AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 419 notes
♫ Imagine there's no countries
It isn't hard to do
Nothing to kill or die for
And no religion, too
Imagine all the people
Livin' life in peace ♫
-John Lennon-1971-
---♪----♫----😬---🤩---😁----♫----♪---
"Jim essaie d'éviter les personnes non blanches parce qu'il craint toujours de les offenser par un commentaire déplacé. Quand il était gamin, on appelait les gens noirs des nègres" ou des "personnes de couleur". Nègre et de couleur ont disparu pour de bon et on les a appelé des blacks. Ensuite est arrivé Afro-Américains, et Jim n'est pas à l'aise avec ce terme. Il est sûr qu'il doit y avoir une nouvelle expression qu'il n'est pas suffisamment dans le coup pour avoir entendue. Il a donc décidé que la solution est de ne jamais aborder le sujet de la race, et d'essayer d'éviter autant que posible les non-blancs.
Jim déteste aussi les racistes. Ce sont des imbéciles.
Il y a ainsi deux types d'individus qu'il essaie toujours d'éviter, les non-blancs et les racistes. Si vous ne parlez jamais à aucun de ces deux groupes, vous pouvez imaginez que la race n'existe pas, exactement comme 𝕵𝖔𝖍𝖓 𝕷𝖊𝖓𝖓𝖔𝖓 nous suggérait de le faire [...]
La seule raison pour laquelle il a pensé à la race dernièrement c'est parce qu'il se demande si sa voisine est mexicaine, et si oui, comment on appelle les Mexicains de nos jours. Bien sûr, on peut parler à une mexicaine sans mentionner le fait qu'elle est mexicaine, mais si le cas se présente vous courez le risque de dire quelque chose d'inapproprié si vous ne maîtrisez pas la terminologie actuelle. [...]
Il est tellement habitué à ne pas se mêler des affaires des autres qu'il deteste que sa nouvelle voisine occupe ses pensées." - Chap 2 - P.40-41 -
Violation mineure d'un accord tacite
On ne peut pas cacher ce qu'on est indéfiniment
Fin du rêve américain, le début de la fuite
Les proclamations de liberté précèdent souvent des bains de sang
Un baume sur une plaie ouverte suivi de l'arrachage du pansement...
Un grand merci à mes amis babeliotes qui m'ont donné l'envie de découvrir cet Auteur 5 étoiles...
Supprimer ses émotions peut être excellent pour la santé mentale 😁😬
Commenter  J’apprécie          1213
Cela fait trente ans que Jim, chauffeur Uber sexagénaire, cultive scrupuleusement sa tranquille solitude, loin de ce monde dont il n'attend plus rien sinon qu'il lui fiche définitivement la paix. Aussi, lorsque sa nouvelle voisine, épouse de militaire et mère d'un bambin de quatre ans, frappe à sa porte, c'est un courant d'air en passe de devenir bourrasque qui vient secouer son immuable routine, mettant fin à sa protectrice invisibilité…


Il ne faut pas longtemps pour se prendre d'une sympathie curieuse et amusée pour ce dur à cuire misanthrope au coeur tendre, appliqué à se faire oublier en même temps que son passé, et qui, malgré lui, se retrouve embarqué dans ce qu'il s'était juré qu'on ne l'y prendrait pas. Tandis que s'impose à l'esprit la silhouette et la voix de Clint Eastwood, se développe une intrigue pleine de surprises et de rebondissements imparables qui, du terrain où interviennent les forces spéciales américaines, aux bases où s'organise la vie des familles d'engagés, nous plonge avec réalisme dans le quotidien et les vicissitudes des militaires de carrière et de leurs proches. Comment Jim aurait-il pu s'attendre à ce qu'un objectif raté en Afghanistan l'oblige à sortir de sa prudente retraite et à se compromettre dans une histoire glissante qui pourrait lui coûter cher ?


