Bon, autant le dire tout de suite, ça se lit, mais ce n'est pas un chef d'oeuvre. Je n'ai pas pris autant de plaisir à lire ce volume que lorsque j'ai lu du même auteur «
Le Zénith et après » (1980) et «
Lointaine étoile » (1982). Il n'y a pas dans ce roman, autant de recul et d'ironie autour de son style, du genre, des personnages, mais j'ai quand même trouvé ça :
« Debout, campé, les jambes écartées sur le tronc mort, n'ayant pour toute arme, pour toute puissance, que sa nudité robuste mais perdue dans cet effroyable chaos, il tenait Stéphanie d'un bras et
Jean-Pierre de l'autre.
Les visages levés, ils regardaient venir les globes.
Jean-Pierre voulut dire, faiblement :
— Qu'est-ce que c'est que ce jeu de boules ? »
Notez, rien que pour avoir déniché ce truc, je ne suis pas mécontent d'avoir ouvert ce livre, j'ai eu droit à ma crise de fou rire.
Rod, Stéphanie et
Jean-Pierre se retrouvent éjectés de la terre, suite à une catastrophe, et errent dans l'univers intersidéral (l'univers est généralement intersidéral chez
Maurice Limat), dans une sphère d'air et d'eau (j'ai fait une Homéotéleute ! Trop cool !). Bref, les personnages sont très caricaturaux, comme Rod le héros viril (on a toujours besoin d' un héros viril dans un roman de soap space opera), le scénario un peu bancal, concernant la rigueur scientifique, on s'en passera, c'est plutôt loufoque, j'ai quand même bien aimé les chevaux ailés par exemple.
Et la morale de l'histoire... faisons comme s'il n'y en avait pas, ça vaut mieux.
Le style est comme à son habitude, un peu théâtral. Limat utilise aussi des néologismes, il adore ça, faut croire. J'en ai déjà rencontré un sacré paquet dans ses autres romans, au moins de quoi doubler les pages du Larousse, mais tout le monde n'a pas la chance d'un
William Gibson avec son « cyberspace », non ici il est question de « volnatation » et de « coplanétriotes », j'en vois qui rient au fond, je vous en prie, un peu de tenue !
Et qu'est-ce qu'il leur en arrive des péripéties ! Dans l'immensité intersidérale, on ne s'ennuie pas !
« Une fraction de seconde, il situa leur position : à des milliards de lieues de la Terre, sans doute volatilisée depuis des temps incalculables, il se trouvait, avec ce garçon qu'il connaissait à peine, à bord d'un astronef conçu par une race inconnue, perdu dans un ouragan comme on n'en avait pas imaginé depuis le commencement du monde et en proie à un monstre que nul cauchemar n'avait pu enfanter.
Sans pilote. Sans guide. »
Bon, bref, je ne vais pas épiloguer, c'est distrayant, j'ai toujours du plaisir à ouvrir un livre de
Maurice Limat... et demain j'aurais tout oublié.