— Je les vois toutes. Toutes les couleurs.
— Et moi, je les verrai ?
— Bien sûr. Quand tu auras les souvenirs.
Souvenir
-Société
-Isolement
-Ignorance
-Transmission
On était presque en décembre et Jonas commençait à avoir peur. Non, ce n'est pas le bon mot, pensa Jonas. La peur, c'était ce sentiment de nausée profonde quand on pressentait que quelque chose de terrible allait arriver. C'est ce qu'il avait ressenti un an auparavant lorsqu'un avion non identifié avait survolé la communauté à deux reprises. Il l'avait vu deux fois. Jetant un coup d'oeil vers le ciel, il avait vu passer l'appareil effilé - presque flou à la vitesse à laquelle il volait - et une seconde après il avait entendu la déflagration qui avait suivi. Et puis de nouveau le même avion, un instant plus tard, mais dans l'autre sens.
il lui sembla aussi entendre de la musique. mais peut-être n'était-ce que l'écho.
-Lily, lui dit sa mère avec tendresse, tu seras une huit-ans très bientôt et a huit ans on te reprendra ton objet de bien être. Il sera redonné a un petit enfant. Tu devrais commencer a t'habituer a dormir sans.
Mais son père s'était déjà dirigé vers l'étagère et avait pris l'éléphant en peluche qui s'y trouvait. Beaucoup d'objet de bien être, comme celui de Lily, était des créatures imaginaires, douce et rebondies. Celui de Jonas s'appelait un ours.
-Voila, Lily-Loulette, dit papa. Je vais venir t'aider a retirer tes rubans.
Elle a sauté mon tour, pensa Jonas, abasourdi. Avait-il mal entendu ? Non. Il y eut comme une rumeur parmi la foule car la communauté entière comprenait que la grande sage était passée de dix-huit à vingt en laissant un vide. A sa droite, Pierre se leva, l'air ahuri, et se dirigea vers l'estrade.
C'était une erreur, la grande sage avait fait une erreur.(P.77)
«Je me suis sentie triste aujourd'hui », avait dit sa mère une fois, et ils l'avaient consolée.
Mais maintenant Jonas connaissait la vraie tristesse. Il avait éprouvé du chagrin. Il savait qu'il n'y avait pas de remèdes rapides contre ces émotions-là.
Elles étaient plus profondes et il n'y avait pas besoin d'en parler. On les sentait, c'est tout.
- Si tout est pareil, on n'a plus le choix. Je veux pouvoir me lever le matin et faire des choix. Une tunique bleue ou une tunique rouge ?
Les explications sont difficiles. Cela se situe tellement au-delà de l'expérience commune.
Mais pourquoi est-ce que les souvenirs ne peuvent pas être à tout le monde ? Je pense que ce serait peut-être un peu plus facile si on les partageait.