Cet effet papillon croise les destins des personnages avec autant d'ironie que de suspense. Car, sans avoir l'air d'y toucher, et sans jamais se départir de sa bluffante justesse de ton et de psychologie, l'auteur multiplie avec humour les coups de griffe contre les travers du monde et en particulier de l'Amérique, comme l'inanité de ses interventions et de ses frappes anti-terroristes, son acharnement à masquer ses bavures militaires, le mépris de son armée pour ses traumatisés - ces « coquilles vides » qu'elle rend sans considération aucune à leurs familles -, la surenchère à la couverture santé avec laquelle elle motive ses engagés, ou encore l'éternelle et absolue incompatibilité entre carrière militaire et homosexualité.


Entre comédie de moeurs et polar, cette tragi-comédie, aiguisée par un regard joyeusement cynique, s'avère une lecture délicieuse, aussi juste qu'amusante et captivante. Elle se dévore d'une seule traite et s'achève sur une évidence : il faut courir découvrir l'entière bibliographie de cet auteur, au si irrésistible talent. Grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          1038
C'est un roman assez " improbable " dont je viens de tourner la dernière page en me félicitant que ladite dernière page fusse bien présente car , ça alors , c'est une idée de génie que , je l'avoue , je n'avais pas vu venir . Quand on dit que " c'est à la fin de la foire que l'on compte les bouses " , comme aurait dit la mère Denis , " c'est ben vrai , ça" ." Sacrée Vedette" , soit dit en passant , cette dame . Remarquez , ne " rien voir venir " , ce n'est pas qu'à la fin que je n'ai rien vu , en ce qui me concerne .Je ne suis pas assez " futé " pour contenir et repousser inlassablement les " assauts" littéraires et les idees originales de Iain Levison . Il ne manque pas de roublardise , le bougre , pour , comme disait ma grand - mére , vous " rouler dans la farine " ce qui est toutefois moins grave que de rouler dans un escalier . Je dis ça , je ne dis rien si ce n'est que " certains ont essayé...Ils ont eu des problèmes " , vous verrez bien...
Dans ce roman dont le genre est tout de même un peu compliqué à définir, tout est complexe . Des militaires , des familles composées de " bric et de broc " où les épouses attendent le retour des maris mobilisés, un sympathique épicier d'un quartier qui a bien changé , un enquêteur de police qui s'apprête à prendre sa retraite, des homosexuels ( qui ne demandent rien à personne ) , un " vieux monsieur de 60 ans " ( vous apprécierez le " vieux " , je ne plaisante pas , 60 ans , vieux !!! Faudrait pas chanter ça à notre président, il pourrait en faire tout un fromage ...ou une réforme ) qui vit bien tranquillement jusqu'à l'arrivée d'une " jeune femme " et de son fils dans l'appartement voisin .
Vous mettez tout ce petit monde dans un shaker, vous secouez bien , vous plantez le décor d'une Amérique du " Cétait mieux avant " et vous voilà embarqué dans une drôle d'histoire , et même...dans une histoire drôle. Il aime jouer , le Levison , le roi de la manip , de la dérision, du quiproquo , du suspense aussi ( voir , première ligne , mon allusion à la dernière page...) .
Vous peinez à me suivre ? C'est sans doute qu'il a " déteint " sur moi , l'auteur . Pour tout vous dire , j'ai " ramé " un peu au départ pour tout " mettre en place " et puis , miracle " tout s'est bien calé et je n'ai eu de cesse de vouloir savoir, savoir , savoir .. . Maintenant que " je sais " ( oui , Jean Gabin ne cesse de me ramener à plus de modestie avec sa célèbre et superbe chanson ) mais comme aurait dit la non moins grande " Annie Cordy , j'voudrais bien mais j'peux point " m'empêcher de vous dire que ....j'ai passé un fort bon moment avec ce roman . Ah ben non , vous ne vous attendiez pas à des révélations sur ..LE CRIME ...tout de même ? Ce serait dommage , croyez moi .A bientôt, chères et chers amis ....A très bientôt si vous faites bien attention à l'escalier. Il est ...raide .Y'en a qu'ont ......
Commenter  J’apprécie          8210

