Titulaire d'une licence de lettres,
Iain Levison a enchaîné des petits boulots pendant plusieurs années avant de devenir écrivain. Il évoque ici ses expériences dans la restauration, le transport, la vente par démarchage, la pêche. Boulots précaires, mal payés, épuisants et dangereux, brimades de supérieurs hiérarchiques, horaires de dingues, promesses en l'air à l'embauche, plans foireux, arnaques...
L'auteur entend montrer via ce témoignage que le libéralisme et la flexibilité du travail enrichissent ceux qui détiennent le pouvoir et l'argent, et fragilisent les salariés. On est bien d'accord, et si le phénomène n'est pas nouveau, la paupérisation s'accélère - l'exemple nord-américain est effrayant. Législation du travail et protection sociale ? Où ça ? de plus en plus d'individus issus de classes dites 'moyennes' se retrouvent en situation précaire, sans logement décent, sans assurance santé, avec le minimum pour survivre : « un poil au-dessus du seuil de pauvreté, sans aucun espoir en vue. »
Ce portrait d'une société qui part en vrille est terrifiant. Mais les expériences relatées m'ont laissée de plus en plus sceptique. Je ne doute pas de la réalité de certaines situations extrêmes, mais la place et le rôle que s'y donnent l'auteur m'ont semblé tourner à la caricature - notamment lorsqu'il décrit ses emplois en Alaska.
Ne cherchez pas l'humour grinçant que l'on trouve dans son roman noir '
Un petit boulot'. Bien que le sujet soit le même, tout est sombre ici, désespéré et désespérant.
J'éviterai de faire lire ça à des adolescents qui sont encore dans le flou sur leurs choix professionnels. Ils risquent de s'interroger sur l'utilité de trimer pour des diplômes qui ne mènent à rien, ou à pas grand chose...