AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 163 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le mystère de la femme sans tête - Myriam Leroy - Roman - Éditions du Seuil - Lu en mars 2024, terminé ce 1er avril 2024.

Comment qualifier ce roman ? Il y a une part de réalité et une part de fiction imaginée par l'autrice, Marina Chatroff ayant bien existé, est enterrée dans le cimetière d'Ixelles dans la pelouse d'honneur, seule femme à y être enterrée.

Lors d'une promenade pendant la Covid 19, Myriam Leroy se promène avec une amie dans le cimetière d'Ixelles et son regard croise la tombe de Marina Chatroff.
Marina Chatroff est une émigrée russe, sa famille ayant fuit la Russie pour la Lettonie où elle est née, ensuite ils fuient le régime communiste et ils sont arrivés en Belgique. Elle épouse Youri, émigré comme elle, Ils auront deux fils, Nikita et Vadim. Elle "tient son ménage" lot de millions de femmes à cette époque, mais derrière sa fragilité physique - elle ressemble à une adolescente de 15 ans, petite femme d'un mètre cinquante six - se cache une femme au caractère bien trempé .

Ils vivent au 265 Chaussée d'Ixelles, la seconde guerre mondiale éclate. Marina écoute Radio Moscou, elle peste de ne pas avoir son mot à dire au milieu des hommes qui parlent de résistance. Elle décide alors de faire un acte de résistance, elle loue en cachette une mansarde de la rue Cans dans laquelle elle réfléchit et prépare son projet de résistance, sans doute a-t-elle loué cette pièce pour protéger sa famille. Personne n'est au courant.

Et la voilà partie le 7 décembre vers la Porte de Namur,-elle poignarde à mort un officier allemand. Quelques jours plus tard, elle poignarde sur le Boulevard A. Max un autre officier.

Soixante otages sont alors menacés d'être fusillés si le ou les coupables ne se rendent pas. Et voilà que Marina a un terrible problème de conscience et décide de se dénoncer. D'abord incarcérée à la prison de Saint-Gilles, elle sera transférée à la prison de Cologne pour y être décapitée, nous sommes en décembre 1942. Elle a eu le courage de se dénoncer pour sauver 60 personnes.

Myriam Leroy nous raconte dans son roman l'histoire de Marina, mais nous prévient d'emblée que certains personnages, émotions, prénoms et situations ont été inventés. Sont authentiques, les documents cités et les déclarations des personnes, décédées ou vivantes. On navigue donc entre réalité et fiction, ce qui rend parfois la lecture difficile, l'ordre chronologique n'est pas toujours respecté. Beaucoup de lieux de Bruxelles sont cités.

Ai-je aimé ce roman ? Oui, Myriam Leroy ayant vraiment peu de références pour en faire une biographie malgré ses recherches pour en savoir plus sur cette résistante inconnue, a su à mes yeux, rendre plausibles les sentiments et les idées de Marina Chatroff. On sait que la mère de Marina n'a jamais cru que c'était sa fille qui avait commis ces actes, elle la décrit comme étant pieuse, courageuse, ayant un grand coeur, rendant service et aidant les gens. le corps de Marina Chatroff a été rapatrié en Belgique en 1947.

A sa manière, Myriam Leroy a "ressuscité" une femme dont personne ne connaissait l'existence, morte pour avoir eu le courage de se dénoncer afin d'éviter la mort à 60 personnes. Maintenant, peut-on considérer comme légitime en temps de guerre de poignarder des Allemands, c'est un autre débat.

Vous pouvez trouver des renseignements sur Marina Chatroff en surfant sur Wikipedia.

Marina Leroy est journaliste, chroniqueuse, écrivaine et dramaturge. Elle a été finaliste du Prix Goncourt du premier roman en 2018 avec "Ariane" .
Elle a reçu les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur de la République Française
"Comme le précisait la lettre envoyée par l'ambassadeur de France en Belgique en février, le Président de la République l'a nommée dans l'Ordre national de la Légion d'honneur, au grade de chevalier. Une distinction, dit la lettre, qui "vient reconnaître" ses "qualités d'éminente écrivaine et réalisatrice" ainsi que son "engagement contre les violences faites aux femmes". Source : la RTBF
"Touchée par cette "sacrée belle récompense au terme d'une petite traversée du désert à dos de vache maigre", Myriam Leroy a voulu, dans son discours lors de la cérémonie qui vient de se tenir, "remercier toutes celles et ceux qui m'ont soutenue et me soutiennent encore, qui en dépit des tendances et des climats, quand je suis à la mode et quand je ne le suis pas, celles et ceux m'éditent, me produisent, me diffusent, me mettent en scène, écrivent avec moi, et plus largement, par leur considération, leur amitié et leur amour, m'encouragent à continuer." Elle a aussi eu une pensée pour toutes celles et ceux qui mènent des combats similaires, "qui se battent tous les jours pour un peu de lumière, ou simplement un peu de public et un peu d'argent, un peu d'écho pour leurs idées, un peu de succès pour leurs combats".

