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EAN : 9782264066879
216 pages
10-18 (07/01/2016)
3.9/5   190 notes
Résumé :
Lorsqu'il devient ambulancier dans l'un des quartiers les plus difficiles de New York, Ollie Cross est loin d'imaginer qu'il vient d'entrer dans un monde fait d'horreur, de folie et de mort. Scènes de crime, blessures par balles, crises de manque, violences et détresses, le combat est permanent, l'enfer quotidien. Alors que tous ses collègues semblent au mieux résignés, au pire cyniques face à cette misère omniprésente, Ollie commet une erreur fatale : succomber à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 190 notes
Harlem dans les années 90. 911, emblème des ambulanciers.

« Écrire sur ce que l'on connaît ». Voilà souvent le conseil que l'on donne aux écrivains débutants. Avant d'être romancier, Shannon Burke a été, durant plusieurs années, ambulancier à New-York. Il sait donc de quoi il en retourne et nous savons dès le départ que ce roman va sentir le vrai, la douleur et le sang.

200 pages en apnée, une véritable plongée dans l'horreur quotidienne de ce que vivent les ambulanciers dans un quartier en décrépitude.

Burke nous balance la vérité en pleine figure, à coup de paragraphes décrivant les interventions (parfois hallucinantes, toujours éprouvantes) d'une équipe d'ambulancier de Harlem.

911 est une oeuvre de fiction, mais que l'on ne s'y trompe pas, Shannon Burke y a mis toute son expérience, ses anecdotes personnelles et ses tripes.

Il dépeint, par touches de scènes « ordinaires », le quotidien de ces intervenants de l'urgence. Mais là où l'auteur est très fort, c'est qu'il ne nous propose pas juste une banale accumulation d'événements. La description de la vie de cette équipe d'ambulanciers va se transformer en tragédie.

Les scènes d'interventions sur le terrain sont saisissantes de réalisme. C'est le cas aussi des relations entre ambulanciers, tous avec leurs caractères bien trempés, qui amèneront à cet enchaînement dramatique laissant le lecteur sur le carreau.

Avant de lire ce roman, on ne peut imaginer à quel point ce métier, dans un quartier aussi difficile, peut marquer à vie. le personnage principal y passera onze mois, et se retrouvera changé à jamais.

Le « 911 » est un laboratoire psychologique en accéléré, qui démontre à quel point un homme peut se trouver transformé en quelques mois, passer tour à tour de l'altruisme à l'indifférence, du respect au mépris, ou à la folie.

911 est un récit brut, viscéral, où la détresse de cette population pauvre, tout comme celle de ces ambulanciers, vous touche au plus profond de votre être.

Ne croyez pas ressortir de ce récit de la même manière qu'après la lecture d'un banal roman noir. On est ici dans le vrai, l'authentique, et s'en est d'autant plus perturbant.

Pas étonnant que Darren Aronofsky, le metteur en scène de Black Swan, et le scénariste de la série Les Sopranos se soient lancés dans l'aventure de mettre en images ce récit.

Des images, vous en aurez plein la tête, une fois la dernière page tournée. 911 est un roman qu'on n'oublie pas.
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Ce livre nous raconte le quotidien des ambulanciers de New York, mais pas dans n'importe ou: à Harlem, un des quartiers les plus pauvres. J'ai trouvé cette histoire incroyable, on ressent en la lisant, toutes sortes d'émotions. On sent que l'auteur est un ancien ambulancier, car les histoires qui nous sont narrées respirent l'expérience et le vécu.

Le personnage et le comportement d'Ollie traduisent tout à fait ce que l'on imagine d'un jeune ambulancier plein d'empathie et de bonne volonté. Il tente de soulager, il souhaite sauver même lorsqu'il n'y a plus rien à faire.

Ollie découvre vite qu'après de nombreuses années dans ce quartier, ses collègues ne voient plus les choses de la même façon, il constate également qu'il n'est pas facile d'être accepté par ses hommes qui ont vu des choses terribles.

