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Marshal Bass tome 7 sur 10

Darko Macan (Autre)Igor Kordey (Autre)
EAN : 9782413041672
56 pages
Delcourt (05/01/2022)
4.03/5   19 notes
Résumé :
C'est un temps d'allégresse pour la famille Bass. La fête bat son plein. L'après-midi est douce, les souvenirs vont bon train... Mais l'histoire que tout le monde a envie d'entendre est celle de Marshal Bass, lorsqu'il était sous les ordres terribles de Maître Bryce. C'est l'histoire du jour où tout à basculé, où River Bass est devenu l'homme que l'on connaît.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un homme libre ne fait pas ce qu'il veut. Il fait ce qu'il peut pour s'en tirer.
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Ce tome fait suite à Marshal Bass, tome 6 : Los Lobos (2021) qu'il faut avoir lu avant, ainsi que le tome trois. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Nikola Vitković pour la mise en couleur. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l'United States Marshals Service à l'ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.

Dryheave, Arizona, fin août 1877. La famille Bass a repris l'exploitation de l'épicerie de Jeremiah dans cette petite ville. En ce beau jour du baptême de Joe, Bathsheba Bass est au comptoir en train de servir madame Williams, pendant que Judith tient le petit Joe dans ses bras, assise dans une chaise à bascule. C'est au tour de Madame Cleopatra de faire son entrée dans le magasin, et le regard de Bathsheba se durcit immédiatement, devenant même hostile. Elle lui demande ce qu'elle veut, et fait observer que les marchandises sont bien différentes de celles dans la maison close de Madame Cleopatra. Judith sort dehors avec le nourrisson dans ses bras et demande à son frère David D aller immédiatement chercher leur mère Delilah. Il y va en courant. Derrière la maison, le banquet a commencé, et Moïse Washington, surnommé Beef répond au Révérend Dollar, tout en passant entre les tables, pendant que River Bass fait rôtir un porcelet à la broche, avec un grand tablier blanc. Delilah est entrée dans le magasin et salue très respectueusement Madame Cleopatra. Puis elle suggère fortement à sa mère Bathsheba de prendre Joe dans ses bras pour aller le nourrir. Sa mère essaye de résister en lui demandant si elle sait bien qui Madame Cleopatra est, mais sa fille lui rétorque qu'elle est avant tout une cliente, une cliente bien plus fortunée que tous les autres clients réunis.

Toujours avec bébé Joe dans les bras, Bathsheba s'approche de son époux River en lui signalant que sa Cleo est dans le magasin. Elle lui demande s'il lui a rendu visite récemment. Il répond sèchement que non, et lui retourne la question : A-t-elle épousé un Mexicain récemment ? le révérend Dollar déclare que les patates rôties ont l'air formidable, et il interroge Beef sur le fait qu'il ait fait la guerre. Puis il continue en lui indiquant que ce qui l'a le plus marqué de ces années de guerre, c'est la faim : il avait tout le temps faim. Il enchaîne en demandant un peu de crème persillée à Judith. Deux jeunes garçons enchaînent en demandant à Beef s'il a vraiment fait la guerre, combien de gens il a tué. Il cède à leur curiosité et leur raconte : Lors de la première bataille à laquelle il a participé, il y avait là plus de gens qu'il n'en avait jamais vu de toute sa vie. Plus qu'il ne croyait que la Terre n'en abritait. Et tous était là pour s'entretuer. Tuer un homme n'est pas facile.

