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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mercredi 7 janvier, 18h, au 36 quai des orfèvres. On lui demande de raconter ce qu'il a vu. Mais peut-il seulement mettre des mots sur cette tragédie. Existent-ils, ces mots? A défaut de parler, Luz dessine. A sa manière. Avec sa rage. Son incompréhension. Sa douleur. Sa tristesse. Il ne peut dessiner qu'un petit bonhomme, figé, abasourdi, de grands yeux disproportionnés. Des dizaines de petits bonhommes qui ne semblent pas comprendre. Il se rappelle comment c'était avant le 7 janvier. C'est facile: c'est le jour de son anniversaire. Or, cette année, il est arrivé en retard dans les bureaux de Charlie Hebdo. Il a fêté son anniversaire la veille au soir. Il a un peu picolé. Alors pour se faire pardonner il a amené une galette, comme il le fait chaque année. Ce sera la dernière fois. Un simple retard qui lui aura sauvé la vie...

Qu'il est difficile de mettre des mots sur cet album... Album que l'on souhaite évidemment salutaire et bienfaiteur pour Luz. Il se livre ici, sans tabou, sans barrières, et couche ses émotions, son ressenti et son mal de vivre sur papier. Quelle rage et quelle tristesse dans ses dessins et dans ses mots! Et quelle envie de vivre aussi! Une envie qui le ferait presque rougir... Même si le désir de reprendre les crayons est revenue, elle est différente. Cet album nous émeut réellement. Une lecture éprouvante, émouvante et profondément humaine.

Catharsis... au-delà des mots...
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Luz et le double effet kiss-cool.

Première gueule de bois le 7 janvier, au réveil, suite à un anniversaire un peu trop arrosé, normal.
La seconde, beaucoup plus violente et durable, quelques heures plus tard, en découvrant tous ses potes sur le carreau. Lui qui aurait dû en être s'il n'avait pas vénéré Bacchus plus que de raison. Comme quoi l'alcool sauve des vies, Luz en est une preuve vivante. Survivante.
Il en a réchappé. Une chance et une malédiction pour celui qui porte désormais le syndrome de Lazare comme une croix, un boulet annihilant tout désir.
Dessiner, pour quoi faire ?
Aimer, comment ?
Vivre, pas envie...

Petit à petit, le bonhomme se relève.
Catharsis comme catharsis, lente résurrection par le prisme de l'image et du verbe qu'il affectionne depuis toujours.
Si le patient est encore convalescent, il semble vouloir relever la tête, avoir retrouvé le désir de se battre, d'avancer.
A mille lieues des dessins satyriques de Charlie Hebdo, Luz se fait ici poète nostalgique et désenchanté, perdu en un monde qu'il ne comprend plus.
Totalement largué sur tous les plans, il en est un qui pourrait bien lui redonner l'envie. Non, Johnny, tu te tais.
La parole est à Camille, sa muse, qui l'appelle régulièrement "mon ange", lui le survivant.
L'amour comme refuge, comme moteur, Luz-tu cru ?
Lui oui, plus que jamais...
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Pour des millions de français il y aura dorénavant un avant et un après 7 janvier 2015. Un après plein de crainte, de douleur, d'incompréhension et de révolte face à tant de haine, de bêtise, d'injustice et d'intolérance. Mais si la France a perdu ce jour-là quelques-uns de ses symboles les plus forts de la liberté d'expression, d'autres ont perdu en plus des amis, des proches, des membres de leur famille…

Pour Luz, la peine est double puisque en plus de porter le deuil de ses collègues et amis, il doit vivre avec l'obsession terrible et angoissante que, sans son retard, il aurait dû faire partie des victimes du massacre… Comment continuer à vivre et à avancer quand on vit avec la peur au ventre ? Peut-on continuer à dessiner et à s'exprimer librement quand plane au-dessus de soi la menace de mort ?


