Un détour à ne pas manquer.
Difficile d'échapper à la magie de ce roman,
l'Ami Arménien, ce trésor de la littérature nous trace l'amitié de deux adolescents. le narrateur pensionnaire dans un orphelinat de Sibérie, s'attache à Vardan cet élève étrange et maladif devenu au fil des mois le souffre douleur de sa classe.
Andréï Makine révèle peu à peu une réalité bien plus sombre, celle d'une petite communauté arménienne cruellement atteinte par les soupçons avancés par l'état soviétique. Par petites touches on comprend qu'une autre réalité a fracassé l' histoire de Vardan. On se doute alors que le génocide est encore omniprésent.
La communauté arméniennes est venue accompagner leurs proches emprisonnés en ce lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal. Ce lieu appelé du « Bout du diable », où vivent Chamiram la mère de Vardan, Gulizar la soeur de Vardan, belle comme une princesse, et Sarven le vieux sage de la communauté…
Ce lieu c'est aussi le quartier des marginaux.
Deux photos de familles arméniennes posées à l'entrée de leur maison, ravivent de pages en pages des souvenir douloureux.
Pourtant dans ces espaces si hostiles, la ferveur, la solidarité et l'amitié vont l'emporter, Vardan protégé par son garde du corps, va savoir exprimer et nous faire partager une émotion intense et même imaginer un fol espoir.
Porteur de la maladie arménienne, entre l'immense mélancolie et un corps devenu trop fragile, Vardan nous porte comme dans un conte. Il nous accompagne vers un monde qu'il sait imaginer, où par exemple capter les oiseaux migrateurs et où il trans figure ses rêves les plus fous. Ronine le professeur de Vardan, lui même est touché par l'énergie de ces jeunes arméniens.
La légèreté de la voix de ces deux compagnons est clairement une réponse à la barbarie. le récit de
Makine est un ode à l'amour, et à la fraternité.
Ce magnifique roman et ces personnages hauts en couleurs vous bouleverseront par leur humanité et leur simplicité.
"C'est à cet âge que je compris à quel point la souriante platitude de l'adage »La vie continue »,pouvait être insolemment impitoyable", écrit
Makine page195.