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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Il m'a appris à être celui que je n'étais pas. »

Magnifique ! le narrateur se lie d'amitié avec Vardan. C'est l'occasion pour le lecteur d'entrer en contact avec l'histoire du peuple arménien, histoire distillée à petites doses et avec beaucoup de simplicité. C'est justement cette façon qui donne son pouvoir d'évocation à l'oeuvre et ce tremblé du style dont sont faites les grandes oeuvres. C'est aussi, à un niveau plus intime, tout ce que Vardan apprend à son ami adolescent et qui résonne en nous comme une sagesse, comme une lointaine connivence avec la vie. C'est un roman dont on se souvient longtemps pour cette petite marque indélébile qu'il laisse en nous lors même que s'efface doucement le temps de la lecture.
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"Véritable bijou de littérature classique" c'est certain. L'auteur m'a totalement embarquée avec lui dans cette histoire, dans ce "Royaume".

Il y a une sorte de rythme hypnotique et fascinant dans ce texte qui m'a kidnappée dès les premières pages pour ne me rendre à notre monde contemporain que juste avant la fin.

Que de sensibilité, de pudeur et d'élégance dans l'écriture d'Andréï Makine ! Au moment de refermer ce livre, j'ai moi-même le sentiment de quitter un ami.

Un magnifique moment de lecture que je n'oublierai pas...
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Je devrais pourtant être habituée, mais je suis à chaque fois saisie par la manière dont Andreï Makine parvient à secouer mon coeur dans tous les sens en quelques mots. Il y a ses phrases si belles qu'elles me forcent à lever les yeux de mon livre pour fixer le vide et le remplir de sens. Pourtant il serait injuste de le résumer à l'esthétique de son style.

Dans ce roman, deux jeunes garçons se lient d'amitié. Ils ont le même âge, vivent dans ce même coin de Sibérie encore timidement réchauffé par les dernier rayons de soleil d'une fin d'été.

Vardan est différent. Il y a quelque chose de délicat dans ses yeux absents face aux railleries, dans la poésie de ses gestes, dans la sagesse de ses mots. Si cela lui vaut l'hostilité de la plupart des autres enfants, pour le narrateur il représente la possibilité d'habiter le monde autrement.

D'où lui vient ce supplément d'âme ? Pourquoi a-t-il déjà l'air d'avoir vécu des vies entières ?

Le narrateur, orphelin, va doucement lever le voile sur les aspects mystérieux qui entourent son ami, découvrir le sentiment d'appartenance et la vie torturée de tout un peuple au rayonnement fascinant.

Un roman bouleversant dans lequel l'humanisme et la mélancolie s'entremêlent et se nourrissent.
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Juste wowww! Dès la première phrase, j'étais déjà conquise : "Il m'a appris à être celui que je n'étais pas". Bam! À la 7e page seulement, je pleurais: re-bam! (et je ne suis pas facile à verser des larmes quand je lis, encore moins au début d'un livre!).

Magnifique roman autobiographique, où Makine rend un vibrant et touchant hommage à son ami arménien Vardan, rencontré alors qu'il était adolescent, en racontant l'histoire de cette amitié improbable entre un russe et un arménien durant les années 70. Cette amitié sera définitivement marquante et déterminante pour tout le reste de la vie de Makine et il sait bien nous le rendre.

La profondeur et la beauté de son écriture m'ont complètement séduite. Les mots me manquent pour décrire toute la délicatesse et la magnificence de cette oeuvre. Bref, Makine sera sans aucun doute ma plus belle découverte de 2024. Ça y est: je suis accro!
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Le narrateur de ce roman est un pré-adolescent de 13 ans vivant dans un orphelinat de Sibérie. Il va faire la rencontre d'un autre enfant et de sa famille, vivant près de l'orphelinat. Une amitié sincère va se lier avec Vardan, cet enfant, immigré d'Arménie et souffrant d'une maladie.

Alors, on peut craindre une histoire pathos et larmoyante en lisant ce résumé mais ce n'est pas le cas. C'est surtout et avant tout, un épisode marquant de son histoire que nous raconte l'auteur. Une véritable histoire d'amitié, aussi courte soit elle, qui va marquer sa vie entière.
J'ai beaucoup apprécié ce roman, qui dans un contexte tragique, nous raconte avec émotion comment deux rejetés de la société vont avoir un vrai coup de coeur amicale. Les descriptions, pourtant pas trop longues, nous plongent à merveille dans ce village de Sibérie.
Un court roman magnifique.
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C'est un bel hommage qui est rendu à l'Arménie à travers Vardan, que le jeune narrateur place au centre de son histoire, laquelle se déroule quelque part en Sibérie centrale. L'Arménie, cette ancienne république socialiste soviétique, séparée de la Russie par la Géorgie et l'Azerbaïdjan. Encore une fois, c'est l'histoire, les histoires de déracinés, celle du jeune Vardan, celle qui le reliait à son pays natal, celle du narrateur orphelin dépourvu de toutes racines familiales, et celle de cette diaspora qui vit dans ce qu'il semble être ni plus ni moins qu'un ghetto poétiquement nommé « Royaume d'Arménie ».

