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C'est l'histoire d'une très belle femme, de celles qui ont le coeur sur la main et donnent tout ce qu'elles ont. L'histoire d'une femme qui aime les enfants, les oiseaux, la vie. C'est l'histoire de Céline.
Autour de Céline, il y a les autres. Ceux qui ne la voient pas, ceux qui lui crachent au visage, ceux qui ne la comprennent pas, qui ne voient pas ses longs cheveux lumineux volant dans le vent, ni ses yeux couleur opale. Pour les autres, elle n'existe pas. Elle est juste La grosse.

Céline se rend bien compte que son apparence dérange. Pourtant, elle ce qui l'étouffe c'est l'absence. L'absence qui la remplit tout entière. Même qu'il est partout jusque dans le regard des gens. Céline est mélancolique, elle pense à son enfant qui n'est plus, à son homme vagabond qui erre au pays des absents, alors pour ne pas s'éteindre, elle aime, Céline. Elle ne compte pas ses sous, elle donne et regarde tristement ces mères et ces autres qui se terrent dans la mesquinerie ou l'indifférence.

C'est un récit éblouissant comme je les aime, de ces récits où chaque mot a son importance, une histoire que l'on pourrait souligner du début à la fin tant la profondeur du sujet est exposé avec finesse, sensibilité, émotions. J'ai été émue. Très émue. Touchée à vif. La grosse ce n'est pas que Céline, ce sont tous ces êtres différents jugés et mal aimés.
Une auteure que je vais suivre avec grand intérêt, c'est certain.
Merci Françoise Lefèvre.
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Céline Rabouillot est garde-barrière. Un métier qu'elle n'a pas choisi mais qui s'est offert à elle. Elle ouvre et ferme la barrière du train qui passe à 00h37. Toutes les nuits, elle se pare d'un châle, se maquille un peu, met du rouge aux lèvres et fait son métier presque avec passion. Elle se sent utile, c'est beaucoup pour elle. Céline vit seule dans une maison qu'on lui a prêtée, s'occupe du jardin, des stères de bois, des oiseaux à qui elle donne du bon lard. Mais, surtout, elle s'occupe de son voisin, Anatolis, un vieil homme, atteint d'un cancer en phase terminale. Alors, elle essaie d'égayer ses journées, lui écrit des poèmes, soulage ses douleurs, lui fait à manger. Elle s'occupe également de deux enfants, Noémie et Sylvestre, qu'elle emmène parfois à la fête foraine. Mais, voilà, Céline porte le deuil de son enfant, percuté par une voiture, et pense à lui tout le temps. Et surtout, Céline est grosse, très grosse. Et les gens ne voient que ça. Ils ne voient pas sa beauté, sa bonté et tout l'amour qu'elle a en elle...

Françoise Lefèvre nous offre un récit à la fois tragique et plein d'espoir. Emplie d'amour et de gentillesse, Céline a un coeur gros comme ça et a tant à donner. Mais, n'étant pas comme les autres, parce qu'elle est grosse, personne ne voit en elle autre chose que ses kilos en trop. Gonflé par l'absence, le chagrin, le coeur est lourd et finalement, c'est tout son corps qui devient trop lourd. D'une écriture envoûtante et poétique, ce court roman est à la fois empli d'une tristesse profonde, d'une clarté cachée et d'une noirceur provocante. C'est à la fois un poème transcendant, un tableau de Botticelli où le regard se fige, un roman qui nous transporte, un conte parfois cruel qui montre toute l'étendue de la méchanceté et de la fragilité des hommes.