"Myriam Leroy a signé 2 pièces de théâtre (Cherche l'amour et ADN), réalisé un webdocumentaire, Cuisine Interne, sur l'IVG et coréalisé #SalePute avec Florence Hainaut sur le cyberharcèlement sexiste, et écrit 3 romans, Ariane, Les Yeux rouges et, le tout récent, le Mystère de la femme sans tête, beau succès de librairie qui a inspiré son passionnant podcast true crime pour Tipik, La Poupée russe, disponible sur Auvio". Source RTBF-12 Juin 2023

Commenter  J’apprécie          8818
Merci aux éditions du Seuil et à cette opération Masse critique privilégiée qui m'a permis de recevoir ce livre.
L'autrice découvre durant le confinement, lors d'une promenade à la pelouse d'honneur du cimetière d'Ixelles, parmi toutes les stèles de fusillés, tous masculins, une seule dédiée à une femme, une Russe, Marina Chaffrof, et de plus, avec la mention Décapitée.
Ce mot, cette exécution intrigue Myriam Leroy, elle entreprend des recherches sur cette femme qui paraît bien oubliée : son nom n'est pas référencé sur des sites en français. L'autrice a accès à peu de documents et reçoit des témoignages parfois fort contradictoires.

Je n'avais jamais entendu parler de Marina Chaffrof, et ce alors qu'à l'école, les récits d'actions de patriotes étaient légion, que j'ai toujours eu un intérêt marqué pour l'histoire et en particulier sur la résistance.
Mon intérêt fut donc immédiat !

Martina Chaffrof écoute Radio Moscou durant l'occupation, et les exhortations de Staline à tuer l'envahisseur. Elle poignardera un officiel allemand mais devant la menace de l'occupant de s'en prendre à 60 otages, elle se dénoncera et mourra décapitée à la hache en 1942.

le Mystère de la femme sans tête reste bien entendu un roman. Pour le construire, Myriam Leroy a pris - et l'avoue d'emblée - des libertés : les pensées des protagonistes lui appartiennent, la chronologie n'a pas toujours été respectée. Seuls sont authentiques les documents cités et les déclarations des témoins intervenant dans le texte.

C'est un roman également par sa construction : à la vie de Marina se mêlent des émotions et des faits propres à l'autrice. Ceci m'a irrité en début de lecture, mais ce sentiment a vite disparu, le balancement entre les deux époques, entre les pensées de Marina Chaffrof et de Myriam Leroy conférant une réelle consistance au récit.
Faire sortir des femmes de l'ombre où on les relègue trop souvent est enfin une action que j'apprécie et qui honore l'autrice.




Commenter  J’apprécie          422
Intriguée par le titre et ayant en mémoire l'épatant Les yeux rouges, son livre précédent dans lequel Myriam Leroy racontait le harcèlement en ligne dont elle a été l'objet, j'ai plongé dans ce livre sans rien connaitre de l'histoire. le mystère de la femme sans tête raconte la vie de Marina Chafroff, pourquoi elle s'est livrée aux allemands en 1942 (en Belgique) et pourquoi elle a été décapitée.

Le roman alterne ces chapitres « narratifs » et ceux qui expliquent l'enquête de Myriam Leroy à commencer par les raisons qui l'ont poussé à écrire ce livre.

Et puis Marina rencontra Youri. Elle se prit ce garçon en pleine figure comme on marche sur un râteau, un coup de manche au milieu du front.

Si le mystère de la femme sans tête n'en est plus un en refermant ce livre, son personnage reste avec ses zones d'ombre. L'image qu'en livre un de ses fils encore vivants contraste avec les éléments que l'écrivaine découvre au fur et à mesure de son écriture. On a le sentiment d'une femme qui étouffe dans le rôle que la société lui a assigné et qui se rebelle en faisant acte de résistance.

