Avec
un Tout petit monde, se poursuit la découverte pittoresque d'un univers qui semble, à première vue, n'avoir rien de follement palpitant, mais qui sous la plume redoutable de
David Lodge, ressemble à un véritable panier de crabes, le monde universitaire. Dans ce second volet de ce qui est une trilogie, on est amené à partager tout ce qui fait le sel des congrès et des séminaires rassemblant ces sommités intellectuelles, à savoir, non pas les communications qui y sont faites, souvent fort ennuyeuses, mais bien l'ensemble des petits à-côtés, tous frais payés, de ces grands messes de la pensée : voyages aux quatre coins du monde, visites touristiques organisées, séjours dans des hôtels de standing, cocktails et last but not least, relations de rencontre du genre extraconjugal. On retrouve dans ce second opus, et dix ans après, le brillant universitaire américain Morris Zapp , qui s'est singulièrement assagi, et son confrère britannique, Philip Swallow, qui a contrario, suite à un improbable concours de circonstances à Gênes, se voit embrasé par les feux d'une improbable passion adultérine. Ceci étant,
un Tout petit monde, nullement construit, comme dans le premier volume, dans le mode binaire entre ces deux personnages, se voir enrichi par toute une galerie d'individus de différentes contrées, étoffant à plaisir le récit. Ce dernier gravite autour de la lutte d'influence que se livrent de prestigieux universitaires, pour l'attribution d'un poste prestigieux à l'Unesco, grassement rémunéré, et qui a tout d'une sinécure. En parallèle, dans ce qui fait quelque part le lien entre tous ces acolytes, on suit, dans une drolatique quête du Saint Graal, les pérégrinations désopilantes et intercontinentales de Persse McGarrigle, jeune universitaire irlandais, puceau et poète à ses heures perdues, sorte de Perceval calamiteux, épris d'une grande inclination pour une ravissante et brillante intellectuelle, Angelica Pabst, qui lui échappe perpétuellement.
Qualifié de livre culte par Umberto Éco dans la préface, le présent volume poursuit admirablement
Changement de décor. L'auteur, par la grâce de son style vraiment remarquable, nous fait partager merveilleusement son expérience d'universitaire, de spécialiste de littérature, en nous ouvrant les portes d'un monde quelque peu hermétique. Il met le doigt sur les ridicules et les mesquineries de cette petite coterie. C'est absolument désopilant, si vous êtes un lecteur assidu, vous risquez d'être pris de fous rire, riant bêtement dans les endroits les plus incongrus. Vous voilà prévenus. Vivement la suite, et
Jeu de société.