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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En 1902, à 26 ans, déjà connu, Jack London, au lieu de s'en aller faire la fête dans les pubs, se donne 90 jours pour mener une enquête sur la pauvreté à l'est de Londres. Dans cette étude, il montre un sacré courage et une grande conscience des problèmes sociaux, politiques et judiciaires de l'époque.
Pour préparer sa "visite", il s'adresse préalablement à l'agence Thomas Cook de Londres (si si elle exixtait en 1902!) mais on le prend pour un fou quand il annonce sa destination et il n'obtient ni renseignement ni adresse. Alors, il lui fauda payer un détective, pour lui trouver un logement pas trop loin de son lieu d'étude, et très cher un cocher pour s'y rendre.
Comme son nom ne l'indique pas, Jack London est américain. Il a déjà pourtant cotôyé des miséreux dans son pays mais, il ne s'attendait pas à rencontrer à Londres une telle misère qui touche autant de monde. Dans la plus puissante nation du monde!
Le logement, le travail. Tout y manque! Avec, comme corollaires, la nourriture et l'hygiène.
A la lumière de ce témoignage plus de cent ans plus tard, on ne peut être que constater et se désoler de retrouver les mêmes conséquences pour les mêmes causes. Jack London dénonce la grande précarité du travailleur et sa mise en concurrence permanente avec un salarié moins cher. Un nivellement vers les bas salaires qui ne peut qu'engendrer une immense précarité.
Cette immersion dans le monde des exclus est une source d'informations de premier choix. Grâce aux nombreux témoignages et aux documents administratifs et judiciaires (ces derniers, tristement répétitifs) qu'il a compilés on peut lire un essai fort complet avec, en plus, la prose, la sensibilité et l'engagement d'un écrivain unique.
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Le peuple d'en bas ( le peuple de l'abîme ) est le témoignage édifiant que livre Jack London sur les conditions de vie miséreuses que connait la population pauvre reléguée dans le quartier de l'East End de Londres. L'immersion est incomplète car il sait qu'il a un point de chute confortable où dormir, manger à sa faim, reprendre des forces et surtout éviter la vermine, qui pullule dans les taudis insalubres, les asiles, et autres garnis,..... une échappatoire inaccessible aux habitants qu'il côtoie.
En se mêlant quelques temps à cette population pauvre, il va mener une enquête qu'il étaye d'extraits de rapports de police, d'articles de journaux, de rapports de parlementaires, d'articles économiques, de statistiques, d'extraits de livres de certains auteurs ayant dénoncé eux aussi, ces conditions de vie dans l'East End.
Dans son témoignage il décrit non seulement ce qu'il voit et les conséquences mais ce qui fait la différence et l'intérêt remarquable de son témoignage, c'est qu'il en analyse les causes.........remettant en question le mode de fonctionnement des asiles ou de l'armée du salut qui conditionne le gîte et le couvert à des journées de travail harassant ou à des séances de prières obligatoires tellement longues qu'il est impossible dans la journée ainsi entamée, d'avoir encore le temps de trouver un travail mieux rémunéré. Il illustre ses réflexions d'exemples concrets comme l'histoire de ce docker autodidacte qui, une fois instruit, s'attache à défendre le droit de ses congénères mais qui finira blacklisté par les patrons, traité comme un paria et finira comme indigent.
La précarité est telle pour les pauvres, qu'une blessure ou une maladie peut faire basculer en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, une personne ou une famille entière, qui était à la limite de la pauvreté, dans la misère la plus noire sans espoir de pouvoir remonter l'échelle sociale, échelle sociale de toute façon inaccessible aux plus faibles (femmes, enfants, personnes âgées)...
Analysant les situations, il les replace dans un contexte plus large - économique avec le modèle capitaliste, social, judiciaire - ou les biens sont plus protégés que les êtres - rendant par là-même, son analyse universelle.
