bout.
(p. 23-24)
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Amenez un homme à parler de lui et vous en ferez un homme heureux. (…) Les hommes vivaient dans un autre espace, en orbite géostationnaire autour de leur nombril auquel ils vouaient un culte sans borne.
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- Patron, je quitte jamais Paris. C'est religieux. C'est karmique ! Je suis allé en vacances en province une fois. J'ai été malade, j'ai failli mourir. Ça fait vingt ans. Mes vaccins sont toujours pas à jour... J'ai rien contre la province, je veux pas y aller, c'est tout !
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- Votre job, c'est de le guérir.... Et c'est pas possible. Moi, mon job...
Sa voix se brisa dans un coassement grave.
- C'est d'être son ami.... jusqu'au bout.
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- On a demandé à voir les enregistrements de la vidéo-surveillance urbaine et...
- Vidéoprotection, coupa Matiblout.
- Pardon ?
- On dit 'vidéoprotection'. C'est maintenant le terme officiel.
- Ah... Bah on attend de voir les films des caméras de protection.
Matiblout fronça le sourcil.
- Pas d'empreintes, d'ADN ?
- Non, patron. Aucune empreinte génitale.
Matiblout se redressa, surpris.
- 'Génétique', vous voulez dire...
- Si c'est le terme officiel...
Mehrlicht aimait taquiner Matiblout en citant les lapsus d'Hortefeux et de ses autres amis de l'UMP. C'était un hobby.
(p. 146)
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- ... j'avais juste une question à vous poser, reprit [Sophie] Latour.
- Vas-y, dit Mehrlicht en rejoignant son bureau.
- On bosse à TROIS sur cette affaire. On chope les gars à TROIS. Et JE dois taper MON rapport et VOTRE rapport. Ma question...
- Ok, ok, coupa Mehrlicht en levant les mains en signe de reddition. Je suis une quiche au clavier, ça prend quinze plombes. T'es meilleure que moi. On gagne du temps.
- Pas moi. Je ne suis pas née avec un clavier dans les mains. J'ai appris, et je suis sûre que vous y arriverez. Même Mickael y arrive. Parce qu'il s'y est mis. Et lui tape SON rapport. [...] C'est le dernier que je tape pour vous, capitaine. C'est tout ce que je voulais dire.
- Arrête de déconner, Sophie, et tutoie-moi, putain ! Ça fait bientôt deux ans, on se connaît maintenant.
- Tout à fait d'accord ! On se connaît suffisamment pour que je puisse vous dire que vos rapports, vous les taperez vous-même. La secrétaire démissionne.
Latour en aurait bien profité pour développer son point de vue sur la considération que le capitaine avait pour les femmes, notamment les femmes flics. Mais elle savait que cela n'aurait servi à rien d'autre qu'à conforter l'homme grenouille dans son opinion irrévocable que les femmes sont hystériques, imprévisibles et vous font vivre le plus sulfureux des enfers dès qu'on leur demande de rédiger un rapport.
(p. 67-68)
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Les visages d'amis lointains reparurent bientôt, dont celui d'Henry, animé d'une flamme furieuse lors de leurs premières discussions politiques au café Les Facultés [vers 2005]. Henry savait défendre une idée. Il y mettait tellement de conviction, de foi même, que l'on finissait par y adhérer, parfois sans avoir vraiment compris ce qu'il défendait. Dossantos avait été subjugué par ce type un peu plus âgé que lui, à une époque où son identité franco-portugaise le taraudait. Henry parlait de la France, et de l'Europe, et du devoir qu'avait chacun de protéger des valeurs communes ancestrales contre le Barbare, qu'il fût à l'intérieur ou à l'extérieur, même s'il était entendu qu'il venait d'Afrique. L'héritage d'une nation était en danger. Il n'en avait alors guère fallu davantage à Dossantos pour épouser cette noble cause et tenter de la porter plus haut, plus loin qu'Henry, pour Henry, et pour estomper par ses actions la tache de son patronyme par la même occasion. Les nuits de collage avaient commencé. A trois, quatre, ils sillonnaient Paris afin d'y placarder les visages officiels et les idées présentables de la droite nationaliste. Dossantos croisait les autres visages et les idées moins sortables lors de soirées politiques à huis clos, réservées aux initiées, où il retrouvait Henry qui le félicitait de son engagement et lui donnait de nouvelles missions, à lui et aux autres.
(p. 120)
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- Un lieu de naissance, c'est pas un mobile, ça ! pesta Mehrlicht. On bute pas les gens parce qu'ils sont nés quelque part.
Latour ramassa ses feuilles et le regarda.
- L'histoire et l'actualité nous prouvent régulièrement que si, au contraire.
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A quelques mètres devant lui, un type brun dans un long manteau noir se racla la gorge dans un grognement d'ours et, après un instant d'élaboration silencieuse, cracha au sol ce qui ressemblait à s'y méprendre à une méduse. Dossantos serra les mâchoires ; sa journée venait de commencer. Pour lui, un type qui crachait de la sorte dans un lieu public crachait de la même manière sur la loi et la société. Le laisser partir sans un mot, c'était valider son attitude. Un rappel à la loi s'imposait. Pédagogique mais ferme.
Dossantos rattrapa le créateur de méduses et lui colla sa carte de police sous le nez.
- Bonjour, monsieur. Police nationale. Vous venez de cracher par terre.
Le type d'une trentaine d'années, propre sur lui, le cheveu noir plaqué au gel, s'arrêta et s'indigna.
- Quoi ? On n'a même plus le droit de cracher maintenant ?
- MAINTENANT ? C'est interdit par un décret de 1942. Mais plus clairement, vous venez d'enfreindre l'article R. 632 tiret 1 du code pénal : 'est puni de l'amende... [...]'
Le type, visiblement débile, s'insurgea avec force gesticulations, levant les bras vers le ciel gris qu'il prenait à témoin.
- Mais c'est n'importe quoi ! J'ai toujours craché. Ce n'est pas maintenant que je vais arrêter. On se fout de qui ? brailla-t-il.
Dossantos inspira profondément. La pédagogie avait ses limites. Lui aussi. Il tendit son visage en avant pour l'approcher de celui du gominé.
- Vous allez me dire si j'ai bien tout compris : vous crachez par terre. Une personne chargée d'une mission de service public, dans l'exercice de ses fonctions, vous rappelle à l'ordre et vous signale que vous risquez une amende pouvant aller de 135 à 450 euros, suivant le code ou le règlement invoqué. Votre réponse, c'est d'avouer à ce représentant de la force publique que vous avez enfreint la loi à plusieurs reprises et que vous envisagez de continuer.
- Mais...
(p. 40-41)
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