AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 650 notes
5
40 avis
4
25 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
RIP Eddy Bellegueule, Edouard Louis veut célébrer les funérailles de cet ancien lui-même, trinquer et cracher sur sa tombe, être son propre fossoyeur pour être sûr que l'autre ne ressuscitera pas.
Hargne, revanche, détermination… tout l'être d'Edouard Louis, tout son corps n'ont qu'un seul mouvement, celui de la fuite en avant, toujours sur le qui-vive, prêt à tout laisser derrière lui. Abandonner la chrysalide de sa nouvelle métamorphose, pour sans cesse se réinventer, quitte à s'épuiser, se perdre, ne plus savoir qui il est.
Edouard Louis est un caméléon, sans cesse il s'adapte, change pour se fondre dans son nouvel environnement, son objectif est sans cesse de franchir un nouvel échelon de classe sociale. C'est d'ailleurs frappant quand on regarde les photos de l'auteur, sur certaines il apparaît avec une gueule d'ange, tandis que sur d'autres il ressemble à un ex-boxeur ou taulard.
Eddy est parti de tout en bas de l'échelle, même du sous-sol, là où la moisissure recouvre les murs. Régulièrement, sa mère l'envoyait quémander chez les voisins de quoi pouvoir les nourrir le soir, la télé était branchée nuit et jour, l'absence de calme pour faire ses devoirs, et puis, surtout, les questions inquiètes du père chuchotées à la mère. le fils est-il bien normal, pourquoi ces manières, cette façon de bouger les mains, cette voix aigüe ? le fils, il serait pas un peu pédé ?
Pour Eddy, l'enfer ça va vite êtres les autres, leurs moqueries, leurs insultes. Mais Eddy ne s'isole pas, il veut leur prouver sans cesse qu'il peut être un des leurs, en gommant ses gestes, ses manières, en essayant de faire croire qu'il est intéressé par les filles.
Eddy comprend vite que pour échapper aux autres qui le méprisent, l'insultent, son salut viendra d'un changement d'environnement, mais aussi que pour sortir de la misère, s'élever socialement, il devra faire des études. Alors, Edouard prend la problématique à bras le corps, comme tous les autres sujets, et après avoir changé son apparence, ses dents, son rire, son accent et j'en passe, il va rattraper un retard scolaire énorme en se mettant à lire abondement, presque nuit et jour pendant de nombreux mois pour passer le prestigieux concours de l'École Normale Supérieure …
Edouard Louis nous raconte ses mutations, ses métamorphoses et son insatisfaction perpétuelle de vouloir aller toujours plus haut, plus loin dans l'échelle sociale. Mais où mène-t-elle réellement cette échelle, vers le bonheur ou un paraître vide de sens, miroir des illusions dans lequel ce Narcisse magnifique aime se contempler...
A voleter autour de la lumière des hommes de pouvoir, dans un monde où l'argent coule à flot de bouteilles valant un smic, le papillon va-t-il finir par se bruler les ailes ?
Le propos, bien qu'intéressant a cependant fini par me lasser, car Edouard Louis poursuit son ascension assoiffée d'élévation dans l'échelle sociale, et j'ai eu l'impression de tourner en rond dans une vis sans fin, le schéma semblant se répéter à l'infini.
Si le parcours hors-norme d'Edouard Louis force l'admiration, le récit est très égocentrique, et l'auteur avoue avoir eu peu de reconnaissance pour ceux qui l'ont tant aidé à évoluer. J'ai de ce fait eu un peu de difficulté à entrer en empathie avec le personnage, qui reste finalement énigmatique malgré sa mise à nu. Combien de facettes d'Edouard Louis reste-t-il encore à découvrir ? qui est le vrai Edouard, mystère … A découvrir dans un prochain livre, sans nul doute…
Commenter  J’apprécie          779
En 2014 Edouard Louis faisait une entrée fracassante dans le monde littéraire avec son premier ouvrage autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule. Il y crachait toute sa hargne refoulée. "De mon enfance je n'ai aucun souvenir heureux" écrivait-il dès la première page.