La tendance constatée avec le tome précédent se confirme : la série a posé de solides fondations et elle dispose maintenant d'un avenir au-delà du tome suivant. Les auteurs peuvent continuer sereinement à établir une forme de continuité. Maître Bryce ? Ce fut le propriétaire de River Bass quand il était esclave. Ce tome commence en posant les conséquences des aventures narrées dans le précédent, en particulier la nouvelle situation familiale de River Bass, Bathsheba Bass et Judith Bass. le temps est venu du baptême du fils de Judith, le petit Joe, et c'est un moment de réjouissance, même si le père du nourrisson n'est plus là. C'est un repas de fête avec la famille, les voisins et quelques connaissances dont le révérend Dollar et Moïse Washington (Beef) que Bass a rencontré dans le tome 5 Marshal Bass, tome 5 : L'ange de Lombard Street (2019). Cette notion de famille se retrouve dans des configurations différentes par la suite : celle constituée par son propriétaire, maître Bryce, son frère Wilbur, sa cousine Anabelle dans la propriété familiale, celle réduite à Bathsheba et sa fille croisées sur une route de campagne la nuit. Les auteurs ont l'art et la manière de faire ressortir les conséquences des hasards de la naissance, qu'il s'agisse de la servitude de l'esclavage pour Bass ou Ginny, de la liberté très relative d'une mère sans mari et sans travail, d'un homme dont le frère a mal tourné, d'une femme atteinte de maladie (peut-être la poliomyélite). Tout le monde ne naît pas avec les mêmes chances, et la vie n'est pas juste.

En découvrant la jeunesse de River Bass, le lecteur se retrouve à suivre un jeune esclave dont la vie dépend essentiellement du comportement de son maître, Bryce, de la façon dont il utilise et il traite cet être humain dont il est propriétaire comme s'il agissait d'un être humain. Les auteurs consacrent trente-sept pages à cette relation. le scénariste accomplit cet effort de la présenter en intégrant le fait que la vie de l'esclave n'a de valeur que son utilité en tant qu'outil. Il réussit à faire en sorte que River Bass soit dépersonnalisé pour son maître, un instrument auquel Bryce ne s'attache pas, pour lequel il ne développe pas d'empathie, avec qui il n'a pas l'obligation de se comporter comme un être humain, ni avec les autres afro-américains d'ailleurs. Cela commence avec l'exigence de Bryce que River retienne sa respiration le plus longtemps possible juste pour son amusement, puis une promesse qu'il ne tient pas sans se sentir le moindre du monde responsable puisque River ne dispose pas de la qualité d'être humain, puis un viol sur Ginny encore adolescente parce que là encore il ne s'agit pas d'un être humain à part entière. Bien évidemment, la narration visuelle montre des individus de chair et de sang qui souffrent de la douleur, dont les visages expriment des émotions. Donc des individus que le lecteur considère lui comme des êtres humains, pour lesquels il éprouve de l'empathie, tout en conservant à l'esprit que le fonctionnement systémique de l'époque façonne et formate chaque individu pour tenir sa place dans ces rapports de dominance et de soumission. Il ressent toute l'ignominie du viol de Ginny qui souffre tout en se disant que la société exige qu'elle s'y soumette, et que River regarde la scène tout en sachant que la société lui intime de ne pas intervenir, les deux se conformant au rôle imposé par leur position sociale.

D'ailleurs River Bass semble avoir internalisé le comportement attendu de lui au point d'avoir conscience qu'il ne lui sert à rien de parler, car sa place sociale n'accorde aucune valeur à sa parole. Voilà un personnage principal encore plus taiseux qu'à son habitude, mais il observe. Il voit comment se comporte maître Bryce, comment il se sert de lui, et il fait le nécessaire pour acquérir de la valeur, afin d'avoir une utilité pour son maître. Quant à lui, le lecteur observe également ses postures, ses attitudes, ses regards. Il constate que River Bass se détend quand il dispose d'un moment de répit et qu'il se retrouve entre afro-américains. Il voit sa détermination sans faille à survivre, et la prise de conscience qu'il lui faut tuer sans pitié pour ne pas laisser de trace. Il remarque quand le regard de River ne se fixe pas sur son interlocuteur, mais sur un autre point d'intérêt. À la lecture, tous ces mécanismes apparaissent comme évidents, la qualité de la narration visuelle allant de soi. Il suffit que le lecteur marque une pause quelques secondes pour qu'il constate à quel point le dessinateur se montre expert et élégant comme metteur en scène. Par exemple, page trente-sept, Ginny parle à River Bass pour lui exprimer son mépris et sa manière de se révolter contre le système, tout en tenant sa file de quatre ou cinq ans devant elle, et au premier plan River semble l'écouter d'une oreille distraite en attendant que ça passe, sans sembler affecté. Toutefois, quand le lecteur suit son regard, il se rend compte que River regarde autre chose, ce qui renvoie à une promesse faite par Bryce en page quatorze.

