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EAN : 9791041414758
240 pages
Points (19/01/2024)
3.65/5   162 notes
Résumé :
« Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse. »

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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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sur 162 notes
Le mystère de la femme sans tête - Myriam Leroy - Roman - Éditions du Seuil - Lu en mars 2024, terminé ce 1er avril 2024.

Comment qualifier ce roman ? Il y a une part de réalité et une part de fiction imaginée par l'autrice, Marina Chatroff ayant bien existé, est enterrée dans le cimetière d'Ixelles dans la pelouse d'honneur, seule femme à y être enterrée.

Lors d'une promenade pendant la Covid 19, Myriam Leroy se promène avec une amie dans le cimetière d'Ixelles et son regard croise la tombe de Marina Chatroff.
Marina Chatroff est une émigrée russe, sa famille ayant fuit la Russie pour la Lettonie où elle est née, ensuite ils fuient le régime communiste et ils sont arrivés en Belgique. Elle épouse Youri, émigré comme elle, Ils auront deux fils, Nikita et Vadim. Elle "tient son ménage" lot de millions de femmes à cette époque, mais derrière sa fragilité physique - elle ressemble à une adolescente de 15 ans, petite femme d'un mètre cinquante six - se cache une femme au caractère bien trempé .

Ils vivent au 265 Chaussée d'Ixelles, la seconde guerre mondiale éclate. Marina écoute Radio Moscou, elle peste de ne pas avoir son mot à dire au milieu des hommes qui parlent de résistance. Elle décide alors de faire un acte de résistance, elle loue en cachette une mansarde de la rue Cans dans laquelle elle réfléchit et prépare son projet de résistance, sans doute a-t-elle loué cette pièce pour protéger sa famille. Personne n'est au courant.

Et la voilà partie le 7 décembre vers la Porte de Namur,-elle poignarde à mort un officier allemand. Quelques jours plus tard, elle poignarde sur le Boulevard A. Max un autre officier.

Soixante otages sont alors menacés d'être fusillés si le ou les coupables ne se rendent pas. Et voilà que Marina a un terrible problème de conscience et décide de se dénoncer. D'abord incarcérée à la prison de Saint-Gilles, elle sera transférée à la prison de Cologne pour y être décapitée, nous sommes en décembre 1942. Elle a eu le courage de se dénoncer pour sauver 60 personnes.

Myriam Leroy nous raconte dans son roman l'histoire de Marina, mais nous prévient d'emblée que certains personnages, émotions, prénoms et situations ont été inventés. Sont authentiques, les documents cités et les déclarations des personnes, décédées ou vivantes. On navigue donc entre réalité et fiction, ce qui rend parfois la lecture difficile, l'ordre chronologique n'est pas toujours respecté. Beaucoup de lieux de Bruxelles sont cités.

Ai-je aimé ce roman ? Oui, Myriam Leroy ayant vraiment peu de références pour en faire une biographie malgré ses recherches pour en savoir plus sur cette résistante inconnue, a su à mes yeux, rendre plausibles les sentiments et les idées de Marina Chatroff. On sait que la mère de Marina n'a jamais cru que c'était sa fille qui avait commis ces actes, elle la décrit comme étant pieuse, courageuse, ayant un grand coeur, rendant service et aidant les gens. le corps de Marina Chatroff a été rapatrié en Belgique en 1947.

A sa manière, Myriam Leroy a "ressuscité" une femme dont personne ne connaissait l'existence, morte pour avoir eu le courage de se dénoncer afin d'éviter la mort à 60 personnes. Maintenant, peut-on considérer comme légitime en temps de guerre de poignarder des Allemands, c'est un autre débat.

Vous pouvez trouver des renseignements sur Marina Chatroff en surfant sur Wikipedia.

Marina Leroy est journaliste, chroniqueuse, écrivaine et dramaturge. Elle a été finaliste du Prix Goncourt du premier roman en 2018 avec "Ariane" .
Elle a reçu les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur de la République Française
"Comme le précisait la lettre envoyée par l'ambassadeur de France en Belgique en février, le Président de la République l'a nommée dans l'Ordre national de la Légion d'honneur, au grade de chevalier. Une distinction, dit la lettre, qui "vient reconnaître" ses "qualités d'éminente écrivaine et réalisatrice" ainsi que son "engagement contre les violences faites aux femmes". Source : la RTBF
"Touchée par cette "sacrée belle récompense au terme d'une petite traversée du désert à dos de vache maigre", Myriam Leroy a voulu, dans son discours lors de la cérémonie qui vient de se tenir, "remercier toutes celles et ceux qui m'ont soutenue et me soutiennent encore, qui en dépit des tendances et des climats, quand je suis à la mode et quand je ne le suis pas, celles et ceux m'éditent, me produisent, me diffusent, me mettent en scène, écrivent avec moi, et plus largement, par leur considération, leur amitié et leur amour, m'encouragent à continuer." Elle a aussi eu une pensée pour toutes celles et ceux qui mènent des combats similaires, "qui se battent tous les jours pour un peu de lumière, ou simplement un peu de public et un peu d'argent, un peu d'écho pour leurs idées, un peu de succès pour leurs combats".