Presque huit ans plus tard il revient sur son incroyable odyssée, sur ses métamorphoses successives qui l'ont mené à la célébrité. L'auteur a muri et prend ici du recul pour raconter son enfance brisée, faite d'humiliations constantes dans un milieu d'extrême pauvreté et d'inculture dans un petit village de Picardie. Il raconte avec beaucoup de réalisme son parcours, son combat de tous les jours à partir de ses quatorze ans et son entrée au lycée d'Amiens, pour changer radicalement, renier sa famille et parvenir à s'élever dans la société. Les hasards de la vie et de nombreuses rencontres vont l'y aider comme par exemple son amie Elena puis le philosophe Didier Eribon. Dans ces périodes de transition, on sent chez Edouard Louis une détermination absolue, comme une obsession de transformation, ce qui ne le rend pas forcément sympathique. Il "profite" des conseils, des situations et des largesses qui lui sont offertes pour franchir de nouveaux paliers et assouvir ses ambitions de réussite et de célébrité. Mais une volonté à toute épreuve beaucoup d'efforts et de chemins parcourus pour prendre sa revanche sur son passé miséreux et arriver à ce qu'il est aujourd'hui.

Pourtant, au sommet de cette ascension sociale, l'auteur ressent comme un trouble, "la honte d'avoir eu honte" de sa famille et de l'avoir reniée voire blessée. Dans une scène bouleversante, il décrit une violente dispute avec sa mère où les mots dépassent (?) sa pensée "Arrête, arrête de me taper putain. T'es vraiment qu'une putain d'espère de folle, et je criais, je te déteste, je ne veux pas que tu sois ma mère..." Des mots douloureux que l'on regrette sûrement après coup.

Edouard Louis éprouve ici le besoin d'effectuer un retour sur lui-même. Après avoir longtemps effacé petit à petit les traces de son passé, certains souvenirs de son enfance lui reviennent en mémoire. "Je ne suis pas nostalgique de la pauvreté, mais des odeurs et des images". Lui qui a connu la misère, la classe moyenne et enfin les hautes sphères de la société, l'aristocratie qui "va dépenser en une soirée ce que son père manoeuvre ou balayeur gagnera en une année" ne peut que s'insurger sur l'injustice sociale, les origines qui malgré soi déterminent tout une vie.

Changer : méthode est une sorte de "manuel" dans lequel l'auteur se livre de façon très personnelle et raconte son odyssée sans complaisance. Il est prenant, bien écrit, utilisant toujours les mots justes. C'est un ouvrage intimiste bien sûr mais aussi puissant et politique.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (80 - Somme)


Commenter  J’apprécie          200
A presque trente ans, Édouard Louis en a peut-être fini avec cette rage de changer, de quitter, de fuir qui l'obsède dès qu'il a pris conscience de sa différence et qu'elle la rejette

Le récit autobiographique, Changer : méthode, témoigne de blessures qui forcent l'enfant puis le jeune adulte à refuser son statut social et le détermine à tout tenter pour le quitter et pour s'en construire littéralement un autre en imitant les caractéristiques de chaque classe sociale qu'il a fréquentée. Puis, enfin, arrivée dans les palaces cinq étoiles, avec des voyages dans le monde entier, Édouard Louis comprend combien son ambition est vaine puisqu'il n'est que ce qu'il est !

Car dans Changer : méthode, Édouard Louis explique toute la honte qu'il a ressenti vis à vis de son milieu social. Mais cette honte dirigée vers ses parents est en fait celle qu'il ne pouvait diriger vers lui-même sans se perdre complétement. La scène du dentiste, ou d'autres, sont édifiantes de ce corps, malgré tous les maquillages dont on le pare, qui témoigne de ses origines sociales.

Depuis qu'il écrit, Édouard Louis ne cesse de dénoncer la violence de classe. Celle qui assigne à la place que la société a donné une fois pour toute. Et, il a eu beau tenter d'imiter la démarche, la voix, le vocabulaire, et même la façon de respirer, il reste à jamais ce petit gars de son village de Picardie obligé par sa mère d'aller à l'épicerie quémander la nourriture avec la promesse de payer bientôt !

La société s'entiche d'un nouveau terme : transfuge de classe ! Je refuse cette expression ! Elle révèle la condescendance du milieu accueillant l'autre comme un déserteur, un mystificateur qui ose prétendre à changer de classe sociale. Exactement, ce que sous-entend Édouard Louis dans Changer : méthode !
Un récit à découvrir !

Avec ce récit de fuite pour vivre, Édouard Louis décrit la honte de sa sexualité, sa quête pour la découvrir et même son utilisation pour en vivre. Terrible est cette expérience dès le plus jeune âge où il faut cacher ses penchants, se faire violence et même accepter le rejet qui murit une rage à la hauteur de l'affront.

