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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Céline Rabouillot est garde-barrière. Un métier qu'elle n'a pas choisi mais qui s'est offert à elle. Elle ouvre et ferme la barrière du train qui passe à 00h37. Toutes les nuits, elle se pare d'un châle, se maquille un peu, met du rouge aux lèvres et fait son métier presque avec passion. Elle se sent utile, c'est beaucoup pour elle. Céline vit seule dans une maison qu'on lui a prêtée, s'occupe du jardin, des stères de bois, des oiseaux à qui elle donne du bon lard. Mais, surtout, elle s'occupe de son voisin, Anatolis, un vieil homme, atteint d'un cancer en phase terminale. Alors, elle essaie d'égayer ses journées, lui écrit des poèmes, soulage ses douleurs, lui fait à manger. Elle s'occupe également de deux enfants, Noémie et Sylvestre, qu'elle emmène parfois à la fête foraine. Mais, voilà, Céline porte le deuil de son enfant, percuté par une voiture, et pense à lui tout le temps. Et surtout, Céline est grosse, très grosse. Et les gens ne voient que ça. Ils ne voient pas sa beauté, sa bonté et tout l'amour qu'elle a en elle...

Françoise Lefèvre nous offre un récit à la fois tragique et plein d'espoir. Emplie d'amour et de gentillesse, Céline a un coeur gros comme ça et a tant à donner. Mais, n'étant pas comme les autres, parce qu'elle est grosse, personne ne voit en elle autre chose que ses kilos en trop. Gonflé par l'absence, le chagrin, le coeur est lourd et finalement, c'est tout son corps qui devient trop lourd. D'une écriture envoûtante et poétique, ce court roman est à la fois empli d'une tristesse profonde, d'une clarté cachée et d'une noirceur provocante. C'est à la fois un poème transcendant, un tableau de Botticelli où le regard se fige, un roman qui nous transporte, un conte parfois cruel qui montre toute l'étendue de la méchanceté et de la fragilité des hommes.

La grosse... tout en finesse...
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Rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde barrière et jamais personne ne lui demande comment elle va. On dit juste " - Tu as vu la grosse ? "
Parceque oui, Céline est grosse, une grosse garde barrière. Un quintal. Cent kilos. Mais Céline sourit toujours et çà, ce n'est pas normal quand on est aussi grosse ! Et chaque fois qu'elle pose son châle sur ses rondeurs, les gens s'offusquent de la voir attifée de la sorte " - On ne se met pas çà sur le dos, quand on est aussi grosse ! " Toujours les mêmes propos qu'elle entend dans son dos.

De leur regard invalide, tous ignorent que Céline parle trois langues et qu'elle était hôtesse de l'air...avant. Avant que le malheur ne s'abatte sur elle.
La mort de son enfant dans un accident de la route, l'abandon d'un homme, la perte de son emploi. Et la descente, inexorable: chômage, anpe, formation, stage, entretien et pas même une réponse. Par chance, elle déniche un emploi de garde barrière, mal rémunéré en campagne, près d'Anatolis, son voisin rongé par la maladie, pour lequel elle se dévoue corps et âme.
Céline vit de peu, apprivoise l'absence de son enfant, cette absence qu'elle porte en elle, des mots d'amour qu'elle ne prononce pas, mais qui l'éclairent de l'intérieur, illuminant ses yeux, ses mains, sa peau, sa chevelure. Mais çà, les gens ne le voient pas. Ils voient juste une grosse !!!


Oh my god ! Ce petit roman de Françoise Lefèvre est une tragédie dans toute sa magnificense, le regard sur l'obésité, la différence donc. L'auteure nous décrit une Céline toujours fringante malgré les allusions et les railleries dont elle fait l'objet dans une société en quête de perfection physique de plus en plus effarante.
Sans jamais tomber dans le mélodrame, Françoise Lefèvre réussi une formidable performance de tourner en dérision les réflexions de Céline sur son propre poids, ce poids qui dérange les autres plus qu'il ne l'a dérange. Parcequ'elle a aussi la capacité de nous faire sourire, bien au-delà des larmes qu'elle porte en elle et qui lui servent de rempart.