"Myriam Leroy a signé 2 pièces de théâtre (Cherche l'amour et ADN), réalisé un webdocumentaire, Cuisine Interne, sur l'IVG et coréalisé #SalePute avec Florence Hainaut sur le cyberharcèlement sexiste, et écrit 3 romans, Ariane, Les Yeux rouges et, le tout récent, le Mystère de la femme sans tête, beau succès de librairie qui a inspiré son passionnant podcast true crime pour Tipik, La Poupée russe, disponible sur Auvio". Source RTBF-12 Juin 2023

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En décembre 2020, lors d'un énième confinement dû à la pandémie, Myriam Leroy se promène avec une amie dans un cimetière bruxellois. Elle y découvre par hasard la tombe d'une certaine Marina Chafroff, décapitée en 1942. Une illustre inconnue, à qui on a coupé la tête, pendant la 2ème guerre mondiale, autant d'éléments qui intriguent l'auteure et piquent sa curiosité. Grâce à de rares sources Internet, elle apprend que Marina était une jeune Russe exilée en Belgique, mariée et mère de deux petits garçons. Elle a été condamnée à mort pour avoir poignardé un fonctionnaire allemand pendant l'Occupation à Bruxelles, et ensuite exécutée à la prison pour femmes de Cologne, avant que son corps soit rapatrié en Belgique après la guerre.
Voilà les seules choses factuelles qu'on puisse affirmer avec certitude, et tirées pour la plupart des archives officielles. Pour le reste (qui était Marina, quelle était sa personnalité, a-t-elle réellement commis cet attentat, pourquoi s'est-elle dénoncée, pourquoi a-t-elle agi ainsi, sachant qu'elle priverait ses enfants de leur mère,...?), Myriam Leroy nous prévient d'emblée : elle a inventé la vie, les pensées, les sentiments, les désirs de Marina et des autres protagonistes, extrapolés principalement à partir du témoignage du plus jeune fils de Marina (âgé de 3 ans à l'époque des faits, avec la conséquence qu'il est difficile de savoir ce qui relève de la mémoire, du souvenir reconstitué et/ou de la légende familiale).
Myriam Leroy présente Marina comme une héroïne oubliée, une femme courageuse, irrévérencieuse, mais effacée par les hommes tant de son vivant (aucun pour prendre au sérieux ses velléités de résistance et de lutte contre les nazis, même pas les militaires auprès desquels elle se dénonce), qu'après sa mort. Au fil du récit de son enquête, l'auteure livre ses propres réflexions sur la place des femmes dans la société, et partage son ressenti et des bribes de son propre vécu souvent malmené par le sexisme ambiant.
Ce roman/récit me laisse partagée, à cause de sa nature hybride. Il a le mérite de mettre en lumière une femme au destin en tout état de cause extraordinaire, mais il frustre parce que, faute d'éléments suffisants, on ignore à tout jamais si la fiction de Myriam Leroy correspond un tant soit peu à la réalité.
Quant au militantisme féministe de l'auteure, il est tout à fait respectable, mais de là à le transposer sur Marina Chafroff, le procédé ne m'a pas convaincue (et l'auteure est d'ailleurs consciente de cette projection – cf article dans le journal Le Soir). Il n'en reste pas moins qu'avec ce parallèle entre deux époques, Myriam Leroy s'efforce de mettre en valeur Marina Chafroff, et, à travers elle, toutes les femmes « qui, en plus de leurs responsabilités, prennent celles des autres », et c'est appréciable.

En partenariat avec les Editions Seuil via une opération Masse Critique privilégiée de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Merci aux éditions du Seuil et à cette opération Masse critique privilégiée qui m'a permis de recevoir ce livre.
L'autrice découvre durant le confinement, lors d'une promenade à la pelouse d'honneur du cimetière d'Ixelles, parmi toutes les stèles de fusillés, tous masculins, une seule dédiée à une femme, une Russe, Marina Chaffrof, et de plus, avec la mention Décapitée.
Ce mot, cette exécution intrigue Myriam Leroy, elle entreprend des recherches sur cette femme qui paraît bien oubliée : son nom n'est pas référencé sur des sites en français. L'autrice a accès à peu de documents et reçoit des témoignages parfois fort contradictoires.

