AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782755500080
217 pages
1001 Nuits (02/05/2007)
4.27/5   11 notes
Résumé :
« - Mais, vois-tu, il y a trente ans, quand j’étais petit garçon, si l’on m’avait dit que j’allais vivre dans un monde où l’on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l’amour, un monde où il faut accepter de porter des masques certains jours, où la fête est devenue une obligation, un monde où l’on bombarde ses propres banlieues, où l’eau manque, où l’on ne peut plus jamais être seul sans avoir l’air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfa... >Voir plus
Que lire après Comme un fauteuil voltaire dans une bibliothèque en ruineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est rare que la lecture d'une quatrième de couverture suffise en soi à me donner envie de lire un roman. En effet, je considère souvent que le meilleur moyen de rentrer dans un livre est de parcourir au petit bonheur ses pages, quelques paragraphes, pour entendre si une mélodie, des thèmes, des images se dégagent cette lecture kaléidoscopique.


Mais pour avoir lu bon nombre des romans et des recueils de Jérôme Leroy, force est de constater que l'extrait de la nouvelle éponyme de Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine placé au dos du livre a été particulièrement bien choisi. Il est tout à fait représentatif de la substantifique moëlle de la démarche littéraire de l'auteur :


« - Mais vois-tu, il y a trente ans, quand j'étais petit garçon, si l'on m'avait dit que j'allais vivre dans un monde où l'on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l'amour, un monde où il faut accepter de porter des masques certains jours, où la fête est devenue une obligation, un monde où l'on bombarde ses propres banlieues, où l'eau manque, où l'on ne peut plus jamais être seul sans avoir l'air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j'aurais dit à ce type que j'aimais bien la science-fiction, mais que, là, il y allait tout de même un peu fort. Qu'il n'était pas crédible... On supporte tout ça parce que ce n'est pas arrivé d'un seul coup, mais à doses homéopathiques, mois après mois, année après année. En fait, la catastrophe est lente, Agnès, terriblement lente. C'est une fin du monde au ralenti. Tu comprends ?
- Je crois que oui. Hélas, je crois que oui. »

L'inquiétante étrangeté du futur que nous annonce Jérôme Leroy livre après livre tient à ce que dans notre monde actuel se dégagent indubitablement des tendances lourdes qui vont dans ce sens. S'il n'en fallait que quelques exemples, citons les récentes polémiques autour de la volonté de dépister précocement les comportements asociaux des enfants ou la volonté d'utiliser les tests ADN pour tout et n'importe quoi, l'accentuation du fossé entre une hyperclasse de plus en plus riche et une population qui se paupérise de plus en plus.

Pour masquer l'horreur du système qui se profile un peu plus près qu'à l'horizon, le romancier à l'instar des philosophes qui n'ont eu de cesse de l'inspirer, rappelle que les tenants du pouvoir falsifient la réalité pour soumettre l'humanité aux nouvelles conditions de vie.

Ainsi on suivra dans ce recueil les enquêtes du commissaire Borgès qui en bon chien de garde interpelle, rééduque et si besoin élimine toutes les personnes qui sont susceptibles de porter atteinte aux intérêts des dominants : de l'arrestation d'une personne qui a cessé progressivement de consommer à l'assassinat de Karl Marx dans le passé, tous les moyens sont bons pour briser les révoltes et maintenir l'ordre établi.

Mais le recueil présente également la folie furieuse de quelques individus que ce monde névrosé ne peut qu'engendrer tel ce propriétaire troublant de Flambée immobilière qui recrute ses locataires selon des critères interlopes ainsi que des personnages désinvoltes qui constituent à eux seuls des contrepouvoirs évidents comme ce séducteur d'une sorcière dans la cuisine qui répète à l'envi qu'il est un vieux con et qu'un jour il faudra qu'il paye.

Rajoutez à cela quelques anges, quelques fantômes et autres vampires, une énorme dose d'humour mâtinée d'ironie et vous aurez une petite idée de ce qui vous attend dans ce bijou de style d'un auteur au carrefour de Brown et d'Orwel qui ne cache pas ses sympathies pour le monde d'avant la chute du mur de Berlin et son intérêt pour Hugo Chavez sur le blog des moissonneuses à qui il dédicace ce livre.

Lien : http://muet-comme-un-carpe-d..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Mais vois-tu, il y a trente ans, quand j'étais petit garçon, si l'on m'avait dit que j'allais vivre dans un monde où l'on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l'amour, un monde où il faut accepter de porter des masques certains jours, où la fête est devenue une obligation, un monde où l'on bombarde ses propres banlieues, où l'eau manque, où l'on ne peut plus jamais être seul sans avoir l'air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j'aurais dit à ce type que j'aimais bien la science-fiction, mais que, là, il y allait tout de même un peu fort. Qu'il n'était pas crédible... On supporte tout ça parce que ce n'est pas arrivé d'un seul coup, mais à doses homéopathiques, mois après mois, année après année. En fait, la catastrophe est lente, Agnès, terriblement lente. C'est une fin du monde au ralenti. Tu comprends ?
- Je crois que oui. Hélas, je crois que oui.
Commenter  J’apprécie          110
Elle eut une pensée fugitive pour son médecin traitant, qui lui disait que son tabagisme nuisait surtout à sa santé et qu'il y a avait peut-être des moyens à la fois moins dangereux, moins onéreux et surtout moins adolescents de défier le monde.
Commenter  J’apprécie          40
On supporte tout ça parce que ce n’est pas arrivé d’un seul coup, mais à doses homéopathiques, mois après mois, année après année. En fait, la catastrophe est lente, Agnès, terriblement lente. C’est une fin du monde au ralenti.
Commenter  J’apprécie          10
On ne devrait jamais écrire de lettre à la femme de sa vie. Lui parler devrait suffire.
Commenter  J’apprécie          40
Le système n'était pas réformable. Aucun système n'est réformable. Il se maintient ou s'écroule.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jérôme Leroy (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jérôme Leroy
Maître et rénovateur du roman noir français, Jean-Patrick Manchette a réinventé le genre du polar dans les années 1970 et 1980. Nicolas Herveaux invite le spécialiste Nicolas le Flahec et l'auteur Jérôme Leroy pour découvrir ou redécouvrir la vie et l'oeuvre de l'écrivain.
PARTENARIAT | Pierre Krause, responsable éditorial de Babelio intervient chaque vendredi pour partager les avis des lecteurs du site https://www.babelio.com/
#bookclubculture #litterature #polar
_________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4¤££¤9Pierre Krause20¤££¤ ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : CatastrophesVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (23) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz Norlande

De quelle ville Jérôme Leroy s'est-il inspiré pour créer son histoire ?

Stavern
Bergen
Utoya

10 questions
40 lecteurs ont répondu
Thème : Norlande de Jérôme LeroyCréer un quiz sur ce livre

{* *}