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Certes, au début (livre 1 et une partie du livre 2), les personnages et situations me semblaient posées de manière un peu rapide, sans qu'on puisse saisir leurs ressorts ou tenants et aboutissants, et puis le livre 3, qui s'ouvre sur cette citation de Maxime Gorki : "Tout comme les Anglais ont un don particulier pour l'humour, les Russes en ont un pour la cruauté. C'est une cruauté spéciale, de sang-froid, qui va aux limites de l'endurance humaine..." (tiré d'un opuscule de 1922, inédit en URSS, A propos du paysan russe). le livre vient de basculer, comme on va s'en apercevoir à la lecture de ce qui suit et qui voit les personnages errer dans le pays en proie à la guerre civile de l'été 1917, dans la droite ligne des quelques phrases d'introduction. C'est d'autant plus terrifiant que l'on comprend que c'est basé sur des faits réels, et forcément glaçant compte tenu de l'actualité, et je suis presque gêné de dire que le livre y trouve un nouveau souffle. le niveau de reconstitution historique devient éblouissant ! On EST avec les personnages dans la campagne russe dévastée par la cruauté de la guerre civile, puis dans les années 30 à Moscou, au coeur de la population maintenue en état de stress post-traumatique par la terreur des purges staliniennes. Robert Littell déclare dans sa postface deux ans de documentation et trois ans de rédaction pour son ouvrage. Encore fallait-il en tirer le meilleur, il l'a fait et on ne peut que sentir de la gratitude pour ce travail. Dans la dernière partie enfin (livre 5), tout rebondit dans de la fiction de haut vol mêlant L Histoire, l'aventure, la poésie. le suspense est magnifiquement agencé, les personnages un peu plats du début, tant qu'ils étaient ballotés par des convulsions historiques balayant les existences comme des fétus de paille, prennent toute leur épaisseur, comme sous l'effet du face-à-face avec eux-mêmes dans le silence de la terreur, et finissent par arriver, comme souvent chez Littell, au rendez-vous du destin qui résume et ordonne leurs existences entières. Ce livre qui au passage - ce n'est pas le moins prodigieux - contient déjà, entre autres trésors, toute l'histoire de "L'hirondelle avant l'orage" (que Littell rédigera pourtant quelques années plus tard) nous entraîne à des hauteurs irrespirables, d'où il nous force à contempler l'abîme de la Russie du XXème siècle. Vertigineux.
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Une histoire d'amour qu'on flaire dès qu'ils se rencontrent tout ça sur fond de révolution russe. C'est vraiment très chevaleresque, romantico gnangnan.
Le révolutionnaire qui sauve la belle princesse « rouge » !!! très sentimental...

On a par ailleurs l'impression que trois copains, Staline, Lénine et Trotsky ont pris le Palais d'Hiver en chantant avec une bande de joyeux marlous bolcheviks qui l'ont pillé, mais toujours en chantant.
Et puis « ensuite, Petrograd entier fit la bombe », dit texto l'auteur.

Et voilà, une p'tite révolution.
Ça c'est fait... ambiance film américain où tout va dans le sens des héros même si on a un peu peur pour eux, la souffrance paraît cinématographique.
Pourtant on la sait l'histoire, la vraie douleur, les vraies tortures, on les connaît maintenant...
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Contrairement à la plupart des lecteurs, je ne ferais pas de résumé de l'histoire.
Avant cette lecture, j'ai lu "les chuchoteurs", la biographie de Lénine, le journal de l'ambassadeur russe en Angleterre de 1932 à 1943; ainsi j'ai une certaine connaissance de la période.
Ce livre survole donc toute la période de 1917 à 1953, avec des moments presque totalement oubliés notamment la seconde guerre mondiale, pour ne se concentrer vraiment que sur l'idée du système répressif inhérent au bolchevisme.
La lecture est plaisante et les références historiques ne sont pas farfelues.
Cette lecture se rapproche des écrits de P. Kerr avec Bernard GUNTHER et dans une moindre mesure des aventures de Nicolas LE FLOCH.
