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Pierre Giuliani (Traducteur)Iawa Tate Giuliani (Traducteur)
EAN : 9782859404284
256 pages
Phébus (19/04/1996)
3.74/5   19 notes
Résumé :
La presse américaine, qui a le goût des hiérarchies bien arrêtées, a récemment classé Naples 44 parmi les "dix meilleurs livres consacrés à la dernière guerre mondiale". Admettons. D'autant que Graham Greene, qui n'avait pas toujours l'admiration facile, n'hésitait pas à considérer Norman Lewis (né en 1908 et grand bourlingueur sous le ciel) comme "l'un des meilleurs écrivains du siècle".
Un officier de l'armée britannique découvre Naples à la fin de l'été 44... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'espion, romancier et aventurier britannique Norman Lewis publie en 1978 Naples 44 sur son expérience en tant qu'officier des renseignements pendant la seconde guerre mondiale en Italie.
Cette aventure débute comme une pantomime. Les missions des agents en poste à l'étranger sont très vagues, et leurs affectations n'ont rien à voir avec leurs compétences linguistiques. C'est ainsi qu'un agent parlant roumain se retrouve auprès de patriotes yougoslaves parlant une langue balkanique et qu'un autre , spécialiste du vieux norrois, est envoyé en Algérie.
Affecté à la 312ème section du Field Security Service, Lewis arrive à Salerne au début du mois de septembre 1943 et restera une année sur le territoire italien.
Norman Lewis est un auteur toujours aussi agréable à lire, fin dans ses observations, dénué de préjugés, lucide, qui décrit avec force objectivité la situation dans laquelle se trouve la région de Naples, en ruine, sans eau, ni électricité . Alliés et Allemands s'affrontent et Lewis tente de mener à bien ses missions malgré ce chaos ambiant et le manque de moyens alloués aux services de renseignements. Depuis le débarquement, le nombre de partis politiques explosent ce qui multiplie le nombre de ses interlocuteurs.

Ce qui frappe à la lecture de Naples 44, c'est la grande misère de l'Italie occupée, qui souffre en plus de particularités « locales », une société patriarcale qui semble fonctionner comme au siècle dernier, la Mafia (voir les lignes consacrées à Vito Genovese) et la Vendetta qui fait des ravages. Les habitants meurent de faim, les armées alliées sont régulièrement pillées, la prostitution est endémique, le marché noir incontrôlable.
Si Lewis assiste parfois à des scènes cocasses, comme les mésaventures de son ami Frazer en couple avec une Italienne volcanique et insatiable, qui doit gober oeufs et oursins pour garder la forme, il est la plupart du temps témoin de scènes atroces. Ses témoignages glacent le sang. Il est ainsi présent après les viols sur les femmes, les hommes, et les enfants commis en Ciociarie par les goumiers du Corps expéditionnaire français , qui rappellent les scènes les plus affreuses de La Ciociara de Vittorio de Sica.
L'auteur abandonne parfois le ton de l'observation la plus neutre et se laisse aller l'espace d'un instant, à une remarque plus personnelle. Quand des fillettes aveugles et affamées, attirées par l'odeur de nourriture, entrent dans un restaurant où il déjeune, et s'y déplacent dans la plus grande confusion et dans l'indifférence générale, il écrit: « Jamais elles ne guériront de leur peine et jamais je ne guérirai de leur souvenir. »
Malgré tout les Napolitains font preuve de débrouillardise et d'ingéniosité pour sortir du marasme, et Naples 44 fourmille d'anecdotes proprement surréalistes, merveilleusement retranscrites par l'auteur. Graham Greene a écrit que Lewis était 'l'un des meilleurs écrivains du siècle". En tout cas il reste l'un de mes espions préférés.
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“Ah Dieu que la guerre n'est pas jolieˮ pourrait-on dire en contredisant le titre d'un autre roman qui fut aussi une comédie musicale ! L'auteur nous emmène à Naples au milieu de l'année 43, pour un an. Il est officier de renseignement, en titre. En fait, lui et ses collègues ne savent pas trop ce que l'on attend d'eux, ils ne sont pas les seuls ! Il se trouve plongé dans la misère absolue qui règne dans la ville récemment libérée. La préoccupation des Napolitains se résume en un seul mot “Survivreˮ. Les méthodes sont toujours les mêmes : trafics, grands ou petits, marché noir avec les troupes d'occupation, prostitution… Viols nombreux par la soldatesque maure de l'armée française, ah bon, on nous aurait enfumés avec un film récent ! Tentatives de manipulations des soldats, vieilles combines, mafia… Difficile de rester “moralˮ dans de telles circonstances. Il essaie, ne condamne pas trop ses collègues, regarde parfois d'un air amusé, en ethnologue toute cette agitation. Etranger à ce monde dont il ne comprend pas les clés de fonctionnement tribales et moyenâgeuses, il oscille entre la résignation et des velléités de moralisme vertueux, gardant une ironique lucidité. Un grand livre sur la guerre et ses effets “collatérauxˮ, G. Greene ne s'y est pas trompé.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Elle lui avait fait comprendre, avec des gestes qu'on tremblerait à se représenter, que son regretté mari (...) ne manquait jamais de l'honorer au moins six fois dans la nuit. Elle avait aussi une habitude qui pétrifiait Frazer et qui consistait à garder les yeux fixés sur le réveil à côté du lit pendant qu'il s'exécutait vaillamment. Je lui ai conseillé d'avaler dans ce cas-là, comme le faisaient les types du coin, un marsala à l'oeuf et de porter une de ces médailles de san Rocco , le saint patron du coitus reservatus, que l'on trouvait dans toutes les boutiques d'objets religieux.
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Un autre exemple de cette ingéniosité culinaire se retrouve dans le sort réservé à la faune exotique qui peuplait le célèbre aquarium de Naples, dans les jours qui ont précédé la libération de la ville: aucun poisson, si étrange fût-il, n'a échappé à la casserole. Les Napolitains sont persuadés que, lors du banquet officiel donné en l'honneur du général Mark Clark, lequel avait fait connaître sa préférence pour le poisson, le plat de résistance n'était autre que le jeune lamantin, orgueil de l'aquarium, bouilli et servi accompagné d'une sauce à l'ail.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, les engagés volontaires des forces armées qui connaissaient une langue étrangère mais n'étaient diplômés ni de Cambridge, ni d'Oxford, voire pas diplômés du tout, étaient souvent dirigés vers les services de renseignements.
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