Le peuple d'en bas est un témoignage marquant sur des conditions de vie effroyables et un plaidoyer intelligent contre un système pervers qui écarte toute une population en créant la misère et en l'y maintenant, un témoignage écrit par un jeune homme de vingt-six ans, qui a connu la route et le vagabondage et suffisamment mûr pour retranscrire avec intelligence l'inénarrable.
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J'ai suivi Jack London dans le Klondike, sur les rails américains et maintenant dans les bas-fond de Londres ! En 1902 il décide en effet de mener une enquête sur le quartier pauvre de l'est de Londres en allant y vivre pendant plusieurs semaines. ET quel choc c'est certain ! Par de multiples exemples et rencontres , il nous immerge dans le quotidien difficile des familles pauvres de Londres. Clairement je n'imaginais pas que l'on pouvait atteindre ce degré de misère ! C'est au-delà de l'imaginable parfois ! Et le pire reste je crois tous ceux qui profitent de la misère ou qui affichent un mépris certains pour eux .Sans nier les erreurs de certains, London nous dresse le portrait de personnes courageuses, travailleuses,qui, par des accidents de la vie ou par fatalité, se retrouvent sans rien et ne peuvent plus s'en sortir à cause d'un système qui ne fait rien pour eux. Un livre qui ne laisse pas indifférent, une fois de plus !
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alors là chapeau bas l'artiste...
London frappe vite et fort... le mot juste, le mot qui va à l'essentiel. Terrible récit des bas fond de Londres. Sans que l'on oublie que tous ça a réellement existé. Et que ça existe un peu partout, de nos jours, encore et toujours...
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Dans beaucoup de villes le côté Ouest regroupe les quartiers riches, et l'Est le quartier pauvre.
L'East end de Londres porte cette différence à son comble.
Jack London devait partir en reportage sur la guerre des Boers, qui est finie quand il arrive en escale a Londres. Il décide alors de rester pour visiter l'East end. Lui qui a fait tous les petits boulots, qui a vécu l'exploitation (remplacer deux ouvriers dont l'un s'est suicidé pour un salaire misérable) , comprend assez vite qu'il doit s'habiller avec des hardes s'il veut échapper à la classification sociale : étant sale, personne ne lui demandera un pourboire pour un simple renseignement.
Il loue un appartement à la frontière de ce qu'il appelle le Ruisseau, la fosse, l'abime, le ghetto, pour pouvoir écrire et destesser un peu.
Et il visite, il parle, il essaie de comprendre l'impubliable, l'impensable , selon ses termes.
L'expansion industrielle, les progrès de l'urbanisme ( banques, hôtels, usines, bureaux sortant de terre, et la construction des voies ferrées coupant la terre enrichissent beaucoup de monde, c'est « le bon vieux temps ».
Corrélativement, l'appauvrissement poussent les meilleurs ouvriers vers la « marée nauséabonde et bourbeuse de l'humanité »; peu importe si des masures se font détruire, pour respecter les rails, obligeant leurs habitants à émigrer plus à l'est , à dormir le jour puisque dormir dehors la nuit est interdit, à baisser inexorablement vers la pauvreté la plus misérable, la faim, l'alcoolisme, la prostitution ( pour un quignon de pain rassis parfois) la maltraitance et le suicide.
Jack London, me semble t il exprès, s'exclame au début que tous ces mal payés sont des alcooliques et n'ont que ce qu'ils méritent, puis il raconte le fossé toujours plus grand entre les riches et les pauvres, les misérables.
L'humanité dans ce qu'elle a de plus barbare.
Pas d'espoir, aucun espoir.
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« On ne peut pas faire travailler un homme comme un cheval, le faire vivre et le nourrir comme un porc, et dans le même élan, lui demander d'avoir des aspirations saines et des vues pleines d'idéal. »

