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Jack London est de retour : il s'appelle aujourd'hui Iain Levison. "Tribulations d'un précaire" est le "Martin Eden" des années 2000.

Férocement drôle (le passage sur le travail de fournisseur de fuel est à mourir de rire), d'un réalisme implacable (la description des conserveries de pêche en Alaska), désenchanté (pour ne pas dire désespéré), ce récit-témoignage est une description sans concession de la société américaine (et donc, à quelques nuances près, de la nôtre), basée sur une précarité du travail qui est la forme actuelle de l'esclavage.
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Avant de devenir écrivain à temps complet, Iain Levison a enchainé les petits boulots. Quarante-deux, exactement, sur les 10 dernières années. le panel est large et passe aussi bien par déménageur, livreur de fuel, poissonnier, découpeur de poisson en Alaska ou encore routier. Sans oublier les petites combines (comme offrir élégamment le câble gratuit à tous ceux qui en ont marre de payer pour regarder la télé). Malgré sa licence de lettre (qui semble finalement faire tâche dans son CV et qui lui a coûté la bagatelle de 40000$), il n'a rien trouvé qui corresponde à la hauteur de son diplôme et de ses rêves, à savoir écrire le grand roman américain . de ces expériences de travailleur itinérant, il en a tiré un livre intitulé "Tribulations d'un précaire"...

En nous racontant ses anecdotes, l'auteur dénonce ici et là les conditions de travail, souvent précaires, auxquelles il a été soumis. de l'université qui coûte cher et ramasse plus d'argent qu'elle ne produit de travailleurs à l'agence d'intérim devenue aujourd'hui le plus gros employeur des États-Unis en passant par les cadences de travail ou le manque de formation, il dépeint une société bien amère, quelque fois désespérante mais non sans un certain humour parfois caustique ou cynique. L'homme est devenu un outil de travail, interchangeable et remplaçable à l'envi au nom de l'argent. Des tribulations terrifiantes, sans concession et qui sonnent justes, d'un homme engagé, voire enragé.
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Obtenir une licence de lettres avec quarante mille dollars empruntés à l'Etat avec pour ambition d'écrire de grands romans, et finir à faire n'importe quoi comme boulot juste pour survivre,c'est le coeur de ce récit autobiographique musclé et truculent.
Travailleur itinérant,Levison traverse les État-Unis, d'est en ouest,du nord au sud ,en quête d'un boulot pour "mettre une distance entre lui et les gars qui mendient dans la rue".Eh oui, pas facile du tout de survivre, garder sa dignité, ne pas céder au désespoir...En passant plusieurs réflexions justes sur des sujets toujours actuels, notamment sur l'éthique du travail- "un humain en vaut un autre.La loyauté et l'effort ne sont pas récompensés.Tout tourne autre des résultats financiers ,un terme aussi détestable pour un travailleur que "licenciement " et "retraite forcée"-.
Rare sont les moments de grâce( le travailleur mexicain qui veut partager la vue d'une baleine,ou un copain-patron qui insiste pour le payer malgré le manque de boulot), dans cette vie précaire où on vit au jour le jour.
Ce tableau malheureusement n'est pas limité aux États-Unis,l'Europe en est sevit de méme surtout avec la mondialisation et l'immigration.
J'ai aimé ce récit, écrit sans plainte,sans amertume, avec un ton détaché, un humour caustique, dur à lire mais oh combien réaliste !
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Lorsqu'il sortit de l'université avec une licence littéraire en poche, la gauche, Iain Levison n'imaginait pas le parcours chaotique qui allait être le sien dans ce monde si bienveillant et prospère qu'est la quête illusoire du premier taf digne de ce nom.

Iain, outre des études brillamment certifiées, possède deux énormes qualités, la volonté de bien faire et une capacité d'adaptation à toute épreuve , quelque soit le boulot décroché.
Mauvaise nouvelle, y a pas de boulot.

Le ton est léger, ironique lorsqu'il n'est pas désabusé.
C'est empreint d'un recul taille XXL que l'auteur revient sur ses premiers pas flageolants de travailleur précaire à la solde de moult patrons qui font rien que l'entuber.
La faute à pas de chance, me direz-vous, ou à un contexte économique pas forcément enclin à vous rétribuer à hauteur de vos capacités, c'est selon.

Les expériences s'enchaînent, toutes vouées à un échec qui lui colle aux basques à l'image du chewing-gum du capitaine Haddock.
De loser patenté à celui de poissard de compétition, il n'y a qu'un pas que franchit allègrement Iain Levison d'une plume à la fois sarcastique et amère.