La grosse... tout en finesse...
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Le titre intrigue autant qu'il rebute et pourtant, derrière cette couverture se déroule un récit simple, direct, tranquille et profond. La grosse est garde barrière dans un petit village de bourgogne. Elle est trilingue, mais son enfant est décédé, son mari est parti alors elle s'est laissé allé et puis elle a eu l'occasion de prendre ce poste avec cette maison. Depuis elle se construit une vie réglée comme une horloge, dans un village paisible mais aux langues fourchues. On rencontre la mère anorexique qui lui confie ses gamins le mercredi, son voisin s'éteignant d'un cancer, le ramoneur, Roncevaux le vagabond... On se sent loin de tout, hors du temps, on parle encore en franc. Pourtant notre monde moderne est bien en marche. Un jour elle reçoit une lettre de la SNCF. La page se tourne. Et elle ? Je ne raconte pas plus. J'imagine bien un film avec Yolande Moreau pour faire vivre cette histoire. Touchante, poignante, prenante.
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Cent kilos. Cent kilos d'amour et de tendresse que Céline déverse sur Anatolis, son vieux voisin en phase terminale de cancer, et sur les deux enfants d'une voisine qu'elle garde le mercredi, en plus de son travail peu gratifiant de garde-barrière.
Mais cent kilos, c'est trop ! On n'étale pas ainsi ses rondeurs face aux autres, tous si contraints par les normes affichées qui servent de cadre. Il faut rentrer dans le moule de la bien-pensance et n'afficher aucune particularité. Et surtout pas celle du poids. Alors Céline se mange les réflexions des autres qui jamais ne cherchent à savoir comment, pourquoi son monde intérieur s'est développé ainsi. C'est qu'elle en cache des manques Céline, manques qu'elle essaie d'étouffer dans ses plis et son sourire et ses cheveux flamboyants...

Ce petit texte est d'une cruauté douce et brutale. C'est délicieusement raconté et pourtant si difficile à digérer. L'écriture est très poétique, légère et pourtant comme la peine est profonde, indicible. Être aveugle au monde, ne voir que les apparences, sans doute est-ce plus simple...
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Rien ne prédestinait Céline Rabouillot à devenir garde barrière et jamais personne ne lui demande comment elle va. On dit juste " - Tu as vu la grosse ? "
Parceque oui, Céline est grosse, une grosse garde barrière. Un quintal. Cent kilos. Mais Céline sourit toujours et çà, ce n'est pas normal quand on est aussi grosse ! Et chaque fois qu'elle pose son châle sur ses rondeurs, les gens s'offusquent de la voir attifée de la sorte " - On ne se met pas çà sur le dos, quand on est aussi grosse ! " Toujours les mêmes propos qu'elle entend dans son dos.

De leur regard invalide, tous ignorent que Céline parle trois langues et qu'elle était hôtesse de l'air...avant. Avant que le malheur ne s'abatte sur elle.
La mort de son enfant dans un accident de la route, l'abandon d'un homme, la perte de son emploi. Et la descente, inexorable: chômage, anpe, formation, stage, entretien et pas même une réponse. Par chance, elle déniche un emploi de garde barrière, mal rémunéré en campagne, près d'Anatolis, son voisin rongé par la maladie, pour lequel elle se dévoue corps et âme.
Céline vit de peu, apprivoise l'absence de son enfant, cette absence qu'elle porte en elle, des mots d'amour qu'elle ne prononce pas, mais qui l'éclairent de l'intérieur, illuminant ses yeux, ses mains, sa peau, sa chevelure. Mais çà, les gens ne le voient pas. Ils voient juste une grosse !!!


Oh my god ! Ce petit roman de Françoise Lefèvre est une tragédie dans toute sa magnificense, le regard sur l'obésité, la différence donc. L'auteure nous décrit une Céline toujours fringante malgré les allusions et les railleries dont elle fait l'objet dans une société en quête de perfection physique de plus en plus effarante.
Sans jamais tomber dans le mélodrame, Françoise Lefèvre réussi une formidable performance de tourner en dérision les réflexions de Céline sur son propre poids, ce poids qui dérange les autres plus qu'il ne l'a dérange. Parcequ'elle a aussi la capacité de nous faire sourire, bien au-delà des larmes qu'elle porte en elle et qui lui servent de rempart.