Ainsi de séquence en séquence sur la jeunesse de River Bass, le lecteur se fait une idée de la manière dont son caractère s'est forgé, dont ses aptitudes se sont développées, et dont sa philosophie de la vie s'est construite en observant le comportement de son maître pour lequel il éprouvait une forme de sympathie, même si celle-ci relève du syndrome de Stockholm par moment. Les pages cinquante-deux à cinquante-quatre sont consacrées à sa rencontre avec Bathsheba, sa future épouse. le lecteur y voit une étape de plus dans la vie du personnage principale, mais aussi une phase de la vie de Bathsheba qui par la force des choses fut elle aussi esclave, et donc une épreuve qu'elle doit surmonter en faisant preuve d'adaptation, ce qui participe également à forger son caractère et sa personnalité. Ce qui renvoie à la condition féminine dans ce tome : celle des esclaves, condamnées à servir d'objet de plaisir au bon vouloir des propriétaires d'esclaves, et celle de la cousine Anabelle à la situation peu enviable pour d'autres raisons, ce qui fait que le lecteur comprend et compatit quand elle cède aux avances de River Bass.

Totalement immergé dans cette évocation saisissante de l'esclavage et fasciné par la construction psychologique des personnages, le lecteur en oublierait presque la qualité extraordinaire de la narration visuelle. L'artiste sait tout faire passer y compris en l'absence de phylactères : émotions, état d'esprit, rapport de force psychologique, décision intérieure irrévocable, résignation, acceptation, compréhension, etc. Une merveille. En outre, il accomplit un travail toujours aussi remarquable en termes de conception de plan de prise de vue, de mise en scène et de direction d'action. Comme pour tous les tomes précédents, le lecteur attend avec impatience le dessin en double page : une magnifique vue nocturne d'un bayou avec la demeure coloniale des propriétaires en fond. Au fur et à mesure, il savoure chaque page, avec de nombreux moments inoubliables : River retirant les poissons en train de cuire sous la cendre, la mise en scène grotesque exigée par le photographe de guerre, le bateau à aube sur le large fleuve, le regard craintif de Bass tenant le billet qui stipule qu'il est affranchi, le regard noir jeté par Ginny en voyant arriver River de retour dans la propriété, la détermination bloquant toute autre pensée de River s'apprêtant à tuer un homme, le regard échangé entre Bathsheba et Madame Cleopatra alors que cette dernière pénètre chez les Bass. du grand art.

Le lecteur sait par avance que ce tome ne peut pas le décevoir. Il éprouve une sensation de doute fugace en comprenant qu'il sera essentiellement consacré au passé de River Bass. Une fois plongé dans sa jeunesse, il étouffe tout autant que dans les tomes précédents, immergé dans les conséquences de la noirceur de l'âme humaine, de l'esclavage, de la condition féminine, de l'usage libéral des armes à feu. La narration visuelle rend tout évident et patent, des émotions les plus fugaces, à la violence la plus sèche ou la plus barbare, prenant le lecteur aux tripes. Sans nul doute, River Bass est le produit de son époque, mais il est également plus que ça : un esclave qui n'a jamais été fouetté, un homme d'une endurance peu commune, un être humain qui est parvenu à conserver intacte une part d'humanité.
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La série Marshall Bass nous avait habitué à de la violence, de l'hémoglobine, de la tristesse, des méchants vraiment méchants… quelle surprise de découvrir ici la famille Bass réunie autour d'une boutique et d'un baptême…

Cette image de félicité est ici troublante pour la série, d'autant qu'elle semble durer. Au moment où le lecteur s'attend à un dérapage quelconque dans la violence, celui-ci finit par arriver sous la forme d'une question anodine, amenant River à revivre son passé.

