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Philippe Lemaire (Autre)
EAN : 9782812926532
247 pages
Editions De Borée (10/09/2020)
3.69/5   16 notes
Résumé :
Février 1917, St Petersbourg. La famille Malinovski vit richement de ses plantations de thé et de sa fabrique de samovars, indifférente aux événements qui agitent la capitale.
Mais bientôt, la Révolution s'intensifie, et ils n'ont d'autre choix que la fuite. Après un long et dangereux voyage, ils atteignent enfin Nice : la famille est réunie, mais ruinée.
Ensemble, ils vont pourtant s'inventer un nouveau destin. Kostia, le fils cadet, trouve un poste d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les éditions De Borée ont eu la délicate attention de me faire parvenir le dernier roman de Philippe Lemaire, dont j'avais beaucoup apprécié Des nerfs d'acier, roman qui se passait à l'époque de l'érection de la Tour Eiffel. Vous en retrouverez ma chronique en cliquant sur la photo ci-dessous.
Avec La Forêt des violons, on change d'époque et on change de lieu. Pourtant le charme opère encore. Ici Philippe Lemaire nous embarque à Saint Petersbourg en pleine révolution russe. Si 1917 est une date que l'on connaît tous, il est rare de se placer du point de vue des bourgeois russes. Nous savons, certes, qu'ils ont dû perdre des biens, mais ce roman montre que ça va bien au-delà de la possession.

On passe la majeure partie du roman en Russie, en vivant aux côtés de la famille Malinovski, une famille bourgeoise, enrichie grâce au commerce du thé, et dont le fils aîné s'occupe des plantations, le fils cadet doit rejoindre l'armée du tsar et la fille est une grande violoniste. 1917 renverse leurs cinq existences d'une manière à la fois brutale et définitive.

On suit surtout Kostia, le deuxième fils, qui veut rejoindre l'armée sans grande conviction et qui se laisse porter par les méandres de l'Histoire, par son amitié pour Gradov, par ses désirs et ses pulsions. Face à lui, qui ne sait pas se maîtriser, on découvre Eléna dont la grande domination d'elle-même la transforme en un personnage froid au premier abord, mais dont on comprend vite qu'elle est surtout effrayée. Gravitent autour de ces deux jeunes gens le père, éternel optimiste, la mère, paniquée et malade, Gradov, menchévik convaincu que le pouvoir doit revenir au peuple mais que les bolchéviks vont trop loin et Nina une jeune femme enceinte dont le mari a été arrêté et qui a, en outre, le tort d'être juive. Car oui, on sent dans cette période de révolution, le mélange de la vengeance du petit peuple, de l'antisémitisme naissant, de la dictature en devenir.

Au gré de nombreuses péripéties qui insufflent un rythme digne du roman d'aventures à ce texte, j'ai appris avec effroi mais aussi grand intérêt comment la Révolution russe a fonctionné : les arrestations, les disparitions, la censure, les fusillades. On sait que tout ce qui porte le nom de révolution comporte un germe de violence, mais peut-être celle-ci est-elle trop lointaine pour que l'on ait pris conscience des horreurs commises.

Les Malinovski, anciens riches, deviennent des exilés pauvres dans une France qui n'a pas encore conscience de tout ce qui se joue en Europe au lendemain de la Première Guerre Mondiale. C'est alors que l'Histoire redevient l'histoire, celle d'individus qui doivent se réinventer. Se réinventer violoniste, maman, livreur, français, juif ou amoureux. Quand on a été arrachés à tout ce à quoi on croyait, à tout ce qui constituait notre vie, qui devenons-nous ? Finalement, c'est là que les personnages acquièrent le plus de dimension humaine et deviennent touchants.

C'est donc, encore une fois, avec grand plaisir que j'ai lu les mots de Philippe Lemaire, dépeignant la violence, la haine, mais aussi, parfois, une immense poésie, d'où le titre. Un voyage passionnant que je vous conseille chaleureusement.

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Février 1917, en Russie. Il fait froid et la famille Malinowski peine à se procurer du bois pour chauffer sa demeure. Ce sont pourtant de riches bourgeois de Tchoudovo. Mais la révolution a commencé. Leur usine de samovars est réquisitionnée par les bolchéviks et Nikolaï Alexzandrovitch est rétrogradé à des tâches subalternes. Son épouse Adélaïde, de santé fragile, vit très mal les restrictions et les menaces envers les « blancs » de Russie. Leur fille, Elena, est une virtuose du violon, destinée à une belle carrière, si les évènements politiques le lui permettent. Un de leurs fils, Kostia, est cadet dans l'armée du tsar. L'agitation ne s'est encore pas propagée à Moscou, aussi, il est déboussolé lorsqu'il arrive dans sa ville natale. Il a obtenu une permission pour l'anniversaire de sa soeur. Son aîné Sacha Leonid, gère la plantation de thé. Lorsque la révolution s'intensifie, la famille est obligée de fuir.


