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EAN : 9781092011266
Anacharsis (19/10/2015)
3.75/5   2 notes
Résumé :
La guerre du Roi Philip dévasta les colonies anglaises de la côte est de l’Amérique entre 1675 et 1676. Colons puritains et Indiens Algonquins s’y affrontèrent avec une violence inouïe. Après avoir manqué de disparaître, les colons finirent par l’emporter. Outrancièrement : au-delà de leur victoire par les armes, ils furent seuls à coucher cette guerre par écrit, à l’imprimer, à en publier la mémoire pour les siècles à venir – à lui donner ce nom.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« le Nom de la Guerre » de Jill Lepore, traduit par Frédéric Cotton (2015, Anacharsis, 432 p.) est sous-titré « La Guerre du Roi Philippe et les origines d l'Identité Américaine ». Ce qui permet mieux de savoir de quoi il s'agit, sachant que a) ce n'est pas une vraie guerre, entre juin 1675 et aout 1676 ; b) le roi Philippe n'est pas un vrai roi, mais Metacomet, un chef amérindien fils de Massasoit, grand sachem des Wampanoag. Ce sont les colons anglais des provinces de New England qui lui ont donné ce nom de « Roi Philip ». Enfin, c) c'est une époque qui marque le début de l'identité américaine, du moins sur la côte Est, de même que le Canada trouve un point de départ en tant que pays, avec Kateri Tekakwitha (Tekakwitha : « Celle qui avance en hésitant » en langue iroquoise) devenue Sainte Catherine Tekakwitha (1656-1680), lors des affrontements entre colons québecois et iroquois
« Ceci est un travail sur la guerre et sur la manière dont les gens l'écrivent ». et cette guerre sera décrite dans deux principaux ouvrages qui vont parler de « conquète puritaine », de « rébellion de Metacom », ou d'une « guerre civile indienne » puisqu'elle inclue une demi-douzaine de tribus indiennes qui se battent entre eux et avec les anglais. Parmi ces tribus on trouve d'est en ouest, les Massachusetts, Nipmucks, Pocumtucks, puis au sud, les Wampanoags, Narragansetts, Pequots Mohegans, et Mattabesics. le tout se déroule globalement dans les Etats actuels du Massachusetts, Rhode Island et Connecticut, soit environ 270 * 250 km à la hauteur de Cape Cod, dans ce qui était le sud de la Nouvelle Angleterre (New England)
Les premières colonies anglaises remontent au « Jamestown Settlement », VA (1607) puis en 1620 avec des puritains anglais en quête de liberté religieuse. C'est l'épisode du « Mayflower », qui aborde à Plymouth, MA. Ils s'établissent dans la « Massachusetts Bay Colony », au nord de la « Plymouth Colony ». Ils ont formatté l'organisation politique régionale son trait distinctif, les « town meetings », réunions annuelles des habitants de chaque ville, pour y discuter des problèmes locaux et voter les décisions. Les 41 puritains signent le « Mayflower Compact » avant de quitter le navire, qui devient ainsi le premier document official de prise de gouvernement. Ils fondent en 1630 la ville et port de Boston.
Les relations entre colons et tribus amérindiennes locales alternent ensuite entre paix et escarmouches armées, dont la plus sanglante fut la guerre Pequot (Pequot War) (1637) qui aboutit au « Massacre de Mystic » sur les rives de la Mystic River. le massacre résulte en la mort d'entre 400 et 700 indiens Pequots, qui deviendra par la suite « the Puritans Genocidal Indian War ». Comme quoi c'est déjà l'indien qui perd.
En mai 1643, les colonies de la Baie du Massachusetts, de Plymouth, de New Haven et du Connecticut se réunissent dans un accord appelé la « Confédération de la Nouvelle-Angleterre », créée pour coordonner la défense mutuelle des colons.
Arrie avril 1675. John Sassamon, connu également sous le nom de Wussausmon est assassiné à Assawonpsett Pond. C'est un indien christianisé, il savait lire et écrire, et servait d'interprète aux colons. le livre offre même une reproduction de sa signature en toutes lettres. Pris dans une embuscade, il est assassiné. Un jury mixte composé de colons et d'anciens indiens a reconnu coupable et exécuté trois hommes Wampanoags. pour son meurtre en juin 1675. Les autorités essaient de négocier avec les tribus qui ont pris les armes. Escarmouches de part et d'autre. Finalement en juillet1676, Benjamin Church capture la femme et le fils de Philip, et un soldat indien tue le roi Philip à la mi-aout 1676.