Ce qui est certain c'est que cette femme qui a sauvé des vies et que l'histoire n'a pas retenu existe à nouveau grâce à la plume, alerte et intense de Myriam Leroy.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          280
Ce roman raconte l'histoire de Marina Chafroff, une jeune femme décapitée pendant la Seconde Guerre mondiale après l'attaque au couteau d'un fonctionnaire allemand.
J'ai trouvé ce roman intéressant au point de vue historique mais en même temps un peu déstabilisé par le point de vue de l'auteure et par le fait qu'on ne sait pas vraiment ce qui s'est vraiment passé.
Bien écrit et agréable de lire ce roman pour moi est quand même une bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          140
Qui a déjà entendu prononcer le nom de Marina Chafroff ? Eh bien, à vrai dire, personne, ou presque. du moins en 2019, moment où Myriam Leroy se fait un point d'honneur à la mettre en lumière. Pourtant, dit-elle, dans d'autres pays, on en parle comme d'une « Jeanne d'Arc belge ».
Pour ma part, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en achetant ce livre. Mais, comme j'avais apprécié les deux premières publications de Myriam Leroy , j'y suis allée en confiance.
J'avoue avoir été surprise. En effet, les cimetières, je les aime beaucoup et les visite volontiers. Ce qui m'attire, c'est l'art qu'ils renferment et qui les transforme en musées à ciel ouvert. Mais qui, de nos jours, a encore les moyens de se commander un beau mausolée, tout chargé d'anges et de pleureuses ? Et la symbolique : oiseaux, torches renversées, mains qui se rejoignent... Je ne m'en lasse pas. C'est pourquoi je m'étais laissé dire que la nécropole d'Ixelles regorgeait d'exemples de toute cette statuaire. Je l'ai arpenté en tous sens, à la recherche de l'architecture funéraire ou, plus prosaïquement, de quelques tombes VIP : celle si romantique du Général Boulanger et de Madame de Bonnemains, celles d'écrivains ou d'artistes tels Nell Doff, Charles de Coster, Victor Horta ou Antoine Wiertz. Il est donc probable que je sois passée devant la partie réservée à la Seconde Guerre mondiale, mais sans y prêter grande attention.
Myriam Leroy , elle, voulait tout simplement respirer un peu d'air et profiter de cette liberté avec une amie, à ce moment où l'épidémie de Covid cloîtrait tout le monde à l'intérieur. Les deux femmes remarquent les stèles blanches bien alignées et dédiées à quantité de Lucien, Gustave ou Achille fusillés. Et soudain, une Marina, décapitée ? Qu'est-ce que cela veut dire? En plus, à ce moment, on parle beaucoup de ce professeur exécuté de la même façon par un intégriste.
L'auteure entreprend alors des recherches. Dès la première page, elle nous confie que « Les Russes qui s'en souviennent prétendent qu'elle a changé le cours de la guerre. Les Belges, eux, ne disent rien. Ils l'ont oubliée. »
Écrire cet ouvrage a donc dû demander une somme énorme de travail, investigations, patience. Lorsqu'elle évoque les maigres documents qui existent, on se prend à regretter qu'aucune reproduction ne figure dans son livre, un plan du cimetière (elle précisait qu'au moment où elle travaillait, la tombe de Marina n'était même pas répertoriée) ou un portrait de son héroïne. Car elle a au moins déniché une photo, « un rectangle jauni au format identité agrafé à un document ».
Myriam Leroy nous présente Marina comme une femme de petit format (1 mètre 55), jeune (33 ans quand elle est décédée) et que presque tout le monde confond avec un enfant. « Certains commerçants de la rue des Radis la prenaient d'ailleurs pour un garçonnet ». Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un caractère bien trempé et de savoir ce qu'elle veut : « une morgue et des yeux durs (...) Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde "Dégage" ». Comment et pourquoi cette inoffensive petite créature a-t-elle pu être déportée ? Décapitée ? A la hache ?
On comprend que la curiosité de Myriam Leroy ait été piquée. Mais son livre n'est ni une biographie, ni un essai. C'est un roman. Avec des sources aussi restreintes, que pouvait-elle faire d'autre que combler les lacunes et imaginer ?
La complexité de sa tâche, elle a trouvé un moyen très ingénieux de la faire ressentir à son lecteur. Soudain, le récit s'interrompt. Elle se parle à elle-même en « tu », expliquant sa méthode de travail, ses doutes, faisant la part de la réalité attestée et de ce qui relève du domaine des hypothèses, suppositions, et, puisqu'on ne connaîtra jamais le fin mot de l'histoire, elle se réserve le droit de choisir la version qui lui plaît le plus, qui lui semble la plus vraisemblable.