C'est un roman poignant, avec des moments très difficiles, qui nous permet de voir le quotidien des ambulanciers différemment que ce que l'on a pu voir à la télévision. Une façon d'intervenir et d'assister qui diffèrent totalement de nos méthodes françaises...
Lien : http://livresque78.wordpress..
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911, Nine-one-one est un numéro que nous connaissons tous et toutes. C'est celui des urgences. Les urgences américaines, bien entendu.

New-York, années 90… Un groupe d'ambulanciers urgentistes que nous allons accompagner durant des interventions.

De grâce, laissez de côté vos souvenirs de la série Urgences ! Ici, pas de beau George ClooNescafé pour vous prendre en charge avec gentillesse tout en vous servant un ristretto.

Ici, le seul Noir que vous pourrez prendre, ce sera celui que vous chargerez – ou non – dans votre ambulance. Et si vous êtes un peu sadique sur les bords ou brisé par votre travail, vous le prendrez avec votre ambulance, mais au sens propre… Oui, « boum » dans un être humain.

Je vous avais dit que nous étions à New-York, mais dans le quartier de Harlem !

La misère humaine est celle de Zola, les êtres décharnés qui louvoient dans les rues ont tous une aiguille fichée dans le bras, ou presque. le quartier est gangréné et l'amputation ne résoudrait rien. Des immeubles sont laissés à l'abandon et la population aussi. Ce qui ne la rend pas aimable, vous en conviendrez.

Vous intervenez pour essayer de sauver des vies et vous vous prenez des insultes ou des parpaing sur la tronche. Bienvenue à Harlem !

C'est dans cette atmosphère particulière que travaille notre unité d'ambulanciers : des anciens, des vieux de la vieille, des altruistes, des sadiques, des blasés et notre Ollie, jeune bleu qui fait ambulancier afin d'avoir de l'expérience pour entamer des études de médecine.

Il est jeune et rempli d'empathie, l'amertume ne l'a pas encore contaminé, lui. D'autres sont déjà passé du côté obscur, se donnant pour mission d'éradiquer les drogués en les laissant crever (sorry pour le terme, mais c'est celui qui convient vu la manière dont c'est fait).

Chaque personnage est bien campé, a son caractère bien à lui, sa manière de bosser. Ollie est en apprentissage et son coéquipier est important. Nous verrons comment notre Olivier va basculer lentement du côté obscur de la Force. L'indifférence, ça te tue à petit feu.

Si ceci est une oeuvre de fiction, l'auteur, qui fut ambulancier, sait de quoi il parle et chaque intervention est tintée d'un réalisme qui frôle la perfusion… non, pardon, la perfection !

Sans jamais tomber dans l'excès de voyeurisme, sans temps mort, sans jamais gaver son lectorat de termes médicaux en tout genre qui ferait ressembler le roman à un syllabus médical, l'auteur a mis en place toute une histoire derrière et on s'attache à certains personnages, on les voit sombrer, se raccrocher, s'en sortir ou péter les plombs.

Attention, c'est sombre, c'est du p'tit roman noir serré et vos tripes vont se remuer parce que l'auteur a dû mettre les siennes pour l'écrire. C'est sans concession aucune.

Si le 911 a changé notre jeune Ollie en 11 mois, le 911 vous changera en 200 pages. Ensuite, comme eux, vous ressentirez un grand vide.

Excellent !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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911. Trois petits chiffres insignifiants qui parcourent les rues américaines au son des sirènes, flockés sur des parois flamboyantes .Trois petits chiffres pour vous raccrocher désespérément à cette vie qui tente de vous fausser compagnie.

Ils sont là, parmi nous, prêt à agir avec une rapidité foudroyante. Une main qui se pose sur la votre, qui vous place une perfusion, vous décharge la puissance de la technologie pour faire repartir ce coeur usé par la vie ; une voix aussi, pour vous dire que tout n'est pas perdu, que ça va aller mieux. Ombres fugaces, parmi les lumières clignotantes, les cris et le bruit des appareils, c'est à eux que vous confiez le sort de votre existence.

C'est dire si les ambulanciers, comme les pompiers sont des gens formidables, bravant tous les dangers pour vous porter secours. On n'imagine pas une seconde ces soldats de la vie, autrement qu'en héros des temps modernes dont les évènements du 11 septembre ont définitivement gravé dans l'airain de nos mémoires collectives leur aura éternelle.

