Sur la base d'interviews et de recherches documentaires, l'auteur retrace le parcours complexe de celui qui derrière le chanteur de variétés, a su retrouver l'homme et ses contradictions.
Depuis l'enfance paisible à Courbevoie jusqu'au tardif renouveau, en passant par les années d'immenses succès avant le trou noir, tout est là et on apprend beaucoup.
Tout jeune, Delpech envie le public féminin de Lucky Blondo et Franck Alamo. Il écoute Gainsbourg et
Ray Charles, admire
Trénet, signe son premier contrat, essuie son premier échec, avant de rencontrer le compositeur Roland Vincent, celle qui deviendra sa femme, et connaître le premier succès encourageant avec "Laurette". C'est l'ascension vers la gloire avec "Inventaire 66", il commence à dire des bêtises : "Je veux être une vedette le plus vite possible...Je ne lis jamais, c'est trop long...".
Pour sa signature chez Barclay, étant mineur, il doit avoir la signature de son père. Barclay le fait conduire en voiture américaine devant l'atelier de nickelage-chromage paternel : gêne et fierté.
Passage à l'Olympia en 1ère partie de Brel qui y fait ses adieux. Dispute avec le grand Jacques car le godelureau veut imposer un rythme plus rapide à "son" orchestre, dirigé par le fidèle
François Rauber.
Et la course s'emballe pour notre Rastignac : rencontre avec Johnny Stark, rapide passage au service militaire avant d'être facilement réformé.
"Wight is Wight" et sa 12 cordes, la richesse, la gloire, la fête permanente, les caprices, le whisky, la coke, les groupies...
Et puis en 75, changement de look, chansons sombres ("Les aveux", "Ce Lundi-là") ou décalées ("Quand j'étais chanteur" avec l'évocation des Beatles dans les choeurs), la descente progressive avant le gouffre.
En 1976, sa femme s'exhibe en public avec son amant : perte de confiance, séparation, déménagement, image de gentil garçon devenue insupportable, plongée dans l'hindouisme, recherche d'un nouvel horizon, recherche des racines ("Le Loir-et-Cher"), voyantes, marabouts, psychiatres, cures de sommeil...retour avec ses enfants, chez ses parents, névrose, ruine...Plus rien ne semble pouvoir enrayer la chute.
Retraite religieuse, vente de ses biens, de ses droits...C'est la fin.
Sauf que l'amour d'une femme va le sauver...
Pascal Louvrier parvient à rendre cette histoire, très touchante, quel que soit l'intérêt que l'on peut porter ou pas, à
Michel Delpech.
Replaçant à chaque fois les étapes de ce parcours dans le contexte de son époque, il le rend finalement très prenant et sociologiquement intéressant.
Nous ne sommes pas dans l'hagiographie (et Delpech lui même est suffisamment lucide pour éviter ce penchant), mais dans le récit d'une histoire compliquée d'un homme banal qui s'est brûlé les ailes.
Certains passages sont poignants : les soucis de drogues (lui, sa fille, son ex-femme qui se suicide), sa mère aimante mais incapable d'exprimer ses sentiments et de le serrer dans ses bras...
Le livre comprend également un encart de photos et il reprend l'ensemble de la production discographique de Delpech .
Conseillé aux fans bien sûr, mais pas que.