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Livre reçu dans le cadre d'une Opération Masse Critique
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Merci aux équipes de Babelio et édition Seuil pour l'envoi de ce livre.
J'ai découvert une autrice Belge,
Myriam Leroy, dont le style fluide et élégant m'a beaucoup plu.
Il s'agit bien d'un roman, non d'un documentaire ou d'un traité d'Histoire.
Chaque histoire de roman débute par une idée, une image, une découverte. Ici, c'est la tombe de Marina Chaffrof, et la mention "décapitée", qui va interpeller
Myriam Leroy et va être le point de départ de son roman.
En se basant sur une photo, des documents d'archive, des témoignages, mais également sur sa propre vie, l'autrice nous reconstitue sa vision de la vie de cette héroïne de guerre, aujourd'hui oubliée.
Pour moi il s'agit bien d'un roman.
Myriam Leroy n'ayant pas toutes les données sur la vie de son héroïne, va combler les trous en puisant dans sa propre expérience, tentant de comprendre les sentiments de Marina, sa place en tant que femme dans la Belgique occupée dans les années 40. Comme souligné au début du roman: " Les pensées des protagonistes appartiennent à l'autrice".
De mon côté, j'ai trouvé que cette approche, tenter de connaître les sentiments et pensées de l'héroïne en puisant dans son expérience moderne de femme, ajoutait une profondeur au récit, et nous rend Marina plus proche de nous. Les époques passent, mais ce que peuvent ressentir les femmes est assez universel finalement...
Je trouve l'approche de
Myriam Leroy honnête: Elle partage son enquête, les différents témoignages et points de vue des personnes ayant connu Marina. Elle construit son point de vue grâce à cela, mais ne prétend pas détenir la vérité. Cette approche est louable.
"L'Histoire est une fiction qui sert à comprendre le présent. En fonction du présent, le passé change"
Marina est une femme de caractère, avec un sens aigu de la justice.
C'est celle qui, petite fille, ne se joint à aucun groupe, mais libère les enfants persécutés des mauvais jeux des autres.
Jeune femme, elle est du genre à tapoter sur l'épaule du gars le plus en vue du moment et de lui lancer "tu vas te marier avec moi". Elle lui fera 2 enfants, et sera de ceux qui observeront, depuis un pays "neutre", la montée du nazisme.
La Belgique, son pays refuge, va finalement être envahi par l'Allemagne en 1940.
Qu'est-ce qu'elle doit en faire Marina, du nazisme et de la guerre qui débute? Observer et courber l'échine? Ou bien se révolter?
Sans éducation, sans diplôme, Marina ne se sent pas légitime au début pour se positionner en tant que femme au foyer. C'est l'écoute de Radio Moscou, durant l'occupation allemande, qui va la révéler à elle-même, et lui rendre la dignité qu'elle avait peu à peu perdu au sein de sa famille.
Marina va partir en guerre. Au départ, ce sont des blagues faites aux Allemands occupants: donner une mauvaise direction, placer des hérissons sous les pneus des voitures allemandes, etc... Ces blagues apportent de la joie à Marina. Cette jeune mère de famille, s'échinant à l'éducation de ses deux fils et au bon mouvement du foyer, va retrouver une liberté de penser, de la facétie, et finalement un certain équilibre. Elle se positionne. Elle se lève.
Sa révolte la mènera à la décapitation, sous ordre direct d'Hitler.
Marine a sa place parmi les tombes des héros de guerre. Par son geste, elle aura donné sens à sa vie.
La lecture est émaillée de faits historiques tel que le massacre de Liepaja, que je ne connaissais pas et qui fait froid dans le dos...
Merci à
Myriam Leroy pour ce moment de lecture. Cela me donne envie de lire ses romans précédents.