Et revivre le passé de River au travers de ses propres yeux ne va pas être une mince affaire. Comme l'annonçait la première de couverture nous allons suivre un River jeune. Voici l'occasion d'apprendre beaucoup de choses : d'où lui vient se surnom, comment est-il devenu un as des armes à feu, comment as-il rencontré sa future épouse… mais fort heureusement nous allons aussi ne pas apprendre certaines choses, laissant planer un doute bienvenu, apte à susciter le mystère.

Les ellipses seront ici nombreuses, technique plutôt facile mais opportune, dans le sens où elle permet de passer d'une séquence à l'autre, sans laisser de temps mort. Au fil du temps, une nouvelle (et du coup première) némésis semble se constituer : maître Bryce avec laquelle River va devoir composer puis s'en affranchir.

L'histoire est somme doute assez classique, mais elle n'en demeure pas moins plaisante, réservant son lot de surprises et de retournements de situation plus au moins prévisible. Au moins tout cela tien en seul volume, rajoutant, encore au dynamisme de l'ensemble.

Les dessins sont toujours aussi bons, et c'est avec plaisir que nous pouvons découvrir ici les couleurs, notamment pendant les passages festifs, et les nuances plus sombres lors des séquences de nuit.

Une nouvelle fois, cet album de Marshal Bass est une belle réussite, qui se termine toutefois sur une séquence qui ne peut qu'annoncer un album supplémentaire. Il n'y a plus qu'à attendre sa parution…
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Le Bryce de cette histoire n'est pas celui de Nice et avec un tel maître, on ne peut pas dire que ça fartait.

La jeunesse de River et l'origine de son prénom, assez spécial, se retrouve expliqué dans ce septième album, toujours aux couleurs sombres et aux dessins assez spéciaux (que je n'aime pas trop, mais je m'en fous, le scénario est le plus important).

Parlons-en, du scénario : sombre, classique, violent, mais ne manquant pas de profondeur, notamment dans les personnages.

Non, maître Bryce n'est pas un type fréquentable, c'était le propriétaire du jeune River et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il lui a forgé le caractère et fait de lui ce qu'il est maintenant. Malgré tout, Bryce, malgré ses travers, n'était pas le pire propriétaire. Mais il faut tout de même préciser que pour lui, les esclaves n'étaient pas des êtres humains.

Violent ? Oui, je le conçois. Et les auteurs ont réussi à nous montrer toute la bassesse des Hommes Blancs, envers les autres, qu'ils soient esclaves Noirs ou chair à canon sur un champ de bataille. Mais il ne faut pas croire non plus que c'était mieux au Nord…

La preuve en quelques planches : un homme du Nord, chez qui l'esclavage n'a pas lieu (mais la ségrégation, oui) gagne River au poker. Mal à l'aise, ne voulant pas posséder d'esclave, l'homme lui signe un papier, pour l'affranchir et lui rendre sa liberté. Tout content de sa bonne action, l'homme Blanc s'en va.

Bonne action ? Pas vraiment, non ! Les esclaves libres n'avaient aucun endroit où aller et sans argent, comment acheter de la nourriture ? River est perdu et ne devra son salut qu'au fait de retrouver son propriétaire initial… Un comble. La vie est ironique.

Comme toujours, comme souvent, la position sociale de chacun fait qu'il se doit de se conformer à son rôle, imposé par la société et par sa place au sein de celle-ci : dominant ou dominé. Humain ou pas humain… Terrible.

