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4,31

sur 974 notes
J'ai toujours trouvé que Dennis Lehanne était un incroyable conteur a tel point que se romans peuvent (et ont) servis a en faire des films.

Une fois encore, ce roman est juste exceptionnel. Ses personnages sont travaillés avec une extrême finesse. Rien n'est laissé au hasard.

Bien évidemment le scénario est juste prenant et nous emmène loin , en véritable immersion au début du XXème siècle.
D'ailleurs je crois bien que là ou réside la qualité première de l'auteur c'est de créer une certaine atmosphère qui fait qu'on se sent emporté, que dis-je téléporté, dans l'univers qu'il nous décrit. On y est. On le vit, en tant que spectateur, en somme en live. Quand je regarde un concert sur un DVD , on n'a pas cette atmosphère qui règne dans un vrai concert. Et bien pour moi Lehanne là fait. Il a su tellement bien retranscrire ses idées, les émotions que le lecteur y est réellement.

Et puis la retranscription des grèves est juste magistrale. Et les sujets traités au fond par ce roman sont assez fort. Parce que le racisme, l'immigration, les malversations.. rien n'est oublié.

Ce roman est pour moi un très, très grand roman, très fort et plein d'humanité.
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Avant j'aimais Lehane. Mais ça c'était avant.
A présent, j'admire davantage. Je place l'écrivain dans le cénacle de ceux, rares, qui racontent l'Amérique entre histoires et Histoire, tissant un récit aussi dense et somptueux qu'une toile de Jouy.

Un pays à l'aube, c'est l'Amérique entre 1917 et la prohibition de 1919. Ce sont sept cent cinquante pages qui annoncent dans leurs spasmes sauvages la modernité naissante d'un XX° siècle américain qui s'étourdira de jazz, dressera ses buildings toujours plus haut, connaitra quelques années prospères, tombera dans le capitalisme pour ne plus s'en relever.
John Edgar Hoover pointe déjà son nez.
Les mouvements politiques balaient les rues de Boston. Il y a des rêves anarchistes dans l'air, des bombes qui s'égarent parfois, des tracts bolchéviques qui viennent titiller ces entreprises mangeuses d'hommes. Il y a les noirs que l'on congédie pour faire place aux soldats rentrés d'Europe dans la grande épidémie de grippe. Il y a ce racisme qui ulcère l'âme, gangrène l'espoir d'une impossible égalité. A ce titre, la partie de base ball inaugurale du roman est un sommet en plus d'un hommage à Outremonde de Don DeLillo.
Il y a ces espoirs syndicaux qui s'embourbent déjà.

Avant, j'aimais Lehane. Mais ça, c'était avant. Maintenant je l'élève toujours plus haut dans mon palmarès personnel. Lui qui redonne vie et parole à ces anonymes engloutis par L Histoire. Lui qui dénonce par des faits (rien que des faits) ce rêve américain qui, malgré ses désenchantements, ne cessera de renaître comme si le seuil de pauvreté jamais ne touchait une part importante de la population.
Jamais d'envolées lyriques. Juste quelques vols de briques. Jamais de considérations oiseuses sur le bien et le mal. Des histoires qui s'enchevêtrent et racontent des hommes. Aucun aphorisme d'écrivain qui se regarde écrire mais le détail qui succède au détail.

Avant j'aimais Lehane. Mais ça, c'était avant. Aujourd'hui, je ne le réduis pas à un auteur de. Avez-vous remarqué combien est réducteur tout complément du nom écrivain? Être écrivain de romans policiers pose moins qu'être écrivain. Pourtant, sans vouloir être mauvaise langue, je connais moult écrivains-tout-court qui ne valent guère l'usure des yeux même minime que la lecture de leur prose reliée engendre. Mais ceci est une autre littérature.

