Des chats et
Fritz Leiber… Il ne fallait pas grand-chose de plus pour que je me penche sur la nouvelle intégrale des éditions Mnémos, Les Chats sont éternels. Et que je découvre par la même occasion un roman complètement déjanté de l'auteur, interrompant ma lecture le temps d'une chronique. de
Fritz Leiber, je connaissais évidemment son cycle des Épées, mais également ses textes fantastiques, voire horrifiques, et finalement assez peu sa science-fiction.
Et j'étais complètement passée à côté de ce roman paru aux États-Unis en 1953. Comment expliquer
le Millénaire vert ? Imaginez un roman de science-fiction psychédélique à la
Zelazny, Dick ou Sheckley, mais écrit juste après la Seconde Guerre mondiale, dans une Amérique du Nord encore bien puritaine où le Code Hays au cinéma et le Comics Code Authority (mis en place un an après la publication du roman) vont strictement encadrer la fiction pendant longtemps. Dans
le Millénaire vert,
Fritz Leiber se projette tout au début d'un XXIe siècle qui ne ressemble pas du tout au nôtre et où la Guerre froide est encore bien présente, contrairement à l'informatique. Dans un monde où la robotisation a poussé au chômage bien des gens, et dans une ville construite en couche successive, Phil Gish rêvasse en contemplant ses voisines lorsqu'un chat vert entre dans son appartement. de déprimé et timoré, l'homme se retrouve joyeux et sûr de lui durant tout le temps où le chat est en sa compagnie. Quitte à affronter une bande de catcheurs et truands et, une fois le chat disparu à se retrouver mêlé à un imbroglio entre la Mafia, le gouvernement américain, une secte étrange et un psychanalyste particulier. Et pourquoi sa voisine ressemble-t-elle à une version femelle d'un faune lorsqu'elle se déshabille ?
Plutôt court, puisqu'il ne fait que 224 pages, plus une trentaine de pages de notes de l'éditeur de cette version,
le Millénaire vert est un roman sans temps mort. Pouvant se lire comme un polar déjanté à la
Fredric Brown ou à la Jean-Baptiste Pouy (l'aspect politique étant mis en sourdine, époque oblige, mais étant présent), cette histoire mène son lecteur comme son protagoniste par une succession sans fin de situations invraisemblables avant de conclure en apothéose comme dans un film de la séance de minuit. Et le chat ? Vert il est, vert il reste, mais il se porte bien et agit miraculeusement sur tout les. En se lançant à sa poursuite, le lecteur du XXIe fait un plongeon dans la science-fiction du passé dans ce qu'elle a de plus typique, mais également de plus drôle. Et notons que, bien que contraintes par le rôle que l'époque leur assigne, les personnages féminins du Millénaire vert ne manquent pas de punch et sont loin de faire de la figuration.
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