Maintenant je me lance dans KOBA du même auteur.
Ce qui est bien avec ce genre de livres est qu'il pousse à se pencher vers l'histoire : la vraie .
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C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur et le point commun que j'ai pu constater, c'est que ce sont des lectures exigeantes sur le plan des connaissances historiques. J'ai re-découvert la Russie de la première moitié du XXème siècle. J'aime ces romans qui me poussent à rechercher des informations à côté de ma lecture.
L'auteur nous parle ici de tous ces idéaux humanistes qui ont été pris en otage, cette dictature imposée sous couvert d'égalité pour tous. L'histoire d'Alexander Til est une fiction, mais nul doute qu'elle soit extrêmement proche de la réalité. Robert Littell déballe tout sans ménager son lecteur : arrestation, accusation, torture, exécution des plus horribles. Tous les détails sont là, de la scène d'horreurs jusqu'à l'état d'esprit des personnages, plus vrais que nature. On le sait, personne n'est sorti indemne de tout ce désastre humain.
Cette lecture est difficile, parce que bien trop réaliste. J'ai aimé, j'ai appris et je relirai cet auteur.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Ce parcours historico-romanesque conduit au plein coeur de la tragique histoire russe. On y rencontre les principaux acteurs de la tragédie, la brochette d'assassins psychopathes : Lénine, Trotski, Staline au travers des épisodes successifs, révolution de février, coup d'état bolchévique, guerre civile, terreur permanente pour le bien du peuple… Une belle façon de saisir un épisode fondateur de l'histoire du XX° siècle qui est la nôtre et dont les conséquences ont modelé le monde.
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Robert Littell est un excellent vulgarisateur. Comment dépeindre la tragédie absolue qui débuta en novembre 17 pour s'achever (s'est-elle vraiment achevée ?) en 1989, toujours en novembre ?
Il choisit d'insérer dans l'histoire russe deux new-yorkais qui rêvaient de révolution : un juif ayant fuit les pogroms de l'ancienne Russie et un aventurier mêlé aux luttes ouvrières du début de siècle. En imaginant que Trotski les ramène avec lui en Russie après la première révolution de février, il les immerge dans la grande histoire jusqu'à ce mois de mars 53 qui marqua la mort de Staline. C'est habile car il va pouvoir utiliser l'idéalisme de l'un en le confrontant à l'opportunisme sans scrupules de l'autre. Dans les révolutions, il y a beaucoup d'idéalisme au tout début qui s'efface vite face aux opportunités qui surgissent presque aussitôt. Dans le meilleur des cas les idéalistes se font opportunistes, dans le pire des cas ils sont éliminés par les opportunistes.
Robert Littell met les points sur les « i », la révolution permet à certains individus de révéler puis de développer leurs tempéraments criminels et sadiques. La scène de la page 128 est un sommet du genre : « Demande grâce » ordonna Tuohy. Alexinsky fit l'erreur de dire : « S'il vous plait. » Quand sa bouche s'ouvrit, Tuohy y glissa profondément le canon. Alexinsky s'étrangla mais Tuohy, savourant le moment, ne tira pas. Les yeux d'Alexinsky devinrent vitreux de terreur. Les doigts de Tuohy le picotaient, tant le sentiment de puissance – et le plaisir – qu'il éprouvait était grand. Souriant légèrement, il appuya sur la détente. »
C'est cousu de fil blanc, l'un finira dans un beau bureau et un grand appartement mis à sa disposition par le NKVD, pendant que l'autre goûtera de la Loubianka pour n'avoir pas dénoncé un poète.
Ca se lit comme un roman policier, les événements historiques sont, pour la plupart, indéniablement et tragiquement exacts et la force du réquisitoire réside dans la foule de petites anecdotes toutes plus tragiques les unes que les autres. Elles mettent un visage sur les souffrances et le chagrin de quelques unes des innombrables victimes pour finalement donner tort à Staline auteur de l'abominable citation « La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.» le personnage du poète est emprunté à Ossip Mandelstam* dont le courage inouï lui valut la mort mais aussi la postérité pour le poème ci-dessous, composé en 1934 en pleine terreur :
« Nous vivons, sourds à la terre que nous foulons,
Nul ne perçoit nos discours à dix pas.