Une plongée au fond de l'Abîme…
En 1902 Jack London part vivre le quotidien des habitants des quartiers de l'East End à Londres. Là tout n'est que désolation. L'extrême misère au coeur de l'Angleterre. Travailleurs pauvres, chômeurs, famine, maladie, alcool, violence, prostitution, logements insalubres et surpeuplés, suicides. le plus grand Empire de l'époque est aussi la plus inégalitaire des terres. D'un côté l'opulence, de l'autre le dénuement le plus complet.
London s'immerge dans cet enfer et relate des scènes inimaginables.
On ressent une colère extrême à la lecture du combat de chacun pour simplement survivre. Et la colère augmente parce que l'auteur montre bien que c'est peine perdue. Jamais ils ne pourront s'en sortir. le système les a ramené à l'état de bête. La civilisation a faillit à sa mission.

Traduction de François Positif, revue par Noël Mauberret
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Une plongée dans la misère de "l'east end" au début du siècle. Jack London s'est glissé dans la peau d'un de ces laisser pour compte de la société Anglaise, de l'économie "moderne". le récit qui en est fait, outre les hauts le coeur qu'il suscite, démontre bien (et une fois encore) l'étau dans lequel se trouve des millions de personnes, acculées et poussées dans la misère la plus crasse. Les nombreux exemples cités créent un mélange intérieur nauséeux, entre compassion extrême et haine d'une société aveugle, sourde et quasiment muette face à cette pauvreté totale. On notera également des règlements inhumains, comme l'interdiction de dormir allongé dehors. Si aujourd'hui tout est fait pour nous faire croire que notre société à évoluer, les pages terribles de ce livre renvoient forcément à notre siècle, à nos méthodes, à l'individualisme forcené. Magistral. Terrible témoignage.
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On a du mal à y croire tant ça paraît improbable. Et pourtant... Jack London ne fait pas dans la fiction. Il n'écrit pas un roman. Il décrit simplement une réalité qu'il n'a pas fini d'observer dans cet East End londonien, ce coeur des ténèbres, ce bas fond misérable qui abrite des milliers d'âmes perdus et affamés.

L'empire britannique, alors le plus puissant au monde, ne sait effectivement pas, malgré son oppulence et sa richesse, prendre soin de ses sujets, de ses citoyens qui souffrent, comme jamais on aurait pu l'imaginer, de la misère économique et sociale. Ils sont pauvres, affamés, sans toit, sans logis. Ils ne travaillent pas suffisamment ou pour une petite bouchée de pains. Ils sont maltraités, soumis et totalement démunis. Ils sont serviles et entièrement exploités. Ils sont des parias, ne sont plus bons à l'emploi.Ils sont complètement oubliés. Volontairement relégués. Ils vivent dans l'attente de leur mort.

C'est affligeant, consternant. C'est une horreur à penser, à concevoir. C'est, malheureusement, encore une réalité dans certaines parties de notre monde qui croule, pourtant, sous la production effrénée.

Ce livre doit être lu, malgré ses derniers chapitres qui se répètent et qui ne sont pas nécessaires. Il doit être lu parce qu'il montre qu'un monde sans foi,ni loi; sans régulation, sans protection sociale; uniquement régit par la loi marchande est un monde qui ne connait ni justice, ni humanité. Dans ce monde, les uns, minoritaires, s'empiffrent sur le dos des autres, majoritaires; la misère humaine domine et la mort rôde. Dans ce monde, on a envie de cracher sur tous ceux qui profitent d'une mauvaise répartition des richesses.

On ne le dira jamais assez: sans bataille, sans mouvements sociaux, sans contestations, les droits économiques et sociaux n'existent pas. Les droits, toujours, s'arrachent. Ils ne se quémandent pas.
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"Je suis descendu dans les bas-fonds londoniens avec le même état d'esprit que l'explorateur, bien décidé à ne croire que ce que je verrai par moi-même"

écrit London dans la préface du livre. Ce n'est donc pas un roman mais plutôt un essai,  un témoignage, un reportage journalistique.

London se met lui-même en scène.  D'abord comme "touriste" il s'adresse à l'agence Cook.  Il se rend ensuite chez un fripier et se déguise en clochard, prend pension à la limite de l'East End. Il s'invente un personnage : un marin américain qui aurait perdu ses économies et qui serait contraint de partager le sort des habitants des quartiers déshérites.

"Je découvris un tas d'autres changements, survenus à cause de mon nouvel accoutrement. Lorsque je traversais, par exemple aux carrefours, les encombrements des voitures, je devais décupler mon agilité pour ne pas me faire écraser. Je fus frappé par le fait que ma vie avait diminué de prix proportionnellement avec la modicité de mes vêtements"

Tout d'abord, il cherche une chambre. Il découvre les conditions de logements des ouvriers et d'abord de la "saturation" qui joue sur le prix des loyers et qui fait fuir les classes

Elle m'expliqua le procédé de la saturation, par laquelle la valeur locative de tout un quartier monte en même temps que la qualité des ses habitants descend : "vous voyez, monsieur, les gens comme nous ne sont pas habitués à nous entasser comme les autres....."




