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EAN : 9782070786428
304 pages
Gallimard (06/10/2011)
3.73/5   184 notes
Résumé :

Sur fond d’émeutes de plus en plus incontrôlables dans les banlieues, le Bloc Patriotique, un parti d’extrême droite, s’apprête à entrer au gouvernement. La nuit où tout se négocie, deux hommes, Antoine et Stanko, se souviennent. Antoine est le mari d’Agnès Dorgelles, la présidente du Bloc. Stanko est le chef du service d’ordre du parti. Le premier attend dans le salon d’un appartement luxueux, le second dans la chambre d’un hôtel minable. Pendant un quar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Le Bloc Patriotique, parti d'extrême droite dont le logo est un trident bleu-blanc-rouge, négocie son entrée au gouvernement tandis que de violentes émeutes secouent la France.

Le livre de Jérôme Leroy est d'une brutalité assez rare, pas tant par les descriptions de scènes de violence et de rixe qui rythment le récit mais bien plus par le sentiment dérangeant, la sensation de malaise qui ne manquera pas vous saisir - et qui vous poursuivra longtemps - après avoir terminé l'ouvrage. Pourquoi ? Parce que vous venez d'être plongé dans l'histoire du premier parti d'extrême droite français, parce que vous venez de partager les 40 années de l'histoire de ce mouvement politique – de sa naissance à son arrivée au second tour de l'élection présidentielle – , parce que vous venez de faire l'expérience des évènements qui conduisent de manière inéluctable à son entrée au gouvernement et parce que ces événements sont ceux de la France des années 2000-2010, notamment les émeutes de 2009. Parce vous vous dites : "cette fois, on y est".

Jérôme Leroy propose une analyse historique, politique et sociale du climat de cette France-là, capable de porter un parti d'extrême droite au pouvoir, quand l'exigence républicaine n'est plus une priorité et quand les valeurs qu'elle véhicule sont celles de l'individualisme forcené et du culte consumériste. Il nous montre que bien avant les années de la droite "décomplexée", les fissures de l'édifice républicain apparaissent déjà sous la gauche et continuent à se creuser chaque jour, alimentées par le climat de peur et d'insécurité que les médias entretiennent.

C'est aussi une plongée dans les arcanes de l'extrême droite française et l'histoire de la main mise d'une famille sur le parti. C'est également une immersion dans l'organisation para-militaire du service d'ordre et le récit d'un groupe d'intervention qui, officiellement, n'existe pas.

Tout cela nous est raconté par deux personnages principaux : Antoine, le mari de la présidente du Bloc, et Stanko, le chef du service d'ordre du parti.

Car la force du livre tient aussi à sa construction et à la richesse, à la puissance romanesque de ces deux personnages. Ainsi, le livre se déroule en une seule nuit. Les chapitres alternent les deux voix et emploient des pronoms personnels à la première et deuxième personnes comme sujets narratifs, plaçant le lecteur au coeur des ténèbres extrémistes.

L'intellectuel et l'homme de main, l'écrivain et le cogneur, le bourgeois et le prolo, le livre et l'arme. Deux hommes qu'apparemment tout oppose et qui, pourtant, vont vivre une intense amitié à travers le Bloc et ses idées. L'un cherche refuge dans le passé, l'autre, un sens à l'existence, unis par cette pulsion de mort qui les habite, frères dans cette violence qu'ils aiment déchaîner. Tous deux finiront néanmoins broyés par nécessité, car, si le parti accueille les chiens fous et les égarés, il n'hésite pas à s'en servir et à les sacrifier.

Si le Bloc n'est pas un roman parfait, son auteur a le mérite de s'être hissé à la hauteur du défi qu'il s'était imposé : se mettre dans la peau de deux fascistes. On pourrait reprocher un certain manque de tension, puisqu'il n'y a ni intrigue, ni enquête et que la fin est très prévisible. L'intérêt est ailleurs, me direz-vous. le sujet est traité habilement. Et ces 300 pages ne laissent pas indifférent.