Avant j'aimais Lehane. Mais ça, c'était avant. Maintenant j'aime Lehane.
Il y a juste qu'après un pays à l'aube je possède la preuve que cet écrivain-là est un grand écrivain. Il a su dresser un portrait politique, social, moral d'une Amérique charnelle, pleine de suie, de mélasse, de fureur, d'espoir et de haine. Et il lui a suffi d'incarner quelques destins pour ce faire.
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Boston 1919, l'Amérique retrouve ces soldats après la première guerre mondiale. Ces héros ont bien l'intention de récupérer leur travail, occupés par la communauté noire pendant leur absence. Mais voilà, le chômage, les mouvements sociaux et raciaux, l'inflation sont au coeur du pays, de plus la grippe espagnole fait son apparition causant une mortalité affolante. Dans ce contexte, nous suivons cette fresque à travers Danny Couglin, fils ainé d'une famille irlandaise dont le père est une figure emblématique de la police et Luther Laurence, un jeune noir idéaliste. Ce qui frappe le lecteur c'est l'incroyable complexité de l'époque, à ce titre le travail de documentation est remarquable, et le nombre impressionnant de personnages qui jalonne le récit.
Cette fresque est tout simplement extraordinaire, Lehane nous attire dès les premières pages avec une puissance narrative incroyable. Chaque personnage se bat avec ces idéaux et ces fantômes et Lehane entrecroise ces destins de façon magnifique. Une fresque puissante, passionnante, formidable photographie d'une Amérique en pleine construction. Un pays à l'aube, un auteur à son apogée.
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Ayant une expérience limitée de Dennis Lehane (le 1er Kenzie-Gennaro et c'est tout), je m'attendais à un polar du même type, avec le même style impayable, mais situé dans la Boston des années 1918-1920 et prenant comme héros les grands-parents des détectives de la tour d'église. Un pays à l'aube, ce n'est pas ça du tout... et c'est probablement tant mieux pour nous !

Pour commencer, ce n'est pas un thriller à proprement parler, plutôt un roman historique sombre autour de 2 thèmes importants : le syndicalisme et le racisme (j'oubliais, ça parle aussi d'un 3ème thème important de temps en temps : le baseball). le livre apporte certes son lot de morts violentes, d'agressions et d'injustices, mais sans qu'il y ait enquête ou qu'on s'interroge sur les auteurs et les mobiles. Non, ce sont simplement des événements de la vie courante pour ceux qui ne se trouvent pas du bon côté de la barrière en cette période troublée (et ils sont nombreux, que la barrière vienne du statut social, de la couleur de peau ou simplement d'une histoire personnelle malheureuse).

Ensuite, les personnages sont plus nombreux, plus complexes, et on fait connaissance avec eux plus en profondeur (alors que dans un polar ''classique'', l'intrigue policière occupe presque toute la place). Évidemment, on s'attache à Danny, flic qui suit au départ les traces de son père le capitaine, jusqu'à ce que sa conscience s'éveille au fil de ses missions d'infiltration, de l'aggravation des terribles conditions de travail de ses collègues et des injustices faites aux Noirs. À Luther aussi, qui personnalise les impasses auxquelles un Noir se trouvait confronté à cette époque-là, aussi doué, idéaliste et malin soit-il. À Nora enfin, dans une certaine mesure la femme fatale de l'histoire, embourbée dans ses souhaits paradoxaux de liberté et de respectabilité. J'aurais aimé les connaitre, tous les trois, partager un verre de vin avec eux sur le toit, plaisanter et refaire le monde. Les portraits des personnages secondaires sont très réussis aussi : de Babe Ruth qui aimerait être un grand homme mais ne parvient qu'à être un grand joueur de baseball (assez sympathique, malgré tout) au lieutenant Eddie, le gentil parrain de Danny qui bascule parfois dans les préjugés et la haine (nettement moins sympathique, pour le coup). Puis toute la famille Coughlin, Lila, les Gidreaux, les communistes, les anarchistes, les policiers, les syndicalistes...

Parce que c'est ça, la dernière particularité de ce roman : il est basé sur un fait réel méconnu, la grève de la police de Boston en 1919, et nous apprend énormément de choses sur la période, les mentalités et les événements. Cela se traduit dans le style, plus sérieux et moins percutant, mais toujours fin et agréable. On se sent (un peu) plus intelligent après la lecture, je me suis même surprise à reconsidérer ma position sur les syndicats (ou à tout le moins à me dire que je devrais me documenter plus sur la question).

Bref, une lecture tout à fait passionnante (mais je me réjouis quand même de retrouver le Lehanne de Kenzie-Gennaro dont j'avais vraiment adoré l'humour, par ex 'Gina-du-bain-moussant' qui est devenu culte pour moi).
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Un moment de l'histoire d'une ville américaine, à travers trois personnages qui représentent trois visages de l'Amérique du vingtième siècle.

