Quand les situations se compliquent, menaçant la vie des accouchées ou celle des bébés, elles sollicitent [ les sages femmes ] généralement l’assurance des chirurgiens. Ces individus capables de couper les chairs sont les seuls hommes admis, en dehors de l’époux, à pénétrer l’univers féminin, qui s’organise autour des naissances. Appelés souvent bien trop tard et en dernier recours par les accoucheuses, leurs succès en obstétrique sont rares. Cela ne les encourage pas non plus à apprécier l’art des accouchements, qu’ils voient plutôt comme une tâche avilissante. La vulve des femmes en couches, exposée et déformée, les fluides corporels qui tachent les draps et qui répandent leur impureté symbolique les dégoûtent.
Avec Michelet, les sorcières deviennent de fabuleuses créatures, des femmes qui savent exprimer ce que recèle la nature humaine primitive, quand les hommes se sont perdus dans la raison. Elles ne sont pas ces êtres vils et impurs ainsi désignés par l’Eglise, mais l’incarnation même des forces du vivant. Elles sont femmes, mères, gardiennes du foyer, nourrices et guérisseuses, par nature et par nécessité !
Arracher une dent à la pince demande d’avoir de la poigne, qualité jugée plutôt masculine. C’est souvent le forgeron qui s’en charge, car il sait manier les tenailles et cautériser les plaies par le feu.