Et si le roman devenait réalité ? Hypothèse très, très noire… mais on se dit aussi en le refermant que d'autres choix sont possibles et que c'est à nous de réagir (mai 2012 ! mai 2012 !)
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Peut-être bien plus qu'en 2011, date de sa parution, le Bloc de Jérôme Leroy résonne dans une actualité où les blocs justement se polarisent de plus en plus que ce soit lors des dernières élections présidentielles en France ou plus récemment lors de la tragédie qui s'est déroulée aux USA à Charlottesville en Virginie, en marge des affrontements entre membres du suprématisme blanc et militants antiracistes. Portrait d'un mouvement politique d'extrême droite, le Bloc a également inspiré le réalisateur Lucas Belvaux pour son film Chez Nous qui vient de sortir dans les salles et dont le scénario, très éloigné du roman original, a été coécrit en collaboration avec l'auteur du récit.

Une nuit. Les émeutes font rage en France et les victimes s'additionnent sur le compteur qu'égrènent la plupart des chaînes de télévision. Mais cette nuit il est surtout question des négociations qui se jouent entre le pouvoir en place et Agnès Dorgelles, la présidente du groupe d'extrême droite le Bloc Patriotique. Sur la balance, il y a l'exécution de Stanko, militant de la première heure, qui se joue. Sur la balance, il y a le destin d'Antoine Maynard qui intégrera peut-être la prochaine formation gouvernementale. Stanko sacrifié, Antoine sanctifié, il est temps pour ces deux complices de se remémorer toutes ces années de fureurs, de manipulations et de secrets inavouables qui les ont conduit à cet aboutissement de 25 ans de militantisme au sein de la plus trouble des formations politiques. Une nuit seulement pour se souvenir et mourir peut-être.

S'ils ne sont pas traités sous la forme d'un pamphlet ou d'un brûlot, les sujets abordant le thème de l'extrême droite font régulièrement l'objet de critiques virulentes avec des détracteurs toujours prompts à évoquer une espèce de complicité ou de fascination de l'auteur pour les membres de ces groupuscules radicaux qu'ils décrivent. Pourtant que ce soit avec Fasciste de Thierry Marignac, ou le Bloc, transposition fictive d'un parti politique français, aux thèses extrémistes, tristement célèbre, il devient impérieux de découvrir qui se cache derrière l'anonymat des chiffres que l'on nous assène lors des diverses périodes électorales. Sous la forme d'un roman noir qui s'articule sur la rétrospective de deux personnages passant en revue le fil de leurs engagements politiques, Jérôme Leroy dresse les portraits inquiétants des différentes mouvances qui composent la diaspora du Bloc Patriotique où l'on observe une véritable mutation qui s'illustre sous un vernis technocratique permettant de véhiculer d'une manière plus décomplexée les idéologies les plus abjectes. Au gré des évocations, l'une des grilles de lecture de l'ouvrage consistera donc à déterminer quels sont les personnages, les villes et autres affaires politiques faisant référence au Front National que Jérôme Leroy développe sous l'angle d'une fiction habile où l'évolution des mouvances de l'extrême droite est intégrée dans son contexte historique mais également par l'entremise des idéologies véhiculées par une cohorte d'écrivains comme Drieu, Brasillach ou Chardonne que l'on découvre au travers d'un catalogue littéraire richement étoffé qui jalonne l'ensemble du récit.

La construction narrative s'effectue sur un mode binaire où l'auteur développe une alternance des points de vue d'Antoine Maynard et de Stanko qui s'égrène au rythme des chapitres composant le roman. On suit ainsi les parcours respectifs de ces deux personnages sulfureux qui, au terme d'une nuit décisive, vont voir leur destin basculer. Maynard c'est le militant intellectuel qui a embrassé la cause fasciste davantage par provocation que par conviction. Petit fils d'un résistant communiste, grand amateur de littérature et d'une certaine forme de violence que lui offre cette idéologie il gravit les échelons et devient l'un des pontes du parti en épousant Agnès Dorgelles présidente du Bloc Patriotique qui succède à son père. Rédigé en employant la deuxième personne, les chapitres concernant Maynard distillent un certain malaise avec cette sensation de complicité qui se développe au fil du récit, ceci d'autant plus que le personnage présente de nombreuses caractéristiques propres à l'auteur. Mais au-delà du détachement romantique ou d'une certaine forme dandysme exacerbé, voire même de nihilisme, Maynard est bien le misérable salaud qui n'hésite pas à sacrifier son meilleur ami sur l'autel de la respectabilité dont son parti a toujours été en quête. Rongé par la haine et révolté par l'injustice sociale dont ses proches ont toujours été victime, Stanko est le nervi intègre du mouvement politique qui a mis en place le service de sécurité Alpha, une espèce de garde prétorienne composée de tueurs froids et déterminés qui se sont désormais retournés contre lui. Parce qu'il est trop compromis, parce qu'il en sait trop, parce qu'il ne correspond plus à la ligne du parti, Stanko est le fils prodigue qu'Agnès Dorgelles et Antoine Maynard doivent sacrifier pour parvenir dans les coulisses du pouvoir en place. On assiste donc à cette traque violente, parfois sanglante tout en découvrant les arcanes d'un mouvement politique en pleine mutation afin de cultiver sa longue quête du rejet et de la haine de l'autre.