J'ai d'abord perçu ce roman comme un livre de souvenirs de cette amitié passée du haut des treize ans du jeune narrateur, de son ami qui a contribué à son développement, le récit d'un guide, d'un apprentissage à une vie et une réflexion adultes, loin de ses sentiments et de ses réactions de jeune adolescent. On ne saura vraiment ou exactement, en Russie, se déroule ce récit. Vardan, du haut de ses quatorze années, est un adolescent déjà bien aguerri, plus éveillé aux problématiques de leur société et à ceux qu'elle maltraite, à ses parias, Puisque en tant qu'arménien, il est lui-même un de ces êtres exclus et moqués. Il y avait différentes formes de rejets dans cette société, et Vardan apparaissait comme appartenir au tout dernier cercle, de cette famille de renégats, logés au « Bout du diable », regroupant tous les laissés-pour-compte de tous poils – anciens prisonniers, aventuriers, et les exilés qui logent au Royaume d'Arménie. C'est aussi la fascination d'un enfant pour ces quelques représentants d'un lointain pays, pour la famille de Vardan, laquelle même si elle se pose très loin des schémas familiaux traditionnels, représente tout de même un embryon de vie qui lui paraît inaccessible. Si le narrateur vit par procuration cette amorce de vie arménienne, la lectrice que je suis l'a également vécue à travers lui.

C'est une écriture grave, que déploie là Andreï Makine, celle d'un homme ayant bien vécu, qui se retourne sur cette amitié aussi éphémère qu'exceptionnelle, celle d'un homme qui a réussi à prendre conscience de la vision si clairvoyante, bien qu'intransigeante de son ami d'antan. Une vision amère de la vie qui est devenue sienne. Une réflexion d'autant plus profonde que le temps de la narration donne justement l'impression que le temps s'est arrêté, avec son ami et dans ce Royaume d'Arménie, aussi irréel qu'il fut fugace. L'emploi du passé simple confère au récit une dimension quasi fantasmagorique, presque légendaire, et rend à la lectrice que je fus cette impression d'avoir été confronté à un récit d'un autre temps, d'un autre siècle, d'une Odyssée mythique dont Andreï Makine que parvient à ressusciter à travers la poésie de son écriture. Il y a des pages absolument incroyables notamment lorsqu'il évoque l'Arménie, son ami, sa famille et ce Royaume d'Arménie, ainsi que de l'histoire de ce pays et de sa mythologie, représenté à travers sa montagne sacrée, bien que turque aujourd'hui, l'Ararat, d'une richesse puissante, dont je me suis délectée.

Et, c'est aussi ce qui m'a conduit à vouloir lire ce livre, comprendre le lien qui unissait l'Arménie à feue l'URSS, et plus largement l'attitude de l'autorité soviétique envers ses minorités, qui avait à l'époque fait l'objet d'assauts insurrectionnels afin de retrouver leur indépendance, pour comprendre l'exode de cette communauté. Andreï l'explique, certes, sans rentrer dans les détails, mais suffisamment pour avoir été fascinée par ce pan de l'histoire soviétique. L'histoire de l'Arménie représente également l'histoire de toute une multitude d'autres peuples, qui se sont entredéchirés après l'implosion de l'URSS et qui continuent, par ailleurs, à se confronter les unes aux autres. Il n'y a qu'à se pencher sur l'actualité du Karabakh. À travers l'existence de cette communauté, C'est un constat également sur l'histoire, ou ce qu'Andreï Makine appelle « un cirque humain », qui finit par dévorer inexorablement les drames nationaux et personnels des uns et des autres dans un oubli dévastateur. Et surtout Vardan, cet ami arménien, ce petit être qui n'en donne pas l'air, mais qui détient une force unique, un caractère infiniment plus forgé que ce qu'il laisse entrevoir de lui-même, l'un de ces héros de tragédies, un Ulysse qui a perdu la route pour rentrer chez lui, une étincelle aussi ardente qu'éphémère, qui va influencer durablement sur la vie de son ami russe.


Je suis ressortie de ce roman infiniment plus satisfaite que je ne l'avais été après le Testament Français, j'ai davantage été sensible au récit de ce narrateur anonyme en prise avec une culture qu'il lui est totalement étrangère, avec la personnalité hors-norme de cet ami, de cette trop courte amitié qu'il a vécu, intensément, de cette diaspora désormais disparue, sans laisser de traces si ce n'est dans sa mémoire. Et enfin on ne peut rester insensible face à cette errance initiatique dans laquelle s'est engagé notre orphelin vers un âge adulte qui conservera précieusement la mémoire de Vestan et de sa mère.


Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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J'ai attaqué la lecture avec une grande attente pour la simple et bonne raison qu'Andreï Makine est un auteur que j'apprécie tout particulièrement. J'avais été époustouflé lors de ma lecture de "L'archipel d'une autre vie" qui figure en bonne position dans mon top des livres préférés. C'est vous dire que je suis toujours impatient d'ouvrir un nouvel ouvrage signé de l'auteur et en même temps je croise les doigts pour ne pas être déçu.

Ca n'est encore jamais arrivé et ce n'est pas pour cette fois car j'ai adoré ce roman. L'amitié très forte de deux jeunes au fin fond de la Sibérie va se retrouver au centre du récit, puis l'on va découvrir ce quartier du "bout du diable" peuplé d'une communauté arménienne qui attend des nouvelles sur le sort qui sera réservé à leurs proches enfermés à quelques pas dans une prison soviétique. Ce roman peuplé de personnages forts est empreint de nostalgie et d'une très belle sensibilité.

Il faut dire que l'écriture magnifique de l'auteur joue beaucoup. Puis il y a ce sentiment, de rentrer au coeur de l'intimité de l'auteur car c'est bien par le regard de celui-ci alors adolescent que l'on découvre les drames et massacres mais aussi le lien fort qui peut unir deux personnes. C'est aussi ça le tour de force de ce livre, on alterne des scènes de la vie d'un adolescent, les bagarres, les premiers émois, l'exploration du monde et puis des scènes où l'on découvre petit à petit le passé de la communauté arménienne du "bout du diable". le fil rouge étant toujours ce lien très fort qui uni le narrateur avec un jeune malade et fragile de cette communauté.

Vous l'avez compris, on passe par toutes les émotions en alternant entre le beau, et le difficile, le violent, le tout sur un ton assez mélancolique. Tous les personnages gravitant au cours du récit autour de ces deux jeunes adolescents sont formidablement dépeints. Ils sont tous un peu abîmés par la vie et l'auteur arrive à leur donner une profondeur assez incroyable. L'immersion pour le lecteur est totale, la lecture est très prenante et le côté mélancolique enveloppera très rapidement le lecteur dans une bulle dont il aura du mal à s'extraire y compris après avoir achevé sa lecture.

Je ne peux que vous encourager à vous lancer dans cette lecture très forte, bouleversante, parfois difficile mais aussi pleine de tendresse. Un très beau livre et aussi un bel hommage, c'est riche en émotions et cela mérite clairement d'être lu par le plus grand nombre.
Lien : https://marquepageetexlibris..
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Magnifique ouvrage. Très beau livre intimiste où il est question d'amitié entre deux adolescents dans la Sibérie des années soixante dix. Un orphelinat où vécu l'auteur, une communauté d'Arméniens exilés de sa patrie où le drame du génocide de 1915 plane comme un lourd secret..Et pourtant encore d'actualité avec le haut Karabach. le souvenir du mont Ararat, deux photos de famille jaunies par le temps. Une prison comme l'anti- chambre des camps plus au nord et l'attente du jugement. Des jeux d'enfants, des bagarres, des gens qui s'aiment, une communauté différente emplie de compassions...sans tomber dans le pathos.
Un livre intense, bouleversant, raconté avec une belle écriture, celle d'un amoureux de la langue française. Une langue parfaitement maîtrisée, nouvelle patrie d'un auteur soviétique, membre De l'Académie Française. Un auteur partagé entre deux mondes différents où il raconte son souvenir de jeunesse comme un hommage à Vardan.

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Ce livre sonne comme une petite musique empreinte de nostalgie. C'est aussi l'image de la société russe des année 70 et une histoire d'amitié. Il m'a profondément touché même si j'ai déjà beaucoup lu sur les sujets évoqués.
La plume de l'auteur et son talent à nous faire ressentir les émotions des personnages favorisent beaucoup cette émotion.
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Dans la série, j'ai raté ça, je n'ai pas résisté à Andréï Makine qui ne m'a jamais déçue. J'aime son écriture précise, les images qui s'impriment si facilement qu'on se retrouve physiquement dans les lieux face aux personnages. Là on est dans l'amitié spontanée et inconditionnelle de deux jeunes hommes. L'un entre dans l'univers de l'autre, le destin tragique du peuple Arménien, la vie misérable mais si intense, les personnages truculents et plein d'humanité, de mystère et d'attirance. On y trouve aussi l'aventure, les rêves des deux ados mais aussi les entraves comme la maladie, la discrétion, le respect, la police, la méchanceté. Voilà j'ai rejoint les 9000 lecteurs Babelio et c'était super.
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