Après un rendez-vous chez son médecin, qui lui a conseillé de perdre un peu de poids et l'a trouvé un brin déprimé et stressé, Jim, chauffeur Uber, rentre chez lui. Bien qu'il ait tout tenté pour échapper à sa nouvelle voisine de palier, celle-ci lui ouvre gentiment la porte d'entrée de l'immeuble et se présente. Arrivés à l'étage, sans ses clés pour pouvoir rentrer chez elle, Jim propose gentiment de "forcer" sa porte, prétextant qu'il exerce le métier de serrurier. S'il évite autant que faire se peut ses semblables, c'est pourtant dès le lendemain que Corina se présente à sa porte. Son mari, militaire en Afghanistan, a, semble-t-il, vidé leur compte en banque en un rien de temps, la laissant sur le carreau. Jim lui avance alors 1000 $. de l'argent qu'il garde visiblement dans sa chambre...
Militaire dans les Forces Spéciales, Kyle Boggs sait que son homosexualité, bien que cachée depuis des années, risque, un jour ou l'autre, de nuire à sa carrière qu'il veut grandissante. Aussi, pour n'éveiller les soupçons de personne, il propose à son ancienne petite amie, Madison, de l'épouser, de quitter le Texas et de s'installer avec lui...
Robert Grolsch est tireur d'élite dans les Forces Spéciales. En ce moment en Afghanistan pour une mission, une fois celle-ci terminée, il s'offre un repos bien mérité avec son amante, le capitaine Leann Sullivan. Et tant pis pour sa femme, Corina et son fils, s'il a vidé le compte en banque...

Associable et au passé plutôt secret, Jim va, bien malgré lui, se trouver embarqué dans une drôle d'histoire, tout ça à cause de sa voisine de palier, Corina Grolsch. Femme de militaire mal mariée et cocue, elle n'est au courant de rien pour tout ce qui concerne le boulot (et les à-côtés) de son mari. Ajoutez à cela un militaire homosexuel qui va se trouver être le binôme de ce dernier et l'on obtient un roman jouissif, oscillant entre le drame et la comédie. Autour d'un scénario bien huilé, Iain Levison fait se rencontrer une galerie de personnages qui, au début du roman, semblent ne rien avoir en commun. Il dresse une peinture plus vraie que nature d'une Amérique désoeuvrée, notamment le corps militaire (que ce soit ses hommes en action, ceux qui en reviennent dépressifs ou encore les femmes de ces militaires installées dans les bases). En un peu plus de 200 pages, ce court roman, pourtant dense, est un vrai régal de lecture, de par son intrigue maîtrisée, ses personnages hauts en couleurs, sa plume précise, son humour désabusé ou encore son dénouement inattendu.
Commenter  J’apprécie          770
Commencer le nouveau roman d'un auteur que l'on affectionne suscite souvent deux sentiments contradictoires, la certitude de passer un bon moment et la crainte diffuse d'un air de déjà-vu.

C'est du moins ce que m'inspirait « Un voisin trop discret », le nouveau roman de Iain Levison, auteur né en Écosse, qui depuis « Un petit boulot » s'attache à décrire avec une irrévérence rafraîchissante les travers d'une certaine Amérique.

Multipliant les personnages, entremêlant les arcs narratifs, sans jamais se départir de son humour caustique « so british », Levison insuffle une dynamique qui dissipe aussitôt toute appréhension.

Jim, sexagénaire solitaire, et chauffeur Uber de son métier broie du noir. L'arrivée de Corina, sa pétillante voisine portoricaine accompagnée de son fils de quatre ans va lui redonner un goût de vivre qu'il pensait définitivement oublié.

Kyle, jeune homme homosexuel et ambitieux, membre des Forces Spéciales, propose à son ex-petite amie Madison un mariage de raison, destiné à lui servir de couverture au sein d'une institution peu friande de son orientation sexuelle.