Roman noir incisif et perturbant, le Bloc est résolument ancré sur un registre humain en distillant ainsi son lot de malaises et d'émotions afin de mieux appréhender et mesurer la colère de ces hommes et de ces femmes qui ne se reconnaissent plus dans les formations politiques traditionnelles qui n'ont fait que les décevoir. La logique du repli sur soi et de l'exclusion peut se mettre en place.

Jérôme Leroy : le Bloch. Folio policier 2011.

A lire en écoutant : On Est Chez Nous de Zebda. Album : Essence Ordinaire. Barclay 1998.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Depuis le mois d'août les émeutes embrasent la France. le gouvernement de droite, soucieux de montrer qu'il n'entend pas laisser les racailles faire la loi, a lâché la bride aux forces de police. La situation a pourri, les violences ont augmenté et on en est déjà à plus de 750 morts en cette nuit de novembre où le Bloc Patriotique, le parti d'extrême-droite, apparaît comme l'ultime recours. Pendant que les négociations battent leur plein au pavillon de la Lanterne pour savoir combien de ministères va enfin décrocher le Bloc, deux hommes attendent.
Seul dans son appartement, Antoine Maynard, mari d'Agnès Dorgelles, présidente du Bloc, attend de savoir si le service d'ordre du parti a réussi à éliminer Stanko, son chef.
Seul dans la chambre d'un hôtel borgne, Stanko attend les tueurs à ses trousses.
Tous les deux se remémorent leurs rencontres respectives avec le Bloc et leur amitié trahie ce soir. Car au moment d'accéder au pouvoir, le parti doit se refaire une respectabilité et s'acquitter de quelques dettes auprès des hommes en place. Ancien skinhead, exécuteur des basses oeuvres du parti et de la famille Dorgelles, Stanko est devenu un poids. Il doit disparaître.


Avec le Bloc, Jérôme Leroy frappe un grand coup et nous montre, s'il en était besoin, et n'en déplaise à certains, que l'on ne peut se contenter de diviser le monde entre les bons et les méchants, ni les romans entre ceux que l'on aime et ceux que l'on n'aime pas. Parce que je ne peux pas vraiment dire que j'ai aimé le Bloc. Parce qu'il m'a emballé mais qu'il m'a aussi mis particulièrement mal à l'aise. En partie justement parce qu'il nous montre tout ce qu'il peut y avoir d'humain chez le grand méchant loup.

Si l'on reconnaitra plus ou moins Marine et Jean-Marie le Pen, l'affaire Poulet-Dachary, les Mégret, Bruno Gollnisch et bien d'autres encore, Leroy ne se contente pas ici de nous faire une histoire vaguement romancée du Front National mais va, au travers de deux portraits, nous montrer comment l'extrême-droite peut séduire des personnes aussi différentes qu'un héritier de la petite bourgeoisie de province et un enfant des milieux ouvriers sinistrés du Nord.

