Après avoir dévoré gloutonnement "
le grand monde", je me suis jetée avec voracité sur le second volume. J'en attendais autant ! ..... hélas, je suis restée quelque peu sur ma faim.
On y retrouve tous les personnages du premier volume avec d'autres en prime, certains touchants, et d'autres carrément ignobles.
L'accent tonique est mis sur Hélène, la benjamine de la fratrie, devenue aussi journaliste, et qui, après une chronique remarquée sur l'hygiène des femmes, (reproduction d'un article ahurissant de
Françoise Giroud de 1951), se retrouve chargée d'un reportage sur la destruction prochaine du village de Chevrigny, bientôt englouti lors de l'ouverture du barrage, dont la construction débuta en 1946, et qui évoque irrésistiblement les événements survenus lors de la mise en service du barrage de Tignes en 1952. La détresse et le désarroi des habitants cherchant jusqu'au bout à empêcher l'inéluctable forment la trame essentielle de l'ouvrage et son côté, à mon sens, le plus abouti et particulièrement touchant.
D'autres sujets viennent s'y greffer pour former un tout un peu trop foisonnant.
Jugez-en : l'ouverture en plein centre de Paris d'un grand magasin à bas prix, les conditions de travail des employés, les licenciements abusifs, la grève, l'avortement, la chasse aux "faiseurs d'ange", les retours nauséabonds sur les pratiques vichystes, les problèmes d'adaptation liés à la surdité, le droit des femmes à disposer d'elles-mêmes, et, gros coup de poing dans la gueule, .....la boxe !
Oui-da bonnes gens, tout cela pour le prix d'un seul bouquin !
Du coup le roman apparaît un peu trop disparate ; à aborder trop de thèmes, on pourrait presque dire que "qui trop embrasse mal étreint" ; de chapitre en chapitre, on passe du coq à l'âne et le lecteur se retrouve parfois légèrement perdu au sein de cette encombrante profusion.
En outre,
Pierre Lemaître force un peu trop le trait et rend certains de ses personnages franchement trop caricaturaux, l'abominable Geneviève en prime, mais elle n'est pas la seule !
Ces réserves faites, on ne va pas retirer à l'auteur ce qui rend ses ouvrages si attrayants, son art de conteur, son sens du rythme, sa verve, son humour, sa capacité à garder le lecteur dans ses filets en lui proposant sans cesse de surprenants rebondissements.
Mais, pour en savoir plus, il va falloir s'armer de patience et attendre le volume suivant pour connaître enfin le dénouement des intrigues principales !