Lors de la mission en Afghanistan qui suit de quelques jours sa demande, Kyle va devoir faire équipe avec Grolsh, le mari de Corina, sniper émoussé par de longs mois passés sur le front.

Dans ce court roman, Iain Levison, réussit avec une virtuosité étonnante à construire un récit à suspense qui multiplie les angles de vue et les intrigues mais ne perd jamais son lecteur. Il parvient en quelques paragraphes à nous faire éprouver une forme d'empathie immédiate pour ses protagonistes : de Jim, vieux loup solitaire à Grolsh, soldat au bord de la rupture, tous les personnages prennent vie sous la plume acérée de l'auteur.

Dans ce tableau en forme de « Rubik's Cube », les acteurs ne sont évidemment pas toujours ceux qu'ils paraissent être. Avec une malice que n'auraient pas reniée les frères Coen, Levison nous entraîne, pour notre plus grand plaisir, dans les péripéties drolatiques où vont s'entrechoquer les destinées de Corina, Madison, Jim, Kyle, Grolsh et quelques autres encore.

Au-delà de la maestria de la narration, c'est la distance mi-amusée, mi-ironique avec laquelle l'auteur regarde ses personnages qui m'a marqué à la lecture « d'un voisin trop discret ». Il ne juge pas ses protagonistes et nous laisse au contraire une forme d'espace, de latitude pour nous forger notre propre idée du comportement des uns et des autres. L'humour décalé de Iain Levison emporte une nouvelle fois la mise : en reposant le roman, j'ai imaginé sans peine un sourire goguenard se dessiner sur son visage de démiurge malicieux et réjoui de ses talents de prestidigitateur littéraire.
Commenter  J’apprécie          6816
Dire que j'aime Iain Levison est un euphémisme.

À chaque nouveau roman, je me délecte de sa petite tonalité stylistique particulière, faite d'histoires bien ficelées, de recul et d'humour souvent sarcastique. Mais aussi de réflexions plus profondes sur les travers de l'époque, toujours lâchées l'air de rien au détour d'un paragraphe, sans jamais tomber dans la moralisation ambiante. Avec Un voisin trop discret - toujours traduit par Fanchita Gonzalez Batlle – Levison répond une fois de plus parfaitement à cette attente.

Chantre des anti-héros, il nous raconte ici la vie tranquille de Jim, retraité mais chauffeur Uber pour occuper le temps, lorsqu'il sort de son petit appartement. Une vie qui semble discrète et rangée, mais que son voisinage avec Corina, femme d'un soldat d'élite en mission en Afghanistan, va venir totalement bousculer.

Petite cause, grands effets : Jim qui n'avait de cesse que de faire oublier sa vie passée, va se retrouver au milieu d'un règlement de comptes, né d'un fait de guerre impliquant des agents d'élites américains engagés en opérations extérieures. Et à l'image du battement d'ailes du papillon, l'utilisation d'une balle Raufoss depuis une grotte cachée dans la montagne afghane peut avoir des répercussions jusque dans un petit immeuble de Philadelphie.

Et c'est là que Levison est fort : quand il met en scène les petites gens du quotidien (ce qu'il a lui-même vécu comme raconté dans Tribulations d'un précaire notamment) percutés par des événements qui les dépassent. Les parcours individuels qui ne devaient pas se rencontrer se croisent alors par hasard, et les petits secrets de chacun font voler en éclats la vie des autres. Les coquilles ne se réparent pas paraît-il…

Au passage, Levison continue de titiller l'Amérique en appuyant là où ça fait mal : la vacuité de l'engagement extérieur américain, les séquelles irrémédiables qui s'accumulent à chaque retour de mission, l'armée et son ancestral rapport à l'homosexualité, sans oublier la course à une meilleure couverture santé. Et son humour détaché reste l'arme la plus percutante pour évoquer ces sujets graves.

