Himmler

Cet ouvrage de l'historien Peter Longerich fait office de référence sur ce thème du « Qui était fondamentalement Himmler ? ». Véritable somme d'un travail gigantesque sur ce personnage historique qui fait office de monstre absolu, de criminel psychopathe et glaciale, fou d'avoir tant voulu contrôler jusqu'au bout son affect inexistant. Antisémite, homophobe et raciste à un degré qui fait encore près de 70 ans après, froid dans le dos, je dois bien vous avouer que rarement la lecture d'un ouvrage ne m'aura paru aussi éprouvante. Comprenons nous bien, le style de Longerich n'est pas à remettre en cause, ce qu'il nous conte est passionnant mais également très difficile à entendre tant la somme des crimes commis est prodigieuse. Car pénétrer dans l'esprit d'un homme tel qu'Himmler c'est foncièrement être confronté à ce que l'humanité peut fabriquer de plus vil, de plus lâche, de plus monstrueux. La radicalité de sa politique, son fanatisme national socialiste sans borne, son absence total d'émotion pour tout ce qui touche à l'autre le rend particulièrement difficile à saisir. Rien en effet dans son enfance, sa jeunesse en général ne peut expliquer ce qu'il deviendra. A travers lui, c'est toute l'histoire de sa « chose », la SS qui nous ait conté. On peut l'affirmer, la politique de terreur atroce mise en place dans toute l'Europe par cet homme a prolongé la guerre de beaucoup, sacrifiant des millions de vies humaines.. La longue litanie des chiffres concernant l'holocauste dont il fût avec Heydrich et bien sûr avec l'assentiment d'Adolf Hitler, le penseur et l'exécuteur zélé est assourdissante et donne la nausée. le mépris dans lequel il tenait la vie d'autrui, femmes et enfants compris, sa soif de pouvoir inextinguible, sa mégalomanie qui n'avait rien à envier au Führer, son « talent » pour coûte que coûte poursuivre ses objectifs malgré les échecs, sa fausseté et son opportunisme sont effrayant. Sans lui, sans cette concentration de pouvoirs qui s'accentuera au fur et à mesure que la guerre tournera mal pour les Allemands, sans sa volonté farouche de poursuivre les ennemis désignés du Reich partout en Europe, jamais l'Allemagne nazi n'aurait pu commettre une telle somme de crimes contre l'humanité. Sa fuite en Mai 1945 et sa mort seront à son image : pitoyable. Celui qui n'avait de cesse d'appeler ses SS à assumer les conséquences de leurs actes et d'en être fier quoiqu'il advienne, n'aura pour lui pas eu le courage de le faire. Ce sens de l'honneur qu'il revendiqua pour ses légions de Waffen SS, SS et gestapistes de tout poil, ne l'a pas empêché de fuir ses responsabilités en choisissant le suicide plutôt que d'affronter l'idée d'un procès. Édifiant.



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Himmler eprouvait un sentiment d'inferiorite lie a l'impression recurrente qu'il n'obtenait pas ce qu'il attendait des autres sur le plan emotionnel.Sa difficulte a etablir des liens faisaient qu'il ressentait souvent un vide profond apres avoir rencontre des gens dont il était vraiment tres proche.
L'importance de la mythologie germanique,enrichi par tout ce qui touchait a l'occulte,allait devenir pour lui,une religion de substitution.
Une grande partie de sa politique avant guerre,est la lutte contre l'homosexualite,son homophobie eut pour consequence son refus d'une trop grande masculinisation du mouvement nazi et une discipline austere,inflexible et militaire.On voit que ses phobies et ses prejuges les plus personnels,ses marottes,ses manies et ses passions furent integrees avec une portee ahurissante a l'organisation et aux objectifs du corps de protection de l'etat.Dans ce cadre,il put vivre sans frein ses représentations fantasmatiques personnelles.
Himmler est devenu le seul a pouvoir garantir,par le recours a la terreur sans precedent,la securite du Reich et des régions occupees par l'Allemagne.Il s'assura le monopole du pouvoir sans egal.
Au moment de l'effondrement,il intensifie les mesures contre les juifs,mais aussi contre les soldats allemands qui fuientle front.
Jusqu'au bout,il s'est efforce de sauvegarder les apparences,ce qu'il fit en ajoutant a tous les roles qu'il avait joue durant la dictature nazie,celui d'intermediaire honorable.S'il avait une chance de negocier la paix separee;les Allies n'auraient pas affaire au reichfurher ss froid et calculateur,dote du droit de vie et de mort,mais un homme d'honneur anime des meilleures intentions.
Voila qui était Himmler,personnelement j'aurais aime que l'on parle de lui en tant qu'epoux,pere de famille,amant,ses gouts mobiliers...Le cote materiel de sa vie privee.Tres bon travail bibliographique,on a pas le temps de s'ennuyer avec les élucubrations d'un tel personnage