Outre les portraits (Maria, Ludmilla, Gilberte...)Myriam Leroy reconstitue une époque : la guerre, l'occupation, les restrictions, le marché noir, les partisans de Degrelle, les fanfarons qui se tressent des couronnes héroïques complètement imaginaires.
L'auteure nous guide à travers un quartier que je connais assez bien (Chaussée d'Ixelles).
Bien entendu, en reconstituant la personnalité d'une femme hors du commun, que, malgré son intelligence, on cantonne aux basses besognes (les pauvres courses soumises aux tickets de rationnement, les repas aussi nourrissants que possible pour l'homme et les deux enfants en pleine croissance, verser des litres d'alcool au mari et à ses amis, qui palabrent des soirées entières, mais sont absents quand il faut agir), l'auteure souligne la condition des femmes qui, même à notre époque et même dans notre pays, sont encore trop souvent reléguées au second plan, méprisées, vilipendées, insultées, harcelées. Et le monde du travail dont « les échelons supérieurs demeuraient occupés par des Jean-Michel Médiocre ».
Le personnage le plus ahurissant est sans conteste (du moins à mes yeux) Youri qui, vu à travers le regard énamouré de Marina, se révèle soudain, tel un athlète, « à la piscine d'Evere où le contre-jour lui avait dessiné un halo, une auréole à la mesure de sa divinité ». Subjuguée, la timide jeune femme s'avance alors et lance : « Tu l'ignores encore, mais tu vas m'épouser. » Et ce rêve de midinette se réalise, mais ne durera que le temps d'un soupir. Youri n'est encore lui-même qu'un enfant (18 ans) lorsqu'il devient père. Pour rapporter quelques sous, il participe à des combats de boxe clandestins, se fait embaucher sur des chantiers puis dans un garage.
Quand la guerre est déclarée, il se pique d'avoir des avis sur tout, mais ce ne sont que des paroles en l'air. « Il semblait seulement attendre (...) que les Allemands plient bagage en s'excusant ». Bien pire, « il était devenu mécanicien du parc automobile de la Wehrmacht » et « s'avinait jusqu'à tomber dans l'escalier », tandis que sa femme rivalise d'ingéniosité pour arriver à faire cuire quelques denrées sur la semelle d'un fer à repasser comme plaque de cuisson, lorsqu'il n'y a ni gaz ni électricité.
Au moment où la maison de sa mère est attaquée par des soldats qui y boutent le feu, l'héroïque Youri « s'échappe par la fenêtre sans se soucier de son fils ». Il détournera à son profit les allocations des enfants et quand, plus tard, son aîné lui reprochait de les avoir abandonnés, il ripostait : « Mon ami, cette guerre a fait des millions d'orphelins. On n'est pas à deux près. » On se demande ce que Marina a bien pu lui trouver, mis à part beauté et jeunesse !
Dans cet ouvrage, j'ai découvert des tas de choses que je ne connaissais pas. J'ai aimé le portrait que Myriam Leroy brosse de Marina. J'ai beaucoup apprécié les moments où elle partage avec le lecteur ses propres réflexions, questionnements, suppositions, doutes.
La seule chose qui m'a déplu, c'est le titre que j'ai trouvé trop commercial, racoleur et qui, de mon point de vue ne correspond pas à ce beau personnage central.
Commenter  J’apprécie          142
J'ai découvert Myriam Leroy grâce à son passage dans l'équipe d'une émission littéraire belge, il y a quelques années, et j'ai ensuite lu plusieurs de ses livres - notamment 2 recueils de ses chroniques radio et son précédent roman "Les yeux rouges ". Et chaque fois que je lis un de ses ouvrages, je le "dévore". C'est sûrement dû à son talent d'écriture, mais pas seulement... Je crois que j'aime ses écrits aussi parce que je m'y retrouve. Je me retrouve dans ses réflexions désenchantées, sa lucidité, son honnêteté, et dans son humour parfois noir. Lors d'une interview en public à laquelle j'ai assisté, Laurent Gaudé - un écrivain que j'adore - avait évoqué le fait qu'on aime un écrivain, son style, car on trouve des similitudes avec soi. Je pense en effet que certains traits de Myriam Leroy font écho chez moi. J'aime aussi son ton et ses propos engagés, et le fait qu'en délivrant un message féministe, notamment dans "Le Mystère de la femme sans tête", elle invite le lecteur à se poser des questions : "Comment aurais-je réagi à la place de  Marina ? Aurais-je sacrifié ma famille à mon engagement ?" 