On n'entend que le montagnard du Kremlin,
L'assassin, le tueur de paysans.
Ses doigts sont gras comme des larves
Et les mots, lourds comme du plomb, tombent de ses lèvres.
Ses moustaches de cafard rient,
Et la tige de ses bottes brille.
Autour de lui, un ramassis de chefs au cou flexible
Demi-hommes serviles avec quoi il joue.
Ils piaulent, ronronnent ou geignent,
Lui jacasse et pointe le doigt,
Forgeant une par une ses lois, pour les jeter
Comme des massues à la tête, à l'oeil ou à l'aine.
Et chaque meurtre est une fête
Qui enfle de plaisir la large poitrine de l'Ossète. »
*Littell lui a consacré un autre de ses romans : L'Hirondelle avant l'orage.
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Je viens de terminer de lire " REQUIEM POUR UNE REVOLUTION" de Robert Littlell. C'est un merveilleux roman qui permet de réviser l'histoire de la Russie soviétique jusqu'à la mort de Staline en 1953.
Pas un seul instant je ne me suis ennuyé alors que je n'ai pas terminé et ne terminerai pas « 1917, une passion Russe » de Max Gallo.
C'était mon troisième LITTELL et je pense le dernier. Je vais passer à autre chose. Pourquoi pas à Alexanderplatz de Döblin, dont la lecture à ce stade me tente. Mal sehen……..
До свидания, Россия !!!
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Cette histoire de révolution soviétique commence, paradoxalement, à New York. On y fait la connaissance d'Alexander Til, dit Zander, un syndicaliste idéaliste, qui a fui la Russie avec sa famille en 1912. En 1917, après un drame familial, il rentre en Russie avec l'aide de Trotsky et s'engage aux côtés des Bolcheviques. Cette fiction, sur fond historique avéré, raconte son évolution jusqu'en 1953.
Évidemment, l'ambition de Robert Littell est quelque part de brasser, avec ses divers personnages, fictionnels ou pas, toute l'histoire de la construction de l'Union soviétique. La tâche est à peu près impossible, bien sûr, et on se perd un peu dans les méandres de son roman, qui n'a pas l'ampleur du Docteur Jivago de Boris Pasternak (à (re)lire pour le bouillonnement de l'histoire en train de se faire). Heureusement, dans la deuxième partie de l'ouvrage, il se concentre sur le destin de son personnage central. C'est à ce moment que le livre devient passionnant et que l'ami Robert, en spécialiste des romans d'espionnage, dévoile toute sa maestria. Les chapitres consacrés aux purges staliniennes font froid dans le dos.
Un autre intérêt de ce livre est le point de vue, car écrit par un juif américain russophile. Ça change des livres des Russes (vous ai-je parlé du formidable Chapiteau vert de Ludmila Oulitskaïa), où les références nous manquent parfois, et de ceux des Européens (Français ou Allemands).
Une réserve toutefois (mais elle vaut pour beaucoup de traductions vers le français de livres faisant référence à la Russie mais écrits dans une autre langue que le russe): les transcriptions de mots russes ne sont pas adaptées mais gardées telles quelles de l'original anglais (sh au lieu de ch, ch au lieu de tch, etc.). Enfin, j'imagine que ça n'embête que les puristes coupeurs de cheveux en quatre comme moi.