Avec « Catharsis », Luz nous livre un album exutoire dans lequel il se met en scène dans son quotidien d'après les attentats. En préambule, le dessinateur déclare « Un jour, le dessin m'a quitté. le même jour qu'une poignée d'amis chers. A la seule différence qu'il est revenu, lui. Petit à petit. A la fois plus sombre et plus léger. » « Catharsis », c'est la preuve que malgré l'angoisse, malgré la menace, malgré la tristesse, la vie continue. C'est la réconciliation d'un artiste, d'un penseur, avec lui-même et avec son art. Des planches tantôt inquiétantes, torturées mais bien plus souvent drôles, impertinentes, cocasses, voire tendres, qui nous offrent un regard singulier, à la fois juste et aiguisé sur « l'après ».

Pas de chronologie dans l'enchaînement des planches (ce n'est pas un journal intime !), même si l'ensemble forme un tout cohérent et intimement lié. Si le noir et blanc dominent, la couleur s'invite parfois pour souligner la violence d'un moment ou d'une émotion. le dessin au trait épais et au geste rapide, caractéristique de l'auteur, est particulièrement vivant et expressif. Difficile de donner un avis sur un ouvrage aussi intime et personnel. Tout ce que je peux dire c'est que j'ai été profondément émue et bouleversée par ce rappel à une actualité encore brûlante et par la manière dont Luz se confronte à la réalité. Un ouvrage nécessaire à l'auteur, mais qui l'est, je pense, tout autant pour ses lecteurs.


Un grand merci à Babelio et à Futuropolis pour ce partenariat !
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Tout est dit dès la quatrième de couverture: "Un jour, le dessin m'a quitté. le même jour qu'une poignée d'amis chers. A la seule différence qu'il est revenu, lui."
Ce roman graphique de Luz est bouleversant et émouvant, les mots manquent évidemment quand le dessin est si fort.
Son talent saute aux yeux à chaque page, mais aussi sa douleur. Je pense notamment aux planches où apparaît Ginette, sa boule au ventre, ou à celle où il dialogue avec Charb.
Les planches avec sa femme sont également très touchantes et pleines d'amour.
Catharsis est un témoignage poignant tout simplement.
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Livre lu à point nommé... pour moi après les attentats du vendredi 13 ... On peut se relever après l'horreur. En tous cas, Luz l'a fait. Même que ça envoie ! de l'encre rouge qui déborde, de l'humour, de la poésie, des bonhommes avec des têtes de bite, de l'amour et du sexe... la vie continue même si les nuages ne ressemblent plus à des lapins mais à des assassins.
Et puis il y a toujours un oiseau pour caguer sur les gens importants, un Jawad pour faire marrer toute la France avec des déclarations cons... Chers pigeons nationaux, exutoires de la République, le fou rire ne meurt jamais ! Je lis le chapitre intitulé "une forte envie de chier " de Luz ... et je me bidonne, je me bidonne en repensant à la veste pleine de caca de François Hollande. Oui, c'est débile l'humour pipi caca façon Charlie Hebdo mais ça fait du bien !

