La dédicace nous intrigue, celle dédiée au Musée de Rio de Janeiro.
Nous googlons, évidemment.
Allo, Wiki?
"... le 2 septembre 2018, vers 19 h 30 heure locale, un incendie s'est déclaré dans le palais de Saint-Christophe, lequel héberge le Musée national du Brésil, à Rio de Janeiro.
La perte sur le plan du patrimoine historique et culturel est considérable — « incalculable » selon les termes du président brésilien Michel Temer —, les collections du musée comptant en effet quelque vingt millions d'objets. Aucune victime n'est à signaler...
La police fédérale annoncera le 4 avril 2019 que l'incendie a été provoqué par un dysfonctionnement de la climatisation dans l'auditorium, et qu'il s'est propagé rapidement en raison d'un manque d'équipements de lutte contre les incendies..."
Merci messieurs les pompiers, merci Wiki.
Quelle perte pour
L Histoire et le patrimoine!.
"... En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
UNESCO, 1960.
Cette phrase est attribuée à
Amadou Hampâté Bâ..". Alors, vous pensez, ce que représente la perte d'un musée, même si elle ne supplantera pas la valeur d'une vie humaine.
Ce préambule offrira les grands honneurs à ce qui va suivre.
" Nos fechamos" ( nous fermons).
Le vieux gardien Edson Arantes nous accueillera, nous, lecteurs, pour nous fermer la porte au nez.
Pas intentionnellement, non, juste parce que c'est l'heure.
Non seulement nous assisterons à une fermeture de la soirée mais en plus, il s'agira peut-être d'une fermeture définitive.
Le musée, comme dit dans le récit, n'a plus d'argent.
En dépit de la forte émotion qui se dégagera des premières pages, nous invitant à la suite du vieux gardien dans ses dernières inspections pour chasser le public, nous comprendrons vite où cela nous mène, l'autre thème de l'histoire.
Cette histoire arrive en effet à point, dans une actualité mondiale où l'action de l'Art et la Culture est encore rediscuté comme apport essentiel.
Dans les premières pages, on nous dit que les couloirs du musée sont depuis un moment déserté.
L'auteur est habile, transitant une belle émotion sensible au travers du vieux gardien dont on imagine le parcours ici, depuis des années. On nous parle aussi de son travail d'accueil, il aime les gens et il aimait son travail, c'est certain.
Malgré le caractère un peu dramatique, on profite de superbes illustrations de
Régis Lejonc, d'un réalisme charmant à hauteur d'enfants.
Cette situation fera peut être aussi écho chez certains professionnels du livre, regrettant la belle époque où sur les dernières heures de fermeture, l'annonce de fermeture devait hélas
bouter le public hors de l'établissement, les bras chargés des souvenirs de leur passage.
Et bien, sachez, chers jeunes lecteurs, que l'auteur
Gilles Baum n'aura pas dit son dernier mot.
Il nous imaginera dans la foulée de la fermeture du lieu une nuit des pirates, une visite ultime et exceptionnelle où chacun pourra choisir le souvenir de son choix, sans date limite d'emprunt.
La perspective devient fantastique, bien différente des histoires que certains médias ont pu véhiculé dans la vraie vie, de tristes épisodes où le public casse et brûle la Culture.
Gilles Baum réinvente la fin du tragique incendie du musée de Rio de Janeiro et on préfèrera bien évidemment très nettement cette version qui ne crèvera pas les coeurs.
Le monde d'"Après le musée" sera surprenant, relativisant aussi du coup pour la vraie vie, l'action insolite et peu conventionnelle de certains personnages historiques qui feront de la prison pour de grandes idées essentielles.
Cela amènera forcément le concept de l'activisme auprès des jeunes lecteurs Pré-ados, mais sur une perspective non-violente puisqu'elle est guidée par le sens de la préservation et de l'amour des richesses de notre planète.
Parfois, cette mission peut s'opposer au manichéisme ferme de la loi, cela existe, cela arrive.
C'est un livre doux et fort pour plusieurs publics de générations différentes.
Une belle surprise.