Oh, quelle poésie …
Extrait 1
Oh, quelle poésie, un saint ratage !
Toujours nous sommes là, en ce point
Et cependant, contre les faits, l’infime flamme
Nul ne l’éteint, ni nos affres
Dans mon bureau, soir de printemps, six heures
Vous aviez frappé, jeune homme, – Et clac ! –
Tout à coup depuis longtemps j’existais
C’est-à-dire que – sorti de moi, loin de ma chaise
Par votre apparition surpris, l’abondant charme
Et la grâce émanant de votre irruption –
Je me défis de qui je fus, suis et serai
Plus seul en votre instant et n’étant plus
Pleinement n’étant plus
Doux, aimable extrêmement, d’un feu
Presque apaisé, un livre en mon ventre
Et s’écrivant tout seul d’un chiffre obscur
…
Oh, quelle poésie …
Extrait 2
Fallait sortir, prendre soleil, un rien
Me détacher du souvenir de Madeleine
Quand le dimanche à l’heure du thé on lisait
Avec des biscuits nos poèmes
Elle qui m’enseignait la chose poétique
Et que c’est un destin, cette épopée
Parce que les sages ont tué ce monde
Avec leur haine, une indifférence
Pauvre poète, quel engouffrement
Divaguer fut mon seul chemin
Sommeil, ce puits plein de périls
Fallait que je dévore toute chose
Car j’étais seul, plus seul que moi-même
À quoi ça tient les grands mots, au stupre
La libido de marchandise, érection possible
Navire en vue avec haute cheminée
Et vont se rhabiller philosophies
On mêle Mystique, on touille, on massacre
Je préfère te prendre, ami, dans de doux draps
Dans des décombres effondrés, merveilleux