Un énorme coup de coeur pour ce récit de toute beauté, oh! que oui ! Un nouveau livre déniché à la bibliothèque que je compte bien acheter, tant on ne se lasse pas de cette lecture sublime, poétique et terriblement humaine sur la différence, quelle qu'elle soit.
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Céline est grosse : voilà, c'est dit. Mais Céline ne se réduit pas à cette apparence. Derrière cette enveloppe bien encombrante, elle cache les coups durs du passé, mais elle cache aussi d'immenses qualités, à commencer par un générosité presque sans limite. Le problème, c'est que les gens s'arrêtent à cette barrière physique, et ne la voient pas telle qu'elle est réellement. Alors elle écrit elle-même les mots d'amour qu'elle aimerait recevoir, mais dont elle sait qu'elle ne les recevra jamais : "Qui accepterait la passion de cette grosse femme dont l'esprit est si mal assorti à son apparence ?"
Les gens qui voient Céline disent : "Tu as vu la grosse ?", ils ne cherchent pas à regarder plus loin. Ils ne savent pas avec quel amour et quel dévouement elle s'occupe du vieil Anatolis, avec quelle humanité elle l'accompagne dans sa fin de vie. Céline est une belle personne, mais à part Anatolis, nul ne le voit.
Françoise Lefèvre a écrit un texte absolument magnifique, plein de délicatesse et de poésie. Elle nous fait vivre dans notre tête et presque dans notre chair les souffrance de Céline, grosse dans une société où l'apparence est primordiale. Et au-delà de l'exemple de Céline, elle nous rappelle qu'il ne faut pas juger les gens sur leur physique, et nous amène à réfléchir sur la différence. C'est un thème déjà abondamment traité, mais l'auteur l'a abordé ici d'une façon sublime.
Lisez ce court roman, soyez à votre tour touchés par la grâce de Céline.
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Céline a le coeur gros. Elle sourit pourtant. Elle se maquille un peu pour aller fermer sa barrière pour l'unique train qui passe à côté de sa petite maison à 00h37.
Céline a vécu un drame personnel terrible et continue à vivre avec cette absence au coeur.
Personne ne la voit dans son minuscule village. Enfin si. Tout le monde la voit Céline car Céline est grosse. D'ailleurs, elle est La grosse tout court. Et les gens s'arrêtent là. Ce qu'ils ignorent c'est qu'elle a surtout un gros coeur Céline.
Anatolis le sait, lui. Céline est son amie. Elle s'occupe de lui depuis 3 ans qu'il est malade, lui fait sa soupe, parfois un peu de ménage, le masse, lui fait la lecture…
Noémie et Sylvestre, les deux enfants qu'elle garde le mercredi, le savent aussi :
« - Tu as vu comme on te regarde ? Il y a un type qui s'est retourné quatre fois. C'est parce que tu es belle ! Céline, tu es belle comme une statue de Paris ! Un jour, j'en ai vue une du bateau-mouche. Elle tenait un pont à elle toute seule ! Tu te rends compte, tout un pont de Paris sur ses épaules. Et ça n'avait pas l'air de la fatiguer. Non, pas du tout. Elle souriait en soutenant le pont. »
Pour supporter son coeur gros Céline a donc trouver un équilibre. Mais quand une lettre arrive pour lui annoncer que la ligne de train va être remplacer par le TGV…
Un très beau texte plein de pudeur sur un personnage pudique et généreux qui cache une tristesse incommensurable sous un carapace de chair…
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Céline a un cœur "gros comme ça", aussi gros que son corps énorme qui porte le deuil d'un fils décédé trop tôt. De ce fait, souvent Céline a le cœur gros. Pour tromper son chagrin, elle croque à pleine dents les petits bonheurs du quotidien et partage le peu qu'elle a avec ceux qui l'aiment. Oh, ils ne sont pas très nombreux car sa différence rebute, mais parmi eux, il y a Anatolis, son voisin, un vieil homme qui lutte contre un cancer et Sylvestre et Noémie, deux enfants qu'elle garde le mercredi. Pourtant il est parfois difficile de conserver son enthousiasme quand le sort s'acharne sur vous.

Découvert par hasard sur Babelio (Merci Magali), ce tout petit livre est un véritable poème en prose. Les premiers chapitres sont un enchantement, une ode à la nature. Malgré le deuil qu'elle porte au fond d'elle, Céline est une âme généreuse qui aime la vie et qui fait fi du regard des autres sur son obésité. L'écriture de Françoise Lefèvre, auteure que je découvre également est magnifique. Sa plume est délicate lorsqu'elle nous dépeint tout ce qui évoque la beauté, que ce soit celle des sentiments, du personnage de Céline, ou du monde vivant. Elle se fait réaliste quand elle évoque la désertification des campagnes ou l'anonymat des grandes villes, puis incisive pour traduire la méchanceté, la médisance ou décrire la discrimination liée à la "différence".

