Premier roman de Édouard Louis.Ce livre est autobiographique et retrace l'enfance douloureuse d'un enfant d'un village picard, village perdu et exclu de tout : éducation, hygiène, argent, travail où la violence et l'exclusion sont de mises. Issu d'une fratrie de cinq enfants ,d' une mère, un temps, visiteuse de personnes âgées à domicile,et d'un père ouvrier puis en arrêt maladie,alcoolique, Eddy est un enfant à part, fragile et efféminé, peu enclin aux jeux masculins. Pourtant,souffrant lui-même de sa différence , il va tout faire pur ressembler aux autres. Devant son impossibilité à changer ce qui lui semble être sa nature profonde (homosexuel), il va trouver un moyen de fuir,l'école,le lycée où il commencera une classe théâtre et échappera à ce qu'il nomme devenu adulte le "déterminisme" social.
Ce livre est cru, d'un réalisme revendiqué qui comme
Zola dépeint les conditions de vie déplorables de ces laissés pour compte qui sont encore plus déclassés que les ouvriers. C'est un livre qui comporte deux niveaux de langage,celui de l'auteur adulte qui fait oeuvre de sociologue ( il a fait une thèse sur Bourdieu) et qui montre ce milieu d'une manière objective sans trop d'analyse psychologique et celui des habitants de ce village Picard avec des tournures familières, des images crues, des violences verbales à chaque mot. Quand je dis qu'il est écrit d'une manière objective,on sent tout de même la souffrance de cet enfant rejeté,humilié en permanence dans sa famille, au collège,au village à cause de son homosexualité,c'est impensable,c'est insupportable l'idée d'être homosexuel dans ce milieu. Donc,le parti pris est celui de l'enfant qui a supporté cela en souffrant dans sa chair et dans sa tête, rien ne vient racheter cette souffrance, donc l'objectivité n'a pas été possible pour l'écrivain.
Quant au discours revendiqué par Édouard Louis à propos de son livre : redonner une existence à ce milieu social déclassé, montrer ce qu'il vit,leur langage,leur exclusion, certes, mais on ne peut s'empêcher de voir ce livre comme une renaissance psychanalytique indispensable : d'ailleurs ,l'auteur a réellement changé d'identité,il s'appelle Édouard Louis et non plus Eddy Bellegueule, son vrai nom. Ce livre questionne l'identité et le genre, thèmes à la mode car sulfureux.
En tant que lectrice, je me suis retrouvée dans une position que je n'aime pas celle de "voyeuse". Certes, on ne laisse pas le livre mais il flatte nos instincts les plus bas qui est de voir jusqu'où on va aller dans la violence, jusqu'où l'auteur va aller dans la violence des mots et des scènes , c'est racoleur et j'attends une émotion esthétique.
Quant à ses maîtres,Didier Erribond,
Annie Ernaux pour ce qui est du thème du "transfuge de classe", il n'en n'a pas pour l'instant me semble t-il l'étoffe littéraire.
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