À cette époque, les colons étaient organisés en villages d'environ 500 habitants, avec une population totale d'environ 5 000 autochtones dans la vallée centrale. Cette vallée médiane du Connecticut forme la frontière ouest de la colonie de la baie du Massachusetts. Plusieurs colonies fortifiées étaient d'une importance particulière : le fort Norwottuck , situé sur une haute falaise au-dessus de la rivière Connecticut dans le triangle Northampton - Hadley - Hatfield , ainsi que le fort Agawam sur Long Hill juste au sud de Springfield abritaient entre 80 et 100 familles. le fort Pocumtuck dans l'actuel Deerfield étant également remarquable. En revanche, la population totale des sept petites villes anglaises réparties le long de la centaine de kilomètres de la vallée était d'environ 350 hommes et femmes et environ 1100 enfants.
Trois révérends anglaise ont par la suite tenu à témoigner, de façon souvent partiale de cette guerre. Il s'agit de Increase Mather (1639-1723) de Boston, de John William Hubbard (1621-1704) de Ipswich, et de John Russell (1626-1692) de Hadley. Tous trois conviennent que la « Swamp Fight » (bataille des Marais) a eu lieu dans un marais au-dessus du village de Hatfield, le 25 aout 1675. Hubbard localise le site, « dix milles au-dessus de Hatfield, à un endroit appelé Sugar Loaf Hill ». La bataille dure trois heures célèbre embuscade de Bloody Brook (19 septembre 1675) entre de guerriers Pocumtuck, les colons et leurs alliés Mohegans. La bataille a eu un impact significatif sur la conscience anglaise pendant la guerre.
On pourra toujours consulter Increase Mather « The Day of Trouble is Near » (1674, Cambridge, MA), William Hubbard « The Happiness of a People » (1676, Boston) et William Hubbard « A narrative of the Indian wars in New England » (1775, John Boyle).
Dans des éditions plus récentes, et plus faciles à lire, on pourra lire
Increase Mather « A brief relation of the state of New England from the beginning of that plantation to this present year, 1689 1689 » (2020, Gyan Books Pvt. Ltd., Delhi, Inde, 23 p.); Increase Mather « Remarkable Providences (Illustrative of the Earlier Days of American Colonialization) » (2013, Hardpress Publishing, 330 p.); William Hubbard « A narrative of the Indian wars in New England » (2012, Gale, Sabin Americana, 254 p.)
La guerre du roi Philippe (1675-1676), la guerre d'indépendance (1775-1783) qui commence avec le « Boston Tea Party » (1773) et la guerre civile américaine (1861-1865), ou guerre de Sécession sont les trois épisodes fondamentaux des Etats Unis (USA).
Parallèlement, la situation des colons, français et anglais n'était par meilleurs au Québec et Canada. On découvrira à cet effet les relations du Père Jean de Brébeuf, « Relations des Jésuites » de 1635 et 1636, qui servaient aussi d'introduction pour les futurs missionnaires. A défaut, lire l'ouvrage de René Latourelle «Jean de Brébeuf» (1993, Bellarmin, Montréal, 296 p.). Ces témoignages de première main peuvent ensuite être confrontés aux récits, plus romancés qu'en ont fait des auteurs récents. Je pense à William T. Vollmann dans « Fathers and Crows » (1992, Viking Press, 1008 p.). Pour ce qui est de l'histoire plus récente, on se reportera à celle de l'Acadie avec le livre, entre autres, de Sally Ross et J. Alphonse Deveau « Les Acadiens de la Nouvelle Ecosse, hier et aujourd'hui » (2001, Nimbus Publishing, 298 p.).
En 1604, Pierre de Monts et Samuel de Champlain fondent le premier établissement européen au nord de la Floride. C'est celui de l'île Sainte-Croix, aujourd'hui dans le Maine, puis à Port-Royal, en Acadie, aujourd'hui en Nouvelle-Écosse. Bien que découverte très tôt par Cavelier de la Salle, venu de la Nouvelle-France, il explore le bassin du Mississippi jusqu'à son embouchure et donne en 1682 à cet immense territoire le nom de Louisiane en l'honneur du roi de France. La Compagnie du Mississippi est fondée plus tard en 1718. L'idée était d'empêcher l'expansion des colonies britanniques en Amérique du Nord.