Je n'avais jamais entendu parler de Marina Chaffrof, et ce alors qu'à l'école, les récits d'actions de patriotes étaient légion, que j'ai toujours eu un intérêt marqué pour l'histoire et en particulier sur la résistance.
Mon intérêt fut donc immédiat !

Martina Chaffrof écoute Radio Moscou durant l'occupation, et les exhortations de Staline à tuer l'envahisseur. Elle poignardera un officiel allemand mais devant la menace de l'occupant de s'en prendre à 60 otages, elle se dénoncera et mourra décapitée à la hache en 1942.

le Mystère de la femme sans tête reste bien entendu un roman. Pour le construire, Myriam Leroy a pris - et l'avoue d'emblée - des libertés : les pensées des protagonistes lui appartiennent, la chronologie n'a pas toujours été respectée. Seuls sont authentiques les documents cités et les déclarations des témoins intervenant dans le texte.

C'est un roman également par sa construction : à la vie de Marina se mêlent des émotions et des faits propres à l'autrice. Ceci m'a irrité en début de lecture, mais ce sentiment a vite disparu, le balancement entre les deux époques, entre les pensées de Marina Chaffrof et de Myriam Leroy conférant une réelle consistance au récit.
Faire sortir des femmes de l'ombre où on les relègue trop souvent est enfin une action que j'apprécie et qui honore l'autrice.