Vous l'aurez compris, fans de Levison précipitez-vous : le cru est excellent ! Et pour les autres, comblez-vite cette lacune : en 220 pages avalées d'une traite, vous rejoindrez les Levison's addicts.
Commenter  J’apprécie          6411
Savoureux, délicieusement cynique, terriblement humain...

Nous sommes aux États-Unis. J'ai tout d'abord fait la connaissance de cet homme ordinaire, Jim Smith, soixante ans, chauffeur Uber... Au moment où je fais sa connaissance, il est en consultation chez son médecin généraliste. Ça ne va pas fort, Jim déprime, il a la sensation que tout va de plus en plus mal. Non pas dans sa vie, Jim mène une vie tranquille, paisible, vivant seul dans son appartement, la solitude lui va même très bien et il ne souhaite surtout pas qu'on vienne le déranger. Non c'est le monde autour de lui qui est déglingué. La planète est surpeuplée, les océans se vident de leurs poissons, l'Amazonie part en flammes, c'est la fonte des neiges de l'Himalaya et du Kilimandjaro. Les fleuves s'assèchent. Tandis que Jim Smith se livre, le médecin pense déjà au patient suivant, une femme avenante de quarante ans pleine de gaîté avec laquelle il avait commencé de plaisanter dans la salle d'attente...
Le médecin griffonne vite les coordonnées d'un confrère psychiatre sur un bout de papier que Jim Smith transformera en boulette quelques instants plus tard pour la jeter par la fenêtre de sa Chevrolet Malibu 2015. Tout est dit déjà dans cette scène fondatrice que j'ai trouvée jubilatoire par son ton décalé.
Puis il regagne son appartement. Il ne veut surtout pas qu'on le dérange, il veut qu'on lui fiche la paix, avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout...
Mince ! Ça tombe mal...
Oui, car c'est sans compter sur cette nouvelle voisine qui vient d'aménager dans l'appartement donnant sur le même palier, une jeune femme prénommée Corina, flanquée d'un mari militaire un peu énervé sur les bords et d'un fils de quatre ans...
Tout commence à se dérégler, - du moins pour Jim Smith, lorsque la jeune femme lui adresse un jour la parole sur le palier, tandis que le mari, tireur d'élite surdoué dans son art est reparti en mission spéciale en Afghanistan... Alors, pour Jim Smith, c'est brusquement comme un grain de sable dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. Et quand la jeune femme récidive, - oui pour Jim Smith c'est une interprétation alors que pour la jeune femme un peu perdue dans une sorte de nouvelle existence voisiner est une manière de se rassurer un peu -, alors pour Jim Smith, Un voisin trop discret, c'est brusquement comme un séisme, son quota de relations sociales est en train d'exploser...
À partir de ces deux scènes qui ressemblent aux rivages d'un long fleuve tranquille, vous vous demandez déjà, en baillant poliment, vers quelles mornes plaines je vous entraîne. Eh bien ! Méfiez-vous de l'eau qui dort. Passé ces pages introductives, un certain Iain Levison, auteur américain d'origine écossaise, m'a arraché à ma torpeur ambiante, m'a saisi par le col de ma chemise et ne m'a plus lâché jusqu'à la dernière page. Impossible d'abandonner ma lecture jusqu'au dénouement final. Et quelle conclusion ! Chapeau, l'artiste !
Comment qualifier ce roman ?
Décapant, c'est le premier adjectif qui me vient à l'esprit.
Puis viennent d'autres adjectifs ; drôle, cynique, délicieux...
Tout y est, avec plusieurs manières de regarder cette histoires, des entrelacements d'histoires, des personnages dont le destin se joue presque au même instant, un magnifique effet papillon entre le Texas, Dubaï et l'Afghanistan, vous aurez même en prime un roman doté d'une intrigue policière qui tient bien formidablement la route. Ici, je vous préviens d'avance, les histoires des uns et des autres finissent toujours par s'entrecroiser et il se pourrait bien que l'onde de choc du tir d'un M-107, visant un terroriste au fin fond de la campagne d'Afghanistan, finisse par se répercuter jusqu'aux États-Unis, jusqu'à la tranquillité d'un immeuble d'un quartier ordinaire où les seuls bruits sont les rires d'enfants dans le parc qui jouxte le bâtiment.
C'est un court roman d'une incroyable richesse qui jongle avec les coups de théâtre et un humour que j'ai trouvé délicieusement salvateur.
C'est une sorte de tragi-comédie de haute voltige.
Iain Levison a un sens aigu de la satire, une ironie au vitriol, mais tempérée par une formidable humanité.
Du suspens, des quiproquos, de la gaucherie et au final il en ressort un coup pendable finement orchestré.
Tout est savamment dosé, juste ce qu'il faut. Rien de lourd, tout en finesse, Iain Levison est une sorte d'orfèvre en la matière.
Je l'ai lu ce roman d'une traite, durant l'après-midi de dimanche dernier, je me souviens dehors la tempête sévissait, je voyais passer devant la baie vitrée des bourrasques, des branches d'arbres, des fils électriques, des ardoises, des morceaux de cheminée, des parapluies, des brouettes facétieuses, des kilts écossais qui se soulevaient effrontément, des chats affolés rincés dans des tornades infernales, tout cela m'indifférait brusquement. Seul comptait Un voisin trop discret. Et j'avais envie brusquement de lui ressembler, c'est-à-dire qu'on me fiche la paix pour me laisser dévorer cette lecture furieusement addictive qui me faisait grand bien. J'ai baissé le store et j'ai poursuivi ma lecture...
À force de vouloir être discret, ne finit-on pas par se faire remarquer ?
C'est le regard désabusé sur un monde en perdition, qui part en ... quenouille...
C'est un regard épris d'humanité posé dans un sniper littéraire.
Bon, ma lecture finie, je vais aller enfin pouvoir me rendre dehors et prendre le temps de mesurer l'étendue des dégâts...