En s'adressant à la tenancière d'un café pouilleux, il découvre que des ouvriers "des gens tout à fait comme il faut", se partagent une chambre à trois lits. Il découvre enfin comment des familles s'entassent dans des chambres insalubres où il faut aussi travailler, coudre des chaussures ou des cravates. Et encore ! il s'agit de travailleurs qui gagnent leur vie (mal) et ont un toit au dessus de la tête.  

Il existe encore des malheureux plus mal lotis dont il va partager le sort : ceux qui doivent fréquenter les Asiles de nuit ou prendre un repas à l'Armée du Salut. London nous fait partager  les rencontres dans les queues  avec des personnages réduits à cette extrémité : parfois des ouvriers qualifiés seulement vieux ou après un accident du travail,  incapables de retrouver un travail, dockers, anciens soldats  ou marins, des cueilleurs de houblons dans les campagnes environnantes. 

Pire encore, il va "porter la bannière" expression imagée décrivant le calvaire des clochards sans toit qui marchent toute la nuit sans pouvoir se reposer un instant, fuyant le policier qui les chasse du moindre recoin où ils pourraient se poser un moment. 

Des rencontres, des aventures, des personnages pittoresques suffiraient à rendre passionnante cette lecture. Mais ce n'est pas tout. London ne se contente pas de raconter les péripéties de ce reportage. Il décrit les conditions de vie, logement et sous-alimentation avec des chiffres  et comparaisons avec le régime alimentaires de soldats ou gardiens de prison, il donne les salaires de tous les travaux. Toutes les données sont extrêmement précises.

Il analyse les rouages économiques : la concurrence qui entraîne les baisses de salaires

"L'exploitation de la main d'oeuvre; les salaires de misère, les hordes de chômeurs, et la foule de sans-abri et des sans-maisons, c'est ce qui arrive lorsqu'il y a plus d'hommes pour faire le travail qu'il n'y a de travail à faire."

même un syndicat puissant, disons de vingt-mille adhérents, ne peut tenir le taux des salaires s'il a en face vingt-mille chômeurs qui essaient de rivaliser avec les syndicalistes. 

De même quand les syndicats essaient de faire interdire le travail des enfants de moins de quinze ans, ce sont les ouvriers eux-même dépendant des gains de leurs enfants qui refusent cette mesure.

Il analyse aussi l'inaptitude au travail et ses causes : la sous-alimentation, l'alcoolisme ou les conditions de vie déplorables : logement, pollution, il prend comme exemple le saturnisme des ouvrières dans les usines de plomberie....Certains arguments sont encore actuels! Chaque fois on perçoit l'empathie de London et surtout l'absence de jugement moral. Il explique, ne juge pas.

Au contraire, il porte un regard très critique sur les "bienfaiteurs" qui n'apportent que des solutions dérisoires comme une exposition d'art japonais ou une journée à la campagne pour les enfants. Il est assez sceptique sur les bienfaits de la Civilisation, comparant le mode de vie des Inuits loin de toute civilisation et des Anglais. 

Aucune erreur n'est possible. La civilisation a centuplé le pouvoir de production de l'humanité, et par suite d'une mauvaise gestion, les civilisés vivent plus mal que des bêtes, ont moins à manger et sont moins protégés de la rigueur de éléments que les sauvages Inuits, dans un climat bien plus rigoureux. 

Ce reportage d'une réalité vieille de 120 ans, est toujours actuel. Peut-être les lieux ont changé mais l'analyse des mécanismes demeure intéressante.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Un témoignage au plus près de la réalité du peuple d'en bas, c'est ce qu'est ce livre. En s'infiltrant dans cet univers que nous n'abordons pas plus qu'au travers des romans de Dickens, Jack London découvre ce qu'il n'imaginait pas. En 1902 l'Angleterre est encore l'Empire le plus puissant de la planète mais son peuple a des conditions de vie impensables : chômage, alcoolisme, prostitution, logements insalubres, foyers pour enfants et pour adultes afin de contourner les lois (plus absurdes les unes que les autres) contre la mendicité et l'interdiction de dormir dehors alors que tout est fait pour réduire l'ouvrier à rien.... London nous expose ces "vies" sans fard. Oliver Twist sans la romance.
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