L'Île des Rois

Les histoires d'amour ont tendance à me hérisser le poil mais quelque chose dans la quatrième de couverture de L'Ile des Rois (2014) m'a intriguée. Comme j'ai bien fait de céder à l'appel du Botswana!

Dans ce court mais non moins intense roman initiatique, Soline Lippe de Thoisy, romancière française installée depuis de nombreuses années au Botswana, nous livre l'histoire poignante d'un amour immense entre un Botswanais et une Française, avec en toile de fond la nature enchanteresse et l'histoire politique du Botswana.

La narratrice s'adresse au grand amour de sa vie, l'homme pour lequel elle a tout abandonné en France et dont elle a embrassé avec passion la vie, la carrière et les idéaux. Elle s'adresse à cet homme qu'elle a aimé par dessus tout, ce mari qui l'a trahie de la pire des façons et qui aujourd'hui n'est plus que l'ombre de lui-même, ses jours étant comptés.

L'Ile des Rois débute sept ans après sa trahison et cinq ans après leur installation au coeur du Delta de l'Okavango, sur l'île des Rois, la plus vaste du Delta. La faune et la flore y sont incroyablement foisonnantes et le contraste avec le désert du Kalahari, cent kilomètres plus au Sud, est très fort. Ce « morceau de terre irréelle qui vogue tantôt sur une mer de savane, tantôt sur une immense étendue d'eau douce, selon les saisons » est un endroit hors du temps, d'une beauté féerique, un endroit capable de soigner toutes les plaies.
(...)
Désormais usée et solitaire, la narratrice décrit son quotidien, sa vie simple dans le dénuement le plus total mais au coeur d'une nature majestueuse encore largement sauvage et préservée de l'intrusion humaine, avant de progressivement remonter le temps et dévoiler la façon dont son amour qu'elle pensait unique et invincible fut détruit par la politique, la corruption et la maladie.

Elle se souvient de sa rencontre avec celui qui deviendra le grand amour de sa vie, de son parcours politique flamboyant avant la chute et le déshonneur. Et puis, enfin, elle se souvient de cette fameuse nuit qui détruisit tout sur son passage, bouleversant à tout jamais son existence. Elle dit l'amour et la haine. La tristesse et la douleur infinies, la rancoeur, le ressentiment et la désolation. La résilience, enfin.
(...)
Soline Lippe de Thoisy signe avec L'Ile des Rois un roman très touchant sur la fin tragique d'un amour flamboyant et le pouvoir réparateur de la nature ainsi qu'un témoignage intéressant sur un pays évoluant au gré des réformes économiques implémentées dans les années 2000.

Les murmures du Cap (2017) m'avait beaucoup plu, L'Ile des Rois m'a profondément touchée.


Chronique complète sur le blog.
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L'histoire se situe au Bostwana, en Afrique australe , de la capitale Gaborone au delta de l'Okavango(ou marais) un grand delta intérieur
Tous les sujets sont abordés sur le plan politique, les subversions, sur le plan économique' les diamants, sur le plan humainitaire le sida.

C'est le récit,à une voix, de la vie d'un couple, une française et un africain , de leur coup de foudre et de leur amour qu'ils croyaient unique et impérissable mais aussi des changements politiques du pays auxquels ils participent.
L'Okavango est le cadre du roman "L'île des Rois", de Soline Lippe de Thoisy, qui connaît bien ce pays d'Afrique australe puisqu'elle y vit. C'est dans ce paradis que le couple se réfugie, s'isole du monde qui les a déçus, et se crée une vie à "la Robinson Crusoé" pour pouvoir survivre, retrouver la sérénité, la plenitude en attendant la mort.
Le delta de l'Okavango sera leur lieu de leur rédemption.

Pour qui ne connaît pas l'Afrique du Sud, comme moi,ce livre est une superbe découverte. On sent la passion de l'auteur pour ce pays,on traverse les déchirements intérieurs politiques et humains.Mais surtout on découvre une flore et une faune extraordinaire grâce à la proximité des personnages avec la nature.