Plus encore, Leroy nous glisse dans la peau de l'un de ses personnages. La narration à la deuxième personne attribuée à Antoine Maynard met en effet le lecteur dans la position d'un acteur du livre. Un acteur par ailleurs séduisant. Maynard est un homme cultivé, intelligent, doté d'une certaine forme de courage physique comme moral, un homme auquel peut-être même, on prendrait plaisir à s'identifier n'était sa propension à la violence et, bien entendu, ses idées. Devenu fasciste non pas « à cause d'un sexe de fille » comme l'assène efficacement la première phrase du livre, du moins pas seulement, Maynard est un de ces héros romantiques qui ont poussé le « dandysme mal placé » jusqu'à basculer et devenir les personnages qu'ils se sont fabriqués. Par provocation, par désir de transgression et d'action. Antoine aurait pu devenir communiste, comme son grand-père, ou comme Jérôme Leroy qui a d'évidence mis beaucoup de lui-même dans ce personnage. Il a choisi, au gré des rencontres et des découvertes littéraires, l'autre camp. Tout cela, et l'utilisation de ce « tu » qui nous place dans l'intimité de Maynard, et fait en quelque sorte de nous Maynard, nous amène à l'aimer d'une certaine manière, au moins autant qu'il peut par ailleurs nous répugner.

Si l'identification à Stanko, bouffé par la haine, avide de revanche, prédateur froid, est moins évidente, son histoire et son indéfectible fidélité à ceux qui sont devenu sa famille par procuration, Maynard et le Bloc, nous amènent là encore à comprendre ou à chercher à comprendre sur quel terreau peuvent proliférer les idées de l'extrême-droite et sur quels ressorts elles peuvent s'appuyer.

À travers cette tragédie antique, en évacuant tout discours lénifiant et moralisateur, Jérôme Leroy nous montre comment l'extrême-droite a fait son nid dans une société qui se délite. Un nid de plus en plus douillet aménagé à la fois par les discours guerriers de la droite et une absence coupable de la gauche auprès de ceux qu'elle aurait dû mieux défendre et qu'elle a abandonnés.

le Bloc est un beau roman noir ponctué de véritables moments de grâce, un roman politique intelligent. Un livre dérangeant aussi dont la lecture ne fait pas forcément du bien sur le moment mais qui, en murissant en nous, nous permet aussi de regarder la société autrement. de nous regarder autrement.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Vie et mort d'un militant d'extrême droite.
Dans la la peau d'un facho et sur les pas de Stanko.
Une spirale infernale.
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Leroy Jérôme, - "Le Bloc" - Gallimard "série noire", 2011 (ISBN 978-2070786428)

Ce livre a connu un certain succès médiatique, et fut dès sa parution l'objet de recensions plus ou moins élogieuses dans la presse, sans doute parce que son auteur en fait partie tout en ayant déjà publié deux ou trois autres romans, et qu'il traite d'autre part de l'un des fantasmes favoris de la "gauche" (toutes tendances confondues), à savoir l'arrivée au pouvoir de l'extrême-droite (sortie du néant en son temps par l'éminent François Mitterrand, machiavélique président de la République ayant décidé délibérément de jouer avec le feu pour ne pas perdre son pouvoir).

L'auteur, Jérôme Leroy, ne cache pas son appartenance au Parti Communiste Français, tout en gagnant sa vie grâce à des articles publiés principalement dans la presse que la gauche accuse d'être à droite, et en avouant être fasciné par l'extrême-droite, ce qui n'a rien de surprenant. En effet, les points communs entre ces deux mouvances politiques ne sont plus à démontrer : pour ne prendre que quelques leitmotive parmi tant d'autres toutes deux visent à prendre le pouvoir par la force à la faveur d'émeutes dénommées "révolution populaire", véritable mythe fondateur de ces gens-là, pour instaurer une dictature, laquelle ne manquera pas de faire le bonheur "du peuple", tout en changeant sa façon de penser. Ben voyons.

Ce qui relève de l'imposture la plus complète, c'est – comme dans ce roman – la manie de ces gens de gauche d'imputer à la seule droite parlementaire la montée de l'extrême-droite, alors qu'ils y participent activement : c'est François Mitterrand qui tira le Front National du néant (scrutin à la proportionnelle instauré en avril 1985) pour affaiblir la droite parlementaire, par ailleurs les partis de gauche tiennent la grande majorité des collectivités locales (municipalités, conseils généraux, conseils régionaux) depuis belle lurette, si bien que c'est bel et bien leur politique menée à cet échelon qui contribue à alimenter l'extrême-droite, au moins autant que la politique menée au niveau national.
L'auteur omet complètement d'aborder la raison principale de la montée de l'extrême-droite, qui résulte amplement de la déconnexion manifeste et dramatique de nos élites politiques (de droite comme de gauche) par rapport à la vie réelle de la population. C'est bien dommage.