Donc, à travers cet ouvrage, apparaissent les premières raisons « rassurantes » qui peuvent expliquer l'existence d'un tel personnage :
un sentiment d'inferiorite, impression de ne pouvoir obtenir ce qu'il attendait des autres,difficulte a etablir des liens ,importance de la mythologie germanique, atraction pour l'occulte….
De plus, il ne faut pas oublier, quelques aptitudes pour une scolarité honorable.
Contrairement à ce que certains pensent, une partie de sa politique avant guerre,n'est la lutte contre l'homosexualite….,pour cela, il faudrait avoir lu du même auteur la biographie sur Adolph HITLER…
Ce qui laisse dubitatif, est que ses phobies et ses prejuges, qui le handicapent d'une certaine manière dans une société civile, vont être transformées en une doctrine idéologique allucinante, qui lui permettront d'être une des pièces essentielles du nazisme et d'être l'une des incarnations de la terreur ( n'oublions pas HEYDRICH, ni GESTAPO MULLER, ni temps d'autres…)

D'autres dénoncent le fait que HIMMLER, était la représentation la plus vil, la plus lâche, la plus monstrueuse,…de ce que peut-être un être humain.

Il ne faut pas oublier le contexte antérieur, si l'on fait juste référence à l'affaire DREYFUS, quelques années plus tôt et se rendre un peu compte d'une partie de l'opinion entre autre française de l'époque.

Il ne faut pas non plus ignorer le contexte idéologique de l'Allemagne après la première guerre mondiale, l'état de la société sous la république de WEIMAR
Il ne faut pas non plus ignorer que l'ensemble de la société allemande a laissé faire, que les français, les anglais, et autres alliés ont laissé faire, ont abandonné.

Il ne faut pas ignorer l'Espagne et sa guerre civile sanglante

Il ne faut pas ignorer l'Italie fasciste

Il ne faut pas ignorer tous ces intellectuels français qui ont déversé toute leur haine contre les juifs, contre la république, contre la démocratie, contre les communistes…

Il ne faut pas oublier Staline et son degré bien plus élevé dans la mise en place d'un système tortionnaire, tyrannique, arbitraire, sanglant, monstrueux, que bien des intellectuels ont soutenu au moment de la guerre civile espagnol, puis après la seconde guerre mondial; en considérant que le communisme, le stalinisme comme le bonheur sur terre…
Combien les polonais, les bulgares, les roumains, les ukrainiens, ...sont reconnaissants envers ce système politique.

Certes, rien en effet dans son enfance, ou sa jeunesse en général ne peut expliquer ce qu'il deviendra.
Rien ne peut expliquer jusqu'où de tels hommes ont voulu appliquer des théories complètement surréalistes, hallucinantes.

Sauf, que l'époque…, sauf que les lâchetés des uns et des autres…

Pour certains, sa fuite et sa mort seront à son image : pitoyable, à l'image d'un physique insignifiant, d'une intelligence moyenne ; bref un homme d'aspect banal.

Pour certains, il a fui ses responsabilités en ne se laissant pas condamner à mort lors d'un procès.

