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sur 4018 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après avoir entendu Edouard Louis en parler si brillamment dans La Grande Librairie, j'ai eu très envie de lire Combats et métamorphoses d'une femme. J'ai alors pensé qu'avant de lire qui était la mère, il serait bon de découvrir d'où venait le fils.
Après l'avoir entendu parler avec autant de délicatesse, je ne m'attendais pas à ce qu'il vienne d'une enfance aussi laide. Je savais bien que la première partie de sa vie avait été rude, mais je pensais y trouver aussi les raisons de sa résilience. Or dans ces pages, tout n'est que violence.
Violence des mots : chez les Bellegueule, on bouffe, on ne mange pas, et quand on se dit qu'on s'aime, c'est comme un crachat, reçu en plein visage. Violence des actes : si la scène de viol subie à peine sorti de l'enfance est insoutenable, les coups et les humiliations que font subir à Eddy les deux garçons du collège le sont tout autant.
Violence de la honte, permanente et indélébile : honte d'être différent dans sa sexualité, honte d'être pauvre, mal habillé, de devoir prendre son bain dans l'eau salie par ses frères et soeurs ...
La lecture de ce livre est éprouvante. J'ai eu l'impression d'assister à un long vomissement comme si Eddy dégueulait son enfance dans ces pages pour mieux se purger avant la métamorphose.
J'ai néanmoins tourné les pages, jusqu'à la dernière. Une porte s'ouvre, le lycée, le théâtre, seules sorties possibles de ce bourbier infernal où j'ai cru voir, pourtant, un peu d'amour. Il y a une rustre fierté, tout de même, chez les parents, à voir ce fils si différent réussir. On lui achète une veste (de mauvais goût, mais l'intention y est), on lui dit qu'on l'aime (brutalement mais sincèrement quand même), et quand il s'enfuit, on va le chercher. C'est peut être là, aussi, dans ces attentions maladroites semées sur de mauvais pavés, qu'Edouard aura puisé la force de sa résilience ...
J'ai souffert en lisant ce livre mais je lirai, comme j'en avais l'intention, Combats et métamorphoses d'une femme, en espérant que l'auteur me donne à voir une vision plus nuancée et réconciliée, cette fois, avec ses racines et le prolétariat rural du Nord.
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Cela pourrait être l'enfer d'un certain milieu

Je dirais que c'est la vie dans la campagne, un jeune un peu perdu dans une famille qui donne envie d'être orphelin...sauf quand on sait comme les orphelinats peuvent être inhumains

C'est la vie enfin la survie d'un jeune...qui s'en sort en déjouant le mauvais sort avec une plume acerbe, lucide et cynique. écrire ou mourir?
Mais il y a pire….en deça du terrible on trouve encore les mots (Cioran)
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Chronique de la misère ordinaire serait un titre plus approprié, à mon sens !
J'ai envie de penser que cet écrit à la plume encrée au vitriol a aidé son auteur à en sortir, de cette misère sociale, mentale et intellectuelle. Mais l'utilisation de la violence - dans l'écriture- est-elle la meilleure stratégie ? On peut en douter.Au fil de cette lecture, j'ai eu l'occasion d'éprouver des sentiments très contradictoires : compassion et irritation pour ce jeune dont le seul tort est d'être homosexuel, apitoiement , colère et répulsion pour ces humains sans ambition, sans objectifs autres que boissons et autres substances plus ou moins addictives...
J'en ai fini avec Eddy Bellegueule : premier handicap et tout le reste est à la hauteur !
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Cru, triste, poignant, révoltant, horrible, émouvant, blessant. Confession d'un enfant gay dans une famille du nord, abrutie et vulgaire, pas préparée à affronter la différence, à la comprendre et à l'admettre. Témoignage difficile et trajectoire d'eddy dans un milieu qui le rejette stupidement. Et puis s'appeler Bellegueule, c'est déjà un handicap...
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Depuis le temps que j'entendais parler d'Edouard Louis, j'ai enfin eu l'occasion de lire son roman résolument autobiographique.
