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4,23

sur 1173 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La terre est ronde. Mais les cartes géographiques sont plates. Et le bout du monde, ça existe...

Membre de l'Académie Française, né en Sibérie, Andreï Makine a situé l'action de L'archipel d'une autre vie à l'extrémité nord-orientale du continent européen, dans la taïga sibérienne, aux confins de l'Océan Pacifique… le bout du monde.

Une nature inhospitalière, je dirais même une nature hors de l'échelle humaine. Une forêt interminable, dense, opaque, traversée de cours d'eau empierrés tortueux et tumultueux ; difficile de se repérer et périlleux de se déplacer. Au-delà, l'océan, une immensité d'eaux indomptables, irritables, redoutables. Au dessus, des vents en bourrasques, hurlants, glacials dix mois sur douze.

Un homme, Pavel, a survécu dans cet environnement hostile. Il raconte. Une aventure humaine fascinante. Son enrôlement dans un groupe de pieds-nickelés pour une traque aux péripéties haletantes, aux rebondissements surprenants, parfois cocasses, souvent savoureux. Une issue imprévisible. Ne serait-ce que parce qu'un individu au crâne tondu peut en cacher un autre.

En fond de plan, une comédie psychologique grinçante. En 1952, le régime stalinien est encore debout. La guerre froide le conforte dans sa paranoïa et dans sa dialectique complotiste. Tout commence par une vaste campagne militaire d'absurdes exercices de survie lors d'une simulation d'attaque nucléaire. Les hommes sont médiocres, veules, serviles ; un simple grade de sous-officier suffit à les transformer en tortionnaires cruels. C'est le système qui veut cela. Chacun agit selon les recommandations d'un « petit pantin intérieur », une sorte d'ange gardien qui le maintient dans un état de crainte, de résignation et de soumission. Car attention à ne pas basculer du côté des « ennemis du peuple ». le système se doit de toujours renouveler sa liste de boucs émissaires, afin de leur infliger des peines exemplaires. Ne pas les laisser s'enfuir. C'est ainsi que commencent les traques.

Pavel aura l'occasion de secouer son joug, de dominer son « pantin intérieur ». Son aventure se transformera en parcours initiatique. Se repérer par un triangle de trois feux, apprendre à trouver seul son chemin, traverser la taïga jusqu'au rivage, naviguer sur la mer des Chantars, découvrir ses îles, en apprivoiser une pour s'y installer… Vivre une autre vie, vivre de peu, vivre d'amour et d'eau fraîche – très très fraîche ! – en renonçant définitivement aux jeux que la tribu des hommes voudrait imposer… Sympathique ! Mais rien de nouveau sous le soleil… je veux dire sous la neige.

La lecture est facile et agréable. Des phrases à la syntaxe parfaite. Un vocabulaire riche et toujours juste. J'ai été frappé toutefois par une absence de relief dans le phrasé, une tonalité uniforme qui pourrait exprimer un humour désenchanté et un fond de tristesse.

Le récit de Pavel s'inscrit dans un ensemble plus vaste, comme si l'auteur avait voulu construire son livre sur le modèle des poupées russes. Au final, L'archipel d'une autre vie est un conte philosophique dont le narrateur dégage une morale déployée sur plusieurs décennies. Une morale pas forcément optimiste : tu crois respirer en échappant à l'enfer soviétique ; tu finis par étouffer dans un autre enfer, celui du business et du chacun pour soi, dès lors que tu es confronté à plus puissant que toi.

Pas vraiment original comme conclusion. Juste nécessaire pour comprendre le désenchantement et le fond de tristesse.

Reste une conviction qui s'affiche avec force à la lecture de l'ouvrage : la femme est bien l'avenir de l'homme.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Histoire assez banale d'une traque humaine: des militaires pourchassent un évadé à travers la taïga. Peu à peu, pourtant, cette traque surprend jusqu'à devenir presque une bouffonnerie. Les militaires sont blessés à tour de rôle et renvoyés au cantonnement alors que l'évadé pouvait les tuer avec facilité. Pourquoi ne le fait-il pas? Pourquoi Pavel et son ami Mark ne se rebellent-ils pas lorsqu'ils ne sont plus en accord avec leur chef? Pourquoi Pavel se jette-t-il dans la gueule du loup?