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Qui a déjà entendu prononcer le nom de Marina Chafroff ? Eh bien, à vrai dire, personne, ou presque. du moins en 2019, moment où Myriam Leroy se fait un point d'honneur à la mettre en lumière. Pourtant, dit-elle, dans d'autres pays, on en parle comme d'une « Jeanne d'Arc belge ».
Pour ma part, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en achetant ce livre. Mais, comme j'avais apprécié les deux premières publications de Myriam Leroy , j'y suis allée en confiance.
J'avoue avoir été surprise. En effet, les cimetières, je les aime beaucoup et les visite volontiers. Ce qui m'attire, c'est l'art qu'ils renferment et qui les transforme en musées à ciel ouvert. Mais qui, de nos jours, a encore les moyens de se commander un beau mausolée, tout chargé d'anges et de pleureuses ? Et la symbolique : oiseaux, torches renversées, mains qui se rejoignent... Je ne m'en lasse pas. C'est pourquoi je m'étais laissé dire que la nécropole d'Ixelles regorgeait d'exemples de toute cette statuaire. Je l'ai arpenté en tous sens, à la recherche de l'architecture funéraire ou, plus prosaïquement, de quelques tombes VIP : celle si romantique du Général Boulanger et de Madame de Bonnemains, celles d'écrivains ou d'artistes tels Nell Doff, Charles de Coster, Victor Horta ou Antoine Wiertz. Il est donc probable que je sois passée devant la partie réservée à la Seconde Guerre mondiale, mais sans y prêter grande attention.
Myriam Leroy , elle, voulait tout simplement respirer un peu d'air et profiter de cette liberté avec une amie, à ce moment où l'épidémie de Covid cloîtrait tout le monde à l'intérieur. Les deux femmes remarquent les stèles blanches bien alignées et dédiées à quantité de Lucien, Gustave ou Achille fusillés. Et soudain, une Marina, décapitée ? Qu'est-ce que cela veut dire? En plus, à ce moment, on parle beaucoup de ce professeur exécuté de la même façon par un intégriste.
L'auteure entreprend alors des recherches. Dès la première page, elle nous confie que « Les Russes qui s'en souviennent prétendent qu'elle a changé le cours de la guerre. Les Belges, eux, ne disent rien. Ils l'ont oubliée. »
Écrire cet ouvrage a donc dû demander une somme énorme de travail, investigations, patience. Lorsqu'elle évoque les maigres documents qui existent, on se prend à regretter qu'aucune reproduction ne figure dans son livre, un plan du cimetière (elle précisait qu'au moment où elle travaillait, la tombe de Marina n'était même pas répertoriée) ou un portrait de son héroïne. Car elle a au moins déniché une photo, « un rectangle jauni au format identité agrafé à un document ».
Myriam Leroy nous présente Marina comme une femme de petit format (1 mètre 55), jeune (33 ans quand elle est décédée) et que presque tout le monde confond avec un enfant. « Certains commerçants de la rue des Radis la prenaient d'ailleurs pour un garçonnet ». Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un caractère bien trempé et de savoir ce qu'elle veut : « une morgue et des yeux durs (...) Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde "Dégage" ». Comment et pourquoi cette inoffensive petite créature a-t-elle pu être déportée ? Décapitée ? A la hache ?
On comprend que la curiosité de Myriam Leroy ait été piquée. Mais son livre n'est ni une biographie, ni un essai. C'est un roman. Avec des sources aussi restreintes, que pouvait-elle faire d'autre que combler les lacunes et imaginer ?
La complexité de sa tâche, elle a trouvé un moyen très ingénieux de la faire ressentir à son lecteur. Soudain, le récit s'interrompt. Elle se parle à elle-même en « tu », expliquant sa méthode de travail, ses doutes, faisant la part de la réalité attestée et de ce qui relève du domaine des hypothèses, suppositions, et, puisqu'on ne connaîtra jamais le fin mot de l'histoire, elle se réserve le droit de choisir la version qui lui plaît le plus, qui lui semble la plus vraisemblable.
Outre les portraits (Maria, Ludmilla, Gilberte...)Myriam Leroy reconstitue une époque : la guerre, l'occupation, les restrictions, le marché noir, les partisans de Degrelle, les fanfarons qui se tressent des couronnes héroïques complètement imaginaires.
L'auteure nous guide à travers un quartier que je connais assez bien (Chaussée d'Ixelles).
Bien entendu, en reconstituant la personnalité d'une femme hors du commun, que, malgré son intelligence, on cantonne aux basses besognes (les pauvres courses soumises aux tickets de rationnement, les repas aussi nourrissants que possible pour l'homme et les deux enfants en pleine croissance, verser des litres d'alcool au mari et à ses amis, qui palabrent des soirées entières, mais sont absents quand il faut agir), l'auteure souligne la condition des femmes qui, même à notre époque et même dans notre pays, sont encore trop souvent reléguées au second plan, méprisées, vilipendées, insultées, harcelées. Et le monde du travail dont « les échelons supérieurs demeuraient occupés par des Jean-Michel Médiocre ».
Le personnage le plus ahurissant est sans conteste (du moins à mes yeux) Youri qui, vu à travers le regard énamouré de Marina, se révèle soudain, tel un athlète, « à la piscine d'Evere où le contre-jour lui avait dessiné un halo, une auréole à la mesure de sa divinité ». Subjuguée, la timide jeune femme s'avance alors et lance : « Tu l'ignores encore, mais tu vas m'épouser. » Et ce rêve de midinette se réalise, mais ne durera que le temps d'un soupir. Youri n'est encore lui-même qu'un enfant (18 ans) lorsqu'il devient père. Pour rapporter quelques sous, il participe à des combats de boxe clandestins, se fait embaucher sur des chantiers puis dans un garage.
Quand la guerre est déclarée, il se pique d'avoir des avis sur tout, mais ce ne sont que des paroles en l'air. « Il semblait seulement attendre (...) que les Allemands plient bagage en s'excusant ». Bien pire, « il était devenu mécanicien du parc automobile de la Wehrmacht » et « s'avinait jusqu'à tomber dans l'escalier », tandis que sa femme rivalise d'ingéniosité pour arriver à faire cuire quelques denrées sur la semelle d'un fer à repasser comme plaque de cuisson, lorsqu'il n'y a ni gaz ni électricité.
Au moment où la maison de sa mère est attaquée par des soldats qui y boutent le feu, l'héroïque Youri « s'échappe par la fenêtre sans se soucier de son fils ». Il détournera à son profit les allocations des enfants et quand, plus tard, son aîné lui reprochait de les avoir abandonnés, il ripostait : « Mon ami, cette guerre a fait des millions d'orphelins. On n'est pas à deux près. » On se demande ce que Marina a bien pu lui trouver, mis à part beauté et jeunesse !
Dans cet ouvrage, j'ai découvert des tas de choses que je ne connaissais pas. J'ai aimé le portrait que Myriam Leroy brosse de Marina. J'ai beaucoup apprécié les moments où elle partage avec le lecteur ses propres réflexions, questionnements, suppositions, doutes.
La seule chose qui m'a déplu, c'est le titre que j'ai trouvé trop commercial, racoleur et qui, de mon point de vue ne correspond pas à ce beau personnage central.
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Quel ennui!
Ce livre retrace de façon très succincte la vie d'une femme russe vivant en Belgique. Supposée héroïne de guerre, elle aurait blessé un Allemand et aurait choisi de se dénoncer, signant son arrêt de mort pour mettre fin aux représailles des Allemands et éviter l'exécution de 60 otages.
L'utilisation du conditionnel a son importance car, s'il est sûr que Marina Chaffrof a été guillotinée, ses revendications et sa personnalité sont plus floues. L'autrice l'avoue elle-même, une partie de cette histoire est fantasmée et les indices permettant d'attester ses suppositions sont bien minces.