♫ Il n'ira pas beaucoup plus loin
La nuit viendra bientôt ♪ ♪
♫ Il voit là-bas dans le lointain ♪ ♪
Les neiges du Kilimandjaro ♫♫
Commenter  J’apprécie          5950
2 couples assez mal assortis, un chauffeur Uber mutique, et l'armée en toile de fond (notamment le conflit en Afghanistan) sont les ingrédients de ce roman qui propose, comme souvent avec cet auteur, une analyse fine des États Unis et de ses laissés-pour-compte.
Au final, un texte à la plume alerte et à la narration concise, avec un Iain Levison aux manettes plus sarcastique et en verve que jamais. Encore un très bon cru de cet écrivain !
Commenter  J’apprécie          510
Pour ceux qui ne connaissent pas Levison, on peut définir ses romans en disant qu'ils sont très désabusés et qu'ils ont tous une fin complètement amorale !
Dans celui-ci nous rencontrons des militaires américains des Forces spéciales en mission en Afghanistan.
Grolsch est violent, brutal alcoolique.
Boggs par contre doit cacher son homosexualité et sa sensibilité.
Une mission tourne mal et met les deux hommes en porte-à-faux.
Dans la vie civile, Marina a épousé Boggs pour lui donner de la respectabilité et lui permettre de faire carrière dans l'armée.
Et Corina doit supporter Grolsch, son mari violent et infidèle.
Heureusement elle a trouvé un appui dans la personne de son voisin, le discret Jim, misanthrope, mais le coeur sur la main, et qui sort de mystérieuses liasses de billets de son coffre pour lui venir en aide…
Tous ces personnages vont se croiser et leurs destins vont en être à jamais changés…