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Ce gros livre est une illustration romanesque de toute l'Histoire de la Russie pendant la première moitié du XXème siècle. Le héros Alexander, surnommé Zander, va être le témoin direct de tous les grands événements de la révolution communiste. Il est en contact avec Trotski, Staline et même Lénine, mais aussi avec d'autres "gros poissons" bolcheviks. D'abord expatrié à New York, il regagne la Russie aussitôt après la chute de la monarchie. Avec son ami Tuohy, il veut contribuer à l'instauration du pouvoir de Soviets: il participe ainsi à la Révolution d'Octobre, puis est le témoin de l'affreuse guerre civile qui s'ensuit, y compris l'assassinat de la famille impériale. Rapidement, le régime policier instauré par Staline installe la terreur dans toute l'URSS. A la différence de Tuohy, une âme damnée du nouveau pouvoir, Zander est de plus en plus horrifié par cette dérive totalitaire. Il se retrouve évidemment en prison. (A cette occasion, R. Littell fait référence au "Zéro et l'infini" de Koestler !)... Contrairement à la plupart des accusés, son destin n'est pas achevé. Il jouera un rôle au moment de la mort de Staline en 1953.

Ce livre, assez facile à lire, donne des informations précises et exactes aux lecteurs qui seraient mal informés sur les crimes du communisme soviétique. Il est possible qu'il s'agisse d'un roman à clé (exemple: l'auteur de l'incroyable poésie sur "le montagnard du Kremlin" s'appelle en réalité Ossip Mandelstam). A travers le personnage de Zander, Littell illustre l'inévitable trahison de l'idéal humanitaire des révolutionnaires. Cette perversion a été presque immédiate (à cause de la guerre civile) et a été encore aggravée par Staline. Certes, on a envie de l'imputer au "petit père du peuple" personnellement. Mais, en régime totalitaire, c'est le système entier qui est organisé pour la manipulation politique et la répression policière.
Ce qui m'a peut-être le plus frappé, c'est l'épisode des travaux du (trop) splendide métro de Moscou, dans les années ‘30: incapables de respecter les objectifs impossibles à ateindre, les constructeurs étaient tués dans les inévitables accidents de chantier ou exécutés comme saboteurs. Or, exactement à cette époque, les militants du PCF baillaient d'admiration devant l'URSS et vilipendaient le patronat français ! On croit rêver…
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Alexander Til alias Zander décide de quitter Manhattan où il a vu son père et son frère mourir dans l'incendie de l'usine Triangle Shirtwaist sans que les conditions de travail ne changent. Partir pour la Russie et y construire une société plus humaine, plus juste et égalitaire pour tous est donc son but. Adhérant aux idées de Léon Trotski en qui il trouve un mentor, Zander s'envole pour la mère patrie accompagnée de son ami, Atticus Tuohy.
D'illusions en désillusions, d'espérance en désespoir, de bonheur en malheur, Zander va découvrir que le monde idéalisé peut rapidement tourné au cauchemar...


Au fil de 5 livres reprenant les grandes périodes de l'histoire de la Russie, nous suivons l'épopée incroyable et parfois glaçante de Zander, cet homme utopiste qui rapidement déchante face aux atrocités commises. de son départ d'Amérique en 1917 à la mort de Staline en 1953, le lecteur est plongé dans une fresque historique époustouflante et vivante où se mêlent éléments historiques avérés et scènes du quotidien.
Robert Littel a su faire revivre un pan entier de l'Histoire et, permet au lecteur de comprendre comment des millions de gens ont pu être séduits au départ par cette idéologie égalitaire de départ. L'auteur nous offre une vision à la fois active et passive des événements avec ses personnages côtoyant les personnages les plus en vue de l'époque comme Trotski, Lénine, Staline, apportant au roman une puissance historique indéniable. le tout sans partir dans l'invraisemblable ou l'édulcorer. Les scènes décrites sont saisissantes.

Ajouté à cela l'antagonisme de deux destins : Zander vs Atticus Tuohy. Autant Zander déchante rapidement par les horreurs perpétrées au nom de l'idéologie qu'il défendait au départ, autant son ami trouve le moyen d'assouvir sa soif de pouvoir en oubliant moralité, conscience et idéologie.


Une épopée historique poignante avec un héros qui ouvre les yeux petit à petit et décide de ne pas rester passif face à l'horreur.
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