Des réactions humaines surprenantes, troublantes, déconcertantes. Des réflexions poussées sur la société, l' Histoire, le rôle de chacun dans l'humanité.
Le style est admirable, poétique et onirique lorsqu'il s'agit d'évoquer la nature sublime.

J'ai toutefois le sentiment de manquer quelque chose, de ne pas tout saisir de la portée de ce roman...
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L'écriture de Mr Makine est indéniable, il sait manipuler les mots avec une finesse absolue et ses descriptions sont telles qu'on se croirait là bas parmi la taïga.
Un court roman d'exploration d'une grande puissance dans le récit et une traque à l'homme réussie ce qui n'est pas pour autant ma tasse de thé en termes politiques ou d'espionnage militaire.
Il faut aimer le thème...
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C'est l'histoire d'une traque au sein de la taïga de l'extrême Orient à l'époque de la fin du règne de Staline.
Ou plutôt :
Un jeu de dupe au sein d'une nature époustouflante pour la vue mais inhospitalière pour tout le reste - anatomiquement parlant - à l'image du contexte politique où les sentences n'ont de logique que pour ceux qui les assènent.

Des conditions extrêmes qui ne manquent pas d'étayer l'introspection que ce livre provoque sur le sens du mot « vivre ». L'instinct de survie se révèle sous différentes formes d'un être humain à l'autre, selon les aspirations les plus profondes de chacun.

Je ne vais pas m'étendre parce que ce fut un bon moment de lecture mais mis à part l'incroyable voyage en terre inconnue, je ne me suis entichée d'aucun personnage et la dénonciation de la bêtise humaine ne m'a pas faite frémir. Ça aussi, c'est incroyable, parce que tous mes amis sur Babelio aux goûts très sûrs qui ont lu ce roman l'ont adoré. Je dis bien tous. Je crois que ça s'appelle passer à côté. Comme je n'ai pas envie de m'accuser de mauvais goût, je vais plutôt pointer du doigt un mauvais calendrier : après bourrasques, pluie et grêle dans ma face toute cette semaine, l'ambiance glacée de cet archipel... était de trop. Je serais bien incapable de « vivre pleinement » - ou même simplement de réfléchir au sens de ces mots - en claquant des dents.
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Un roman qui enchâsse habilement deux histoires, avec deux narrateurs différents, dans la taïga, entre les années 50 et quelques dizaines d'années plus tard...
Le récit principal, à l'intérieur, est celui d'une chasse à l'homme, dure, cruelle, par des soldats aussi malmenés par le régime que la personne qu'ils poursuivent... le froid, la faim, la soif de pouvoir, la bassesse humaine vont-ils avoir raison de leur mission ?
Un roman dense, rude, à l'image de ces hommes soumis au régime stalinien, puis à une certaine idée de l'humanité. L'écriture est magnifique, en revanche à mes yeux trop de thèmes ont été abordés (la vie humaine, Staline, le statut de soldat, le récit d'aventure...), personnellement je m'y suis un peu perdue, il n'y a pas d'unité dans ce roman, au demeurant fort bien écrit et d'une grande sensibilité, d'une grande intelligence.
Une lecture en demi-teinte, donc.
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Je retrouve l'écriture fine qui m'avait charmée dans "La musique d'une vie". Mais je me suis un peu ennuyée pendant la première moitié du livre.

Une histoire un peu lente à se mettre en place. Comme une promenade que vous commencez sans but précis. Avec un esprit qui se permet encore de divaguer, qui n'est pas concentré sur ce qui l'entoure.

Puis vos sens se trouvent happés par des couleurs, des odeurs, des douceurs ou des âpretés, des sons et des sensations. Alors vous êtes prêt à voir, sentir, entendre, ressentir et pourquoi pas goûter.

Goûter à la découverte de terres inconnues en compagnie de personnages qui se dévoilent au gré de leur collaboration forcée.

Et finalement, après une approche longue mais délicate, on se laisse apprivoiser nous aussi.

Il y a une poésie digne du Petit Prince dans ce livre et je l'ai terminé émue.
D'une belle émotion.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Un roman russe moderne, mais sur le passé de la Russie : ses camps, sa sévérité pour les dissidents et ses traitements inhumains, ses paysages hostiles s'étendant à perte de vue.
Un récit qui s'étire lentement, finement ciselé, qui évoque la beauté de la nature, et sa pureté en contraste avec la cruauté des hommes.
Un chasse à l'homme fascinante tant elle s'éternise, et tant elle débouche sur quelque chose qu'on n'avait pas senti arriver.