Pas une révélation pour moi. le style m'a paru ni bon ni mauvais, je n'y ai pas discerné de "patte" véritable. Par contre, la griffe est là, et bien acérée ! Quelle critique acerbe de sa famille, de tout son entourage ! Il semble bien que son enfance n'ait pas été bercée dans du coton ouaté, mais tout de même, je l'ai trouvé très dur, tranché dans ses avis, sans aucune empathie ni tentative de se mettre à la place des autres. Alors qu'il ne cesse de les critiquer et de les mépriser dans les portraits qu'il dresse de ses parents, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion pour cet homme à l'enfance difficile, qui a eu l'énorme mérite de se décider "non violent" à l'égard de ses enfants, refusant se répéter son schéma familial, qui se retrouve invalide, souffrant d'un mal de dos chronique du à des conditions de travail trop dures, à sa mère, qui s'est totalement sacrifiée pour sa famille, pour ses enfants. Alors, certes, ce n'est pas un milieu très cultivé et intellectuel, mais les efforts sont là.
Concernant l'homophobie ambiante, il y a une trentaine d'années, le reste de la France, les autres familles étaient-ils si différents ? Plus tolérants, plus ouverts?
J'ai trouvé non indispensable et choquants les récits des séances sexuelles. Pourquoi ce ton si cru ? Penser qu'un enfant si jeune ait ressenti de réel désir physique, aussi violent, cela me perturbe (quelle que soit son orientation sexuelle, là n'est pas la question).
Bref, je partage la douleur de son ressenti de victime d'homophobie, je comprends son enfance difficile, mais j'aurais apprécié une prise de recul et une certaine compréhension d'autrui.
Un peu plus d'humanité dont il semble avoir tant manqué...
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Après bien des polémiques, montées en graine par une presse exsangue en recherche de "premiers rôles" à sacrifier, ici on parle bien de rôle dans la mesure où l'auteur assume un rôle, basant ce récit romancé sur une trame biographique, il assume le rôle, premier, de victime, passeur, témoin et juge. Les affaires liant ce "premier rôle" à la scène intellectuelle française, ont depuis la parution du roman, connues de multiples rebondissements, thèse, antithèse, démis, replacé, déplacé, violé, et finalement scénariste consentant d'un film plaçant encore sous un autre niveau de dévoilement narratif, cette enfance et cette éducation française. et depuis il ya eu les gilets jaunes. Donc, il faut, si vous le voulez, lire ce livre. L'homosexualité, comme choix de vie social, car cela reste un fantasme débridé d'une sexualité sans responsabilité, n'est pas acceptée encore par toutes les couches de la société, à de nombreux niveaux, qu'ils soient privilégiés, éduqués, ou ordinaire, modestes, pauvres ou déclassés, un jeune homme ou une jeune femme n'est pas libre de sa vie, il doit revendiquer son indépendance. ce livre en est une expression.
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Premier roman de Édouard Louis.Ce livre est autobiographique et retrace l'enfance douloureuse d'un enfant d'un village picard, village perdu et exclu de tout : éducation, hygiène, argent, travail où la violence et l'exclusion sont de mises. Issu d'une fratrie de cinq enfants ,d' une mère, un temps, visiteuse de personnes âgées à domicile,et d'un père ouvrier puis en arrêt maladie,alcoolique, Eddy est un enfant à part, fragile et efféminé, peu enclin aux jeux masculins. Pourtant,souffrant lui-même de sa différence , il va tout faire pur ressembler aux autres. Devant son impossibilité à changer ce qui lui semble être sa nature profonde (homosexuel), il va trouver un moyen de fuir,l'école,le lycée où il commencera une classe théâtre et échappera à ce qu'il nomme devenu adulte le "déterminisme" social.
Ce livre est cru, d'un réalisme revendiqué qui comme Zola dépeint les conditions de vie déplorables de ces laissés pour compte qui sont encore plus déclassés que les ouvriers. C'est un livre qui comporte deux niveaux de langage,celui de l'auteur adulte qui fait oeuvre de sociologue ( il a fait une thèse sur Bourdieu) et qui montre ce milieu d'une manière objective sans trop d'analyse psychologique et celui des habitants de ce village Picard avec des tournures familières, des images crues, des violences verbales à chaque mot. Quand je dis qu'il est écrit d'une manière objective,on sent tout de même la souffrance de cet enfant rejeté,humilié en permanence dans sa famille, au collège,au village à cause de son homosexualité,c'est impensable,c'est insupportable l'idée d'être homosexuel dans ce milieu. Donc,le parti pris est celui de l'enfant qui a supporté cela en souffrant dans sa chair et dans sa tête, rien ne vient racheter cette souffrance, donc l'objectivité n'a pas été possible pour l'écrivain.