Personnellement, j'ai trouvé la lecture laborieuse, le processus maladroit (l'écrivaine annonce des événements puis explique que c'est peut-être -sans doute?- l'inverse qui a eu lieu) et le style pauvre.
Quelques remarques féministes égrainent le récit qui semble servir de prétexte à l'autrice pour régler ses comptes.

J'aurai apprécié que les photos et les documents auxquels elle fait référence soient présents dans le livre afin de donner un peu plus d'authenticité à cette histoire que j'ai trouvée bâclée.

Je n'ai pas vu l'intérêt de partir du vécu d'une personne existante car tout ce qui est raconté sur elle ou presque est supposé. L'écriture n'est pas claire: soit c'est une enquête documentée, soit un docufiction, soit un roman. Ici, on balance entre les trois ce qui rend l'histoire bancale.
Je n'ai terminé ce livre que parce qu'il m'avait été envoyé dans le cadre de Masse Critique et l'ai refermé avec soulagement.
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critiques presse (2)
LesEchos
06 février 2023
Dans « Le Mystère de la femme sans tête », son troisième roman, Myriam Leroy retrace la courte mais intense existence de Marina Chafroff, résistante belge décapitée à la hache sur ordre de Hitler. Une réflexion moderne sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et sur les modalités de l'engagement au féminin.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeSoir
06 janvier 2023
Avec «Le mystère de la femme sans tête», l'autrice belge rend un très bel hommage aux femmes qui, en plus de leurs responsabilités, prennent celles des autres.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Youri regardait sa cavalière sautiller, passer des bras d’un étudiant russe à ceux d’un jeune patron, leur parler avec cet accent russe qu’elle ne pouvait décoller et il les voyait tous tomber, même ceux qui semblaient de prime abord la dédaigner : Marina était irrésistible, spirituelle, drôle. C’était loin d’être la plus jolie du bal, mais c’était la plus vive, la plus vivante.
Elle chipait une cigarettes à ses cavaliers et la fichait derrière son oreille, elle plaisantait, faisait des voix, elle racontait des histoires comiques qui déstabilisaient ses partenaires. Marina, dans sa robe usée héritée de ses sœurs, minuscule et coiffée à la Mistinguett, émettait une forte lumière.
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Alors qu’à Bruxelles, l’affichage clandestin et les tracts communistes ne s’adressaient aux femmes que pour leur recommander de réconforter leur mari, sur Radio-Moscou on les suppliait de prendre part a l’effort. Les femmes russes, qui pouvaient voter depuis la révolution, mais aussi les femmes de partout ailleurs, celles qui ne comptaient pour rien, qu’on ne mêlait pas aux affaires de la guerre, celles qu’on tenait à distance, qu’on prenait à peu de chose près pour des nuisances et auxquelles on ne faisait jamais confiance. Moscou leur parlait.
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Marina ne figura plus nulle part dans les journaux.
C’est comme si rien n’était arrivé, comme si la jeune Russe avait été un grain de poussière et qu’on l’avait balayé.
C’est comme si elle avait été annulée, expurgée d’un film dont on aurait décidé, au montage, que son rôle, finalement, n’apportait rien à l’histoire.
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Tu lui prêtes tes affects. Tu ne te préoccupes pas de ceux qui vont taxer ce parallèle d'obscénité, parce que s'il y a une chose dont tu ne doutes plus, c'est qu'il existe un lien d'humiliation unissant toutes les femmes, comme un cordon, qui se déploie de cou en cou à travers les âges. Une communauté secrète dont les archives, qu'on s'emploie à détruire, dégoulinent de pisse, de bave et de sperme. Tu ne sais plus où tu as lu que le point commun entre les femmes, le seul peut-être, c'est qu'on les traite comme des femmes. Tu ne saurais mieux dire
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Assez vite se pose un problème susceptible de contrecarrer tes plans, de grande fresque sépia avec des prétentions d'authenticité : tes sources racontent tout et son contraire, chacune défendant une vision de l'Histoire de nature à servir ses intérêts. Sans compter ce qu'elles ne disent pas (....) ces années de sa vie que personne n'a connues (... qu') il faut se résoudre à combler.
Dans ce brouillard, tu essaies de distinguer ce qui, pour toi, ressemble à la vérité.
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