Andreï Makine évoque les aspects honteux de son pays, avec tact, finesse et retenue ; mais l'essentiel est ailleurs, dans cette quête d'un sens à sa vie, à la vie.
L'archipel d'une autre vie, un si joli titre...
Un récit presque philosophique dans sa simplicité.
Un bien beau récit.
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C'est dur, c'est froid, et on évolue dans un environnement de continuelle adversité. Une très belle plume certes, mais un ennui pour ma part. J'ai eu du mal à m'immerger dans l'histoire. Ce n'est qu'à partir du début de la traque que mon intérêt s'est ravivé. Je m'attendais à un contexte historique plus poussé. Un roman que les férus de "Nature Writing" vont certainement adoré.
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Alors, certes, il y a quelques beaux passages sur la vie dans la nature, des réflexions intéressantes sur la perte d'identité et la déshumanisation de l'homme dans un Etat totalitaire où l'on ne peut faire confiance à personne. Durant la traque, les hommes redescendent à l'état de bête, ne pensant qu'à satisfaire leurs instincts primaires de chasseurs, se nourrir et se réchauffer. Et pour ces hommes-animaux, ces mâles, être face à une femme fait surgir des pulsions de viol et de meurtre. de même, c'est le personnage le plus proche des animaux, le maître-chien, qui est le plus humain et qui garde sa raison quand les autres basculent dans la folie.
Cependant, j'ai trouvé la morale de l'histoire simpliste, trop pleine de beaux sentiments : il faut vivre en harmonie avec la nature, loin des hommes, pour vivre heureux.
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En 1970 un jeune garçon effectue un stage et à cette occasion rencontre un homme étrange, Pavel Gartzev, qui restera dans sa mémoire et je vous le prédis amis lecteurs, dans la notre aussi.

Transportez vous sur ces terres oh combien inhospitalières, aux extrêmes confins du monde russe, la Sibérie, ce monde de splendeur et d'hostilité. Reculez un peu le calendrier, nous sommes maintenant dans les années 50 au plus fort du stalinisme et de la guerre froide. Pavel est réserviste est enrôler dans un bataillon spécial.
Les soldats doivent s'entrainer à résister à une guerre atomique, les exercices de survie sont poussés à l'extrême. Pavel est mal vu de ses chefs et donc désigné pour les pires corvées. Il est avec quatre autres soldats envoyés à la poursuite d'un évadé du Goulag. Il y a Ratinsky le lèche bottes de service, Vassine, Louskass et Boutov et sans oublier un chien bien utile pour pister : Almaz.

Très vite ils savent qu'ils ont affaire à forte partie. le fugitif leur dame le pion en permanence ayant toujours un coup d'avance sur eux, il est capable de faire plusieurs feux pour les empêcher de lui mettre la main dessus, quand il arrive le fugitif est loin. Il leur vole même du matériel. Après trois semaines de traque les rangs se sont clairsemés, les chefs plus ou moins blessés ont abandonné la partie mais sont prêts à rendre responsables les malheureux soldats de l'échec de ce ratage.

Tout y passe, la peur, les fanfaronnades, la bassesse, le mépris, tout se joue entre gradés et soldats, entre soldats. La survie de chacun est en jeu, la violence sourd par tous les pores. Et pourtant que la nature est belle, majestueuse, splendide, elle offre de quoi s'abriter, se nourrir, du moins quand on connait ses secrets et manifestement le fugitif est maitre dans cet art.
J'ai aimé l'écriture d'Andreï Makine qui la met au service d'un beau conte philosophique animé d'un joli souffle romanesque. On suit avec passion cette chasse dans l'immense Taïga, on souhaite bien sûr la survie du fugitif, on compte sur l'épuisement de cette équipe de soldats qui s'effiloche aux fils des pièges tendus par le fugitif.
Cette traque n'est pas sans rappeler les plus beaux textes sur le sujet comme « A marche forcée » de Slavomir Rawicz

Andreï Makine nous dit qu'il y a peut être une possibilité de rédemption pour l'homme, un archipel où il ferait bon vivre autrement sans vainqueur ni vaincus.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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