Un énorme coup de coeur pour ce récit de toute beauté, oh! que oui ! Un nouveau livre déniché à la bibliothèque que je compte bien acheter, tant on ne se lasse pas de cette lecture sublime, poétique et terriblement humaine sur la différence, quelle qu'elle soit.
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Céline a le coeur gros. Elle sourit pourtant. Elle se maquille un peu pour aller fermer sa barrière pour l'unique train qui passe à côté de sa petite maison à 00h37.
Céline a vécu un drame personnel terrible et continue à vivre avec cette absence au coeur.
Personne ne la voit dans son minuscule village. Enfin si. Tout le monde la voit Céline car Céline est grosse. D'ailleurs, elle est La grosse tout court. Et les gens s'arrêtent là. Ce qu'ils ignorent c'est qu'elle a surtout un gros coeur Céline.
Anatolis le sait, lui. Céline est son amie. Elle s'occupe de lui depuis 3 ans qu'il est malade, lui fait sa soupe, parfois un peu de ménage, le masse, lui fait la lecture…
Noémie et Sylvestre, les deux enfants qu'elle garde le mercredi, le savent aussi :
« - Tu as vu comme on te regarde ? Il y a un type qui s'est retourné quatre fois. C'est parce que tu es belle ! Céline, tu es belle comme une statue de Paris ! Un jour, j'en ai vue une du bateau-mouche. Elle tenait un pont à elle toute seule ! Tu te rends compte, tout un pont de Paris sur ses épaules. Et ça n'avait pas l'air de la fatiguer. Non, pas du tout. Elle souriait en soutenant le pont. »
Pour supporter son coeur gros Céline a donc trouver un équilibre. Mais quand une lettre arrive pour lui annoncer que la ligne de train va être remplacer par le TGV…
Un très beau texte plein de pudeur sur un personnage pudique et généreux qui cache une tristesse incommensurable sous un carapace de chair…
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un émerveillement d'écriture, une atmosphère, une beauté, une écrivain(e) extraordinaire : on en redemande ! un peu triste, oui mais pas plus que la vie qui parfois ... à lire, à relire, à offrir, je l'ai acheté bien que mes bibliothèques crient grâce : je fus inflexible !
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Roman de Françoise Lefèvre. Livre lu et prêté par Clara.

Céline Rabouillot est garde-barrière. Mais pour tout le monde, avant tout, elle est grosse. Trop grosse. "Tu as vu la grosse?" (p. 9) Cent kilos qui dérangent. Son histoire, sa jeunesse à l'Est, son amour pour un vagabond, son enfant disparu, tout le monde s'en moque. Mais la médisance des autres ne l'atteint pas. Digne et royale, elle déborde de joie et d'amour. Elle comprend les enfants, sait se faire aimer d'eux. Elle est l'amie d'Anatolis, un vieillard malade qui lui répète "Tu es ma lumière" (p. 31) Généreuse au-delà du raisonnable et du possible, "[elle est] belle, lumineuse, à cause de cet amour qu'[elle] porte comme une boule de foudre à la place du coeur." (p. 19)

Poignante histoire! le rejet que subit Céline est violent et sale. Il colle aux mots. Mais, majestueuse et hors norme, Céline est une merveille antique et mythologique, un kaléidoscope de figures féminines. Céline, c'est la femme du Déjeûner sur l'herbe, c'est Léda, c'est La Laitière de Vermeer, c'est un modèle de Courbet. Céline, c'est Marie-Madeleine, rejetée, jugée, lapidée de mots, mais si généreuse devant ses détracteurs. Céline, privée de son enfant, est une mère incarnée, une Vénus callypige faite pour l'amour. Corps d'albâtre et de miel modelé pour la vie, Céline attend le retour de son vagabond, les retrouvailles qui la feront enfin femme aux yeux des autres. Céline rêve de Roland de Roncevaux, d'un chevalier preux qui la sauverait de sa solitude.

Légèrement décontenancée par l'absence de majuscule sur le premier paragraphe du livre, j'ai toutefois apprécié de plonger immédiatement dans le texte. La dédicace à René Guy Cadou et à sa femme Hélène est joliment reprise au sein du texte, par un hommage que le personnage fait au poète.

Le texte est poétique, touchant, mais trop court. Ou peut-être trop long, puisque l'on assiste à la pitoyable chute de cette femme sublime, à la déchéance ultime d'une figure dont personne ne veut. J'aurais préféré en savoir un peu moins, finir sur l'image chaude de Céline qui étend son linge en rêvant de voiliers, ne pas participer au lynchage culturel et stéréotypé de cette femme inadaptée. Mais je garderai de cette lecture un beau souvenir. Et je conseille le texte de Françoise Lefèvre aux amoureux des femmes, des vraies.