Ce cocktail donne un roman très original, fait de vengeance, de coups bas, et de redressement de tort !
Le récit est sec, resserré, bien ficelé.
Le ton est désabusé, le propos très critique envers les Etats-Unis, ses interventions militaires, les séquelles sur les soldats et l'homophobie ambiante.
Ce cynisme et cet humour décalé donnent un roman jouissif !
Et bien sûr ce n'est pas du tout politiquement correct, vous verrez la fin !
Commenter  J’apprécie          454
Un bon bouquin (très très bon même), pas politiquement correct pour un sou (chouette, on respire!), avec des personnages ni manichéens ni stéréotypés ni bobos (ouf!) (des vrais gens-sympatoches-tordus-qui-ont-pas-mal-roulé-leur-bosse), une construction hyper judicieuse (avec un système -pas tout le temps, rassurez-vous- de « parallaxe » (titre original de l'oeuvre) (la parallaxe, selon Larousse, c'est «l'angle formé par les droites qui joignent un point déterminé de l'espace à chacun des deux yeux, ou à chacune des deux oreilles », bref une histoire de double point de vue sur la même chose, le même événement et puis, une intrigue au cordeau (vous verriez cette fin complètement inattendue : un beau salto arrière et paf, pile sur les deux gambettes!) et c'est plein d'humour (noir), de suspense, de rebondissements tous plus réjouissants les uns que les autres, ajoutez une bonne dose de sarcasme (le rêve américain en prend un coup...) et vous y êtes !
Ah quel plaisir que la lecture de ce roman ! Jouissif ! Un très bon cru, bien cynique, bien désabusé et tellement humain ! de toute façon les Levison sont TOUS très bons (I'm so Levison addict, you know …) Et celui-ci, franchement, il régale !
Deux mots quand même sur le sujet : Jim Smith est un homme discret (il est le voisin du titre). Il est aussi dépressif, solitaire et asocial. Il a la soixantaine passée, arrondit les fins de mois en étant chauffeur Uber (après avoir été contrôleur aérien, serrurier et comptable), a dîné avec trois personnes en trente ans (et encore, c'était la corvée) et ne tient pas particulièrement à réitérer l'expérience (il a peur de se planter avec la terminologie actuelle dont il ne possède pas vraiment les codes -on en est tous là!).
Et si possible aimerait bien en finir rapidement avec l'existence.
Si possible.
Et puis, un jour, une nouvelle voisine s'installe dans l'appart d'à côté : son militaire de mari, agent des Forces spéciales, que l'on voit en action en Afghanistan (incroyable réalisme de ces scènes hyper cinématographiques...) commence à péter les plombs. Tout va bien tant qu'il n'est pas là mais le jour où il va rentrer, avec toute la violence qu'il a emmagasinée à tirer sur tout ce qui bouge, on sent que ça risque de coincer...
En attendant, Jim essaie de jouer à l'homme civilisé capable de tenir une conversation de plus de deux minutes et d'éprouver un peu d'émotion pour l'humanité. Sa voisine a un sacré boulot avec lui… Et elle a aussi besoin de ses services… Ça peut être utile, très utile, un voisin!
Plusieurs intrigues se mêlent, des personnages se croisent, se recroisent, les quiproquos abondent... Une vraie comédie américaine retouchée par Ken Loach...
Allez, foncez en librairie vous procurer ce petit bijou qui détrône largement tous les polars du marché (je sais, je les ai tous lus! ah ah)… Vous m'en direz des nouvelles… (avec le long week-end bien pourri qui s'annonce (je parle du temps, pas de votre vie de famille, hein!), tant que vous y êtes, prenez aussi « Tribulations d'un précaire » et « Un petit boulot »… Ça ne va pas franchement vous remonter le moral, mais vous aurez l'impression (réconfortante) que vous n'êtes pas seul au monde à endurer le pire !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          405




Lecteurs (780) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Ils savent tout de vous" d'Iain Levison.

Qui interroge Brooks Denny au début du roman ?

Dyer
Coffey
Snowe

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Ils savent tout de vous de Iain LevisonCréer un quiz sur ce livre

{* *}