Étant ado au début des années 1990, j'ai donc vécu le phénomène de la littérature arborescente, connue à l'époque sous le sigle LDVELH ( Livre Dont Vous Êtes le Héros) dérivé de la collection du même nom de l'éditeur Gallimard /
Folio Junior qui bénéficiait ( c'est encore le cas ! ) d'un bon réseau de distribution et possédait à son catalogue des séries mythiques comme Défis Fantastiques, Loup Solitaire, Sorcellerie ou Quête du Graal pour ne citer que les plus emblématiques... Trouver ces livres chez le buraliste/libraire du coin ou en supermarché était facile ! C'était pour l'enfant / ado d'alors un bon moyen de passer le temps, de développer le goût pour la lecture voire de se sociabiliser en se prêtant ces livres- jeux entre copains et cousins ou d'en discuter au collège. Bon par contre, les LDVELH nous ont peut-être décomplexé vis-à-vis de la sacro-sainte morale en étant extrêmement " souple " sur l'application des règles... Les dés maudits, les statistiques pourries à noter sur la feuille d'aventure, non merci très peu pour moi, j'ai pas envie de terminer mon périple au bout de 5 minutes chrono... donc pour éviter la frustration d'une lecture expéditive, hop je fais usage abusivement de la Maîtrise Psychique de la Matière en magouilllant allègrement la face des dés, c'est pas le manque de discipline Kaï qui me fera défaut, non mais ! Eh oui on trichait, tout comme l'on avait tendance à garder quelques paragraphes " de sauvegarde " sous la main ( réflexe de survie pour ne pas recommencer le livre depuis le début) d'autant plus que les aléas funestes pullulaient dans ce genre de bouquins, sans parler de ces satanés OTP ( one-true-path, un seul bon chemin en bon français) aux dédales impossibles tels que " La créature venue du chaos " .
Ayant conservé une fibre nostalgique , j'ai toujours gardé un oeil sur ce milieu littéraire qui a connu des hauts et des bas depuis lors et c'est avec un certain intérêt que j'observe un nouvel engouement autour des livres-jeux. de nouvelles structures sont apparues depuis ( Posidonia , Alkonost, le Plumier des Chimères, Scriptarium) et les vieux de la vieille exploitent encore leurs pépites ( Gallimard en est à la V5 niveau réimpression... de grands formats en A5...mais gâchés, selon moi, par des illustrations de couvertures laides globalement , censées plaire au plus jeune lectorat d'aujourd'hui...), ainsi que de plus ou moins nouveaux auteurs avec des contenus plus littéraires et matures ( beaucoup de lecteurs ayant la quarantaine désormais !) : "
Cyclades " d'
Emmanuel Quaireau en est un bon exemple , et je fonde de gros espoirs sur une traduction française de " Dracula" de
Jonathan Green...
Bref revenons à nos dragons, "
le dragon de Limehouse " en l'occurrence, datant des années 1980, sorti à l'époque chez
Presses Pocket apparemment ( jamais croisé d'Histoires à Jouer chez mes " fournisseurs " ) réédité depuis par Posidonia Éditions, le cinquième volume de la série " Sur les pas de
Sherlock Holmes" . Esthétiquement l'illustration de couverture est réussie, par contre je n'en dirai pas autant des illustrations intérieures qui sont trop sommaires ! Ensuite en lisant les pages de règles je suis favorablement surpris par l'éventail des compétences et des relations à choisir. Allez zou on se lance! On y incarne un jeune épigone de
Sherlock Holmes chargé d'enquêter sur la tragique disparition du célèbre détective : en effet ce dernier s'est balancé du haut d'une falaise. Au bout de 2h30 de lecture je parviens à l'épilogue mais en ayant la désagréable sensation d'avoir tourner en rond, il faut suivre des pistes d'enquête mais la tâche est ardue ! Il n'y a pas assez de texte à mon goût ( dommage car la touche d'humour était présente) et je ne sais pas si je retenterai de recommencer l'aventure , fort de mon "expérience" passée ( hum hum , mon barème final d'enquêteur s'est soldé par un chiffre négatif selon l'échelle de notation de l'épilogue ) étant donné que ma pile à lire est monumentale... Bref, j'ai manqué de flair et loupé les bonnes pistes pour pleinement apprécier cette Histoire à Jouer, dommage!
Merci tout de même au Plumier des Chimères et Posidonia Éditions pour leur envoi dans le cadre de la Masse Critique.