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Slobodan Snajder (Autre)
EAN : 9791034903498
624 pages
Liana Lévi (04/03/2021)
3.62/5   20 notes
Résumé :
C'est en 1770 que Georg Kempf, l'ancêtre du narrateur, poussé par la famine, décide de quitter le sud de l'Allemagne pour la « Transylvanie », où la terre est grasse et fertile. Comme d'autres miséreux il a été convaincu par un messager de Marie Thérèse, d'aller peupler ce territoire délaissé de l'Empire austro-hongrois. Les années passent et la famille Kempf jouit d'une situation confortable dans cette région de Croatie nommée Slavonie lorsque Hitler appelle les Vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai eu envie de lire ce livre afin de découvrir un auteur de la Mitteleuropa que je connaissais pas.
Slobodan Snajder nous emporte dans ce roman dans une véritable traversée de l'Histoire.
Les Kempf sont des allemands qui sous" l'invitation" de Marie-Thérèse vont venir peupler la Transylvanie.
Cet exil les transformera à jamais comme des déracinés, on ne les appelera plus que : les Volksdeutsche: les Allemands de l'étranger.
La réparation du monde nous raconte l'odyssée des parents de l'auteur, notamment pendant la seconde guerre mondiale.
Bien que vivant en terre Croate, le père de l'auteur, est recruté comme "volontaire forcé" par la Waffen-SS.. La guerre le poussera sur les routes de Pologne, où il découvre un monde plein de douleurs et l'armée souterraine polonaise. Son parcours de soldat fuyant comme déserteur les Waffen SS, survivant en se cachant dans les forêts polonaises.
Il est incorporé de manière presque accidentelle dans les troupes soviétiques.
À la sortie de la guerre, il rentre chez lui à Nustar, épouse une partisane qu'il aurait sans doute du tuer en tant qu'appartenant à la Wafen-SS.
Slobodan Snajder nous livre de très belles pages sur la vieillesse et les derniers jours de son père, qui l'aura peu connu, ses parents ayant divorcé, alors qu'il était un très jeune enfant.
Un très beau livre, difficile à suivre parfois pendant la guerre puis la naissance de la Yougoslavie et l'avènement du règne de TITO.
Malgré tout, de magnifiques pages dédiées à ses parents qui valent le détour et me donne envie de connaître plus encore l'oeuvre de Slobodan Snajder.
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Au 18e siècle l'impératrice Marie-Thérèse avait envoyé des colons allemands  s'installer sur les terres fertiles de l'est européen pour les faire fructifier. C'est le cas de la famille Kempf qui se déracina en Slavonie, où se forma une minorité germanique en terre slave.
Au 20e siècle Hitler fait appel à ces « Allemands » de l'extérieur pour rejoindre son combat. C'est ainsi que Georg Kempf, « volontaire forcé », rejoindra la division "Galizien" de la Waffen SS, avant de déserter, de rejoindre les résistants communistes, le tout sans jamais vraiment se battre. Il retrouvera, à la fin de la guerre et après moult aventures, sa Croatie natale. Laquelle aura bien changé. Il y vivra les premières années du régime communiste de Tito.
Voilà l'argument de ce gros roman, foisonnant, abordant à travers le destin d'un homme la situation de la Mitteleuropa, de ses minorités instrumentalisées, écartelées entre des cultures différentes, et broyées par les événements.
La langue de l'auteur est dense, poétique, la construction parfois surprenante (la génération future encore « in utero » s'exprime dans des encarts hors-texte).
Le problème reste actuel : la mosaïque balkanique n'est pas à l'abri de soubresauts meurtriers.
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Le grand roman de la Mitteleuropa nous dit le bandeau de l'éditeur, voilà une bien grande ambition là où Joseph Roth, Stephan Zweig et bien d'autres ont laissé des oeuvres de poids. Dans les faits nous avons à faire à une version moderne de l'Odyssée avec un Ulysse anti-héros.
Tout commence par la guerre, Djuka Kempf en 1943 est un « malgré-nous » de Slavonie, pour les nazis il reste un allemand même si sa famille a émigré au XVIIème siècle.
Devenu Georg, Kempf va guerroyer en Pologne avec un apparent sérieux mais le ver est dans le fruit. Kempf ne se sent pas nazi, il suffit d'une belle résistante polonaise pour qu'il pose les armes et déserte. le voilà parti pour une folle Odyssée au milieu des combats où ballotté par les évènements il traverse les dangers, les horreurs, frise la folie mais réussi à garder les mains propres et la vie sauve.
Revenu dans son Ithaque croate il va épouser une Pénélope combattante communiste et vivre les déchirements de l'après-guerre dans une Yougoslavie vidée des immigrés allemands. Comme à la guerre Kempf désertera la vie familiale et choisira l'errance sociale.