Très bon moment...
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C'est du travail manuel précaire non qualifié, donc pas du bullshit job au sens de David Graeber. Un monde dans lequel l'uberisation n'a pas de sens car uber ne saurait pas faire pire. En commun avec les jobs du secteur tertiaire de Graeber : le sens s'est échappé. Levison raconte ce qu'aurait pu être la vie professionnelle d'Estragon (ou de Vladimir ?) en pénible. On le descend par le plafond dans une pièce close, il y a un trou dans un coin, une pelle en caoutchouc, une barre entre deux murs au-dessus de sa tête. le plafond se referme, sans explication. Et puis plus rien. Soudain le plafond s'ouvre, quelqu'un gueule « plaque toi au mur » et le contenu d'un chalut entier lui est déversé sur la tête, des milliers de poissons vivants gigotants et luisants dans lesquels il est enseveli jusqu'au cou. A lui de les faire passer dans le trou avec la pelle. Il comprend à quoi sert la barre au dessus de sa tête : s'il y avait davantage de poissons ou s'il mesurait 20 cm de moins... Se suspendre la prochaine fois que ça s'ouvre, donc. Et la prochaine fois…. C'est une autre variété de poissons, dont les nageoires sont hérissées de piquants… les boulots, tous plus horribles et absurdes, s'enchaînent et on vibre et on rit de la tragédie du travail, on se délecte de la subjectivité railleuse du narrateur. le meilleur moment du travail, c'est pas la paye, c'est la démission. La liberté est toujours à sa portée ; elle lui est enlevée avec son dernier dollar. Comme dans la métaphore du poisson frit de Graeber (-je suis ébéniste, -allez donc faire frire le poisson), il est toujours engagé dans un job pour lequel il n'est pas qualifié, et c'est même ce que les recruteurs préfèrent chez lui, son incompétence, la clef de son succès dans les entretiens. A la différence d'Hilsenrath il n'écrit pas un roman, il n'écrit pas de poèmes comme le regretté Joseph Ponthus, il n'apprend pas à écrire comme Martin Eden, il ne joue pas aux courses comme Bukowski, et c'est là qu'il est moderne : il ne fait rien d'autre que des boulots de merde. Un chef d'oeuvre.
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Tribulations d'un précaire est un récit écrit à la première personne. Avec un regard acéré et décalé sur le monde du travail, l'auteur relate avec un humour noir et décapant les petits boulots qu'il a été amené à exercer aux États-Unis pour survivre, après un passage dans l'armée et un diplôme de lettres. Aucune des compétences acquises ne lui servira jamais… Ni pour transporter câbles et cafés lors du tournage d'un film underground, découper des poissons dans un supermarché de luxe, remplir des cuves de fuel ou conduire un camion de déménagement... Ni pour les travaux de forçat en Alaska aux côtés de travailleurs immigrés.


Drôle, juste, très bien traduit, Levison fait "mouche " à chaque page avec une clairvoyance extraordinaire.

Un très bon livre.

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Titulaire d'une licence de lettres, Iain Levison a enchaîné des petits boulots pendant plusieurs années avant de devenir écrivain. Il évoque ici ses expériences dans la restauration, le transport, la vente par démarchage, la pêche. Boulots précaires, mal payés, épuisants et dangereux, brimades de supérieurs hiérarchiques, horaires de dingues, promesses en l'air à l'embauche, plans foireux, arnaques...

L'auteur entend montrer via ce témoignage que le libéralisme et la flexibilité du travail enrichissent ceux qui détiennent le pouvoir et l'argent, et fragilisent les salariés. On est bien d'accord, et si le phénomène n'est pas nouveau, la paupérisation s'accélère - l'exemple nord-américain est effrayant. Législation du travail et protection sociale ? Où ça ? de plus en plus d'individus issus de classes dites 'moyennes' se retrouvent en situation précaire, sans logement décent, sans assurance santé, avec le minimum pour survivre : « un poil au-dessus du seuil de pauvreté, sans aucun espoir en vue. »

Ce portrait d'une société qui part en vrille est terrifiant. Mais les expériences relatées m'ont laissée de plus en plus sceptique. Je ne doute pas de la réalité de certaines situations extrêmes, mais la place et le rôle que s'y donnent l'auteur m'ont semblé tourner à la caricature - notamment lorsqu'il décrit ses emplois en Alaska.