Ce roman se déroule à l'instant imaginaire où le Bloc National (dénomination donnée ici au Front National) va accéder au gouvernement dans le contexte d'émeutes violentes et ininterrompues dans les banlieues (déclenchées bien entendu par le vilain gouvernement de droite classique, sans jamais mentionner la responsabilité des élus locaux, pour le coup majoritairement de gauche dans ces banlieues). Les allusions aux diverses étapes de la constitution et du succès du Front National sont à peine dissimulées derrière des noms tout à fait transparents (la dissidence mégrettiste, l'accident de Stirbois, les municipalités conquises en juin 1995 gérées de pitoyable façon etc). Comme dans la réalité de l'histoire du F.N., ce Bloc National fut fondé et développé par "le Vieux" (qui a toutes les caractéristiques de Jean-Marie le Pen), lequel a cédé sa place à sa fille (allusion à Marine le Pen), laquelle est donc en train de négocier l'entrée en force de son parti au gouvernement, en exigeant pas moins de dix portefeuilles ministériels.
Pour accepter cette demande, l'un des soutiens incontournables de la droite exige la liquidation physique du chef des milices secrètes du Bloc National, dénommé Stanko (un des militants inconditionnels de la première heure), et obtient que la milice du Bloc National se charge de cet assassinat. En contrepartie, le mari de la présidente du Bloc devrait se voir octroyer au moins un poste de secrétaire d'état si ce n'est de ministre.

A partir de cette situation, chaque chapitre alterne les réminiscences de l'un (le mari qui attend le résultat des négociations dans son somptueux appartement, apostrophé par un récit à la forme "tu") et de l'autre (le petit malfrat né à Denain, tôt pris en main et formé par les anciens du Bloc National, adepte de la violence extrême, qui parle à la forme "je") pour décrire l'inexorable montée du Bloc National.
En ce qui concerne les épisodes de violence entre diverses tendances de l'extrême-droite mises en scène dans ce roman, l'auteur a fort probablement puisé dans ses souvenirs de castagne soigneusement organisée entre les militants d'extrême-gauche et les caïds de la CGT ou/et du PCF, ça se ressemble comme deux gouttes d'eau.

Quelques pages fort intéressantes, surtout dans le chapitre neuf, des pages 170 à 178 : via son héros, l'auteur se livre à une variation sur le monde d'avant, le monde d'après, situé aux environs des années 1960-1970, en s'appuyant sur le film "Masculin-Féminin" réalisé par Jean-Luc Godard et sorti en mars 1966.