Il a fui ses responsabilités au même titre que les vainqueurs de la seconde guerre n'ont pas eu trop de problèmes moraux à incorporer : militaires, ingénieurs, ….en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, en URSS au nom d'une guerre bi-polaire.
Certes pour la forme, quelques hauts dignitaires ont été exécuté, pourchassé, mais combien ont gentiment continué à exercer tous leurs « talents » au sein des toutes les démocraties.

L'être humain a une capacité surprenante à laisser faire, à se révolter, à oublier

Cette biographie pourrait décevoir ceux qui ne cherchent qu'à connaître la vie intime de Himmler puisque l'auteur retrace, à travers lui, la construction du 3ème Reich. Il aurait été difficile de procéder autrement, les deux étant inéluctablement liées. de la vie d'enfant et de jeune homme de ce personnage, on retiendra les problèmes relationnels avec autrui et encore plus avec le sexe faible, le besoin de maitriser les rares relations qu'il entretient et la frustration de ne pas avoir été sur les champs de bataille lors de la 1ère guerre mondiale. Tout ceci va contribuer à sa manière de construire la SS et son empire dans ses rapports avec les autres. HIMMLER pourrait paraître attentionné quand il veille à ses SS mais ce n'est qu'une façade, il assoit son pouvoir en tentant de contrôler les mariages, le choix des épouses, la natalité, la vie de ses soldats. Et il échouera à tout régenter, pour preuve, les SS auront en leurs seins de nombreux ivrognes malgré sa tentative d'enrayer le problème en convoquant et punissant ses ouailles.
J'ai été choquée de constater que dès qu'il entreprenait une visite dans un camp ou un lieu, il en ressortait en ayant donné l'ordre d'exterminer les populations, tout simplement, comme s'il avait demandé qu'on change le mobilier de place. C'est assez terrifiant. Il avait un travail à réaliser, il devait trouver, avec d'autres, une solution pour en finir avec les Juifs, les rebelles, les dégénérés et tous ceux qui le gênaient quand le plan Madagascar s'est avéré utopique. Et finalement, l'idée était simple, il suffisait de les exterminer, mais en restant dignes, toujours, il ne cessera de le répéter. le sous-titre de la biographie « éclosion d'un monstre ordinaire », est tellement juste : un Monsieur tout le monde, qui d'ailleurs ne paie pas de mine, s'avère être un véritable monstre.
Vous ne trouverez pas énormément d'informations sur sa vie privée, l'auteur ne s'étale pas sur sa famille et sa double vie, faut de documents, il faut bien l'admettre. Mais pour le reste, ce livre est remarquablement documenté et se lit facilement, c'est étrange d'ailleurs, quand on sait les atrocités qu'il recèle mais le talent de l'auteur est peut-être là : savoir provoquer un certain détachement du lecteur en narrant toutes ces horreurs, pourtant agrémentées de chiffres qui font froid dans le dos. Comme Himmler a pu être détaché des massacres qu'il a engendrés. On reste parfois imprégné de certaines lectures comme cela avait pu être mon cas pour la bio d'Hitler ou Mein Kampf, vraiment difficile à lire. Mais là, non, je ne me l'explique pas. Ce qui n'enlève rien à l'excellent livre que cette biographie est.

Impressionnante biographie comme toujours avec l'historien qu'est Peter Longerich. Ce n'est d'ailleurs pas la seule biographie de cet auteur que j'ai eu l'occasion de lire sur les grands dignitaires nazis.

Pour ce qui concerne cet immense livre, je me contenterai de donner mon ressenti sur l'aspect purement formel sans trop m'attarder sur le fond, car j'ai déjà eu l'occasion de le faire dans mes dernières critiques sur le même type de biographie qui s'en rapproche.

Le reproche majeure que l'on peut adresser au livre, est le manque de présence de la dimension personnelle, ou d'anecdotes se déroulant dans la sphère privée du protagoniste. Hélas par manque de sources ou de témoignages, l'auteur se penche davantage sur des aspects très techniques et administratifs sur la montée en puissance de Himmler, qui parfois "assomment" un peu le lecteur.

Cela dit c'est une biographie réellement complète qui nous explique comment a été pensée et organisée la Shoah bien au delà d'une simple biographie sur le chef des SS.