Quant au discours revendiqué par Édouard Louis à propos de son livre : redonner une existence à ce milieu social déclassé, montrer ce qu'il vit,leur langage,leur exclusion, certes, mais on ne peut s'empêcher de voir ce livre comme une renaissance psychanalytique indispensable : d'ailleurs ,l'auteur a réellement changé d'identité,il s'appelle Édouard Louis et non plus Eddy Bellegueule, son vrai nom. Ce livre questionne l'identité et le genre, thèmes à la mode car sulfureux.
En tant que lectrice, je me suis retrouvée dans une position que je n'aime pas celle de "voyeuse". Certes, on ne laisse pas le livre mais il flatte nos instincts les plus bas qui est de voir jusqu'où on va aller dans la violence, jusqu'où l'auteur va aller dans la violence des mots et des scènes , c'est racoleur et j'attends une émotion esthétique.
Quant à ses maîtres,Didier Erribond, Annie Ernaux pour ce qui est du thème du "transfuge de classe", il n'en n'a pas pour l'instant me semble t-il l'étoffe littéraire.
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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La lecture d'En finir avec Eddy Bellegueule ne laisse pas indifférent. D'abord par la violence avec laquelle Édouard Louis raconte les agressions et les insultes homophobes dont il a été victime durant toute son enfance. Il n'épargne rien au lecteur, tout comme ses prétendus amis (il écrit toujours le mot ami en italique pour bien insister sur ce point), et même sa famille, n'épargnaient rien au garçon qu'il était. Puis par la description sèche d'un milieu ouvrier dont on ne parle pas quotidiennement dans la littérature contemporaine.

On a le sentiment qu'Édouard Louis s'adresse à des élites pour leur montrer l'existence de ce lumpenprolétariat, ces déclassés qui ne se rendent pas compte de la violence symbolique qu'ils exercent parfois envers leurs semblables dont ils n'acceptent pas la différence, et qui ne peuvent pas s'imaginer s'extraire de leur milieu. Tout comme le petit Eddy, qui va mettre longtemps avant de se faire nommer Édouard. Car En finir avec Eddy Bellegueule, c'est un regard rétrospectif sur une enfance que l'auteur vient tout juste de quitter. On s'étonne de cette constante ambivalence de ce jeune homme tiraillé entre son milieu d'origine et celui qu'il a intégré.

Car Édouard Louis se définit comme un transfuge de classe, se revendiquant de Pierre Bourdieu, et on a l'impression en lisant En finir avec Eddy Bellegueule qu'il a honte à la fois de son milieu d'origine et de sa trajectoire personnelle, comme si au fond de lui persistait le sentiment de sa propre trahison. L'écriture balance sans cesse entre une préciosité parfois maladroite lorsqu'il analyse ses mésaventures et une rudesse lorsqu'il cite, dans des verbatim aux accents sociologiques assez lourds, les propos des membres de sa famille. Ce qui rend le récit, présenté comme un roman, parfois indigeste malgré la force incontestable de son propos.
Lien : http://lecinedeneil.over-blo..
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J'ai lu ce livre dans le cadre d'un challenge
J avais lu qui a tué mon père qui m avait plu davantage.
Cet auteur a succès ne me laisse pas de souvenirs impérissables.
Bien sûr le sujet traité dans ce roman est d'actualité , la réalité de la vie mais je trouve que l'on avance pas dans l'histoire en bref il ne se passe pas grand chose.
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En finir avec "en finir avec Eddy Bellegueule" c'est ce que j'avais de faire en le lisant. du Zola sauce moderne, c'est sinistre et glauque. Si c'est autobiographique, alors quelle jeunesse sinistre. Peu d'espoir, beaucoup de bêtise et d'aveuglement, aucune ouverture d'esprit. L'intérêt est plus dans l'étude sociale que dans le roman et la narration. On ferme le livre avec une sensation désagréable en se disant, pouvu que ce soit juste un roman.
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