Il y a Babe Ruth, le joueur de baseball qui sera un des plus célèbres de l'histoire (et l'idole de mon grand-père, mais je ne peux pas m'empêcher de me demander comment les exploits des sportifs étaient connus à travers le monde à l'époque où il n'y avait ni télé, ni internet…)

Il y a le jeune policier Danny Coughlin, un Irlandais catholique, dont le père est capitaine de police. C'est aussi un idéaliste qui veut bien faire son métier et gravir les échelons. Il n'est pas attitré par la religion ou la politique, mais il veut défendre les siens et sera impliqué presque malgré lui dans ce qui deviendra un syndicat de policiers.

Il y a aussi Luther Lawrence, un noir qui est peut-être aussi doué au baseball que Babe Ruth, mais qui, bien sûr, ne peut pas participer, car on est alors en 1918 et le premier Noir ne sera admis dans les ligues majeures qu'à partir de 1947. Luther ressent avec acuité le malaise de ces gens qui sont exploités et méprisés à cause de la couleur de leur peau, tout en étant tiraillé entre son besoin de liberté et l'amour de sa famille.

Le protagoniste principal toutefois, c'est peut-être la société américaine elle-même. On la découvre à travers les évènements de l'histoire, la fin de la guerre, la grippe espagnole, mais aussi la violence sociale, comme à East-Saint-Louis où des Américains blancs ont incendié un quartier noir. Mais il n'y a pas que des tensions raciales, c'est aussi le début des luttes de travailleurs, avec une répression souvent sauvage de la part d'une escouade policière spéciale. Ces affrontements peuvent dégénérer en émeutes où de paisibles citoyens se transforment en vandales et en pillards qui frappent allègrement leurs semblables.

Un excellent thriller qui ouvre une page d'histoire et rappelle la fragilité de la liberté et de la paix sociale.
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Un pays à l'aube de Dennis Lehane – traduit par Isabelle Maillet – fait partie de ces classiques US incontournables qui forment le socle de ma PAL. Ayant (très) longtemps attendu son tour, il en est enfin sorti… Et que ce fut bon !

Comme d'autres avant moi, je partais avec l'idée préconçue d'attaquer un « must-read » du polar et, comme d'autres avant moi, j'ai été bluffé : c'est un monument de littérature ! Car au-delà de la saga familiale des Coughlin, Lehane nous invite à redécouvrir une période charnière de l'histoire des États-Unis, ces deux années post Première Guerre mondiale qui firent douter le monde et l'Amérique par ricochet.

Avec Danny le flic, Luther le noir du sud en fugue dans le nord et Babe la star du baseball, mais aussi Tessa l'activiste révolutionnaire, Ralph le syndicaliste opportuniste ou Peters le maire repenti, ce sont les tourments de l'Amérique qui s'incarnent : la difficile remise en cause de la ségrégation, la corruption, la lutte des classes, le capitalisme flamboyant, l'injustice de classe, l'homme ramené au rang de marchandise…

Tout cela est raconté dans un élan épique qui ne cesse de monter en puissance jusqu'aux dernières pages d'émeutes, véritables bijoux littéraires qui m'ont emporté. Lehane, c'est Zola, Hugo et Steinbeck réunis. Non, un pays à l'aube n'est pas un polar : c'est Germinal dans le Massachusetts ; Les misérables à Boston ; Les raisins de la colère version urbaine.

860 pages avalées en quelques jours sans relâcher mon souffle… Et j'en redemande !
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Une seule chose à dire, moi aussi, je suis Lehane-fan!
Dans la série Kenzie-Gennaro, sans doute un faible pour Ténèbres , prenez moi par la main, et Gone, baby gone dont j'ai d'ailleurs aimé aussi l'adaptation par Ben Affleck;
Mystic River, et Shutter Island ( un monument dans la manipulation du lecteur, celui-là.. ), excellents.