L'Esprit souffle où il veut et lâche ses fientes sur qui il veut.
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En quelques planches; Luz décrit son mal-être, son mal-vivre depuis ce mois de Janvier; une dépression somme toute banale chez ceux qui ont perdu des êtres chers ou qui se sont trouvés à proximité d'un acte de barbarie ou même d'un accident, sauf que pour Luz, cela s'accompagne de la pression médiatique, de la sécurité permanente autour de lui, et de la déformation permanente de ses propos......Une vie qui n'en est pas une. Un seul espoir, cette femme qui le porte, le supporte, qui par son amour, le maintient à la surface de son humanité.
Un livre qui fait aussi réfléchir sur notre position de spectateur de l'actualité, sur nos attentes de ces "journalistes" qui dénoncent pour nous et qui parfois ont aussi besoin de déposer leurs armes.....
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Catharsis : purification, séparation du bon avec le mauvais.
Le mauvais, c'est le traumatisme de l'attentat, les cauchemars, la colère, la boule au ventre, le dégout. le bon, c'est l'amour de sa femme, l'amour du dessin. Retrouver le dessin en même temps que retrouver le gout de la vie. Un énorme enjeu ! Car il a tout perdu, Luz, ce 7 janvier 2015, quand il arrive en retard à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo (ce qui lui sauve la vie), avec une galette des rois parce que c'est le jour de son anniversaire !!…
Un album en noir, blanc et rouge. Des scènes courtes, certaines sans paroles, un peu brouillon et tous azimuts parce que c'est comme ça dans sa tête. Où on voit bien la lutte face à la sidération, aux cauchemars aussi bien nocturnes que diurnes, et le rôle immense de sa femme dans ce combat d'Eros face à Thanatos. Emouvant, forcément.
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Une oeuvre, dure et crue avec laquelle Luz nous livre son âme à nu après l'horreur. On accompagne la détresse et la difficile reconstruction d'un homme qui a vécu la haine de plein fouet.
Qu'on aime ou pas le style de Luz, il est impossible de rester insensible à cette mise à nu.
C'est très intime, c'est dramatique.
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Luz nous décrit ici, de manière chaotique souvent mais souhaitée, son traumatisme post attentat. de multiples histoires se succèdent et permettent au lecteur de comprendre l'ampleur des dégâts qu'a causés cette journée si noire pour lui, le rescapé. le dessin, lui-même, est chargé de cette émotion particulière. Les traits manquent de netteté, on y voit les tremblements du dessinateur.
Sans vouloir toutes les commenter, j'en garde une en tête qui m'a fait sourire malgré la gravité du sujet. C'est celle de l'oiseau qui, comme pour faire un pied de nez à la tristesse du défilé, avait déféqué sur le Président François Hollande, ce qui avait provoqué l'éclat de rire de Luz. Cet oiseau, dans cette scénette avait survolé les attaques avant de choisir pour cible celui sur qui le monde entier avait les yeux braqués, le rendant, au passage, touchant.
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"La vie est dure, Danny.
Le monde ne nous veut pas de mal,
mais il ne nous veut pas de bien non plus.
Il se fiche de ce qui nous arrive."
--Stephen King, Shining.--

"Un jour le dessin m'a quitté.
Le même jour qu'une poignée d'amis chers.
A la seule différence qu'il est revenu, lui. (...)"
--Luz, Préface de Catharsis.--


Les attentats du 7 janvier ont secoué tout le pays.

Certains s'indignèrent, d'autres adoptèrent l'indifférence, d'autres ne surent pas comment réagir, il est vrai que le choc avait presque limite séparé le pays entre les pour et les contre, ramenant sur le devant de la scène le manque de recul et de demi-mesure qui s'empare souvent du peuple devant un sujet trop fort pour lui : le terrorisme, la politique, la religion, le prochain star wars, l'abus de super-héros ou de game of thrones. Une poignée pointa le cynisme qui pouvait découler de tout ça sans qu'on ne sache s'ils étaient eux-même cyniques ou foncièrement sincères. Certains tentèrent d'informer dans le cadre de la course au buzz en se désignant d'eux-même comme les défricheurs de l'immoralité et de la bêtise de l'époque. Beaucoup eurent une sale boule dans la gorge, l'estomac voire le pleur facile : L'amérique avait été touchée en son coeur une décennie avant, deux artères gigantesques décapitées nettes; la France était touchée dans ses idées et sa liberté d'expression, donc sa tête, siège de la raison comme de l'imagination.

Enfin une poignée frôla la mort. Luz est donc de ceux-là.

Même si beaucoup de ses pages furent publiées dans Charlie Hebdo, une telle oeuvre qui concentre une bonne partie du drame, entre allers-retours de celui qui a survécu par un infime coup de chance au passé et présent à évacuer et reconstruire, ne peut décemment pas se résoudre à nouveau à un stupide dilemme du pour ou contre : Il n'y a ici pas à "être Charlie" ou ne pas l'être, quitte à faire preuve de sa bêtise devant une BD qui annonce d'emblée son but à travers son titre et sa couverture. "Catharsis" donc et son bonhomme, riquiqui, impersonnel et en même temps universel, les yeux écarquillés, recouvrant la majeure partie du corps par ce qui reste une fois qu'on évacue les sens qui dans cette affaire n'ont pas été essentiels, la vue.