Philippe Lemaire décrit de quelle manière chacun d'entre eux a vécu la révolution et quelle échappatoire, chacun a cherchée pour tenir. Mais la folie s'est emparée de la rue, aucune attitude n'est synonyme de sécurité. Les soldats tentent de sauvegarder l'ancien système et les bolcheviks veulent imposer la vision communiste. En réalité, les actes de sabordage et les crimes se multiplient, les grèves bloquent le pays, les arrestations ainsi que les exécutions sommaires sont nombreuses et le danger vient des deux camps. Philippe Lemaire dépeint la violence qui a envahi le pays. Certains ont peur, d'autres sont poussés par le souffle de l'espoir du changement, mais en réalité nombreux sont ceux qui souffrent. Dans ce roman documenté, des faits historiques sont relatés, avec l'apparition de personnalités réelles, telles que Martov et Lénine.


Au milieu de ces scènes d'insurrection, les notes jouées par Elena s'envolent. Elles expriment l'espérance et l'effroi, la joie et la souffrance[…]


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Je découvre la plume de Philippe Lemaire avec “La forêt des violons”. le style et le ton tantôt direct, tantôt imagé conviennent parfaitement à ce type de récit.
Me voilà en 1917, en pleine révolution russe avec la famille Malinovski.

L'histoire que nous conte Philippe est passionnante. La famille Malinovski, Adélaïde et Nikolaï, est une famille bourgeoise. Grande et belle maison, une usine qui fabrique des samovars à plein temps, des plantations qui produisent des feuilles de thés renommées dans toute la Russie et leurs deux enfants, Elena, virtuose au violon, Kostia qui veux s'engager dans l'armée. Une famille aisée et heureuse en apparence. Mais très vite, on se rendra compte que leur vie n'est pas si heureuse que ça…

Le roman est construit comme un dyptique.
Une première partie, la plus longue, nous raconte les affres de la révolution de 1917, la montée des bolcheviks, dont Lénine est le principal dirigeant, prenant violement le pouvoir en Russie, le Tsar déchu, les grèves dans les usines, des meurtres pour un oui, pour un non, la neige constamment tachée de sang…
Ne tenant plus et pour éviter au mieux la ruine, la famille Malinovski décide de quitter le pays. Commence alors une longue pérégrination à travers des contrées peu accueillantes gelées et enneigées. Leur route sera régulièrement semée d'embuches et d'étonnantes rencontres…

La seconde partie se veut plus calme, quoi que psychologiquement très dure à vivre pour les Malinovski qui se retrouvent en tant qu'émigrés dans la ville de Nice. Ils feront tout leur possible pour récupérer argent et statut social… J'ai malheureusement trouvé cette partie beaucoup trop courte, créant une sorte de déséquilibre au récit. Elle aurait méritée plus de pages à mon goût pour aller plus loin dans le développement final, à moins qu'une suite ne soit prévue !

Les passages qui évoquent la belle Elena et sa passion pour le violon sont superbes. Ce sont des instants entre parenthèses qui sont vécus dans un monde en plein chaos. On sent le bouillonnement qu'elle ressent lorsqu'elle tient son instrument entre ses mains.

L'écriture de Philippe est admirable et complètement adaptée à la période historique.

N'oublions pas les “seconds” personnages, développés au fur et à mesure du récit qui sont délicieux ou repoussants, Gradov, Kroutkine, Ephraïm, Sacha, Marie-José, pour ne citer qu'eux…

La forêt des violons” est un roman très agréable, il m'a permis de m'évader dans un autre lieu, un autre temps…

Je le conseille à tous les amateurs du genre.

Un grand, très grand merci à Virginie Bourgeon des Éditions De Borée
Lien : http://leressentidejeanpaul...
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Bonjour amis lecteurs.
Tout d'abord merci à Virginie Centrefrance et aux De Borée Éditions pour leur confiance.
« La forêt des violons » de Philippe Lemaire.
J'ai fait connaissance avec la plume de l'auteur grâce à ce livre.
Nous sommes en plein dans la révolution russe juste avant la première guerre mondiale.
C'est la montée du bolchevisme avec Lénine à sa tête. Les Russes blancs, comme on les appelle, sont particulièrement visés. Ils possèdent les richesses et exploitent le petit peuple.
La famille Malinowski en fait partie. le père Nikolaï a son entreprise de fabrication de samovars ainsi que des plantations de thé. le fils Kostia est décidé à rejoindre l'armée pendant que sa soeur Elena est une virtuose prometteuse en tant que violoniste.
Les événements vont se précipiter et les obliger à émigrer vers la France pour échapper au pire.
La passion de la jeune musicienne sera le fil rouge de cette épopée.
Histoire réelle et fiction se mêlent pour nous donner un récit passionnant. Je me suis un peu perdue dans la première partie détaillée de la tragédie que vit la famille au travers de la révolution. Mais la seconde partie rééquilibre l'ensemble.
C'est un livre à lire au calme en prenant bien le temps d'assimiler les tenants et les aboutissants de l'intrigue.
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Avec ce titre c'est une magnifique plongée au coeur de la révolution russe. Une période violente à laquelle nos personnages vont devoir s'armer de courage pour s'en sortir. le début de lecture a été légèrement alambiqué par cette multitude de personnages et les liens entre eux. Une des raisons qui ont fait que je ne me suis pas attachée particulièrement à l'un d'eux. Cela ne m'a pas empêché d'avoir peur quant à certaines situations du roman. Chacun vit cette révolution différemment apportant plusieurs visions de cet épisode historique. Seul la souffrance et la perte qu'elle provoque au sein de la population les unie. 