Ce récit est à découvrir tant est bouleversant et émouvant la parole d'un fils à son père qui comprend au fil des pages combien cette quête était à la fois aussi indispensable à sa survie qu'elle reste vaine ! Pourtant, c'est grâce à celle-ci qu' Édouard Louis a la capacité de transformer sa colère en littérature ! Une voix que j'aime toujours retrouver à chaque fois avec autant de plaisir !

https://vagabondageautourdesoi.com/2021/10/21/edouard-louis/
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          170

"Est ce que je suis condamné à toujours espérer une autre vie ?"
Après avoir tué symboliquement son père et sa mère par le biais de l'autofiction, Edouard Louis essaie d'en finir définitivement avec Eddy Bellegueule, en retournant à nouveau dans son passé, pour détailler les étapes de ses métamorphoses.
Transfuge de classe, on sait qu'il était déterminé à tourner le dos à sa famille, à son milieu social, au chemin tracé d' avance de la médiocrité et à une norme sexuelle qui ne lui correspondait pas.
On connaît moins le poids des insultes et des humiliations qu'il a subies.
On connaît peu le sentiment de revanche qui l'animait.
Et on découvre ici le douloureux chemin de la métamorphose, toujours remis en question par un sentiment d'illegitimite.

La souffrance est d'abord inscrite dans le corps. Car ce n'est jamais le bon corps.
Enfant, c'est le corps "d'un péde", fragile, maladroit, maniéré avec une voix trop aiguë.
Adolescent, c'est le corps du pauvre, les dents gâtées, les vêtements inadaptés.
« À un peu plus de vingt ans, écrit-il, j'avais changé de nom devant un tribunal, changé de prénom, transformé mon visage, redessiné la structure de mon implantation capillaire, subi plusieurs opérations, réinventé ma manière de bouger, de marcher, de parler, fait disparaître l'accent du Nord de mon enfance. »
Et pour changer tout cela, il n'y qu'une seule possibilité : imiter les autres, ceux qui ont les bons codes.
Mimétisme dès l'enfance : la documentaliste du collège, Elena et sa famille, Didier Eribon et ses amis parisiens, la grande bourgeoisie intellectuelle et internationale.
Alors ce sentiment d'être un intrus, tant et tant répété, est plus que justifié.
Comment retrouver le petit Eddy sous les couches successives qui se sont accumulées sur la silhouette d'Édouard ?
Comment ne pas se sentir imposteur quand on s'est fabriqué un personnage en piochant ici ou là chez les passeurs de classe qui l'ont accueilli et, plus encore, chez ceux qui ne voulaient pas de lui ?
Peut-être en acceptant la bienveillance de ceux qui l'ont aidé à simplement évoluer et en rejetant la part inauthentique de ceux qu'il a seulement voulu imiter ?

Edouard Louis a encore le temps de se trouver. On l'espère pour lui, tant son parcours semble douloureux et la nostalgie, source de souffrance.

Commenter  J’apprécie          130
Edouard Louis semble avoir un inépuisable besoin de réparer. de se réparer, réparer ses amitiés perdues, réparer ses regrets, ses erreurs…

Un livre qui tente de revenir aux sources pour expliquer ses fuites, défendre ses choix, prouver son honnêteté, dissiper les malentendus et justifier ses maladresses.

Une biographie de ses choix de vie et de ses motivations. Mais aussi un témoignage duquel semble affleurer une constante culpabilité.
Lien : https://www.noid.ch/changer-..
Commenter  J’apprécie          130
Il en a chié le petit Eddy avant d'en arriver là. Mon front luisait rien qu'à la lecture d'En finir avec Eddy Bellegueule.
Est-ce donc possible de vivre une enfance si pouilleuse dans une France des années 2000 ? S'il m'était permis de douter de mes privilèges de semi-bourge ingrate, me voilà fixée.
Donc ce gosse d'à peine un demi-livre de viande s'est mangé tant de châtaignes, verbales comme physiques, et a réussi à être traduit dans 40 langues ?

On se demande comment il a pu atteindre une réussite aussi heureuse. Son destin d'éternelle pédale d'un bled de bouseux m'avait semblé indépassable.
C'est la vérité d'une France pauvre que personne n'ovationne. Les politiques n'y mettent les pieds que pour causer plan de relance et singer l'utilité. Tous redoutent la fermeture des usines, ces accablantes cages où l'aliénation la plus entière vous siphonne vos envies de courir aux semelles du destin.