Car ce roman - puisqu'il s'agit bien d'un roman - n'a pas failli à la tradition et m'a vraiment beaucoup plu.

D'abord, parce que j'aime l'histoire, et en particulier celle de la Seconde Guerre mondiale - d'autant que cet épisode de la Guerre, raconté par Myriam Leroy, se passe en Belgique. J'utilise volontairement le terme "raconté" car si elle a bien mené une véritable enquête sur Marina Chafroff, elle a pris des libertés par rapport à la réalité, elle a "comblé les trous" et fait des choix, comme elle le précise elle-même dans les derniers chapitres. C'est un roman basé sur des faits historiques, mais ce n'est ni une biographie, ni un documentaire historique. 

Ensuite, parce que cette histoire s'est en quelque sorte imposée à elle, lorsqu'elle découvre par hasard, sa tombe au détour d'une balade dans un cimetière, et qu'elle rend compte que cette héroïne de la Seconde Guerre mondiale est tombée dans l'oubli.

Aussi parce que l'auteure a opté pour une structure originale, se basant sur des documents et témoignages qu'elle cite, prêtant des pensées et des paroles à sa protagoniste principale, et alternant le récit de son enquête et de ses propres ressentis - en 2022 - avec celui de l'histoire de Marina. J'ai beaucoup aimé le parallèle que Myriam Leroy fait avec sa vie et ses propres pensées.

Également parce que j'apprécie son style et l'utilisation d'un langage assez soutenu, qui m'a permis de revoir la définition précise d'au moins deux mots.

Enfin, parce qu'en décidant d'écrire ce livre, elle se questionne et nous invite à réfléchir sur la place des femmes hier mais aussi aujourd'hui.

Ce n'est toutefois pas mon 1er coup de coeur 2023 - mais de peu - car je ne me suis pas vraiment attachée à Marina. Je suis restée assez loin des émotions et cela m'a un peu frustrée. Mais c'est peut-être volontaire de la part de Myriam Leroy...

Un grand merci à Pierre, à Babelio et aux Éditions du Seuil de m'avoir fait confiance pour cette Masse Critique Privilégiée !
Commenter  J’apprécie          120
C'est à l'occasion d'une balade dans un cimetière que naît ce roman sur Marina, la femme sans tête, décapitée par les allemands pendant la 2eme guerre mondiale.

En lisant la mention « décapitée » sur la tombe, l'autrice s'interroge sur ce qui a bien pu mener à cette inaccoutumée et triste fin. Elle nous entraîne alors avec elle, aussi bien dans l'histoire que dans le processus d'écriture et de réflexion qui est le sien. Elle rencontre les membres, encore vivants, de la famille de la femme sans tête. Elle suit les signes et les hasards qui la confortent dans son intuition d'écrire ce récit.

Mêlant ainsi roman historique et fiction, Myriam Leroy nous emmène en Belgique pendant l'occupation allemande, sur les traces de cette femme, mère de 2 enfant, qui se dénonce et se sacrifie pour sauver des prisonniers. A t elle commit l'acte pour lequel elle s'accuse ? Quelle force est assez puissante pour pousser une mère à renoncer à ses enfants ?

La famille étant d'origine russe, exilée en Belgique, le sujet de la position russe à propos de l'azoté guerre est abordé. Plus généralement la politique dans ce pays, notamment avec l'opposition entre blanc et rouge, les partisans de la révolution et les autres.

J'ai trouvé ce roman plutôt fluide et agréable à lire. le personnage de Myriam, hantée par une dépression sourde et feutrée, est assez atypique et attachant.
J'aurai aimé en connaître davantage sur les sentiments des enfants face à tout cela, même si cela n'aurait été que suppositions de la part de l'autrice, les témoignages étant insuffisants.