Un livre enlevé, bien ficelé, mais à lire avec beaucoup de circonspection. Il n'est pas interdit de le mettre en parallèle avec "Soumission" de Houellebecq, qui part, lui, de l'hypothèse de la victoire d'un parti islamiste…
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critiques presse (3)
LeSpectacleduMonde
25 janvier 2012
Bien plus qu’une dénonciation d’un parti, le Bloc se lira comme une imprécation contre le nihilisme.
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde
Liberation
12 décembre 2011
L’intrigue et les mèches sont enroulées, le feu est partout, ça prend très bien. On s’y croirait. Jérôme Leroy, 47 ans, 20 livres en bandoulière, prend un pied joyeux et sombre à élaborer cette quasi-France… distante d’un miroir ? [...] Un roman plein d’une humanité dense et dangereuse, un bloc fissuré.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
14 octobre 2011
Avec Le Bloc, Jérôme Leroy a signé un roman brutal et poignant, l'heureuse rencontre entre Drieu et Sam Peckinpah.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Par exemple, depuis combien de temps trouve-t-on normal de voir les gens manger en marchant ? Cela n'a l'air de rien, c'est anodin au possible, mais enfin une jolie fille qui se débat avec un kebab et son téléphone portable, insoucieuse de la sauce blanche qui lui coule sur le menton, c'est typiquement une attitude du monde d'après. Inimaginable dans une rue des années 60 ou 70. Catherine-Isabelle Duport n'aurait jamais mangé un sandwich debout, dans la rue, devant les autres. D'abord, parce qu'elle aurait été gênée , appartenant à une époque où les autres, justement, avaient encore une importance et aussi parce que rien, ni patron, ni horaire, n'aurait justifié une telle aliénation et qu'il y a toujours un moyen de s'installer à une terrasse, de croiser par hasard une copine et de parler des garçons autrement qu'en se connectant à Facebook dans la solitude du soir, dans un appartement cher et petit, à roter le kebab mal digéré du midi.
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Non, ne pas penser encore à Denain.
Repenser à mes débuts au Bloc, par exemple, à ce vieux guerrier de Molène.
Je me revois, allez savoir pourquoi, sans doute parce que la journée devait être lumineuse, début 91, en train de surveiller des recrues du GPP qui faisaient des exercices dans la salle de gym du Bunker. Je crois bien que les opérations terrestres avaient déjà commencé contre l'Irak. Les gars enchaînaient les pompes sur deux bras. Et ils recommençaient. Jusqu'à épuisement. J'aimais l'odeur de leur effort, j'aimais la sueur qui trempait leurs tee-shirts. Ils me haïssaient comme on hait toujours celui qui vous entraîne, celui qui vous oblige à avoir mal, et puis à la fin vous l'aimez parce que vous vous apercevez qu'il vous a suffi d'un seul coup de poing pour que le type 'en face ne se relève pas. Ou que vous n'avez ressenti aucune courbature quand vous êtes allé déménager une copine et que vous vous êtes pourtant tapé une bonne vingtaine d'allers et retours entre la camionnette et le cinquième étage sans ascenseur, dont une fois avec une moitié d'armoire normande.
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Au moins, Natacha n'était pas partie sur une liste de trotskistes ou d'écologistes. Elle était restée fidèle à papa.
A l'idéal de papa.
A l'héroïque connerie de papa.
Qu'elle avait à peine eu le temps de connaître. Elle avait quel âge, quand il a décidé de se tromper de pont, Papa, et n'a pas pris celui qui arrivait sur Lourches mais celui qui menait à l'écluse du canal et que sa voiture est tombée dedans?
Oui, tu avais quoi, Natacha, deux mois, trois mois? La petite dernière, celle qu'on fait malgré les années de chômage, pour garder foi en l'avenir, celle qu'on fait malgré les mensonges de la gauche au pouvoir qui avait promis de sauver la baraque, qui avait juré qu'on continuerait à faire de l'acier à Denain. Il y avait même des ministres communistes au gouvernement, quand tu es née, Natacha, tu vois comme la vie allait être plus belle.
Les années se mélangent, je suis fatigué, mais je suis certain que c'était un mardi 12 décembre.
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Les antiracistes ont toujours été de grands bavards [...] et s'ils ne s'étaient pas tant écoutés parler, ils nous auraient entendus venir, nous, les bloquistes, les fascistes, la lie populiste, mais ils faisaient tellement de bruits moraux avec la bouche que la réalité pendant ce temps-là nous donnait chaque fois un peu plus de voix aux élections et rendait nos idées de plus en plus acceptables, logiques, au point que maintenant, moins d'un an avant les élections présidentielles [de 2012], c'est la droite 'respectable', dure mais 'respectable' qui nous appelle au secours en catimini.
(p. 56-57)
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Les bobos se lèvent plus tard. Ils ont la gueule de bois après avoir eu de grandes discussions citoyennes dans les bars de la rue Oberkampf. Peut-être ce soir-là ont-ils un peu moins parlé d'eux-mêmes et enfin des événements.On ne les a pas trop vus manifester, par ici, parait-il, ces belles consciences antirascistes. Ils ont quand même les foies, maintenant. Le XIème, c'est tout près de Belleville, et à Belleville c'est la guerres intra-muros. Ne pas voir leurs réactions dans les jours qui vont venir, leurs protestations indignées : je regrette de devoir manquer ce grand moment de comique. ça va piauler et s'indigner sur Facebook. Ils ont toujours été très forts pour s'envoyer du Daily Motion et du You Tube. Mais, sorti de ça, c'est quand même des soucis de copropriètaires, qu'ils ont. Ou de psychanalysés.
Alors, ça m'étonnerait qu'on les voie en première ligne dans la vie réelle.
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Maître et rénovateur du roman noir français, Jean-Patrick Manchette a réinventé le genre du polar dans les années 1970 et 1980. Nicolas Herveaux invite le spécialiste Nicolas le Flahec et l'auteur Jérôme Leroy pour découvrir ou redécouvrir la vie et l'oeuvre de l'écrivain.
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