On va au turbin, celui-là même qui vous pète les reins, ça cartonne hard, on sert les dents en essayant de pas caner, puis on sort, on trottine comme une tortue boiteuse, ploc ploc, on se réunit dans l'air chaud du bistrot ou dans le salon familial, c'est selon, le ronron accueillant de la téloche, on s'en donne à boire, pastis bière whisky, à la discrétion de chacun, entièrement dévolu au réconfort éthylique, William Peel, Pastis 51, Kro, c'est selon, on ressert l'autre, on donne de la gueule, bref on se ruine à petit feu dans des combinaisons savantes.

Pas besoin de se fader un manuel de sociologie pour biter comment ça fonctionne. Rien à craindre pour le haut du panier, tu penses, ces sans-dents consanguins les font marrer dur, là-haut avec leur beau linge, c'est du daubé tout ça, de la viande verte, le déterminisme leur salope d'emblée leur avenir. Sans parler de la méritocratie, cette fadaise paillettée qu'on glisse dans la tête de ces boit-sans-soif. Et ces bêtasses pensent que c'est de leur faute s'ils se foirent !

Donc la jeunesse flâne, voit des potes, dévisse le portrait pour un regard trop appuyé, boit minablement de l'alcool merdique à l'arrêt de bus. On attend sans formalité à devenir un futur bon père de famille.
Les quelques malheureux dont les pièces détachées ne se fondent pas dans cette expression de mâle à grosses burnes, on les mouline en pâtée. Et c'est-à-dire que niveau masculinité, le petit Eddy avec sa tête de raboteux esquinté, c'est un zéro tout rond, ses camarades le lattent avec application.

Puis sans parler du pire. Par où grandir quand on n'est pas tout à fait un costaud et surtout très gay ? le village s'exclame de dépit devant ses manières de gonzesse. Sa délicatesse de femmelette, ça va bien deux minutes, il chauffe les oreilles à piailler dans les aigus en se juchant sur ses hanches. On le travaille à la dure, le bombardant de prunes, le tout taloché d'injures à la sauce tantouze.

Il aura fallu à ce gosse des études pour s'apercevoir que rien n'est moins fluctuant que les codes sociaux. D'abord Amiens, puis Paris, quitter son patelin le plongera dans un sentiment de malaise. Il avait tout faux. Pocher un oeil, tenir la boisson, se ravitailler fort l'estomac, porter des survêts, fumer comme un pompelard n'est glorieux que chez les prolétaires.

De sorte qu'il doit tout réapprendre. Observer, mimer, intégrer. Il faut se souvenir du rôle, ne pas bafouiller, agir avec coordination, réussir à se convertir à l'attitude de ceux qui ont du flouze plein les bottes, l'élégance dorée naturelle.
Il évalue vite, triture ses dents de pouilleux, réoriente sa masculinité dépréciée, s'engraisse d'une nouvelle lisibilité sociale. Il cerne les significations genrées, la virilité testostéronée part au caniveau. Il bazarde ses airs de gros dur en carton qu'il distille dans ses airs penchés d'homme du monde.

Son ascension sociale est vertigineuse, il ingurgite frénétiquement tel un dalleux une version 2.0 de lui-même. Il arpente ce milieu intellectuel, un gratin hyperfriqué dans lequel il feint d'être à l'aise sans un sou en poche. Il lit à l'indigestion, il se calle le bide de connaissances jusqu'à en dégueuler sur ses mocassins cirés. C'est qu'il se trimballe un retard de 15 ans sur ces fils de bourge.

Cette lecture m'a chatouillée d'ambivalence. Mon coeur mou et sentimental s'est d'abord senti désolé pour ce gosse assailli par cette complexité sociale. Puis il m'a donné une barre à la tête, sa mue surnaturelle m'a vaincue. La sincérité du gonze finit par agacer. Cette obstination revendiquée à surjouer ce raffinement mondain qui confine à la pédanterie incommode.

Mais je chipote. Cette lecture est utile sous bien des aspects. Elle replace avec précision les rapports de domination de classe qui excluent et sanctionnent ceux qui ne sont pas nés avec la petite cuillère en argent, celle qui va bien.