Le premier ouvrage, non encore traduit en français mais cela pourrait s'intituler « Pères et Corbeaux ». Sans doute parution dans la collection Lot49 (Le Cherche Midi), où sont déjà parus les tomes précédents. J'ai commandé l'édition de poche anglaise (1992, Penguin Books, 990 p.). En fait le roman constitue le tome 2 de « Seven Dreams » (Sept Rêves), une gigantesque saga de l'Amérique du Nord (USA et Canada). Avec deux incipit s« This book is dedicated to all Canadians, past and present, Jesuit and Iroquois ; Huron, French, Algonkin, English, Montagnais, Micmac, Inuit, and others. May they preserve their land together» (Ce livre est dédié à tous les Canadiens, passés et presents, Jésuite et Iroquois; Huron, Français, Algonquin, Anglais, Montagnais, Micmac, Inuit et autres. Puissent-ils conserver ensemble leur terre). Et pour la seconde: «This book is dedicated against all dogmatists and their armies (in wich some of the above may have enlisted). Whoever they are, I cordially wish them a warm stay in Hell» (Ce livre est dédié à l'encontre de tous les dogmatiques et leurs armées. Quels qu'ils soient, je leur souhaite un séjour brulant en Enfer).
Le point de départ pourrait être la vie de Kateri Tekakwitha (Tekakwitha : « Celle qui avance en hésitant » en langue iroquoise) devenue Sainte Catherine Tekakwitha (1656-1680). Sa mère était algonquin alors que le père était agnier, deux clans traditionnellement ennemis. Née à Ossernenon, sur les bords de la rivière Mohawk (actuel état de New York) c'est une figure importante de l'histoire catholique canadienne. À 4 ans, elle perd toute sa famille, suite à une épidémie de variole et sa figure demeure « grêlée » (cf l'iroquoise Chutes de Neige dans le roman de Joseph Boyden « Dans le Grand Cercle du Monde »). Ses parents adoptifs l'obligent à choisir un mari mais elle préfère consacrer sa vie à Jésus. Elle est baptisée Kateri par le père Lamberville, en l'honneur de Sainte Catherine de Sienne Elle est canonisée par Benoit XVI en octobre 2012. Elle reste cependant peu connue des catholiques nord-américains. Surnommée « la Geneviève du Canada », Chateaubriand exploitera son thème dans « Les Natchez », bien que le vicomte situe son action au bord du « fleuve Meschacebé », autre nom du Mississipi. L'auteur, qui se désigne volontiers et qui signe « William the Blind » (William l'Aveugle, simplement désigné ici sous le sigle WTB), s'immerge dans ce qu'il appelle le « Stream of Time » (le cours du temps) et va se laisser porter par ce fleuve. William T. Vollmann (ou était-ce WTB) s'est rendu en 1989 en pèlerinage sur ses reliques à Kahnawake, sur l'autre rive du Saint Laurent, en face de Montréal. Il va remonter le fleuve presque jusqu'à sa source, franchissant alors des périodes en eau calme ainsi que des parcours agités, ou rapides. Cela n'est pas sans rappeler les « Exercices Spirituels » de Ignace de Loyola. WTB suit ces Exercices et décrit globalement l'arrivée des premiers colons vers 1639, jusqu'aux guerres indiennes, entre Hurons et Iroquois, puis par indiens interposés entre Français et Anglais, le tout jusqu'au Canada actuel.
Pour en revenir au texte, tout d'abord une introduction « Stream of Time » (le cours du temps) qui précède les relations des jésuites de 1610 à 1791. Puis 7 chapitres principaux qui forment véritablement « Fathers and Crows » avec à chaque fois un titre générique clair et une explication. On dispose ainsi de l'évolution chronologique depuis « Kingdom Come », « Obedience », « Our Daily Bread », « Thy will be Done », « Temperance », « Glory », et « Our Father ». A lire, ne serait ce que pour connaitre W. T. Vollmann.
