Ce type n’a pas parcouru plus de trente bornes entre sa naissance et sa mort, poursuit Camille. Marié, trois enfants, et d’un coup, à quarante-sept ans, le démon de midi. Ça le rend dingue et après, ça le rend mort.
C'est l'avantage de la vérité, ça sonne comme la vérité.
Louis est un garcon de grande famille. Il a été élevé dans les meilleurs collèges, il a un oncle archevêque et un autre qui est député du front national.Il a appris très jeune à faire la part des choses entre la morale et la pratique. Il a fait aussi ses petites classes chez les jésuites. Coté duplicité, il est surentraîné.
Depuis, il n'accepte plus que les affaires secondaires. Il traite les crimes passionnels, les rixes entre professionnels, les meurtres entre voisins. Des affaires où les morts sont derrière vous et pas devant. Pas d'enlèvements. Camille veut des morts bien morts, définitivement, des morts sans contestation.
- Les filles...
Sous-entendu, vous savez comment elles sont. Vasseur est du genre à dire quelque chose de salace et à chercher du regard la complicité des autres. On trouve ça chez les vieux beaux, chez les impuissants, chez les pervers, en fait, on le voit souvent chez les hommes.
A son ton, on devine clairement que, quelle qu'elle soit, Camille n'a absolument aucune intention de tenir la promesse qu'il vient de faire.
Le Guen prend Louis à témoin. C'est la situation la plus embarrassante mais Louis est un garçon de grande famille. Il a été élevé dans les meilleurs collèges, il a un oncle archevêque et un autre qui est député d’extrême-droite, c'est à dire qu'il a appris très jeune à faire la part des choses entre la morale et la pratique. Il a fait aussi ses petites classes chez les jésuites. Côté duplicité, il est surentraîné.
M. Bertignac est un homme courtois jusqu’à la viscosité, le genre de commerçant qui adore aider la police. Ces gens-là le rendent toujours un peu nerveux, Camille. Dans l’arrière-boutique de son officine, M. Bertignac est assis devant un écran d’ordinateur gigantesque. Il n’y a pas de physique propre aux pharmaciens mais une manière d’être, ça oui. Camille en sait quelque chose, son père était pharmacien. À la retraite, il ressemblait à un pharmacien à la retraite. Il est mort il y a un peu moins d’un an. Même mort, Camille n’a pas pu s’empêcher de lui trouver un air de pharmacien mort.
Je note. Nous disons donc ....une femme inconnue...enlevée par un artisan anonyme, dans un véhicule indéterminé, j'ai oublié quelque chose ?
"Notre homme pousse l'assimilation jusqu'à devenir alcoolique. Il boit comme un Polonais donc c'est un bon Français. Du genre qui veut garder la nationalité française.
Du coup, il fait dans le bistro. Il est plongeur, puis serveur, puis demi-chef de rang, nous avons sous les yeux un merveilleux exemple de montée sociale par la descente de gosier."