S'il n'est pas le roman définitif annoncé « La réparation du Monde » est une oeuvre d'importance. L'Odyssée de Kempf montre la complexité de pays où le mélange des peuples est explosif, où les équilibres sont fragiles et temporaires. Malgré des siècles de contact, de brassage, des langues voisines, chacun est ramené sans cesse à sa « race », le sang prime sur la terre.
On pourra reprocher à S.Snajder de faire la part trop belle aux états d'âme de Kempf, à ses rêveries, à ses regrets. Son écriture est belle et poétique parfois un peu absconse mais il n'est pas indispensable de tout comprendre. Et puis après la vague des nazis assumés (Les Bienveillantes, La fabrique des salauds…) cela fait du bien de retrouver un personnage humain qui refuse de haïr parce qu'on le lui demande, qui veut suivre sa route sans se trahir même si cela le conduit à la solitude et à l'amertume.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur un roman de 600 pages aux multiples facettes ce qui reste marquant c'est le poids de la filiation, de l'ancêtre Kempf parti pour la Transylvanie au fils de Georg, c'est la même histoire qui se prolonge où les vivants portent le fardeau des morts déjà aidés par ceux qui ne sont pas encore nés
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Ce récit qui prend place durant la seconde guerre mondiale me semble écrit comme un conte. C'est-à-dire que ce sont 650 pages d'une écriture plate, contemplative ; on s'ennuie. Pourtant l'histoire est très intéressante, on suit un officier SS à travers la seconde guerre mondiale, un pauvre type qui ne sait pas trop qu'est-ce qu'il fait dans cette armée, et bien que pacifique, il regarde et vit les horaires de la guerre. Tantôt il refuse de fusiller des victimes, tantôt il cherche l'amour malgré la situation, tantôt et il part sur le front russe… Mais finalement, cette écriture presque enfantine, très lointaine, très descriptive, et lui qui a l'air complètement à côté de la plaque m'ont rendu impossible le fait de m'y intéresser.
C'est dommage, c'était intéressant de voir une forme d'humanité de la guerre, même s'il n'est jamais plaisant de se dire que les nazis pouvaient également être des hommes naïfs. le racisme cultivé au sein de l'armée et de la société est également très bien montré. Que sont les Polonais ? Que sont les juifs ? Que sont ces pays froids que le récit traverse ? Finalement, le narrateur et ses collègues de l'armée sont nourris de haine et manipuler. « Les bons petits soldats » comme on dit, qui appliquent les règles ineptes et déchargent leur violence sans questionnement… C'est tristement bien illustré dans ce récit.
Le récit est entrecoupé de lettres du narrateur et d'encarts dont la manière d'être rédigé change du reste du récit. C'est un peu mieux écrit, et sans doute cela aurait été plus agréable comme style à lire tout au long du livre, mais je ne comprends pas l'intérêt de ces encarts qui reformulent ce qui est écrit sur les pages adjacentes…
Malheureusement ces changements stylistiques n'ont pas réussi à maintenir mon attention. Ainsi, je me permets de publier cet avis dans le cadre de la lecture commune, mais j'ai terminé ma lecture en grande diagonale .

Finalement, et malgré la postface de l'auteur, La réparation du monde ne tient pas ses ambitions, à mon sens. Montrer les hommes, montrer les horreurs de la guerre, l'humanité dans la guerre, la reconstruction d'un humain, le déracinement, tout ce que l'on peut trouver dans une guerre… C'était un peu trop ambitieux pour un roman qui se donne des airs de contes
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La réparation du monde est scindée en trois parties. La première, relativement courte, débute en 1790 : un dénommé Georg Kempf quitte l'Allemagne, embarquant à Ulm pour rejoindre la Transylvanie, que les Turcs ont quittée. Il s'établit finalement en Slavonie, province de l'actuelle Croatie. On retrouve dans cette première partie des points communs avec le livre de Florescu, sur les conditions difficiles qui prévalaient alors dans le Saint Empire. La seconde partie, de loin la plus volumineuse, s'attarde sur un descendant de Georg Kempf, Georg (dit Djuka), né en 1919, mobilisé comme « volontaire-forcé » pour aller sur le Front Est, en tant qu' « Allemand ethnique ». Enrolé dans les Waffen SS, on suit ses pérégrinations en Pologne, ainsi que celles d'une communiste croate, Vera, qui se bat contre les Allemands en Yougoslavie. Enfin, la troisième partie se déroule après la Seconde Guerre Mondiale, traite du retour au pays, des difficultés de la reconstruction et se prolonge jusqu'à la mort du personnage principal.
L'auteur arrive à nous faire prendre conscience que chacun pouvait, à l'instar de Djuka Kempf, glisser dans cet engrenage de la guerre, quelles que soient ses idées ; il dépeint une vision très réaliste de la guerre, loin de l'idéalisation des combats.