Commenter  J’apprécie          120
Roman poignant de réconciliation d'un transfuge de classe envers ses familles. Qu'elles soient de sang ou d'adoption, nourricière, inspiratrice ou traumatisante, elles ont forgé l'auteur et l'ont poussé à explorer ses voies et ses chemins. La colère semble passer chez Edouard Louis et une certaine humilité dirige sa plume vers ses parents, son village, Amiens et Elena dont la famille a forgé ses premiers goûts et marqué ses premières envies pour changer de classe. Il n'est pas simple d'être transfuge de classe et une discipline quasi militaire rythme le récit. Modification des goûts, des manières, de la voix, du style, du comportement et même de corps... Édouard Louis lutte contre Eddy Bellegueule et ce corps à corps, cette quasi squizophrénie est touchante. Une auto fiction très émouvante.
Commenter  J’apprécie          90
Toutes les critiques assez stupidement négatives sur la personne qu'est Edouard Louis n'enlèvent heureusement rien à son talent d'écrivain. Oui, sa plume est magique, et j'aime beaucoup. Sur le récit, quelques longueurs ou répétitions parfois, tout à fait supportables car l'histoire est passionnante. Cet écrivain est un personnage capricieux, provocateur et surtout insaisissable. D'où l'envie, pour certains, de l'enfermer dans un moule bien carré. Une façon assez mesquine de se "débarrasser" de ce gêneur qui bouscule avec talent et arrogance les certitudes-béquilles des envieux de tout ce qui les déborde un peu trop (tsss...).
Commenter  J’apprécie          912
L'exposition médiatique d'Edouard LOUIS m'avait tenue jusqu'à présent éloignée de son travail littéraire. Je savais que je le lirai un jour et ce jour est arrivé. Je suis assez satisfaite d'avoir commencé par le récit de son parcours qui reprend certainement des éléments de ses précédentes publications. Un récit qui parait sans concession, qui montre comment le désir de changement peut être un puissant moteur de réalisation.
Ce qui est touchant dans ce parcours, c'est de sentir que malgré le désir, la volonté, le travail, malgré la chance, la capacité à tirer parti des rencontres ( et même à susciter les bonnes rencontres) malgré la souffrance qu'on s'inflige, les transformations physiques, il est impossible de faire disparaître totalement les origines et leurs empreintes.
Pour qu'Eddy devienne Edouard, il ne lui a pas suffi de changer de ville, de nom, d'apparence , la solution n'est pas dans l'anéantissement de ce qui était mais peut-être plutôt dans la réappropriation de soi pour un autre devenir.
Et avec ce livre-là, où l'auteur exprime sa gratitude pour ceux qui l'ont aidé (alors que, pour certain, il les a ensuite trahis), il a peut-être commencé une démarche visant à se « réunifier ».
J'ai pensé en lisant ce livre aux « transgenres » plus qu'aux transfuges de classe car la démarche d'Eddy a été totale et semble d'une exigence très douloureuse qui ne parait pas si salvatrice que cela.
Je ne sais pas ce que sera le prochain livre de cet auteur qui puise sa matière littéraire dans sa vie en devenir, ou plutôt dans une blessure fondatrice et insondable, mais je pense que je le suivrai désormais avec intérêt.


Commenter  J’apprécie          80
Édouard Louis nous propose une grande traversée sociale, un parcours initiatique qui s'étend de ses 14 ans à ses 28 ans.

Comme l'indique le titre, le changement est méthodique, systématique,, volontaire, obstiné.

Un travail de chaque instant.
Jusqu'au nom. Eddy Bellegueule n'est plus. Vive Édouard Louis.
« Changer : méthode » est un récit fascinant dans lequel Édouard Louis explique toute la honte qu'il a ressenti vis à vis de son milieu social. Mais cette honte dirigée vers ses parents est en fait celle qu'il ne pouvait diriger vers lui-même sans se perdre complétement.

Il est question, comme à l'accoutumée avec Édouard Louis, de transfuge de classe, de la violence que l'on porte en soi, de remise en cause des privilèges de la bourgeoisie et des injustices sociales.

Car ce livre est avant tout un véritable éloge de la transformation, où Edouard Louis se livre plus que jamais – quitte à parfois être peu flatteur à son propre égard – sur ce qu'il l'a amené à se réaliser en tant qu'individu, à devenir l'écrivain et intellectuel qu'il est aujourd'hui, au travers de rencontres, de changements de vie, de voyages, et surtout à force de travail sur lui-même, sur sa corporalité, son discours, ses gestes et manières.

Un récit romanesque très intime et plein de sincérité, pour ceux qui apprécient la prose d'Édouard Louis, très épurée et agréable à lire...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1275) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez vous bien lu "En finir avec Eddy Bellegeule" ?

Par combien de garçons Eddy se fait-il brutaliser dans les couloirs du collège ?

2
3
4
5
6

10 questions
257 lecteurs ont répondu
Thème : En finir avec Eddy Bellegueule de Édouard LouisCréer un quiz sur ce livre

{* *}