Citations sur Le désir... Et ses embrouilles (76)
On ne sait plus quelle position prendre, entre un excès d’interdiction ou un excès de fascination. L’interdiction peut en effet être motivée par la fascination. Les repères symboliques peuvent éclater sous la pression d’une jouissance en excès, que ce soit la jouissance du fantasme en tant que tel ou une jouissance que le fantasme déclenche : une jouissance qui fait retour dans le processus scientifique même ou son application.
Parmi les fantasmes qui entrent dans le projet des procréations médicalement assistées, on peut aussi repérer la série de ceux qui mettent en jeu la sexualité, à travers le fait de la court-circuiter. Le court-circuit de la sexualité dans la procréation témoigne de la difficulté de mettre ensemble sexualité et procréation. Les procréations médicalement assistées réalisent ainsi le fantasme d’une procréation sans sexualité, qu’on retrouve au cœur des théories sexuelles infantiles, au noyau des fantasmes inconscients.
Parmi les fantasmes qui entrent dans le projet des procréations médicalement assistées, on peut aussi repérer la série de ceux qui mettent en jeu la sexualité, à travers le fait de la court-circuiter. Le court-circuit de la sexualité dans la procréation témoigne de la difficulté de mettre ensemble sexualité et procréation. Les procréations médicalement assistées réalisent ainsi le fantasme d’une procréation sans sexualité, qu’on retrouve au cœur des théories sexuelles infantiles, au noyau des fantasmes inconscients.
Être au monde, c’est une situation déjà en elle-même marquée par l’étrangeté : étrangeté d’être soi, de le devenir, à partir de cette série de hasards qui ont dû entrer en jeu pour produire la contingence{107} de la rencontre de cet homme-là et de cette femme-là, jusqu’à conduire à celle de ce spermatozoïde et de cet ovule. Chacun doit trouver ses solutions pour penser cet impensable. Finalement, tout ce qui concerne la conception, la filiation, l’histoire et la généalogie n’est que le traitement imaginaire et symbolique d’un réel inabordable de la création de la vie par une procréation, qu’elle soit issue de la sexualité ou assistée.
On pourrait dire que ce réel insaisissable de la vie entre en jeu à travers chaque conception. Le vivant, dans sa survenue, révèle qu’il n’y a pas d’explication possible à la vie, qu’on ne peut qu’y consentir. Consentir à la vie, c’est aussi consentir au mystère : « Au mystère qui préside pour chacun à sa promotion à l’être, qui le fixe et l’oblige à un point dans l’espace, à un moment dans le temps. »
« Si je suis malfaisant, c’est que je suis malheureux […] Vous devez créer pour moi une femme avec qui je pourrai vivre et échanger ses sentiments affectueux nécessaires à tout être vivant. »
Pour trouver les causes de la vie, il a choisi d’étudier des étapes de décomposition des corps : « Après des jours et des nuits de labeurs et de fatigues, j’ai réussi à trouver la cause de la génération et de la vie. Je devins même capable d’animer la matière inerte […] Je savais préparer un corps pour recevoir la vie. »
On voudrait échapper aux incertitudes qu’impose la nature. Aller vers un nouveau programme de l’humain. Echapper à la maladie, mobiliser toutes les potentialités, aller vers le plus possible, le tout, tout de suite. Jusqu’à l’excès, dans l’idée d’échapper à la finitude, à la mort, de tout contrôler, dès avant la conception, dès avant la naissance. On passe du tout au trop. Ce qui est possible devient un droit, parfois même une obligation que le sujet s’impose. Ce qui peut déboucher sur une tendance à une jouissance au sens mortifère du terme : comme l’a écrit Hanna Arendt, « lorsque tout est possible, tout peut être détruit » .Vers quoi tout cela peut-il nous mener : telle est la question qui vient inévitablement avec le fait qu’un fantasme puisse forcer la réalité.
Si les sciences se sont établies en voulant mettre de côté les passions propres au fantasme, les technologies qui en découlent les subissent de plein fouet. S’y joue donc une rencontre inédite entre sciences et fantasme, même si ces deux dimensions se pensent comme étant fondamentalement contradictoires. Le fantasme pénètre dans le champ des sciences par le biais des technologies qui en découlent, déterminant en retour le programme des avancées de la science
Le désir de savoir a toujours existé. Il y avait l’oracle dans la Grèce antique. Mais il y a aussi les horoscopes, les astrologues, les diseuses de bonne aventure. Peut-être que bientôt ce ne sera plus que les analyses génétiques qui occupent le devant de la scène. Elles commencent en effet à se généraliser. Et comme l’oracle, elles ne sont pas toujours faciles à déchiffrer.