Notre bourguignonne Françoise Lefèvre écrit des romans forts et des récits bouleversants comme en exemple, "
Le Petit Prince Cannibale" où l'auteure raconte avec émotions, ce que fut son quotidien, pendant plusieurs années, avec son enfant déclaré autiste.
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Son petit roman «
La grosse », est de toute beauté et d'une grande humanité. Il est écrit avec une grande poésie et de la pudeur.
L'auteure m'a une nouvelle fois ému par son plaidoyer contre les préjugés et la grossophobie.
Françoise Lefèvre dénonce elle aussi, cette dictature de la beauté et des corps féminins sublimes.
Des corps parfaits, qui s'exhibent dans les publicités, dans les magazines pour femmes. Ou qui sont vantés aujourd'hui par cette nuée de dites « influenceuses », toutes maquillées, retouchées, photoshopées, botoxées. Et qui pour certaines, sont déjà passées très jeunes par le bistouri chirurgical.
Et même que parfois nous, hommes, nous arrivons à tomber dans le panneau en nous écriant, comme dans la chanson de Johnny :
-« Hé, regardes un peu, celle qui vient !
Cette fille-là, mon vieux
elle est terrible »
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L'histoire de Céline, l'héroïne du roman, est comme une tragédie.
Céline, une femme célibataire, est garde-barrière dans un village perdu quelque part en Bourgogne.
Mais ce qui différencie Céline, c'est qu'elle est une grosse femme de cent kilos.
Une énorme dame, dans son poids dérange les habitants du village, qui la raillent, qui la méprisent parfois. Qui se moquent de cette obèse, oubliant même son prénom en l'appelant par ce surnom réducteur «
La grosse ».
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Les gens sont méchants parfois, sont intransigeants, sont blessants, mais surtout sont suspicieux.
Les habitants ont toujours vu d'un mauvais oeil Céline, cette étrangère venue s'installer dans leur village.
Ils l'ont stigmatisée, car Céline vit seule, car elle porte de trop longs cheveux roux, car elle n'a pas le sou mais achète tout de même du lard pour les oiseaux
C'est une femme qui souffre de son corps difforme, des reproches qu'elle lit dans les yeux et les rictus des autres femmes, qui souffre de sa solitude et des rêves qu'elle a perdus.
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Mais Céline, malgré la tristesse qui l'entoure a gardé une grande beauté et générosité dans son coeur. Comme ces jours lorsqu'elle fait des crêpes et que les enfants du village viennent les manger. Parce qu'ils aiment Céline telle qu'elle est, parce qu'ils ne portent aucun jugement sur les apparences physiques de cette femme.
Et puis il y a Anatolis, qui lui donne du baume au coeur.
C'est son proche voisin, un petit vieux, avec ses petits secrets, qui est en phase finale de son cancer.
Pour lui, Céline c'est « sa lumière », comme lui dit. Elle est celle est qui lui redonne de sa vitalité, qui lui redonne du courage d'affronter son mal et la peur de la mort qui approche.
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Céline retrouvera-t-elle, grappillera-t-elle enfin quelques instants de bonheur auprès d'Anatolis qu'elle affectionne particulièrement ?
Un homme qui est lui aussi plein d'attentions et de bonnes intentions pour elle.