Dans ces livres qui narrent les débuts difficiles des colons et des amérindiens, on pourra retenir quelques faits. Les premiers colons, français et britanniques sont composés de paysans et petits commerçants, accompagnés chaque fois par des prêtres ou puritains bon ton. Ce sont les personnes éduquées, qui savent lire, et souvent écrire. Et surtout, apporter la parole divine aux « sauvages ». Ceci avec une idée précise, renforcer le rôle de la religion, tout en ignorant et détruisant les cultures indigènes. En Nouvelle Angleterre, les puritains désignent alors des chrétiens cherchant à réformer l'Église d'Angleterre pour la rendre plus conforme au modèle biblique en la purifiant de certains de ses rites, que ces protestants zélés assimilent volontiers à un reste « papiste », ou catholique. Face aux échecs des tentatives de réformation, une minorité d'entre eux, séparatiste, suggèrent de fonder de nouvelles communautés ecclésiastiques en dehors de l'Église d'État, irréformable. C'est « A Plymouth Pilgrim » (2014, CreateSpace Independent Publishing Platform, 165 p.), narrée par William Bradford à propos de l'histoire de la colonie de Plymouth.
Débarqué à Cape Cod, au sud de Boston, les41 puritains fondent la première colonie durable de Nouvelle-Angleterre. Mais, l'hiver est très rude, et près de la moitié des habitants de la nouvelle communauté meurt d'épidémies en quelques mois. Toutefois, ils ont eu le temps de tisser des relations cordiales avec les Amérindiens qui leur sont d'une réelle utilité. Ils font ainsi la connaissance de Tisquantum et de Samoset, de la tribu des Wampanoags, qui parlent tous deux anglais. Tisquantum, capturé par un capitaine européen, avait passé une partie de sa vie en Angleterre. Il sert d'interprète aux colons et leur apprend « la meilleure manière de planter le blé », les sauvant de la famine. Lors des premières récoltes, sont décrétés à l'automne 1621, trois jours d'action de grâces, ou « thanksgiving ».
Par la suite, ce sont environ 13 000 puritains qui s'établissent en Nouvelle-Angleterre, principalement au Massachusetts, entre 1630 et 1640. C'est l'épisode de la « Grande Migration ». Les catholiques anglais, également persécutés, fondent la colonie du Maryland en 1632. Les luthériens allemands, les mennonites alsaciens et vosgiens de la région de Saint-Dié, persécutés pour leur foi, et les réformés français, quittent leur patrie après la révocation de l'édit De Nantes en 1685. Les frères moraves fondent leurs propres églises outre-Atlantique. C'est souvent après l'influence des différentes églises que les relations se dégradent avec les populations locales, souvent accusées de ne pas vivre en concordance avec les règles religieuses imposées.
On constate alors que ces amérindiens avaient une culture, certes différente de celle des européens, mais étaient très proches de la nature, qu'ils respectaient. Les scènes de cruauté, décrites dans « le Nom de la Guerre » ou « Fathers and Crows » sont crues et douloureuses. Mais ce sont souvent plus des épreuves devant la douleur qu'autre chose. C'est assez bien expliqué dans le livre de WT Vollmann.

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Livre d'histoire comme j'en avais jamais lu, le Nom de la Guerre est d'ailleurs plus un livre sur la façon dont l'histoire de ce conflit sanglant entre Indiens Algonquins et colons Anglais au XVII ème siècle a été écrit. L'auteur dépeint la Nouvelle-Angleterre puritaine de façon fascinante, avec des portraits appuyés de certains protagonistes et témoins, dont les histoires se croisent. Vous ne trouverez pas ici un suivi chronologique de cette 'guerre' (qui fut plus une succession d'escarmouches), mais l'analyse des expériences de combat, de capture et comment les colons l'ont relaté (car ils furent les seuls à le faire). le texte ne s'arrête pas à la période du XVII ème, mais aussi à la façon dont la mémoire du Roi Philip fut utilisée et réinterprétée au grès de l'histoire américaine.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Church fit bientôt appeler un "vieux bourreau indien", qui prononça une brève oraison funèbre sur le corps de Philip dans laquelle il déclara que "de nombreux hommes avaient craint ce grand homme mais aussi grand qu'il avait pu être il allait maintenant lui débiter le cul".
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Mary Rowlandson se réconcilia avec sa captivité en en rédigeant le récit. James Printer se réconcilia avec les Anglais en leur apportant les scalps ou les têtes d'Indiens ennemis.
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