En bref, une histoire dans l'Histoire, une femme qui a voulu changer un peu les choses, une héroïne qu'on a, à tout prix, empêché de devenir martyre

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette masse critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          92
Fruit du hasard de la rencontre posthume entre Myriam LEROY et Marina CHAFROFF, « le mystère de la femme sans tête » cherche à réhabiliter une héroïne au destin méconnu. Partant des faits indiscutables, l'auteure se voit rapidement confrontée à un grand vide. Elle choisit alors de combler les vides et son livre devient un mélange de récit historique et de fiction. le texte alterne également l'histoire de Marina et les coulisses du processus de son écriture.
Au-delà du point de vue historique, le roman se penche sur la place des femmes. La plongée dans le passé permet à l'auteure de mettre en lumière leur peu d'importance et le poids par la société.
Peu importe qu'il soit romancé, le destin de Marina CHAFROFF passionne et se lit d'une traite. le style est incisif et puissant ; l'écriture est fluide et plaisante. Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          60
La femme sans tête a réellement existé, c'est en se promenant au cimetière d'Ixelles que Myriam Leroy a été interpellée par la tombe de Marina Chatroff decapitee par les Allemands en 1942.
Alors l'auteure se lance dans une enquête journalistique sur la vie de cette jeune femme russe née en 1908 en Lettonie,exilée avec sa famille en Belgique..Les informations qu'elle trouve sont souvent contradictoires , donc le récit relève en partie de la fiction et le personnage de Marina a peu de consistance.
L'on regrettera une écriture très peu travaillée .
Marina est gaie, joue du piano. A 23 ans elle tombe amoureuse de Youri âgé de 17 ans, arrivé à Bruxelles avec sa grand-mère Zenaide. Ils se marient. Youri aime faire la bringue. En 1940 l'exode n'est pas possible pour eux.Alors selon les recherches de l'auteure, Marina fait de la Résistance à sa façon et se livre à un acte personnel de torture d'un fonctionnaire allemand. Elle traverserait une période mystique en prison…
Merci aux Éditions Seuil et à Babelio.
Commenter  J’apprécie          60
Ce roman de Myriam Leroy m'intriguait depuis un moment, c'est une autrice que je ne connaissais pas, c'est l'occasion pour moi de découvrir sa plume. le mystère de la femme sans tête nous plonge dans une Belgique de la Seconde Guerre Mondiale occupée et pousse les lecteurs et les lectrices à se questionner concernant les choix et les décisions de Marina. Vous le savez déjà, c'est une période de l'histoire qui me fascine, et ce qu'il s'est passé en Belgique n'est pas très différent de ce qu'il s'est passé en France. Il faut cependant préciser qu'il s'agit d'un roman, puisque l'autrice précise qu'elle a pris des libertés et qu'elle a dû combler des trous dans le parcours de Marina. C'est une véritable enquête qu'elle a mené mais celle-ci est malheureusement incomplète et garde une certaine part de mystère.

Ce roman n'aurait jamais existé si Myriam Leroy, au détours d'une promenade dans un cimetière lors d'un confinement, ne s'était pas arrêtée devant une tombe dont l'épitaphe est plus qu'intrigante… le mot « décapitée » troublerait n'importe qui, moi la première, et surtout je trouve que c'est un mot qui pousse à découvrir pourquoi il a été gravé sur une stèle. Tout a été fait pour que Marina tombe dans l'oubli.

Le roman fait voyager le lecteur entre 1942 et 2022, à 80 ans d'écart, les histoires de Myriam et de Marina s'entremêlent et se superposent. J'ai beaucoup aimé cette construction de roman qui me rappelle l'excellent roman d'Anne Berest, La carte postale. L'autrice a recueilli des témoignages et a exhumé quelques rares documents existant concernant l'itinéraire de Marina, de mon point de lectrice, cela me semble un travail titanesque. Si le destin de Marina est passionnant, j'ai eu du mal avec certaines de ses décisions, preuve que ce roman m'a poussé dans mes retranchements et m'a beaucoup perturbée sur certains aspects. Mais surtout, j'ai eu du mal à m'attacher à Marina malgré la tragique fin qu'elle a connue. Je découvre tout de même, avec horreur, que les nazis ont pratiqué des décapitations à la hache pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Mais je ne m'y trompe pas, le mystère de la femme sans tête est aussi un roman féministe qui tient à mettre en lumière le destin de ces femmes pendant la Seconde Guerre Mondiale qui ont résisté et qui pour certaines, se sont sacrifiées (à tord ou à raison). La plume de Myriam Leroy est précise et utilise un langage plutôt soutenu, j'ai dû quelquefois vérifier les définitions de certains mots utilisés, ce qui donne un roman abouti et nuancé.

Une bonne lecture mais le manque d'empathie que j'ai éprouvé pour Marina m'a empêché d'apprécier ce roman dans son entièreté. Myriam Leroy a fait un travail de mémoire important en mettant en lumière Marina.
Lien : https://missbiblioaddict.wor..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (445) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}