Encore un grand merci à Clara qui a fait voyager ce livre jusqu'à moi.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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"et s'il fallait un commencement...'
Le récit s'ouvre sur une lettre minuscule comme s'il n'y avait pas de début à cette histoire de grosse, de trop grosse, celle de la grosse Céline Rabouillot que rien ne prédestinait à devenir garde-barrière. et qui vit sans majuscule une vie toute petite, humble avec un physique trop imposant pour tous ceux qui se moquent d'elle au village. Elle traîne son corps comme si elle avait la charge de valises. Elle le cache en jetant sur ses épaules un châle de soie noire à grandes fleurs qui éclatent comme des coquelicots. Alors le boucher et les autres autour la traitent d'excentrique et se moquent d'elle, encore et toujours, quoi qu'elle dise et quoi qu'elle fasse! Ils ne la connaissent pas mais ils savent qu'ils ne l'aiment pas.
Alors Céline vit dans ses rêves. Elle attend son Roland de Roncevaux, son beau chevalier. Elle court chaque matin vers sa boîte aux lettres mais elle n'y trouve que de la publicité. A perte de vue la route est vide.
(...)
C'est une belle histoire tissée dans une écriture faite de rêve et de simplicité.

Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Céline Rabouillot est devenue garde-barrière. Pour elle, dans cette petite maison de campagne qu'on lui alloue, loin de tout, tout est synonyme de liberté. Enfin, elle a trouvé un lieu où elle peut rêver à son amour perdu, oublier son enfant disparu, et se cacher. Car Céline est grosse, très grosse, si grosse que pour les autres, sa simple vue semble être une offense. Pourtant, Céline est belle, mais peu le voient, seulement ce vieil homme qu'elle entoure de ses soins, Anatolis, et puis aussi Sylvestre et Noémie, dont elle s'occupe si bien.

Ce petit livre est un poème. Que vous dire de plus ? Nous entrons avec les mots de Françoise Lefèvre dans un univers de sensations qu'on ne refermera qu'à regrets au terme des pages tournées.
Beaucoup d'images me sont venues à l'esprit pendant ma lecture, très colorées, poétiques ou romanesques. Il y eut même quelques paysages russes, froids, des rues de Paris, l'hiver, l'été, la chaleur, le bruit des oiseaux, le silence... Et puis, j'ai pensé aux personnages de Botero, à leur grâce particulière, et je me suis dit que ce roman c'était ça, ce mélange, et au milieu une femme rousse, belle, grosse, qui sublime le présent et étreint - un peu, beaucoup - le coeur.


Lien : http://antigonehc.canalblog...
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Un auteur que j'aime beaucoup, car elle publie de court texte d'une très grande sensibilité à fleur de peau. " Et puis un jour elle lit une annonce disant que dans un coin de Bourgogne on demande une gardienne pour un passage à niveau assez isolé sur une ligne où ne circule qu'un train par jour ou plutôt par nuit." Par hasard, Céline est garde barrière en Bourgogne, elle est grosse comme l'indique le titre du roman, plus jeune elle fut mince et coquette, la vie n'est pas aussi simple et fait que le corps change. " Elle sourit, Joconde obèse, que des siècles d'attente auraient fait grossir. Un quintal. Cent kilos. Elle sourit presque toujours et jette un châle sur ses épaules pour cacher l'absence les chagrins, le poids d'un enfant mort." C'est tout ce qu'elle a trouvé dans un premier temps elle parle trois langue, elle est l'amie des enfants qui l'aiment qui ne la jugent pas eux ! D'être grosse ne l'empêche pas de séduire un homme âgé Anatolis l'ami des abeilles. C'est un court texte sur le regard des autres, l'attention que l'on porte à l'autre. C'est assez cruel mais très réaliste malheureusement ! Un livre beau et très touchant.
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100 pages pour raconter le destin d'une « grosse » Céline Rabouillot. Un livre sur la différence pas acceptée dans le tissu très rural de Bourgogne où elle vit. Un roman percutant qui nous permet de découvrir la belle personne contenue dans cette enveloppe de chair que tout le monde condamne.

Céline a eu plein de vies différentes : elle a été (et reste) belle avec sa chevelure flamboyante, trilingue, hôtesse de l'air, a eu un mari et un enfant qu'elle a perdu, s'est laissé aller de chagrin…. jusqu'à ce qu'elle devienne garde-barrière, surveillant le passage de l'unique train de la journée à 00h37. Elle a un voisin, la seule personne qui lui témoigne un peu de gentillesse. Mais il est atteint d'un cancer et disparait à son tour. Elle perd son travail et doit faire face à la précarité. Je ne t'en dis pas plus…. Ce texte est magnifique, poétique mais très triste. C'est court et intense. Arme-toi de courage car ça fait mal !

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Lien : https://recettesetrecits.fr/..
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un petit bijou de livre. Une écriture toute en finesse sur un sujet banal. Quelle auteure! j'ai adoré.
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