Plus que l'histoire d'amour,très bien narrée, ce que j'ai apprécié c'est la découverte de ce pays à laquelle j'ai ajouté quelques recherches : " le delta reste l'une des régions intactes de l'Afrique avec des espaces naturels vierges et une vie sauvage il abrite aussi plus de 400 espèces d'oiseaux, dont l'aigle pêcheur africain, la grue royale et l'ibis sacré. Échassiers et rapaces règnent sur le peuple des eaux.C'est l'habitat saisonnier de nombreuses espèces, dont l'éléphant africain, le buffle d'Afrique, le lechwe, le topi, le gnou noir, l'hippopotame, le crocodile du Nil, le lion, le guépard, le léopard, la hyène, le lycaon,.."
"L'économie du Botswana pourrait facilement passer, sur le papier, pour un modèle de réussite économique sur le continent africain : bâtissant son avenir sur une administration démocratique, stable, compétente et peu corrompue, une gestion prudente et, bien sûr, un sous-sol riche en diamants qui lors de son indépendance en 1966 était l'un des 25 plus pauvres du monde, se classe désormais parmi les plus prospères du continent. Cette richesse théorique est cependant menacée par une surdépendance de l'économie vis-à-vis du secteur minier, ainsi que par l'épidémie de sida qui sévit à travers toutes les couches de la population (près d'un adulte sur trois serait infecté)".

Un très beau roman. En le lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser à "La ferme africaine" de Karen Blixen. Ce n'est ni le même lieu, ni la même époque mais il y a dans l'évocation de la nature du Botswana le même émerveillement, contagieux en ce qui me concerne. Une nostalgie profonde aussi... Celle d'une passion amoureuse disparue et dont il ne subsiste que les souvenirs et le corps malade de l'amant... La narratrice, âgée, va raconter avec beaucoup de délicatesse mais sans rien omettre la naissance et la mort d'un amour. le sien pour un homme du Botswana. Malgré les préjugés, en France comme en Afrique, parce qu'elle est blanche et parce qu'il est noir. Mais le roman ne se résume pas à cela (ce serait déjà pourtant beaucoup), ce qui est aussi raconté, c'est tout le contexte politique du Botswana, de l'espoir à la désillusion, que le parcours de vie de l'amant résume tragiquement ( je ne veux cependant pas gâcher la lecture en en disant trop). Car le roman de Soline Lippe de Thoisy est bien plus qu'une histoire d'amour (qui comme on le sait finissent mal, selon la chanson) c'est aussi une plongée documentée (sans être trop didactique ni digressive) dans la société et l'histoire du Botswana; Que dire de plus? Qu'il faut lire "L'île des rois"! Que l'écriture en est belle. Qu'on s'attache à cette narratrice (un magnifique personnage) qui peu à peu nous révèle ce qui s'est passé entre les deux amants. Et qu'on a peine à refermer le livre.

Retirée dans le bassin de l'Okavango avec son mari et un domestique, une femme fait le bilan de sa vie dans son pays d'adoption, le Botswana.

Ce court roman est d'abord une belle histoire d'amour entre une femme et un homme. C'est aussi une description d'un pays peu connu du sud de l'Afrique, confronté à des problèmes aussi divers que la corruption de la classe dirigeante, le commerce des diamants et l'épidémie de VIH.

Les plus belles pages sont celles dans lesquelles la narratrice contemple son environnement : la montée des eaux pendant la saison des pluies, les facéties des singes et d'un jeune éléphant, le danger représenté par les hippopotames et les insectes.

Plusieurs dessins réalisés par l'auteur rendent ce roman particulièrement attachant.

Le Delta de l'Okavango est un Eden sur terre. Ceux qui l'ont foulé en restent marqués à vie. Il n' y a pas de plus bel endroit pour soigner les âmes torturées par le chagrin. Tout au long du récit j'ai retrouvé les ambiances du Delta, de l'Afrique Originelle. du bonheur retrouvé, malgré l'histoire poignante de ce couple déchiré qui décide de terminer le voyage sur une île au milieu du Delta. Soline nous emmène une nouvelle fois au Botswana, son pays d'adoption et nous livre une critique toute en nuance mais sans concessions de la société Botswanaise. J'ai découvert avec bonheur ses talents d'illustrateur. Je reviendrai un jour dans le Delta...

Après ce deuxième roman, je suis comme les sables du Delta, qui tous les ans attendent d'être à nouveau baignés par les eaux du fleuve, j'attends la sortie du prochain.