Ne cherchez pas l'humour grinçant que l'on trouve dans son roman noir 'Un petit boulot'. Bien que le sujet soit le même, tout est sombre ici, désespéré et désespérant.

J'éviterai de faire lire ça à des adolescents qui sont encore dans le flou sur leurs choix professionnels. Ils risquent de s'interroger sur l'utilité de trimer pour des diplômes qui ne mènent à rien, ou à pas grand chose...
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"En fait, il s'agit seulement de s'en tirer"
Tel est le constat acide mais réaliste de l'auteur qui relate son expérience de travailleur précaire et d'éplucheur d'offres d'emplois.

Titulaire d'une licence de lettres qui ne lui rapporte finalement ni gloire, ni argent, lui qui se rêvait d'écrire le grand roman américain, ne va pas vivre de sa plume mais s'épuiser à survivre. Il va occuper pendant dix ans quarante-deux emplois précaires en Amérique comme tireur de câbles et porteur de café sur un tournage d'un film underground, découpeur de poissons, barman, livreur de fuel, aide-cuisinier, déménageur... et mouiller sa chemise dans une pêcherie de crabe en Alaska.

Sans compter tous les jobs qui lui sont refusés parce que son profil est jugé trop analytique comme pour le poste de vendeur d'insecticide (très drole). Et lorsque sa licence de lettres semble requise ce n'est pas bon signe et cela sent l'arnaque.

En racontant les tribulations de sa vie précaire, Ian Levison dénonce l'hypocrisie du monde universitaire, le mythe édulcoré du rêve américain, l'arrogance de la classe dominante, les brimades des petits chefs, la gestion mafieuse des agences d'intérim.

A ceux qui vivent la bulle internet comme le meilleur des mondes, il répond par un constat amer: "Regardez dehors. Les sans-abris sont toujours là."

Un roman cynique, drôle et décalé écrit avec ses tripes qui sent le vécu sans tomber dans le misérabilisme.

A lire également, "Un petit boulot", un autre roman de Ian Levison, un poil plus sanglant.
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Lire ces tribulations d'homme précaire c'est en apprendre un rayon sur l'écrivain si moderne qu'est Iain Levison.

Il n'a pas son pareil pour nous écrire des romans noirs très souvent délectables, aux personnages criants d'authenticité baignés dans un quotidien simple auquel il est aisé de s'identifier.

On a ici affaire à une petite rétrospective des premiers emplois de l'auteur et c'est jouissif !

Fraichement diplômé et propre sur lui, notre jeune lauréat va se jeter, pimpant dans ce bassin de piranha qu'est le monde du travail.

Autant vous dire qu'il va y laisser diplôme toge et toque de fin d'étude.

C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai lu ses pérégrinations de jeune bleu en quête de gagne-pain. Elles m'ont beaucoup rappelé ma propre expérience, ayant moi-même bien fait bosser les agences d'interim locales entre chaque saison de navigation.

On trouvera donc dans un récit baignant dans l'humour et la dérision, traitant pourtant d'un pan de vie où le monde capitaliste sans scrupule a bien failli bouffer tout cru notre jeune blanc-bec.

Tant s'en faut pour décourager le bonhomme qui poursuit ses expériences aussi variées qu'enrichissantes et nous les décrit avec une lucidité délectable et un cynisme discret.

On trouvera dans ce condensé d'expériences un consommé de précarité tout à fait réel et honnête qui s'il est un peu plus light ici qu'outre Atlantique fait tout de même frémir au quotidien les prolos qui le vivent.

Fort heureusement avec tout le plaisir de lecture que me confère l'auteur, je reste assuré que ce parcours semé d'embuches et d'exploitation patronale aura été finement cristallisé pour en extraire l'utile, et qu'associé à une licence de lettres qu'il n'a pas pécho en épluchant une banane sont les garants d'une littérature aussi réjouissante que suintante de vérité.
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Levinson né en Ecosse raconte avec un humour formidable souvent hilarant, ces déboires professionnels aux Etats Unis, son pays d'adoption. Mais sous le rire se cache aussi un portrait saisissant de la précarité ou les conditions de travail sont allucinantes, ou le travailleur devient jetable comme un Kleenex. La critique sociale fait mouche parce que Levison sait de quoi il parle.Son récit est une réussite car l'auteur n'y va pas quatre chemins, sans jugement, il montre, décrit simplement, le pouvoir des petits chefs, l'arrogance des employeurs etc... Et comme Levison est un incroyable conteur, le plaisir est garanti. Pas comme le travail malheureusement. Sacré bouquin.
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