Si je n'aime pas les dessins, j'apprécie les détails, notamment dans les regards, dans les expressions des visages, lorsqu'il n'y a pas de dialogues ou qu'il y en a un, mais que l'autre personnage regarde ailleurs, faisant passer ses émotions ou ses pensées dans un regard ou dans la direction de son regard…

Une fois de plus, c'est un album qui ne ressemble pas aux autres, qui s'en éloigne tout en restant proche, mais qui surprend les lecteurs, même si l'univers est familier. Dans un album de River Bass, tout est possible, on ne sait jamais à quoi s'attendre.

C'est un tome très sombre, très violent, rempli de noirceur humaine, qui est la pire. C'est sobre, tout en étant efficace, c'est noir tout en étant lumineux. C'est aussi une page de l'Histoire, une histoire sanglante, perverse, honteuse, horrible, mais qu'il convient de ne jamais oublier.

Parce que les esclaves sont toujours présents, partout, chez nous ou dans les pays pauvres qui s'occupent de confectionner, fabriquer, à vil prix, ce que nous achetons comme marchandise. Ce sont les esclaves modernes et nous n'avons pas les mains propres.

Marshal Bass, une série western à découvrir, mais pas pour les petits enfants !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Plongée en apnée.
Marshal Bass a remisé ses colts et endossé la toque pour recevoir des convives en plein air à l'occasion du baptême de Joe, son petit dernier. Famille et invités composerait un tableau bucolique et idyllique si les tensions sous-jacentes et les non-dits n'alourdissaient les zones d'ombre. Alors que Bass s'affaire aux grillades et s'escrime au porcelet rôti, Moïse Washington est sollicité par le révérend Dollar pour raconter sa guerre de Sécession. Puis vient le tour de River Bass d'être questionné sur l'origine de son prénom. Dans ses yeux vont défiler les souvenirs depuis son adolescence quand il était encore l'esclave de Bryce Bass, petit maître sudiste roublard et raciste, opportuniste et violent, jouisseur et meurtrier. Malgré lui, River Bass va faire ses armes, bâtir son identité et s'affranchir.
Alors que le scénariste pourrait laisser croire à une panne d'inspiration en éclairant le passé de River Bass, l'histoire est particulièrement bien menée et composée avec l'évocation ahurissante de la guerre de Sécession, la montée en puissance de la violence et l'effroyable mise en scène du charnier sur le champ de bataille puis la flambée des souvenirs du Marshal Bass, son parcours halluciné dans un monde effroyable perdant tous ses repères. le 7e tome de la série est d'une rare puissance et Darko Macan n'a pas dit son dernier mot, la dernière case de l'album ouvrant sur une nouvelle aventure à venir. Igor Kordey au dessin et Nikola Vitkovic à la couleur sont à nouveau au diapason pour réaliser un album charpenté et généreux, avec une matière dense et sombre, une profusion de détails évocateurs et comme un vin rond facile à boire, dispensateur d'une ivresse légère, les auteurs délivre une histoire qui libère tous ses arômes à la relecture.
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La famille Bass est réunie au grand complet à Dryheave, dans le jardin de l'épicerie tenue par Delilah, pour un grand barbecue en l'honneur du baptême du petit dernier, bébé Louis. Sont également conviés le révérend et Beef, le grand ami de River (personnellement, j'aurais rajouté le colonel Helena).
Ces grands repas de famille sont généralement l'occasion où remontent à la surface les souvenirs. Après ceux de Beef concernant sa guerre de Sécession, c'est au tour de River d'évoquer (ou plutôt de ne pas évoquer, en fait) son passé. Il remonte jusqu'à sa prime adolescence, alors qu'il n'était encore qu'un jeune esclave dans une plantation en Alabama, pour dérouler le fil de sa vie jusqu'à sa rencontre avec Bathsheba et sa fille aînée Delilah.
Les auteurs en profitent pour évoquer les conditions rudes de la vie des esclaves dans le sud des Etats-Unis de l'époque, et ce n'était pas joli à voir !