J'ai trouvé que la situation sur le front polonais, évoquée dans la seconde partie est très forte et très bien rendue : l'allusion aux ghettos liquidés, les exécutions d'otages, un passage sur Treblinka où Kempf, désormais en fuite, rencontre un Juif évadé qui finit par être tué par un groupe de bandits de différentes nationalités. La haine du Juif, « l'antisémitisme ordinaire » sont omniprésents. Cet épisode où des Polonais font sauter à la dynamite des fosses communes pour récupérer les effets personnels des Juifs exécutés est également très marquant, et cela est fait de la part de l'auteur sans exagération. Les luttes internes entre les résistants bolcheviques et ceux dits nationaux en Pologne sont également bien mis en valeur. La seconde partie du livre recèle donc des passages vraiment très forts.
De même, sans trahir le déroulement du livre, le retour miraculeux de Kempf dans son pays illustre les difficultés du retour. Les Allemands qui ne sont pas restés dans le Reich sont déportés, à l'instar de ce qui se passera en Pologne, en Tchécoslovaquie… Autour de Kempf se soulèvent les questions : Pourquoi est-il revenu ? Qu'a-t-il fait là-bas ? Comment a-t-il pu survivre ? le mélange des nationalités est omniprésent, qu'on soit en Yougoslavie, en Pologne, dans les unités des Waffen-SS, où des Ukrainiens se sont engagés en voulant se venger contre les Bolcheviks coupables de l'Holodomor.

Je l'ai dit au départ : ce roman est un livre ambitieux et le bandeau l'assumait en titrant « le grand roman de la Mitteleuropa ». Parfois passionnant, original dans sa construction (des encadrés font parler le descendant de Djuka Kempf avant sa naissance), il est néanmoins parfois difficile à lire. Les états d'âme et réflexions de Kempf sont souvent trop abondants, freinant le rythme de lecture et je dois avouer que j'ai vu venir la fin des 620 pages avec un certain soulagement.

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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critiques presse (2)
LeFigaro
06 mai 2021
À travers l’histoire de sa famille, le romancier croate évoque le martyre des minorités des Balkans pendant la Seconde Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
02 avril 2021
Dans son nouveau roman l’écrivain croate ravive l’Europe orientale disparue avec la seconde guerre mondiale, sur les traces d’une famille d’Allemands.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Au fond du Danube, dans des pots de confiture, languissent les âmes des noyés, à l'écoute des mesures de trois quarts de temps qui bruissent dans l'air au-dessus de l'eau comme un avertissement. Là se trouvent aussi les âmes de ceux que l'on avait jetés dans le fleuve encore vivants.
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Mais voici quelle fut l'histoire de ce cimetière :
Dès l'automne 1945, les nouvelles autorités avaient voulu "retourner" les tombes allemandes. À quoi bon des tombes s'il n'y a plus de vivants? Qui les entretiendrait, qui paierait pour elles? Les Allemands qui sont rentrés chez eux n'ont rien à faire de ces tombes. N'ont-ils pas aussi laissé leurs maisons?
La première idée fut d'y installer un transformateur électrique. Un poste de transformation est en soi une chose utile. Faire venir l'électricité sous chaque toit est une belle idée. Le socialisme a eu de belles idées et il a réussi à en réaliser certaines.
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Kempf avait échoué partout : selon les Souabes du coin, il était un mauvais Allemand ; selon les Croates nourris aux idées de Frank, il était un piètre Croate. Pour les communistes, il n'était rien du tout. Les adeptes de Macek considéraient que ce jeune homme était en quelque sorte des leurs, mais lui boycottait leurs clins d’œil. Plus qu'à tout cela, Kempf s'intéressait à ce que pensaient de lui les jeunes filles avec lesquelles, dans les vignes et les fermes autour de Nustar, il faisait ses premières expériences amoureuses, les seules qui vaillent dans la vie en général. Et alors, la Waffen-SS, convaincue que ce jeune homme lui appartenait précisément à elle, avait frappé à sa porte. Mais lui ne voulait appartenir à personne.
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Lorsque l’Europe veut dormir et tire le ciel au-dessus d’elle, c’est toujours la même couverture : le Scorpion, avec ses pinces, essaie d’attraper la Vierge, cette effronterie remplit de colère le rouge Antares car depuis des millions d’années lui aussi tente la même chose sans y parvenir. N’est-ce pas l’image d’une passion insatisfaite ? C’est pourtant la vérité : chacun peut lire dans le ciel quelque chose de son destin si l’éclat de la Lune le lui permet.
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Il semblait qu'il était tout simplement dangereux d'être juif.
Être tout simplement un homme, c'était déjà impossible.
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