Le roman de Shannon Burke est une porte qui s'entrouvre sur cet univers. Mais le lecteur comprendra bien vite, en se présentant aux côtés de Ollie Cross à cette station d'ambulanciers de Harlem, que l'envers du décors est loin de s'approcher de ce que l'imaginaire collectif offre en partage.

Ollie est un jeune homme de 23 ans qui a échoué à l'entrée en médecine. le voilà donc qui se retrouver ambulancier stagiaire le temps de pouvoir à nouveau tenter sa chance l'année suivante. Il vit chichement dans un petit appartement, a une petite amie, et potasse dès qu'il le peut son manuel de médecine.

Très vite celui-ci va être confronté à la réalité d'un boulot que le jeune idéaliste qu'il est ne soupçonnait même pas. Passé le temps de son intégration et de son bizutage, le voici plongé dans un quotidien particulièrement glauque.

Des rues crasseuses livrées aux rats, aux gangs, à la drogue et à la prostitution. Une zone de quasi non droit où survie comme un chien la lie de la société New Yorkaise. Une zone où les gosses agonisent une balle dans le ventre ou dans la tête, où les femmes toxicos encore sous l'emprise de leur dernier shoot accouchent de bébés mort-nés, et où les vieux crèvent dans l'indifférence générale. Un monde où la misère danse langoureusement avec le désespoir.

Seuls ceux qui vivent comme vous ce quotidien fait de morts et de violence, où la vie semble parfois n'être qu'un éclair fugace de lumière, peuvent comprendre ce que vous ressentez. L'unité devient alors votre famille. On se serre les coudes, on se blinde face à ce monde en décrépitude et on tente de préserver comme un trésor au fond d'un coffre, le peu d'humanité qu'il vous reste.

Car cette vie est un combat, et Harlem une zone de guerre. Elle vous corrode et ronge de l'intérieur votre sensibilité au monde. Elle vous éloigne des autres , des parents, de Clara la petite amie qui finit par partir, et vous renferme sur vous même. Elle vous transforme. jusqu'au moment où vous devenez insensible, indifférent. Survient alors la colère ou la résignation.

Il est difficile d'expliquer cette transition à quelqu'un qui n'a pas vécu ça, mais lorsque vous n'arrivez plus à dormir, lorsque votre vie vous semble complètement vide, que vous croisez la mort tellement de fois qu'elle en devient banale, que vous êtes dévoré par la culpabilité d'être vivant parmi les morts, alors vous finissez par devenir parfaitement insensible, immunisé contre les sentiments qu'éprouvent habituellement les gens…/…

Certains le deviennent, juste pour se protéger, juste pour rester vivant, quand pour d'autres ce n'est qu'une étape vers le grand basculement, ce point de non retour où l'on va trop loin, où l'on plonge trop profondément, où l'on en vient parfois à décider de qui doit vivre et qui doit mourir, et où l'on décide de régler définitivement ses comptes avec la vie.

« Lorsque plus rien n'a de sens, y compris la vie ou la mort d'autrui, vous n'êtes plus qu'à un pas du mal. Et ce putain de pas est terriblement facile à franchir.

Avec « 911 » Nous sommes loin des héros sans faille et inoxydables face à l'adversité colportés par l'imaginaire collectif. Shannon Burke nous présente une galerie de personnages abimés par l'insoutenable qu'ils côtoient au quotidien, des hommes mis en abîme qui sont toujours les premiers arrivés sur le théâtre du désastre humain et qui prennent de plein fouet cette réalité crue .

Il s'agit bien d'un roman. Mais quand on sait que l'auteur, Shannon Burke a été lui même ambulancier à une certaine époque on peut légitimement se demander si son livre de contient pas une part d'autobiographie.