Mais ce que j'ai aimé, c'est toute la partie historique. C'était prenant, très bien détaillé et appuyé par l'évocation des personnes ayant réellement existé comme le Tsar, Lénine ... J'ai été transporté dans cette Russie bouleversée par cette révolution. 

Parmi ces moments sombre j'ai été cueilli par le passage qui révèle le titre si poétique du roman. Ces lignes ont été une sorte de parenthèse d'élégance et si cet endroit existe alors je veux pouvoir le voir de mes propres yeux. 
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
– Les cosaques, ils arrivent !
L’air sentait l’émeute et le crottin de cheval. Des silhouettes de cavaliers apparurent dans toutes les rues qui débouchaient sur la place. Kostia connaissait trop bien ce genre de manœuvre. Les cosaques bouchaient les issues avant de charger. Il n’en restait qu’une, la gare. Une vibration intense parcourut la foule. Mais personne n’osait encore bouger. Tout sembla figé dans un laps de temps interminable. Puis, soudain, une femme se mit à courir vers l’entrée de la gare. Elle trébucha et s’étala de tout son long dans la neige gelée. Elle se mettait à genoux quand un homme qui courait aussi la bouscula. Puis un autre. Un vent de panique s’était emparé des gens. La femme hurla. On la piétinait. Elle était trop loin pour que Kostia puisse lui porter secours. Elle tentait de se protéger la tête des coups de botte. La place fut bientôt vide. Il n’y eut plus, près de Kostia, qu’un marchand ambulant qui refermait et son éventaire. Il n’avait plus rien à vendre, mais il était resté pour voir ce qui allait se passer. Il recracha les graines de tournesols qu’il était en train de mastiquer, puis, désignant du menton les dernières personnes qui entraient dans la gare, il dit en s’adressant à Kostia :
– Ah ! Ils me font marrer avec leur révolution. Ce n’est pas en montrant leur cul au cosaques qu’ils vont gagner… Enfin, ce n’est jamais très agréable de prendre un coup de sabre dans le bide. Mais si les cosaques avaient voulu charger, ils l’auraient fait depuis longtemps.
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Les vibrations de l’ombre sur son visage lui donnaient un air fatigué et, pour la première fois, Kostia prit conscience que son père était en train de devenir un vieil homme. Il aurait bientôt soixante ans.
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Le silence s’éternisait. Un silence dense comme du plomb qui enferme chacun dans ses pensées. La petite fille aux yeux noirs s’était endormie contre sa mère qui lui caressait les cheveux. Même Adélaïde Ivanovna, qui n’avait jamais aimé les juifs, était ému. Kostia se releva pour remettre une bûche dans le feu, soulevant une gerbe d’étincelles.
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Videos de Philippe Lemaire (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Lemaire
Philippe Lemaire était présent à la Foire du livre de Brive. Il évoque sa rencontre avec ses lecteurs. En savoir plus sur « Mathilde » : http://bit.ly/2gTWovO
Dans les années 1940, le parcours initiatique d?une adolescente encore insouciante s?ouvrant à la vie, à ses premières amours, à l?engagement. L?Occupation et l?arrivée d?un officier allemand vont bouleverser son existence. C?est une rêveuse, Mathilde. Ses grands yeux bleus la trahissent. Sur son vélo ou parmi ses livres, l?adolescente, pleine d?impatience, fuit la solitude de la maison familiale ancrée dans un Haut-Jura secret et rugueux. Et la monotonie de l?atelier de couture où elle travaille. Emma, Suzy, Claire, Jean et Pierre forment une bande d?amis à l?image de la jeunesse insouciante et laborieuse d?avant-guerre. Dans leur sillage, Mathilde s?ouvre à la magie des salles obscures, aux discussions engagées dans les cafés. Surtout, elle capte tout de leurs jeux amoureux qui la troublent tant? L?imminence de la guerre puis l?Occupation, un talent révélé pour la photo et les valses-hésitations de son c?ur feront grandir Mathilde. De spectatrice de la vie des autres, deviendra-t-elle, enfin, l?actrice de sa propre existence ?
+ Lire la suite
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