Ou plutôt le regard. Luz ici livre son regard, comme toujours subversif, comme toujours plein de brillante auto-dérision mais avec une part de vertige monstrueux sur les attentats et ce qui a suivi.

Et comme jamais auparavant, Luz se livre.
Dans toute sa crudité, sur le regard des autres, sur lui-même, sur l'indifférence du monde qui continue sa course, ne laissant que la douleur et les souvenirs. La citation de Stephen King qu'il donne en ouverture du livre juste avant un prologue très personnel (repris aussi en ouverture) est une clé non seulement liée au fait qu'il se replonge dans le livre du maître de l'horreur dans les mois qui suivent pour décompresser (une oeuvre d'horreur pour en chasser une autre pourrait on écrire si l'on faisait de la psychanalyse de bazar) mais surtout pour témoigner de l'incompréhension qui le tenaille et lui et nous. Mais surtout lui. L'horreur au fond c'est ce qui surgit du monde sans même qu'on y prenne garde et qui un jour se révèle dans toute sa dimension et la banalité de ce qui l'entoure à ce moment là.

Souvent le trait de Luz bute, la main tremble.
Sismologie du graphisme. Parfois le style des petits bonhommes est abandonné pour l'anecdote. Tel cet homme observé qui lit tranquillement "idées noires" de Franquin. Une BD assez représentative de l'humour (noir justement) érigé comme dernier rempart à la face d'un monde de saloperies. Luz lui-même le remarque en lui-même avant que sa compagne ne lui rétorque qu'en même temps ce genre d'humour désespéré, "c'est tellement drôle". Eh oui.

Tout passe par la catharsis. le vide, la panne (qu'elle soit d'inspiration ou sexuelle, l'auteur s'en amusant heureusement avec un brin de malice), le cul aussi. Unique bouée pour ne pas se foutre par la fenêtre, l'amour. C'est généralement un cliché mais l'on vous dira que dans ces cas là c'est surtout parce que la notion même d'amour est galvaudée, ramenée vers le bas, en dehors de sa propre transcendance qui ramène elle-même vers le respect de son prochain, sa prochaine. Ici l'amour, c'est cette femme à qui est dédié l'ouvrage en toute fin, celle qui a retenu l'auteur un peu plus au lit le jour de son anniversaire. Par amour.
Et l'a donc fait arriver au retard au boulot ce jour là, un 7 janvier.
Et l'a donc sauvé.

Tout est déversé d'un coup, dans une colère contenue, une tristesse et une mélancolie, des pointes d'humour (tout le monde en prend pour son grade) et parfois quelques pétages de plombs que Luz n'exclut pas et montre également. du noir et blanc et comme seule couleur, le rouge, celui du sang, du désespoir, du coeur, de l'amour, la seule couleur qu'il était possible de voir pendant plusieurs mois.


On ne ressort pas indemme d'une BD comme ça. Trop personnelle, trop noire. Trop vraie, de cette vérité qui tâcle sévèrement l'humeur quotidiennement. On aura pu entendre parler d'un pigeon qui philosophait sur l'existence en salles de cinéma dernièrement. Chez Luz, le pigeon a vu l'horreur, il en a été constipé et n'a réussi à chier que quelques jours après... sur un certain président de la république.

Ou comment expliquer un phénomène qui tient de l'absurde et a été vu sur les télés et youtube d'en France et par le monde en ramenant le fait à une dimension encore plus étrange et en même temps très drôle. On pourra dire que le pigeon aura bien évacué le trauma sur le coup. Luz, lui, il lui a fallu chier toute une BD et si on la lit, on se prend tout en pleine gueule.

Avec cette BD, même s'il est trop tôt pour juger de savoir si elle pointe un aspect historique et un tournant du pays sur plusieurs points, elle a le mérite de pointer ce qui fait mal pour ne pas oublier de sitôt.
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

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