C'est en tout cas un roman réussi, terriblement rugueux , cru, d'une force évocatrice impressionnante, et cependant emprunt d'une grande d'humanité. Sans intrigue, avec une narration minimaliste Shannon Burke nous offre la possibilité de suivre la transformation de ce jeune ambulancier idéaliste confronté au monde qui l'entoure. Mais jusqu'où ira cette transformation?

un bouquin des plus captivants de l'année.
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« Nos voisins de Manhattan ont des boulots, ils votent, ils paient leurs impôts. Les gens qu'on a ici, c'est de la racaille. Des parasites. Et dès que quelqu'un essaie de les aider, ils se mettent à hurler, jamais un merci. Je leur souhaite tous de crever. Je leur souhaite tous de se prendre une putain de balle dans le foie et de crever de la mort la plus douloureuse qui soit. Mais s'ils souffrent, s'ils sont mes patients, je les soignerai mieux que Verdis. […] Ma façon de voir les choses, c'est que, pour préserver l'objectivité et la distance professionnelle qui s'imposent, le mieux pour un ambulancier, c'est de détester ses patients. »

Quand, au début des années 1990, le jeune Ollie Cross, recalé à l'examen d'entrée en fac de médecine trouve un travail d'ambulancier et se trouve affecté à la station 18, sur la 136ème rue, au coeur de Harlem, il pénètre dans un monde effarant à plus d'un titre. D'une part parce que l'extrême pauvreté de ce ghetto en fait un lieu d'une violence extrême prompte à se retourner contre tout représentant d'une quelconque autorité officielle, secouristes compris. D'autre part parce que les ambulanciers expérimentés qui l'accueillent oscillent entre un recul frisant l'indifférence, à l'image de Rutkovsky, l'équipier d'Ollie, une agressivité et un racisme assumé comme LaFontaine, ou une empathie peut-être trop importante pour Verdis.
Shannon Burke, qui a lui-même exercé le métier d'ambulancier à New York, propose ici une sorte de chronique du quotidien d'Ollie Cross faite de scènes saisissantes, bien souvent extrêmement crues et violentes sans pour autant virer dans le voyeurisme ou la provocation gratuite, et qui, surtout, montre l'emprise de ce métier sur la vie de ceux qui l'exercent.

L'enchaînement des situations décrites avec une précision chirurgicale et, si ce n'est sans transitions, avec du moins des transitions – constituées d'extraits d'un discours de prime abord emphatique mais de plus en plus âpre fait aux jeunes ambulanciers – tout aussi éloquentes, rend le récit extrêmement dynamique. Cette accumulation permet par ailleurs de mettre en exergue l'isolement de ces hommes qui se voient comme une race à part, un escadron doué du pouvoir de sauver ou de laisser mourir, et le syndrome de Dieu qui finit par affecter certains d'entre eux.
En suivant le cheminement du jeune héros dont le nom même (Ollie Cross/Holly Cross/ Sainte Croix) exprime l'innocence et la manière sacerdotale dont il aborde ce travail, et la façon dont, peu à peu, il semble près de basculer définitivement dans ce monde aussi addictif que dévorant, Shannon Burke instille le malaise, certes, mais pose aussi la question des effets de cette confrontation quotidienne à une horreur qui finit par devenir indicible.