Un pays à l'aube est grand roman américain. Racontant cette nation et ses habitants à un moment donné. Avec les injustices , les jeux truqués d'avance, mais aussi la foi en un pays .
Un pays à l'aube de la modernité, dans un cadre de temps court et bien situé, l'effervescence régnant à Boston à la fin de la Première guerre mondiale. Epoque assez symétrique à la nôtre, crise économiques, désarrois idéologiques et terrorisme mené par des groupes radicaux d'origine européenne. C'est foisonnant, de personnages, de croisements de destins , la construction , ponctuée par les retours du personnage de Babe Ruth, héros du baseball de l'époque , le sport américain par excellence, ne laisse pas une minute de répit au lecteur, c'est bien sûr « cinématographique » , mais aussi, et encore une fois, très actuel et passionnant.

Pas encore lu "Ils vivent la nuit", ça ne saurait tarder!


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L'auteur aurait-il fini de régler ses comptes avec son enfance ?
Ce récit est beaucoup moins sombre que les précédents, pourtant renommés à juste titre.
En le lisant, j'ai beaucoup pensé à Howard Zinn et son "Histoire populaire des Etats-Unis", cité d'ailleurs en remerciements.
Dennis Lehane nous narre un pan méconnu de l'histoire de son pays, plus particulièrement celle de la ville de Boston, cadre pour lui familier.
Cette cité est secouée, en 1918-19, par une série de catastrophes : attentats anarchistes, explosion d'une raffinerie sucrière et, pour finir, grève de policiers, d'où émeutes et pillages.
Nous suivons plusieurs personnages, noirs ou blancs, bien rendus, aux caractères forts. L'écriture est, elle, toujours aussi fluide.
En bref, voici un roman parcourir impérativement pour connaître un peu mieux un épisode oublié, du moins par les Européens, de l'histoire de ce grand pays.
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L'action se situe à la fin de la première guerre mondiale, dans une Amérique en proie à de nombreux troubles sociaux, grèves, émeutes raciales et xénophobes. le déroulement du roman est centré sur l'agitation des rouges, anarchistes et bolcheviques, sur l'émergence du syndicalisme et d'une conscience noire, et tout particulièrement sur la grande grève des policiers de Boston de 1919.
Une atmosphère très prenante et particulièrement bien rendue dans un contexte de tension et de violence, centré autour de trois personnages principaux: un policier, un noir, et plus secondairement une vedette de base-ball ( qui nous vaut un début un peu lent). Une fresque passionnante qui nous fait vivre une page sombre de l'histoire des Etats Unis. L'ensemble est superbement écrit. J'avais déjà apprécié Shutter Island mais avec ce livre je suis vraiment conquis par Dennis Lehane.
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Un ouvrage qui occupe depuis un temps certain mes étagères, mais dont j'ai souvent remis la lecture, quelque peu repoussée par son épaisseur… Je me suis longtemps privé d'un vrai plaisir de lecture, et maintenant que la dernière page est tournée, je regrette déjà de l'avoir (déjà) fini…
Présentée dans la collection « roman noir », ce roman, certes pas très rose, me semble plus être un grand roman historique ; et encore le qualificatif est simpliste tant le contenu est complexe.
Roman choral, grande fresque historique, sociale, politique, Un pays à l'aube, touche en réalité le coeur même de ce que sont les Etats-Unis : un melting-pot, une nation crée, et qui s'est construite au fil des luttes humaines, sociales, et raciales.
Si une multitude de personnages habitent ce roman, trois s'en détachent nettement, s'entrecroisent pour en constituer la matrice.
Si l'Europe sort ravagée de la première guerre mondiale, certaines villes des USA vivent des heures noires, et en particulier Boston, cadre principal du roman. Dennis Lehane dresse un tableau très réaliste des évènements et de la situation économique de la ville. Il en découle un climat social difficile, des grèves, une violence urbaine sans précédent ; la ségrégation raciale bat son plein…
Dans ce chaos, chacun tente de faire valoir ses idées, se bat pour ses idéaux ; d'autres regardent le monde évoluer bien assis sur leurs certitudes. Il y a ceux qui nous révulsent, et les autres, que l'on a envie d'accompagner. Aucun ne nous laisse indifférent. Ils nous embarquent tous à leur façon, pour un voyage passionnant.
Ce livre est habilement construit, épais, consistant, mais jamais ennuyeux. Il vous agrippe tant, qu'il est impossible de lui résister, et de le lâcher.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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