Comme d'habitude, dans la fiction (livre, film) quand un personnage raconte un souvenir, les auteurs font toujours la même erreur. Entraînés par leur histoire ils lui font se souvenir d'événements qu'il ne devrait pas connaître puisque ledit personnage n'était pas présent physiquement. Par exemple, au début de cet album, quand River est en apnée sous l'eau, il ne sait pas ce qu'il se passe sur les rives donc il ne peut pas s'en souvenir... Même chose, vers la fin de l'album, lors du duel des deux frères Bryce. River n'était pas dehors mais dans la maison, donc il ne peut pas nous raconter les pages 41 et 42.

Malgré ces habituelles erreurs scénaristiques commises par tous les auteurs, cet album est un excellent tome dont la dernière planche promet de nouvelles aventures au prochain épisode.
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critiques presse (3)
BDGest
04 mai 2022
Alabama 54, Arkansas 57, Texas 60, les miles parcourus au fil des années par River Bass, embringué dans les arnaques de Bryce, sont un chemin dénonçant une partie de l’humanité, qui se repaît de jeux violents et porte l’individualisme comme valeur fondamentale. Sur un autre ton qu’Old Pa Anderson (Hermann et Yves H.) ou Un Cow-boy dans le coton (Achdé et Jul d’après Morris), mais avec la même pertinence, Maître Bryce élève la série à une autre hauteur. Brillant et nécessaire.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
06 janvier 2022
Il s'agit certainement de l'un des meilleurs volumes de la série, avec ce qu'il faut de finesse, de violence, de ce côté âpre des scénarios de Macan, avec un dessin de Kordey de toute beauté. Plus on avance, plus Marshal Bass devient fascinant. Une lecture captivante d'un bout à l'autre !!!
Lire la critique sur le site : Sceneario
LigneClaire
06 janvier 2022
Il y a bon nombre d’informations dans ce nouvel épisode qui façonne Bass, lui donne un destin qui éclaire les autres épisodes et relance aussi la série. Kordey toujours au sommet et un Bass qui se détache très nettement de bien des héros de western actuels.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La guerre…. C’était quelque chose. Lors de la première bataille à laquelle j’ai participé… Mon dieu… Il y avait là plus de gens que je n’en avais jamais vu de toute ma vie. Plus que je croyais que la Terre en abritait. Et tous étaient là pour s’entretuer. Mais vous devez savoir que tuer un autre homme n’est pas facile. La plupart de ces garçons n’avaient jamais tué, alors quand l’ordre a sonné de tirer, ils ont tous tiré en l’air, par-dessus les lignes ennemies. Les ennemis firent pareil. Bien sûr, ça ne pouvait pas durer. Tout changea dès que la première balle transperça la chair. Après ça, tout le monde tirait pour tuer. Et encore… Et encore…
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Une drôle de pensée me traversa l’esprit à ce moment-là. Personne ne meurt deux fois, n’est-ce pas ? Et allongé là, parmi les morts, c’était un peu comme si j’étais mort moi-même. Alors vous pourrez rire autant que vous voudrez, mais à cet instant, j’ai su que je sortirai de cette guerre vivant !
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C’est sa fille, oui. Ça aurait pu être la tienne, mais c’est la sienne. Tu veux savoir ce que je lui ai appris ? Je luis ai appris à détester tous les noirs et à n’aimer que les blancs. Comme ça, sa fille sera encore plus blanche, et la fille de sa fille encore plus. Et finalement, si Dieu le veut, la fille de la fille de sa fille sera si blanche qu’elle dominera tous les hommes !
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Un homme libre ne fait pas ce qu’il veut. Il fait ce qu’il peut pour s’en tirer.
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Je lui ai appris à détester tous les noirs et à n'aimer que les blancs .Comme ça ,sa fille sera encore plus blanche , et la fille de sa fille encore plus...et finalement , si Dieu le veut ,la fille de la fille de sa fille sera si blanche qu'elle dominera tous les hommes !
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Darko Macan - Kontakt interview - Fantasy Hrvatska - ajoutée le 6 mai 2012.
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