Tout cela fait de 911 un roman poignant et fulgurant, par bien des aspects accablant, mais surtout un livre passionnant et qui à le grand mérite d'allier la forme choquante à un fond particulièrement pertinent par les questions qu'il pose sur la nature humaine et sa capacité à accepter et à supporter la souffrance – la sienne comme celle d'autrui.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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critiques presse (3)
Bibliobs
15 juillet 2014
Scénariste de «Syriana», Shannon Burke pioche là-dedans au coupe-coupe. Rêche, brutal, crasseux: malgré la minceur du livre, on en sort exténué. Mais que c'est bon, nom de nom!
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
11 juillet 2014
Ecrit sous forme de chronique, sans fioritures ni faux-semblants, 911 se lit comme un roman social, noir à souhait.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
02 juillet 2014
911 est à la fois une chronique frénétique et une fiction sauvage, éprouvante, qu'on lit comme en apnée.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Nos voisins de Manhattan ont des boulots, ils votent, ils paient leurs impôts. Les gens qu’on a ici, c’est de la racaille. Des parasites. Et dès que quelqu’un essaie de les aider, ils se mettent à hurler, jamais un merci. Je leur souhaite tous de crever. Je leur souhaite tous de se prendre une putain de balle dans le foie et de crever de la mort la plus douloureuse qui soit. Mais s’ils souffrent, s’ils sont mes patients, je les soignerai mieux que Verdis. […] Ma façon de voir les choses, c’est que, pour préserver l’objectivité et la distance professionnelle qui s’imposent, le mieux pour un ambulancier, c’est de détester ses patients.
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Il est difficile d'expliquer cette transition à quelqu'un qui n'a pas vécu çà, mais lorsque vous n'arrivez plus à dormir, lorsque votre vie vous semble complètement vide, que vous croisez la mort tellement de fois qu'elle en devient banale, que vous êtes dévoré par la culpabilité d'être vivant parmi les morts, alors vous finissez par devenir parfaitement insensible, immunisé contre les sentiments qu'éprouvent habituellement les gens, le genre de personne qui peut trébucher sr le corps mutilé d'un ado ou le cadavre pourrissant d'ne vieille dame, son jupon blanc grouillant de vers, et contempler tout cela placidement, sans rien voir d'autre que de l'exaspération, parce que c'est à vous de vous en occuper .De cette indifférence, qui n'est qu'une protection, découle un risque bien particulier du métier. Lorsque plus rien n'a de sens, y compris la vie ou la mort d'autrui, vous n'êtes plus qu'a un pas du mal. Et ce putain de pas est terriblement facile à franchir
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Au bout d’un moment, ce genre de situations a vraiment fini par m’énerver, me mettre en rage, sans raison précise, jusqu’à ce que quelque chose se casse, et que je me mette à regarder autour de moi comme dans le vide, effaré, en me disant, qu’est-ce que j’en ai à foutre, après tout ? En quoi ça devrait me concerner ? Quelle importance ?
Il est difficile d’expliquer cette transition à quelqu’un qui n’a pas vécu ça, mais lorsque vous n’arrivez plus à dormir, lorsque votre vie vous semble complètement vide, que vous croisez la mort tellement de fois qu’elle en devient banale, que vous êtes dévoré par la culpabilité d’être vivant parmi les morts, alors vous finissez par devenir parfaitement insensible, immunisé contre les sentiments qu’éprouvent habituellement les gens, le genre de personne qui peut trébucher sur le corps mutilé d’un ado ou le cadavre pourrissant d’une vieille dame, son jupon blanc grouillant de vers, et contempler tout cela placidement, sans rien voir d’autre qu’un tas de chair, sans rien ressentir d’autre que de l’exaspération, parce que c’est à vous de vous en occuper. En étant indifférent on se protège, mais ça vous expose à un risque bien particulier du métier.
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J’ai travaillé à Harlem, et Harlem a fini par me sortir par les yeux : les bandes de petits lascars qui se gueulent dessus et glandent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les racailles avec leurs canettes de bière suralcoolisée qui déambulaient devant nous, avec l’air de ceux que rien ni personne, pas même une ambulance, ne pouvait pousser à presser le pas, les gamins qui nous tiraient par la chemise en répétant « qu’est-ce qui s’est passé, qu’est-ce qui s’est passé, quelqu’un est mort, qu’est-ce qui s’est passé », les accros au crack, les toxicos et les poivrots qu’on retrouvait aux pires endroits – dans des immeubles abandonnés, sur les rails du métro, en pleine Harlem River. J’avais horreur de ces regards mauvais, pleins de ressentiment.
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J’avais horreur de ce défilé sans fin de parents désespérés qui appelaient à l’aide VITE ! VITE ! DÉPÊCHEZ-VOUS ! MONSIEUR ! VITE ! J’avais horreur des saloperies auxquelles j’assistais, de celles dont je me souvenais, qui formaient toutes une boule en travers de ma gorge : des intestins bleu gris sur un volant rouge, des bouches mortes emplies de blattes vivantes, la chaussette souillée d’une diabétique obèse, les orteils noirs qui en tombent pour rouler par terre comme des callots, jusque sous la télévision, et elle qui nous demande si c’est grave, c’est pas grave hein, c’est pas la peine d’aller à l’hôpital hein ?
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