Je donne un 17/20 à cette lecture. Si je ne mets pas la note maximale, c'est à cause de l'orientation tragique que prend le roman dans sa deuxième partie, je m'étais tellement attachée au personnage de Céline...
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un émerveillement d'écriture, une atmosphère, une beauté, une écrivain(e) extraordinaire : on en redemande ! un peu triste, oui mais pas plus que la vie qui parfois ... à lire, à relire, à offrir, je l'ai acheté bien que mes bibliothèques crient grâce : je fus inflexible !
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Notre bourguignonne Françoise Lefèvre écrit des romans forts et des récits bouleversants comme en exemple, "Le Petit Prince Cannibale" où l'auteure raconte avec émotions, ce que fut son quotidien, pendant plusieurs années, avec son enfant déclaré autiste.
*

Son petit roman « La grosse », est de toute beauté et d'une grande humanité. Il est écrit avec une grande poésie et de la pudeur.
L'auteure m'a une nouvelle fois ému par son plaidoyer contre les préjugés et la grossophobie.
Françoise Lefèvre dénonce elle aussi, cette dictature de la beauté et des corps féminins sublimes.
Des corps parfaits, qui s'exhibent dans les publicités, dans les magazines pour femmes. Ou qui sont vantés aujourd'hui par cette nuée de dites « influenceuses », toutes maquillées, retouchées, photoshopées, botoxées. Et qui pour certaines, sont déjà passées très jeunes par le bistouri chirurgical.

Et même que parfois nous, hommes, nous arrivons à tomber dans le panneau en nous écriant, comme dans la chanson de Johnny :

-« Hé, regardes un peu, celle qui vient !
Cette fille-là, mon vieux
elle est terrible »
*

L'histoire de Céline, l'héroïne du roman, est comme une tragédie.
Céline, une femme célibataire, est garde-barrière dans un village perdu quelque part en Bourgogne.
Mais ce qui différencie Céline, c'est qu'elle est une grosse femme de cent kilos.
Une énorme dame, dans son poids dérange les habitants du village, qui la raillent, qui la méprisent parfois. Qui se moquent de cette obèse, oubliant même son prénom en l'appelant par ce surnom réducteur « La grosse ».
*

Les gens sont méchants parfois, sont intransigeants, sont blessants, mais surtout sont suspicieux.

Les habitants ont toujours vu d'un mauvais oeil Céline, cette étrangère venue s'installer dans leur village.
Ils l'ont stigmatisée, car Céline vit seule, car elle porte de trop longs cheveux roux, car elle n'a pas le sou mais achète tout de même du lard pour les oiseaux
C'est une femme qui souffre de son corps difforme, des reproches qu'elle lit dans les yeux et les rictus des autres femmes, qui souffre de sa solitude et des rêves qu'elle a perdus.
*

Mais Céline, malgré la tristesse qui l'entoure a gardé une grande beauté et générosité dans son coeur. Comme ces jours lorsqu'elle fait des crêpes et que les enfants du village viennent les manger. Parce qu'ils aiment Céline telle qu'elle est, parce qu'ils ne portent aucun jugement sur les apparences physiques de cette femme.

Et puis il y a Anatolis, qui lui donne du baume au coeur.
C'est son proche voisin, un petit vieux, avec ses petits secrets, qui est en phase finale de son cancer.
Pour lui, Céline c'est « sa lumière », comme lui dit. Elle est celle est qui lui redonne de sa vitalité, qui lui redonne du courage d'affronter son mal et la peur de la mort qui approche.
*

Céline retrouvera-t-elle, grappillera-t-elle enfin quelques instants de bonheur auprès d'Anatolis qu'elle affectionne particulièrement ?
Un homme qui est lui aussi plein d'attentions et de bonnes intentions pour elle.

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