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Citations sur Kaputt (36)

Le lac était comme une immense plaque de marbre blanc sur laquelle étaient posées des centaines et des centaines de têtes de chevaux. Les têtes semblaient coupées net au couperet. Seules, elles émergeaient de la croûte de glace. Toutes les têtes étaient tournées vers le rivage. Dans les yeux dilatés on voyait encore briller la terreur comme une flamme blanche
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–Vous avez tort, répliquai-je, les Roumains sont un peuple noble et généreux. J'aime beaucoup les Roumains. Dans cette guerre, de tous les peuples latins, les Roumains sont les seuls qui aient fait preuve d'un noble sentiment du devoir et d'une grande générosité en versant leur sang pour leur Christ et pour leur roi. C'est un peuple simple, un peuple de paysans frustes et fin. Ce n'est pas leur faute si les classes, les familles et les hommes qui devaient leur servir d'exemple ont l'âme pourrie, l'esprit pourri, les os pourris. Le peuple roumain n'est pas responsable des massacres de Juifs. Les pogroms, en Roumanie comme ailleurs, sont organisés et déclenchés par ordre, ou avec la connivence des autorités de l'État. Ce n'est pas la faute du peuple si des cadavres de Juifs éventrés et suspendus à des crochets comme des veaux sont restés des jours et des jours exposés dans de nombreuses boucheries de Bucarest, au milieu des rires des Gardes de Fer.
(p. 205 de l'édition folio)
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Le comte de Foxà posa sur Westmann un regard profondément déçu. «Vous aussi? dit-il. Les hommes du Nord n'aiment que ce que l'Espagne a d'humain. Pourtant, tout ce qui, dans. l'Espagne, est jeune et immortel, appartient à Dieu. Il faut être catholique pour comprendre et aimer l'Espagne, la véritable Espagne, celle de Dieu. Car Dieu est catholique et espagnol.
- Je suis protestant, dit Westmann, et je serais très étonné que Dieu fût catholique. Mais je ne ferais aucune objection à ce que Dieu fût espagnol et serais prêt à l'admettre.
- Si Dieu existe, il est espagnol. Ce n'est pas un blasphème, c'est une profession de foi.
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- L'été? lui avait répondu Mannerheim. En Finlande il y a dix mois d'hiver et deux mois sans été.
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Aucun vin n'est aussi terrestre que le rouge vin de Bourgogne ; dans le reflet blanc de la neige , il avait la couleur de la terre , cette couleur pourpre et or des collines de la Côte-d'Or au coucher du soleil . Son souffle était profond , parfumé d'herbes et de feuilles comme un soir d'été bourguignon . Et aucun vin n'accompagne aussi intimement l'approche du soir que le vin de Nuits-Saint-Georges , n'est autant l'ami de la nuit que le vin de Nuits-Saint-Georges , nocturne jusque dans son nom , profond et semé d'éclair , comme une nuit d'été en Bourgogne . Il brille d'un éclat sanglant au seuil de la nuit comme , au bord cristallin de l'horizon , le feu du couchant . Il allume des lueurs rouges et bleues dans la terre couleur de pourpre , dans l'herbe et les feuilles d'arbres , encore chaudes des des saveurs et des arômes du soleil mourant . Les bêtes sauvages , à la tombée de la nuit , s'accagnardent profondément dans la terre , le sanglier rentre dans sa bauge avec des claquements précipités de branchages , le faisan au vol court et silencieux nage dans l'ombre qui déjà flotte au-dessus des bois et des prés , le lièvre agile se laisse glisser sur le premier rayon de la lune comme sur une corde raide d'argent . C'est là l'heure du vin de Bourgogne . A ce moment-là , par cette nuit d'hiver , dans cette pièce éclairée du lugubre reflet de la neige , l'odeur profonde du Nuits-Saint-Georges nous rappelait le souvenir des soirées d'été en Bourgogne , des nuits endormies sur une terre encore chaude de soleil .
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La mer m'émut, je me suis mis à pleurer. Ni fleuve ni plaine ni montagne — pas même un arbre, pas même un nuage — rien ne donne autant l'idée de la liberté que la mer. La liberté même ne donne pas autant l'idée de la liberté que la mer.
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A un certain moment, l'officier s'arrête devant l'enfant, le fixe longtemps en silence, puis lui dit d'une voix lente, lasse, remplie de contrariété :
- Ecoute, je ne veux pas te faire de mal. Tu n'es qu'un mioche ; je ne fais pas la guerre aux mioches. Tu as tiré sur mes soldats. Mais je ne fais pas la guerre aux enfants. Lieber Gott ! ce n'est pas moi qui l'ai inventée la guerre ! L'officier s'arrête, puis dit au garçon avec une douceur étrange : Ecoute, j'ai un œil de verre. Si tu peux me dire tout de suite, sans réfléchir, lequel des deux est l'œil de verre, je te laisse partir, je te laisse en liberté.
- L'œil gauche, répond aussitôt le garçon.
- Comment as-tu fait pour t'en apercevoir ?
- Parce que des deux, c'est le seul qui ait une expression humaine.
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A ce moment, en un point où la forêt était plus profonde et plus dense, et où une petite piste traversait notre route, je vis brusquement surgir du brouillard, là-bas devant nous, au carrefour des deux pistes, un soldat enfoncé dans la neige jusqu'au ventre. Il était là, debout, immobile, le bras droit tendu pour indiquer le chemin (...).
Ils vont mourir de froid, ces pauvres diables, dis-je. Schultz se retourna pour me regarder :
- Il n'y a pas de danger qu'ils meurent de froid ! dit-il (...).
Vous voulez le voir de près ? Vous pourrez lui demander s'il a froid.
Nous descendîmes de voiture et nous nous approchâmes du soldat qui était là, debout, immobile, le bras droit tendu pour nous montrer la route. Il était mort. Il avait les yeux hagards, la bouche entrouverte. C'était un soldat russe mort (...).
- Quand vous les amenez là sur place, ils sont vivants ou morts ?
- Vivants, naturellement ! répondit Schultz.
- Ensuite, ils meurent de froid, naturellement ? dis-je alors.
- Nein, nein, ils ne meurent pas de froid : regardez là. Et Schultz me montra un caillot de sang, grumeau de glace rougie, sur la tempe du mort.
(chapitre I).
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Sur la tombe d'un étudiant, appelé Novillo, se trouvait cette épitaphe, à moitié effacée par le temps: "Dieu a interrompu ses études pour lui enseigner la vérité".
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A un certain moment, l'officier s'arrête devant l'enfant, le fixe longtemps en silence, puis lui dit d'une voix lente, basse, remplie de contrariété :
- Écoute, je ne veux pas te faire de mal. Tu n'es qu'un mioche; je ne fais pas la guerre aux mioches. Tu as tiré sur mes soldats. Mais je ne fais pas la guerre aux enfants. Lieber Gott ! ce n'est pas moi qui l'ai inventée, la guerre ! L'officier s'arrête, puis dit au garçon avec une douceur étrange : écoute, j'ai un œil de verre. Il est difficile de le reconnaître du bon. Si tu peux me dire tout de suite, sans réfléchir, lequel des deux est l'œil de verre, je te laisse partir, je te laisse en liberté.
- L'œil gauche, répond aussitôt le garçon.
- Comment as-tu fait pour t'en apercevoir ?
- Parce que des deux, c'est le seul qui ait une expression humaine.
(fin du chapitre XII).
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